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La vie quotidienne du Pape

Un article paru dans le journal espagnol ABC, traduit par Carlota. Tout en n'échappant pas aux lieux communs, pas toujours bienveillants, et même parfois inexacts, on y voit que le Pape est un travailleur infatigable et méthodique (15/6/2010)


Merci à mon amie pour toutes les précisions érudites qu'elle apporte, et qui permettent aussi d'ouvrir les yeux sur la façon apparemment bienveillante, mais en réalité ambigüe, dont la grande presse traite l'actualité papale.


Carlota écrit:

Je vous envoie la partie de l’article de Juan Vicente Boo, correspondant à Rome du journal espagnol ABC (autrefois conservateur, aujourd’hui beaucoup moins comme bien d’autres !).
Le style familier, parfois à la limite du condescendant, voire du petit coup de patte ne me plaît guère et les lieux communs sont légions, mais j’avoue avoir l’épiderme plus que sensible quand l’on parle de Benoît XVI.

L’auteur termine son article par des rappels de petites anecdotes pas trop caustiques sur les quatre papes précédents et que je n’ai pas traduites. Il s’inspire d’un ouvrage paru d’abord en anglais et à New-York, « The Incredible Book of Vatican Facts and Papal Curiosities – a treasury of trivia » (1998) du journaliste new-yorkais Nino Lo Bello (1922 – 1997) qui a également écrit sous le pseudonyme de Walter Hoffman. Ces anecdotes « vaticanesques » ont été traduites en italien en 2000, puis ultérieurement en espagnol (notamment pour le marché argentin). Elles ne semblent pas avoir eu d’édition française. Lo Bello a été correspondant de presse à Rome où il était considéré comme le spécialiste de l’église catholique.
Dans son livre il avait notamment noté : «Lorsqu´un cardinal est choisi pour siéger sur la Chaire de Saint Pierre, il reçoit effectivement, une promotion, mais avec une réduction sur sa paye: le Saint-Père ne gagne pas une lire! » (cf Zénit , 2001). Mais le ton des anecdotes n’était pas toujours aussi favorable (et c’était pour moi bien plus « des potinages de domestiques renvoyés », que des éléments transcendants pour l’histoire même petite de l’Église). On pouvait par exemple y lire des phrases de ce genre : « Pie XII était un expert en vin qui détestait les mouche et les poursuivait sans pitié dans son bureau ». C’est sûr que vu d’un bureau aseptisé et conditionné de New York, c’est le plus horrible des crimes ! Consternante littérature…

Les anecdotes reprises en espagnol sous le titre « Vaticanerías: anécdotas y leyendas de los pontífices » sont souvent citées par Juan Vicente Boo qui choisit bien évidemment dans certains cas celles qui ont été rédigées de façon à être des plus croustillantes possibles. J’en ai lu quelques unes sur le blogue “Macanadas” , rubrique "Los vicios de los papas" blogue dont je n’ai pas vraiment besoin de traduire l’en-tête mais qui prévient néanmoins qu’il n’est pas recommandé pour les mineurs ! Il revendique une liberté de ton, un humour sans complexes et avertit les bigots d’aller voir le site du Vatican, avec un lien activé, ce qui démontre une certaine bonne volonté !



Le pape plus intime

Travailleur infatigable, son activité tranquille mais continue lui permet de gérer des milliers d’affaires par semaine

JUAN VICENTE BOO / ROME pour le journal ABC (original ici)
14/06/2010
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Le locataire le plus important du Vatican est aussi le plus méthodique et, paradoxalement, l’un des plus timide du Saint Siège.
Cela dit, c’est l’homme le plus vu de la planète, - un million de personne rien que le mois dernier au Portugal - qui se penche avec une ponctualité germanique chaque dimanche midi à la fenêtre la plus célèbre du monde. Celui qui regardera cette fenêtre depuis la Place Saint Pierre la remarquera légèrement entrouverte la plupart du temps de la journée. Jusqu’à ce qu’arrive la chaleur, le Pape préfère travailler dans une pièce bien aérée, de manière à ce qu’au moins la brise soulage son enfermement obligé. Les derniers mois ont été durs, et l’oxygène est en vérité la bienvenue.
La journée de Benoît XVI est absolument régulière. Depuis que les médecins lui ont conseillé le repos, le Pape ne se lève plus à cinq et demi du matin mais à six heures, de façon à ce qu’il puisse commence à sept heures un moment de prière dans la chapelle, juste avant la messe qu’il célèbre à sept heures et demi.
La méditation devant le tabernacle est la première rencontre de la petite “famille” qui partage chaque jour les quelques moments brefs de prière et de travail. Les quatre femmes qui s’occupent d’administrer et gérer l’appartement pontifical, - Carmela, Emanuela, Loredana et Cristina-, le valet de chambre, Paoletto, et les deux secrétaires privés, – don Georg et don Alfred- comment la journée en priant avec le Pape et en assistant à sa messe.

