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Les vaticanistes et les rumeurs


Formidable réflexion sur les scoops et autres "exclusivités" que des journalistes peu soucieux de déontologie diffusent par anticipation, avec parfois des conséquences très graves. Traduit de l'espagnol par Carlota (23/6/2010)

L'auteur de cet article, le religieux mexicain Jorge Enrique Mújica, commence à être un habitué de ces pages. Voir encore récemment:
-> Un prix Nobel "canonisé"
-> Le card. Bernardin accusé à tort d'abus sexuels

 


Ce n'est pas la première fois que je m'irrite ici de la chasse au scoop.
Certaines des informations qui filtrent à travers des canaux mystérieux (ce n'est d'ailleurs pas une spécificité de l'Eglise) sont dérisoires, d'autres moins, mais toutes prennent le risque - plus ou moins malveillant - de faire du tort au Saint-Père.
Le dernier exemple était celui de l'annonce anticipée , le 11 juin dernier, à la suite d'une "indiscrétion" d'une agence catholique, que le Curé d'Ars ne serait pas proclamé patron des prêtres du monde (Le Saint curé d'Ars et le Saint-Père ).
On sait aussi que lorsque le saint-Père est sur le point de publier un texte majeur (encyclique, lettre aux catholiques en Irlande, etc.), deux jours avant, les vaticanistes en donnent le plan détaillé, et même leurs commentaires.
Un autre sujet de prédilection des "chasseurs de scoop", ce sont les nominations à la Curie. Là où les intrigues, réelles ou supposées, éloignent le plus l'Eglise de sa mission.

Je partage donc entièrement cette réflexion du Père Jorge Enrique Mújica, LC, qui démarre de la nomination du délégué apostolique qu’attend la Légion du Christ.
On verra qu'il n'est pas tendre avec les vaticanistes, même les bons (je veux parler des italiens).

Carlota

Voici un texte sévère mais plein de bon sens concernant l’éventuel délégué apostolique qui sera nommé par le Saint Père, auprès de la Légion du Christ. Je ne suis bien sûr pas aussi proche de cette affaire que le Frère Jorge Enrique Mújica qui est mexicain et légionnaire. Mais je suis tout à fait son souhait de l’éthique journalistique.

Les vaticanistes, les rumeurs et les Légionnaires du Christ
(original ici: http://www.religionenlibertad.com/.. )
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De nombreuses notes qui ont paru dans la presse à propos de la double vie du fondateur des Légionnaires du Christ, ont mis en avant le très vif intérêt médiatique pour cette congrégation religieuse.
Celui qui écrit appartient à cette famille religieuse et a une riche expérience de l’analyse éthique de l’information socio-religieuse. Pour qu’il n’y ait pas lieu à équivoques, je dois dire que les qualificatifs utilisés dans le Communiqué du Saint-Siège pour décrire le comportement du père Maciel expriment avec clarté ce que beaucoup d’entre nous ressentons et reprochons avec la même force, conviction et clarté que le communiqué.

Parmi les nombreux points que nous pourrions aborder je veux me centrer cette fois sur la nomination du délégué apostolique qu’attend la Légion du Christ

Les rumeurs se sont succédées depuis la publication du communiqué du Saint Siège le 1er mai dernier.
Sandro Magíster a été le premier à insinuer que le cardinal Juan Sandoval Íñiguez serait le délégué (voir http://chiesa.espresso.repubblica.it/... ). L’agence de presse ACIPRENSA a fait écho de cette première conjecture et de là la rumeur a couru comme une traînée de poudre au point « d’obliger » le cardinal Sandoval Íñiguez à donner son opinion.

Quelque temps plus tard, le même Sandro Magister fait entrer dans les combinaisons du loto monseigneur Ricardo Ezzati, archevêque de Concepción, au Chili (ndt personnellement je ne crois pas en cette désignation, avec le tremblement de terre dans son archidiocèse et ses terribles conséquences tant humaines que matérielles, mons. Ezzati, est déjà très pris); et mons. Giuseppe Versaldi, évêque d’Alessandria, en Italie. Tous deux avaient été visiteurs apostoliques. Une fois de plus l’agence ACIPRENSA a reprodu ce qui ne cessait d’être qu’une simple hypothèse personnelle de Sandro Magister.

Plus récemment Andrea Tornielli , a spéculé sur la nomination de mons. Velasio de Paolis comme délégué apostolique pour la Legión du Christ. ACIPRENSA a emprunté le pas à ces réflexions sur son site, de même que l’agence Rome Reports, en lui consacrant un reportage video (nomination qui pour l’instant continue à ne pas être confirmée).

Religión Digital et El País , parmi bien d’autres médias, agences d’informations, et périodiques ont également repris l’idée.

Cela interpelle de voir que quelques médias d’orientation catholique suivent les spéculations sans plus de certitude que l’opinion du vaticaniste de service (ndt il est vrai que même les excellents vaticanistes ne sont pas dans la tête du Pape, et ne parlons pas des auto-proclamés vaticanistes par les médias qui les emploient ou par leur propre égo !).

