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Le martyre et le choc des civilisations

Le meurtre de Mgr Padovese vu par le Père Scalese (15/6/2010)

Le Père Scalese pense, comme moi, que l'élucidation du meurtre de Mgr Padovese ne sera pas évidente.

Venus de différents horizons politiques surtout de droite (mais pas pour les mêmes raisons!), beaucoup ont reproché au Pape son "saint mensonge" dans l'avion vers Chypre, alors qu'il ne s'agissait que de légitime prudence: sans parler du risque encouru par les chrétiens vivant au Moyen-Orient, comment, comme autorité morale mondiale pouvait-il donner un avis péremptoire alors que l'enquête n'était même pas commencée?

J'avais parlé de barbouzerie, après avoir lu l'interviewe que Mgr Ruggero Franceschini, nouvel administrateur apostolique d'Anatolie avait accordé à l'agence Asia News, et que Carlota avait eu l'idée géniale de traduire dès sa publication.
Le Père Scalese a lu attentivement (et non pas superficiellement, comme beaucoup s'en sont contentés) le même texte.
Ses conclusions rejoignent les miennes
Il n'emploie pas les mêmes termes, mais il va plus loin que moi.
J'ajoute qu'il a plus de titre que la plupart des gens pour parler de la mission, car il a lui-même était missionnaire en Asie, notamment en Inde où la vie n'était pas facile pour le prêtres, et où "de temps à autre, un prêtre est tué, souvent les églises sont profanées" .

Note: Il y a une seconde interviewe de Mgr Franceschini, assez différente de celle-là: Les deux interviewes de Mgr Franceschini

Le martyre de Mgr Padovese et le «choc des civilisations"
http://querculanus.blogspot.com/...
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Pour une fois, je souscris pleinement à l'article d'Alberto Melloni [historien catholique tendance libérale, déjà rencontré ici: Ce salut spontané de Sodano; le court article en italien est ici] dans le Corriere d'aujourd'hui, sur le martyre de Mgr Luigi Padovese.
C'est une réponse à ceux qui voudraient instrumentaliser l'épisode à des fins politiques. Ils n'ont pas manqué ces jours derniers, y compris parmi les "Néocons" de chez nous, ceux qui auraient aimé voir l'Eglise lancer une nouvelle croisade contre les Sarrasins pour venger l'assassinat de l'évêque missionnaire. Melloni fait valoir à juste titre:
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Un martyr qui ne serait pas l'occasion de prêcher l'évangile de l'amour des ennemis, le pardon de ceux qui tuent, serait outragé: aujourd'hui aussi, n'en déplaise aux post-huntingtoniens (C'est à dire les disciples de Samuel P. Huntington, théoricien du «choc des civilisations»).

Très belle , aussi, la réflexion finale, qui relie le martyre de Mgr Padovese, au moment critique que l'Eglise traverse:
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"En ces temps tellement gris, où la tempête secoue l'Église, le signe du martyre revient donc comme un signe de grâce, une consolation à un prix élevé ... Dans l'église, sans rien enlever à la gravité des crimes qui réclament pardon à Dieu, persiste une réserve de douceur, d'humilité désarmée, de simplicité de la vie, qui en tant que telles expose à la violence, qu'elle soit folle ou inspirée, et qui sert de contrepoids invisible à la mesquinerie qui l'assaille de l'extérieur et l'intérieur".