Le déjeuner est frugal et typiquement italien: café au lait, jus d’orange, un «cornetto» (croissant?) et quelque fruit. Et aussitôt le Pape est déjà en train de travail dans son bureau privé : la deuxième fenêtre de la droite à l’étage le plus élevé du Palais apostolique, la même à laquelle il se penche pour réciter l’Angélus. La dernière fenêtre, celle du coin, c’est celle de sa chambre et elle est normalement fermée.

À la première heure de chaque jour, son secrétaire personnel, Georg Gaenswein, lui passe une abondante correspondance et un compte-rendu de la presse. Puis il poursuit avec des dossiers plus volumineux jusqu’à ce qu’arrive l’heure des audiences. Un peu avant onze heures, le Pape descend à la bibliothèque du deuxième étage pour recevoir les chefs d’État, évêques en visite quinquennale et chefs de dicastères du Vatican. Souvent, la matinée comprend une audience de groupes nombreux, qui se tient habituellement dans la salle Clémentine.
Le matin des mercredis, par contre, est consacré à l’audience générale qui se tient sur la place Saint Pierre la plus grande partie de l’année car plus de dix mille personnes ont l’habitude d’y participer. C’est seulement dans les mois les plus glaciaux de l’hiver et dans les plus torrides de l’été que l’audience générale se déplace à l’amphithéâtre Paul VI, qui peut accueillir quelques sept mille personnes. Quand le nombre de pèlerins est supérieur, le Pape fait deux étapes : une première dans la basilique Saint Pierre avec une partie des visiteurs et une second dans l’amphithéâtre Paul VI.

Joseph Ratzinger a toujours eu une constitution physique délicate et le repas à une heure et demi, reste dans le même ton frugal au déjeuner et au dîner. À la différence de Jean-Paul II qui profitait de la conversation et des invités, Benoît XVI considère le déjeuner comme un moment de repos tranquille: peu de mots et peu de nourriture, en vingt minutes au maximum.

Les trente années passées à Rome se notent aussi sur la table. Les spécialités italiennes dominent, surtout les soupes et les plats très légers, - même si de temps en temps se laissent voir des saucisses blanches de Munich et, bien sûr, l’«appelstrudel» avec un peu de cannelle, des raisins secs et du miel. Depuis longtemps, Joseph Ratzinger ne boit du vin que par obligation courtoise. Il préfère simplement de l’eau, du jus d’orange ou de la limonade.

Le Pape qui a été professeur d’université pendant 25 ans est toujours un intellectuel : lire et écrire l’enchantent mais le sport ne lui plait pas (ndt je dirais les sports violents car je connais peu de personne de son âge qui soit si alerte, avec un tel emploi du temps, des déplacements par avions, etc). Durant la majeure partie de sa vie, il s’est limité à marcher et à monter les escaliers au lieu d’utiliser l’ascenseur. Ce petit effort était suffisant pour éviter les graisses inutiles et pour le maintenir en forme. De fait, à 83 ans le Pape continue à marcher rapidement et d’un pas sûr que lui envient beaucoup de ses contemporains.

Mais la tension de la charge requiert un peu plus d’exercice et un plus de grand air. Comme il n’aime pas la bicyclette statique installée dans la pièce contiguë à sa chambre, les médecins ont obtenu de lui qu’il fasse une courte promenade journalière vers les trois heures de l’après-midi. Le Docteur Patrizio Polisca, cardiologue, spécialiste en anesthésie et réanimation, maintient la discipline de fer. Après le repas, le Pape se repose une demi-heure dans un fauteuil et puis sort réciter le Rosaire dans les Jardins du Vatican, avec près de lui le Père Georg et le Père Alfred. Normalement ils montent en voiture jusqu’au haut de la colline et là ils marchent dans la zone de la grotte de Lourdes, près de l’héliport. En hiver ils se protègent avec vareuses et casquettes : l’important est de ne pas rester à la maison.

