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Mgr Padovese: interviewe de l'évêque de Smyrne

Mgr Ruggero Franceschini assure que l'Eglise veut savoir toute la vérité sur l'assassinat de Mgr Padovese: interviewe par Asia News, traduite par Carlota (12/6/2010)

L'opinion de Mgr Franceschini, notamment sur l'entrée de la Turquie dans l'UE lui appartient.
Mais il souligne bien à quel point il s'agit d'un coup tordu. Quelque chose qui a toutes les apparences d'une "barbouzerie"! On comprend mieux la prudence du Saint-Père, dans l'avion. Ce n'est pas de sa part, qu'il s'est agi d'un "pieux mensonge".

 



L’Église turque veut “savoir la vérité” sur l’assassinat de Mgr Padovese, a déclaré l’archevêque de Smyrne, Mgr Ruggero Franceschini à l’agence Asianews, assurant que “l’affaire du chauffeur déséquilibré est un pieux mensonge”.
Le prélat se trouve en Italie pour l’enterrement de Monseigneur Pavovese assassiné en Turquie jeudi 3 juin la vieille du voyage du Pape à Chypre .
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Zenit/Asianews/InfoCatólica
Original:
http://infocatolica.com/?t=noticia&cod=6563 (11/6/2010)
Traduction de l'espagnol par Carlota.
(Voir plus bas le commentaire de Carlota: Note de Carlota )

Interviewé par le directeur d’Asianews, Bernardo Cervellera, monseigneur Franceschini confirme l’hypothèse que l’agence a faite dès le premier jour, et selon laquelle la version donnée par les autorités sur la folie du chauffeur comme mobile du crime était douteuse. Monseigneur Ruggero Franceschini affirme que le crime pourrait être du à des questions politiques, il demande que le Gouvernement turc fasse des recherche et il sollicite le soutien de toute l’Église aux chrétiens de Turquie.

–Excellence, après le martyre de Monseigneur Luigi Padovese comment est l’Église de Turquie ?

Elle est bien sûr prostrée, douloureuse, mais unie. Aux funérailles de Monseigneur Padoves, célébrées à la cathédrale d’Alexandrette (Iskenderun en turc), le 7 juin, étaient présents plusieurs évêques. Près de moi il y avait l’évêque coadjuteur des Arméniens. Nous n’avons pas pu obtenir qu’il dise même un mot : Il était défait. C’est une réaction due au choc de cette mort. Le vicaire des Chaldéens n’est pas venu, bien qu’il y avait beaucoup de prêtres chaldéens. Il y avait aussi un évêque des Syro-orthodoxes. Tous étaient prostrés et défaits. Sur le visage de cet Arménien on lisait: “l’histoire continue », peut-être en pensant à ce qui est arrivé aux Arméniens avec le génocide du XXème siècle.

Nous non plus, les Latins, nous n’étions pas plus complets. Mais avec tout cela, nous avons vécu un beau moment d’unité. Et nous ne nous rendrons pas, nous tenterons de maintenir sur sa route la barque de l’Église. Aux funérailles sont également venues toutes les autorités civiles de la province.

- Comment voyez-vous l’assassinat du Vicaire d’Anatolie?

Sur l’assassinat de Monseigneur Padovese, ce que nous cherchons c’est avant tout la vérité. Le jour précédent les funérailles, sont arrivés à Alexandrette le ministre de la justice et le juge délégué au procès pour cet assassinat. Le juge n’a pas dit une parole. Ils ont demandé à me voir dans une petite salle réservée, et là je leur ai dit: « Nous voulons toute la vérité, mais seulement la vérité. Nous ne voulons pas d’autres mensonges : qu’ils étaient beaucoup, qu’ils étaient peu, que c’était un crime passionnel. Nous ne devons rien cacher ».

