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Une Eglise plus combattive

C'est ainsi que la souhaiterait l'"athée dévot" Giuliano Ferrarra, sur son journal Il Foglio, après le terrible meurtre rituel (*) de Mgr Padovese (8/6/2010)

Nous avons souvent dit ici en quelle estime nous tenions Giuliano Ferrara (voir en dernier ici: Giuliano Ferrara: Ce Pape que j'adore... ), alias l'elefantino, en référence d'auto dérision à ses formes généreuses.
Il aime et vénère le Pape, mais le fait qu'il se qualifie lui-même d'athée (complété par "dévot": un oxymore qui hérisse les catholiques "libéraux" mais qui me plaît beaucoup, même si je ne suis pas "athée") lui donne une grande liberté. Il peut s'écarter de la langue de coton du discours souvent hypocrite du catholicisme dit "de témoignage" : un témoignage, qui peut pourtant être dramatiquement authentique, et que l'héroïque Mgr Padovese a réellement donné jusqu'à une mort atroce (*).
Ferrara, le catholicisme, manifestement, il le voudrait combattif.
Comme il met en cause le Vatican, pour les propos lénifiants, ou, si l'on veut, apaisants, tenus après l'assassinat horrible de l'évêque italien (*), je ne veux pas entrer dans le débat, et encore moins trancher. C'est tellement difficile, et le remède risque d'être, pour les populations concernées, pire que le mal. On pense aux prétendus "silences" de Pie XII, durant la seconde guerre mondiale - et cela permet de les comprendre.

Mais il fallait que quelqu'un nous rappelle l'attitude vraiment honteuse de ceux qui ont "lâché" le Saint-Père, après le prophétique discours de Ratisbonne, se réfugiant dans une réserve prudente, réclamant éventuellement qu'on mette le Pape sous tutelle, en révisant non pas seulement ses discours, mais une conférence universitaire destinée à faire date dans l'histoire des idées, quand ils n'étaient pas à l'unisson avec le lynchage médiatique. Pas seulement du cercle extérieur (Hans Küng, les medias, qui persistent à évoquer qui la communication déficiente, qui les gaffes, qui les échecs dans le dialogue interreligieux, mais après tout, ils sont dans leur rôle), mais même du cercle intérieur, jusque dans le haut clergé.
Chacun a pu remarquer la chape de plomb, qui s'est abattue sur les medias français, y compris les "spécialisés", dès la nouvelle de l'assassinat de Mgr Padovese.
Tous, lâchement, se sont empressés de souligner, soulagés, que le Saint-Père, dans l'avion, avait immédiatement écarté l'idée d'un attentat politique, ou anti-chrétien. Pas loin de montrer du doigt les irréductibles "complotistes"
Après quoi, silence.
Le Saint-Père, certes, ne pouvait rien dire d'autre (cf. L'étrange assassinat de Mgr Padovese ).
Mais pas les medias, qui réclament pourtant à cor et à cris (mais sur de tout autres sujets) la "vérité", la "transparence"!
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Ce texte est l'éditorial de Il Foglio du 7 juin, récupéré en pdf grâce à ce site italien, qui ne conserve pas ses archives.
Ma traduction.