A certains, une telle attitude peut sembler conciliante, défaitiste, voire lâche. En fait, c'est la seule attitude possible pour un chrétien: les victimes elles-mêmes, qui - ne l'oublions pas - ont profondément aimé leurs assassins, ne tolèreraient pas que quelqu'un puisse s'arroger le droit de "venger" leur sacrifice.
Cela ne signifie pas qu'il ne soit pas légitime d'exiger que l'on fasse la clarté. Mgr Ruggero Franceschini, archevêque de Smyrne, et désormais administrateur apostolique d'Anatolie, a tout à fait raison, de demander: "Nous voulons toute la vérité, mais seulement la vérité".
Mais les propos de Mgr Franceschini, rapportés par l'agence AsiaNews (traduits par Carlota ici: Mgr Padovese: interviewe de l'évêque de Smyrne) ne peuvent en aucune façon être instrumentalisés; ils ne peuvent pas être interprétés expéditivement comme une piste vers un homicide de matrice islamique. Ils doivent être lus avec beaucoup d'attention:
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Je crois que, en ce qui concerne cet assassinat, qui a un élément aussi explicitement religieux, islamique, nous sommes en face de quelque chose qui dépasse le Gouvernement; cela va au delà, vers des groupes nostalgiques, peut-être anarchistes, qui veulent déstabiliser le Gouvernement lui-même.
Le mode opératoire lui-même avec lequel a eu lieu la mort sert pour manipuler l’opinion publique. Après avoir tué l’évêque le jeune Murat Altun a crié: “J’ai tué le grand Satan. Allah Akbar”. Mais c’est vraiment étrange. Murat n’avait jamais dit ces phrases violentes. Je le connaissais depuis au moins dix ans. C’est moi qui ai pris sur moi de le faire travailler pour l’Église. Et jamais il ne s’était exprimé de cette façon-là. Ce n’était pas un musulman pratiquant. C’était un jeune qui avait une culture chrétienne sans être chrétien. Ni lui ni son père n'étaient des personnes qui étaient nos ennemis. À mon avis ils ont été un instrument dans la main d'autres.
L’usage du rituel islamique sert à faire dévier les interprétations: c’est comme suggérer que la piste est religieuse et non pas politique. En outre en forçant l’interprétation religieuse, d’un conflit entre l’islam et les chrétiens, on arrive à enflammer l’opinion publique dans un environnement dans lequel nous sommes faiblement crus et dans lequel nous n’avons aucune force. Par ailleurs, le premier ministre Erdogan également, a ses appuis les plus forts non dans l’islam radical, mais dans le modéré. Et je crains qu’il n’ait même plus celui-là.

Il n'est pas facile de comprendre ce que veut dire Mgr Franceschini: il dit et ne dit pas. Mais une chose est certaine: la réalité est extrêmement complexe. C'est précisément pour cette raison qu'on ne peut pas tirer de conclusions trop hâtives, que certains, peut-être, ont intérêt à favoriser.

Que certains faits (pensons aussi à l'assassinat du père Andrea Santoro en 2006) se produisent précisément en Turquie, pays laïque ou, tout au plus, islamiste modéré, donnent à penser.
Comment se fait-il qu'ils ne se soient pas produits dans les pays arabes où le fanatisme islamique est plus fort? Peut-être, pour comprendre, devons-nous tenir compte de l'histoire de la Turquie: dans l'Empire ottoman, les chrétiens étaient une minorité non négligeable (si je ne m'abuse, ils atteignaint 20% de la population) et avaient vécu pacifiquement pendant des siècles avec la majorité musulmane. Ce fut justement quand la Turquie s'apprêtait à devenir un pays "laïc" que la composante chrétienne a été pratiquement anéantie (par les artisans de la Turquie moderne: les "jeunes Turcs"): qu'on pense au génocide arménien, aux massacres et aux déportations des Grecs et des Assyriens, en concomitance avec la Première Guerre mondiale.

Après ce «nettoyage ethnique», la situation semblait se calmer. Pourquoi, à présent qu'il y a au gouvernement un parti islamique modéré, qui opère une véritable révolution, évinçant toute l'ancienne classe dirigeante liée à la franc-maçonnerie et aux dunmeh, pourquoi, justement aujourd'hui, voit-on ressortir ces attaques contre les chrétiens, et - comme par hasard - toujours en liaison avec les visite du Pape (en Turquie dans le cas du père Santoro, à Chypre, cette fois). N'y aurait-il pas quelqu'un qui a un intérêt à maintenir vivante la haine entre chrétiens et musulmans et à fomenter un «choc des civilisations»?

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