Je crois que, en ce qui concerne cet assassinat, qui a un élément aussi explicitement religieux, islamique, nous sommes en face de quelque chose qui dépasse le Gouvernement; cela va au delà, vers des groupes nostalgiques, peut-être anarchistes, qui veulent déstabiliser le Gouvernement lui-même.
Le mode opératoire lui-même avec lequel a eu lieu la mort sert pour manipuler l’opinion publique. Après avoir tué l’évêque le jeune Murat Altun a crié: “J’ai tué le grand Satan. Allah Akbar”. Mais c’est vraiment étrange. Murat n’avait jamais dit ces phrases violentes. Je le connaissais depuis au moins dix ans. C’est moi qui ai pris sur moi de le faire travailler pour l’Église (Ndt certains dépêches disait que le chauffeur avait été placé depuis quatre ans pas les autorités auprès de l’évêque ?). Et jamais il ne s’était exprimé de cette façon-là. Ce n’était pas un musulman pratiquant. C’était un jeune qui avait une culture chrétienne sans être chrétien. Ni lui ni son père n'étaient des personnes qui étaient nos ennemis. À mon avis ils ont été un instrument dans la main d'autres.
L’usage du rituel islamique sert à faire dévier les interprétations: c’est comme suggérer que la piste est religieuse et non pas politique. En outre en forçant l’interprétation religieuse, d’un conflit entre l’islam et les chrétiens, on arrive à enflammer l’opinion publique dans un environnement dans lequel nous sommes faiblement crus et dans lequel nous n’avons aucune force. Par ailleurs, le premier ministre Erdogan également, a ses appuis les plus forts non dans l’islam radical, mais dans le modéré. Et je crains qu’il n’ait même plus celui-là.

– Murat Altun a parlé aussi de l’homosexualité de l’évêque et s’est dit « déprimé et instable »…

L’assassin a “confessé” aussi la piste sexuelle, en disant que monseigneur Padovese le payait pour des “services”. Mais c’est aussi une piste qui sert à brouiller. Et nous ne croyons pas non plus dans le typique et empressé pieux mensonge selon lequel Murat était mentalement malade et était un fanatique. Il n’était ni l’un ni l’autre. Quelques jours avant il avait tenté de se faire passer pour fou, mais les médecins lui ont dit de ne plus revenir à la consultation car il était mentalement sain.

J’imagine qu’il a eu de bons avocats comme conseillers pour préparer ces alibis et faire que s’il est condamné, il ne puisse écoper que d’une condamnation de quelques années.

–On pense qu’avec ces actes de violence, la Turquie ne devrait pas rentrer en Europe…

C’est certainement le mobile de cet assassinat, si bien préparé, c’est le souhait d’un certain secteur de la société turque que ne veut pas entrer faire partie de l’Europe et ne veut aucun changement

Nous espérons que cette mort au lieu de nous éloigner nous rapprochera plus de l’Europe. Au contraire nous espérons que notre amitié va s’étende à d’autres pays d’Europe pour collaborer à notre bien être et au vôtre, étant donné qu’actuellement la Turquie est devenue un grand pays (*)

–Comment vit la petite Église en Turquie?

L’Église en Turquie n’est pas petite, mais elle est très variée dans ses confessions diverses, bien que ces derniers temps nous avons appris à nous aimer. Aux funérailles de monseigneur Padovese, nous étions tous là: Latins, Arméniens, Catholiques, Orthodoxes, Syro-Orthodoxes, Chaldéens. Chaque confession a dit une prière devant le cercueil.

Nous aurions besoin de nous sentir encore plus unis avec Rome. Les Orthodoxes le disent aussi, qui regardent chaque fois plus vers Rome. Nous avons besoin de sentir plus que le coeur de la catholicité bat aussi pour nous. Nous nous sentons un peu abandonnés. C’est vrai que maintenant on célébrera le Synode pour les Églises du Moyen Orient, qui devrait servir pour faire mûrir la solidarité entre nous et l’Église Universelle. Nous espérons qu’il en soit ainsi : nous espérons que le document du Synode ne soit pas qu’un document culturel qui laisse les choses en l’état. Quelque chose doit changer.

Si en Turquie nous n’étions pas là nous les capucins, un dominicain et quelque autre ordre religieux, il n’y aurait pas de prêtres. À Smyrne il y a qu’un prêtre local, qui est sous mon autorité. Les autres préfèrent s’en aller vivre à l’étranger, où ils sont plus libres. Ils n’ont pas une mentalité de service et de mission.

- Que demandez-vous à l’Église italienne et universelle?