Que l'Eglise dise que l'évêque n'est pas mort par accident.
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Quand le Pape fut agressé pour son discours de Ratisbonne, pour ce passage d'élémentaire bon sens historique et théologique sur le lien entre foi et conversion forcée dans la religion mahométane, et que personne ne le défendit comme il le fallait, et que le Vatican se répandit en gestes d'excuse et en correctifs, peu convaincants car pas sincères, tandis que les fanatiques islamistes appelaient au rassemblement des foules vociférantes, qu'une religieuse fut assassinée, et d'autres crimes commis au nom de l'intolérance dans toutes les parties du monde, j'eus un frisson de peur et un sentiment de révolte.
Car il s'agissait de tout autre chose que d'une gaffe: une profonde vérité avait été dite, et même, le fond de la vérité avait été touché dans le coeur de l'Europe chrétienne, à quelques années du 11 septembre, et immédiatement la vérité avait été ensevelie au nom de la diplomatie, tandis que la rue arabe criait haut et fort son mensonge intolérant, engageait et gagnait sa énième bataille violente.
Quand ils tuèrent Andrea Santoro, je fus impressionné par le cocon diplomatique qui enveloppa immédiatement cette mort solitaire et triste à Trebisonde, provoquée par un fanatique islamiste aussitôt déclaré fou; et puis, ce fut le tour d'une humiliante gestion protocolaire du voyage de Benoît en Turquie. Aujourd'hui, ces sentiments sont de retour, après qu'un évêque, et quel évêque, Luigi Padovese, chef de l'Eglise catholique en Turquie, ait été à son tour tué par un jeune musulman, son collaborateur, à la veille de son voyage à Chypre pour y rencontrer le Pape, avec les orthodoxes et les islamiques qui cohabitent sur l'île dans des conditions de trêve belligérante depuis des années.
Mais ces sentiments rhapsodiques se transforment désormais en une sorte de malchance, presque un refuge, autour de la dramatique insuffisance de l'Eglise catholique dans le monde qui l'entoure et qui l'assiège.
Le voyage à Chypre, diplomatiquement justifié comme il l'était, a été un hymne au dialogue interreligieux, et c'est une bonne chose. Le Pape a dit des choses très fortes sur le plan théologique et spirituel, et avec tact, il a éludé comme il le devait la question épineuse et tragique de l'ombre que l'assassinat de Padovese projetait sur son séjour chypriote et sur le prochain Synode pour le Moyen-Orient. Le Pape a parlé de l'immense patience nécessaire, avec les paroles belles et bonnes. Et on comprend également combien il fallait, dans une certaine mesure, donner une interprétation mineure du crime, en en faisant presque un incident, un cas isolé, personnel et non significatif; et pourtant, il aurait peut-être fallu un style que je n'ai pas vu de la part du grand corps de l'Eglise.
Il est évident que l'Eglise devait trouver ailleurs la manière de compenser les nécessités du protocole d'un voyage si délicat du pape, gardant la tête haute, donnant au contexte turc et islamique des crimes anti-chrétiens à répétition sa vraie valeur, trouvant une chaire d'où dire la vérité, trouvant les mots pour la dire, et l'autorité significative capable de l'exposer avec une fermeté calme, mais irréfutable.
Et s'il ne s'agit pas de mots, qu'il s'agisse au moins de prière, qu'il y ait une réponse liturgique acceptable, une prise de conscience sérieuse et décisive de la gravité de la situation, des menaces, des horreurs qui entourent la condition chrétienne dans le monde musulman. Que sais-je, une grève du silence, les cloches muettes, quelque chose malgré tout capable de rendre évident, symboliquement, ce qui risque de disparaître, comme intuition, de la tête et du coeur des chrétiens: que la chaîne de violence contre les catholiques, les protestants, les orthodoxes, en Turquie et dans le Moyen-Orient, n'est pas une série d'incidents, mais un état de choses à corriger à tout prix, en se battant. En se battant, et en sachant que les origines de l'intolérance sont profondes, sont inscrites dans la condition spirituelle et de civilisation du monde musulman.
L'impression est que l'Eglise catholique, après au moins deux décennies de contre-attaque, qui ont redressé les conséquences les plus négatives du Concile, dans le sens de grande équivoque sur la modernisation de l'époque, est en train de séculariser tout ce qui reste de son identité particulière et de sa liberté: d'abord, la loi canonique, et la paternité intime de l'autorité épiscopale et sacerdotale, emportées par la transparence et la tolérance zéro, sous l'offensive du monde contre le clergé, calomnié de façon insistante et générique comme responsable d'abus charnels sur des mineurs. Et aujourd'hui, l'irénisme de "flotille" répandu à pleine main sur le sacrifice et le martyre des fils de l'Eglise, ignorés dans l'essence de leur témoignage, au nom des devoirs institutionnels et diplomatiques.
Si vous avez des doutes, regardez donc les paroles de Mgr Padovese sur la condition des chrétiens dans le monde islamique, prononcées en diverses occasions, et reproduites par Sandro Magister sur son blog Settimo Cielo (cf. "Corpus Domini" en Turquie ).
Il est impressionnant de lire les jugements dramatiques de Padovese, franciscain et patrologue, amoureux de la Turquie, et missionnaire sincère dans des terres difficiles, sur l'Islam et la condition lamentable de la liberté de conscience et religieuse qui y règne.

Il est impressionnant de lire ce témoignage érudit, équilibré, intelligent, sur la violence d'un credo religieux, en guerre depuis des siècles avec des chrétiens, et de le lire au milieu des euphèmismes et des édulcorations qui ont entouré sa mort.

Note sur l'assassinat de Mgr Padovese

(*)
Donner des détails sur la mort atroce de Mgr Padovese, sujet sur lequel la presse étrangère donne de nombreuses informations, ce n'est pas s'abaisser au fait divers, c'est ouvrir les yeux.
Selon le premier rapport d'autopsie (cité par l'Agence Asia News, signalé par Carlota), et reproduit par des journaux peu suspects de complaisance cléricale, comme El Païs), le corps du malheureux prélat a été lardé de 8 coups de couteaux, notamment dans la région du coeur. Après son agression, il a encore eu la force de sortir de chez lui pour appeler à l'aide, avant d'être frappé à mort. Je cite, car c'est nécessaire: Sa tête était pratiquement décollée du tronc, ne tenant plus que par la peau derrière le cou.

Dernières informations, citées par des journalistes aussi sûrs et prestigieux qu'Andrea Tornielli, il avait pris deux billets d'avion pour Chypre, où il devait rencontrer le Saint-Père: un pour lui, un pour son chauffeur- futur assassin, qui était en fait son assistant. Il a annulé au dernier moment, certains disent que c'est parce qu'il craignaitt que ce dernier ne s'en prenne au pape.

Carlota m'écrit ce qu'elle a lu dans la presse espagnole:
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D’après Filippo di Giacomo, la diplomatie vaticane a essayé de ne pas rendre public le fait suivant : « Quelques heures avant que Padovese soit assassiné, le gouvernement turc l'a appelé pour lui dire que le chauffeur, qu'eux-mêmes avaient mis à son service quatre années (note de moi: curieux, c'est un garde du corps ou un type qui déjà préparé son affaire?) avant, leur avait échappé. C'est-à-dire, qu'il avait embrassé la cause fondamentaliste. En le sachant, Padovese a annulé les billets qu’il avait réservés pour aller au Chypre avec Altun Murat. Il a préféré rester chez lui que de faire le voyage parce qu'il craignait que chauffeur profite de sa proximité du Pape pour un attentat.

Ruggero Franceschini, évêque d'Izmir, a présidé aujourd'hui les funérailles de Padovese et il l'a défini comme « un martyr ». Un autre fait qui est passé inaperçu mais qui provoque l’inquiétude du Vatican. Le Maroc a profité de la confusion pour expulser 28 chrétiens qui travaillaient avec les pauvres en arguant qu’ils perturbaient la mentalité du bon musulman. Selon Di Giacomo, l’expulsion est la conséquence de « la fatwa promulguée par 7300 docteurs marocains de la loi islamique qui ont déclaré récemment que la charité chrétienne devait être considéré comme terrorisme religieux ».
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Difficile de savoir les circonstances exactes. Mais on ne peut nier l'effroyable sauvagerie du meurtre.

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