Le travail de l’après-midi est plus tranquille et même si le Pape reçoit des visites de collaborateurs les plus directs comme le secrétaire d’État, Tarcisio Bertone, ou le vice-secrétaire, Fernando Filoni, la plupart des heures sont consacrées à l’étude des dossiers et à l’écriture.

Benoît XVI étudie en détails les gros dossiers préparés pour la sélection des évêques, car il considère ces nominations comme l’une des responsabilités les plus importantes. Il s’agit de faire une réforme de l’Église en changeant les personnes d’une façon progressive et discrète. Ou parfois rapidement, comme ce fut le cas pour l’Irlande, dont la désastreuse gestion des abus sexuels a entraîné la démission de cinq évêques.
Le secrétaire personnel du Pape, Georg Gaenswein, insiste sur le fait que Benoît XVI travaille pratiquement toute la journée et avec une grande intensité quoique sans trépidation. C’est une activité tranquille mais continue qui permet de traiter chaque semaine de milliers d’affaire et de laisser du temps à la rédaction de documents très longs comme les trois encycliques ou des documents post-synodaux (..)
Il y a environ deux mois le Pape a terminé d’écrire ce qui, selon lui, sera son dernier livre. Il s’agit du second volume de « Jésus de Nazareth » qui est en cours de traduction dans les principales langue afin qu’en soit faite une présentation simultanée au début de l’été.

Benoît XVI est très réservé et même timide. Il n’aime pas parler de lui-même et parle difficilement de ses projets. La nouvelle comme quoi il avait terminé d’écrire « Jésus de Nazareth », il l’a donnée à un collègue et ami juif, Jacob Neusner, dont il avait cité l’ouvrage, « Un rabbin parle avec Jésus » pour expliquer l’un des points essentiels du premier volume. Neusner était très heureux que le Pape ait pu terminer le livre mais il a protesté contre la décision de ne pas en écrire d’autre car un intellectuel ne doit jamais renoncer à continuer à produire des pièces d’envergure.

Alors que ses adjoints utilisent des ordinateurs, Ratzinger continue à écrire avec un stylo plume, presque toujours genre «Mont Blanc». Son écriture est petite, mais les idées s’écoulent claires et ont à peine besoin de corrections ultérieures. Le Pape écrit personnellement beaucoup de ses discours et la différence se note à une lieue. Ses textes sont vifs, intéressants, construits avec des phrases courtes et des affirmations claires en contraste avec le style pesant, le ton ambigu et la construction compliquée de beaucoup de textes préparés par la Curie. Ce que les vaticanistes appellent « un Ratzinger DOC » est comme le bon vin de dénomination d’origine contrôlée, selon le sigle en italien. Le discours de l’audience générale du 2 juin sur Thomas d’Aquin, - un des ses théologiens de référence, est l’un des exemples les plus récents.

Chez le Pape on dîne à sept et demi, ce qui lui permet de voir le journal télévisé de huit heures, soit celui de la RAI ou de quelque autre chaîne internationale. De même que son prédécesseur Benoît XVI consacre beaucoup de temps à essayer de comprendre ce qui se passe en Italie, car en plus d’être l’évêque de Rome, il maintient une relation spéciale avec l’épiscopat italien, duquel provient une bonne partie de la Curie Vaticane, dont l’internationalité a fait marche arrière ces dernières années (???).

Après les actualités, vient un moment de lecture, de travail ou si c’est possible de piano, l’un de ses penchants favoris. Mozart et Beethoven s’emparent de l’appartement pontifical, et tout le monde en éprouve un vif plaisir car ils savent que le Pape se repose. Benoît aime beaucoup les visites de son frère Georg, également prêtre et grand musicologue, retraite depuis déjà pas mal de temps, qui vit d’une manière très discrète à Regensburg. Comme Georg a des problèmes de cœur et de vue, le Pape a décidé de passer tout l’été à Castelgandolfo au lieu d’aller à la maison des Alpes : ils peuvent ainsi profiter des vacances ensemble.
Georg Gaenswein, un individu athlétique et avenant de 54 ans a révélé le sage conseil reçu de son prédécesseur, Stanislaw Dziwisz, secrétaire privé de Karol Wojtyla durant presque quarante ans: «Le Pape ne doit pas se sentir étouffé par rien ni par personne. Comment y arriver, c’est quelque chose qu’il te faudra découvrir par toi-même ».

Au bout de cinq ans, il est clair que le Père Georg a réussi à remplir sa mission.

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