Avant tout la prière, mais une prière consciente de ce qui est en jeu, à ce que nous ne voulons pas renoncer malgré les difficultés: ici est née la communauté chrétienne et ici il y a eu les premiers conciles, et nous ne pouvons abandonner ces lieux. Une solidarité est nécessaire, non seulement proclamée mais active. Chaque année nous avons besoin d’aides pour réparer une église et nous ne savons pas comment faire. Après il est nécessaire d’acheter un appartement pour qu’y réside un prêtre, un autre pour qu’y vivent des sœurs, et ensuite il est nécessaire qu’il y ait des laïcs et des prêtres qui viennent vivre avec nous.

Mais malheureusement, surtout les instituts féminin, quand ils voient qu’en venant en Turquie ils ne peuvent pas ouvrir de maison pour accueillir des vocations, ils décident d’arrêter de venir. Mais bien qu’il y ait des difficultés pour la liberté religieuse, il y a beaucoup de travail. En Turquie il n’y a pas de liberté pour proclamer l’Évangile sur les places, il n’y a pas de liberté d’ouvrir des séminaires ou pour construire des nouvelles églises, mais nous pouvons travailler dans nos paroisses déjà fondés, trouver des personnes, transformer nos salons en églises…

–Quels sont les besoins les plus urgents?

Souvenir nos écoles. En Turquie nous avons encore une école, ouverte grâce à des droits anciens, de l’époque antérieure à celle d’Atatürk. Autrefois ces écoles étaient les meilleurs de Turquie, maintenant elles survivent à grand’ peines. Mais nous essayons de leur rendre leur valeur pour sauver nos jeunes, qui dans les écoles d’état sont très maltraités.

Par malheur, les Frères des Écoles Chrétiennes se sont retirés. Dans le domaine éducatif il nous reste seulement les Sœurs d’Ivrée (ndt d’une congrégation italienne créée dans le Piémont en 1839) mais elles sont très âgées. On a besoin de professeurs, de volontaires pendant deux ou trois années, et d’instituts religieux féminins qui viennent ici maintenir ces écoles. Ils devraient venir même s’ils ne peuvent pas ouvrir une maison pour accueillir des vocations. C’est important d’aller en Turquie pour donner, non pas pour accumuler. Il faut apprendre à donner quelque chose à Jésus, en plus de demander toujours quelque chose.

Par ailleurs, c’est difficile, quoique non impossible, faire que naissent des vocations, surtout masculines. Jusque là j’ai réussi à ordonner deux prêtres. Mais ces vocations viennent de l’étranger, pour cela il est important d’apprendre la langue turque, qui n’est pas facile. Les vocations locales sont nécessaires.

Pour améliorer notre communication avec l’Église nous sommes en train de préparer un site web lié à une ONG qui sera prêt d’ici un an.

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Note de Carlota

(*)
Je reste plus que réservée sur l’analyse de monseigneur Franceschini, concernant la Turquie et son accès dans l’Union Européenne. Elle est peut-être aussi de circonstance, - et l’on peut comprendre la prudence de l’évêque, car le gouvernement turc qui veut plus que jamais que son pays s’installe encore plus dans l’Europe, rendrait plus difficile encore la vie des chrétiens turcs, si un ressortissant italien catholique disait le contraire. Elle reprend peut-être, aussi la vision idéalisée de l’Europe qui malgré les vicissitudes de l’Histoire, avait réussi à protéger Alexandrette de l’emprise musulmane jusqu’au XVIème siècle, puis l’avait protégé du pire à l’époque du génocide arménien et jusqu’à la vieille de la seconde guerre mondiale (cf Wikipédia : Alexandrette devenu Iskenderun ), et qui fait que les chrétiens de Turquie, pensent que dans une Turquie « européenne », ils pourront enfin être considérés comme des citoyens à part entière. Mais avec moins d’irénisme et peut-être trop de réalisme par rapport à l’actuelle situation en Europe de l’Ouest, - l’Italie fait peut-être exception, je pense plutôt qu’ils risquent seulement de se sentir un peu moins seuls comme dhimmis, dans un grand ensemble dont les valeurs ne resteront pas longtemps celle d’une certaine Europe…

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Le bâton et la houlette La pastorale de l'intelligence