On pourrait penser que c’est juste servir de porte-voix à ce type d’informations contradictoires. Diego Contreras (journaliste espagnol en poste à Rome que nous avons déjà eu l’occasion de citer) dit à ce sujet : " Le problème se présente quand cette stratégie s’applique sans discriminations et comme système […] On finalise pour substituer la recherche de vérité possible à quelque chose (subrogé) qui offre l’apparence de la vérité. C’est le triomphe de la paresse intellectuelle." (cf. Il conflitto come “valore giornalistico”, Sphera Pública 006, 2006, p. 81).

Quant à l’éthique de l’information, Benoît XVI a été très clair quand dans son message pour la XLIIe Journée Mondiale des Communications Sociales, a dit: « Aujourd’hui, d’une manière chaque fois plus marquée, la communication paraît avoir dans certaines occasions la prétention non seulement de présenter la réalité mais de la déterminer grâce au pouvoir et à la force de suggestion qu’elle possède. On constate par exemple que sur quelques évènements les médias ne sont pas utilisés pour une fonction adéquate d’informateurs, mais pour « créer » les évènements eux-mêmes […]. Il est nécessaire dans ce domaine une info-éthique ».

Et avec des mots plus durs, applicables aussi, - avec des nuances, à ce contexte, le Saint Père disait le 8 décembre 2009 : « Chaque jour, les journaux, la télévision et la radio nous compte le mal, le répètent, l’amplifient, nous habituant aux choses les plus horribles, nous rendant insensibles et, de quelque manière, nous intoxiquant, parce que le négatif ne s’élimine pas entièrement et s’accumule jour après jour. Le cœur s’endurcit et les pensés se font sombres ».

Au sujet des vaticanistes, je dois dire que j’estime beaucoup leur travail. Dans certaines occasions leurs analyses m’ont été bénéfiques. Sûrement que dans la plupart des cas ils essaient d’offrir des informations par amour de la vérité. Cependant on ne peut pas oublier que la rumeur n’est ni valeur journalistique, ni vertu humaine, et encore moins chrétienne.

Quant aux informations qui filtrent, ces faits sont un vrai problème. Fernando Pascual a dit à ce sujet (cf. Blogger, periodistas e Iglesia católica, en Análisis y Actualidad, boletín telemático n. 28, du 8 juin 2010):

« Une première situation problématique a son origine dans le fait que filtrent des nouvelles et informations qui sont vendues ou publiées dans le monde digital par ceux qui, du point de vue du respect de l’éthique professionnelle, devraient garder le secret sur justement ces nouvelles et informations ».

Pensons par exemple aux rumeurs et nouvelles sur les futures nominations d’évêques, sur des changements à la Curie du Vatican, sur des documents que le Pape va publier dans le futur.

Beaucoup de ces faits futurs sont connus par un groupe restreint de personnes qui sont obligées, par fidélité aux principes en vigueur de l’éthique professionnelle de garder le secret sur ces faits. Quelques unes des personnes impliquées, même, ont fait un serment qui les lie à la non divulgation d’information dont le caractère est confidentiel.

Malgré cela, il y a des nouvelles qui filtrent, parfois avec des semaines d’avance. Les médias peuvent alors, en « profiter » en exclusivité, être en avance sur les faits, même provoquer la confusion ou le chaos au sein même du Vatican, ou parmi d’autres personnes impliquées qui apprennent une future (ou simplement possible) décision par internet et par la presse et non pas directement par ceux qui devraient les informer.


Celui qui ne respecte pas le secret professionnel commet une faute d’une extrême gravité. Celui qui le fait « par intrigue de palais », par ambition personnelle, pour « saborder » une nomination ou ruiner des prêtres ou des évêques, voire même pour faire mal au Pape ou à la Curie, commet un délit qui peut être punissable au point de vue juridique ; mais aussi fait mal de manière plus ou moins sérieuse à l’Église et à la société, parce que des fautes dans ce camp peut provoquer de graves conséquences, parfois non prévues mais non pas pour cela moins remarquables.

Celui qui laisse filtrer des informations simplement par amour de l’argent, c’est à dire celui qui se « vend » aux journalistes ou aux blogueurs d’internet, tombe dans une forme de bassesse qui mérite la compassion et, évidemment un châtiment adéquat.

Commettent-ils eux aussi ce type de faute les blogueurs et les journalistes qui accueillent avec délectation et diffusent rapidement ces informations réservées, presque avec le désir de vendre « l’exclusivité » et gagner la première place dans la guerre des informations ? Comme dit le dicton, pèche autant celui qui tue la vache que celui qui lui a attaché la patte. C'est-à-dire qu’il n’y aurait pas d’informations qui filtraient si tous les journalistes et les blogueurs étaient honnêtes et ne publiaient pas la moindre donnée qui se trouverait sous une légitime réserve, qui devrait être sous être protégée par le secret professionnel.

Par malheur, à la bassesse de ceux qui divulguent des faits en ne respectant pas le secret professionnel, s’ajoute la bassesse des informateurs désireux d’être les premiers, de prendre au dépourvu le Vatican avec leurs anticipations et leurs « triomphes ». Il s’agit cependant de « triomphes » misérables, car jamais n’obtient une vraie victoire celui qui divulgue ce qui ne doit pas être divulgué ou celui qui contribue au délit des autres et qui s’enrichit en ayant fait filtrer illégalement de nouvelles ».

Pour parler avec des faits concrets bien en main, il suffit de rappeler qu’en janvier 2010 le Saint Siège a regretté, - par voie officielle, c’est à dire, au moyen de la Salle de Presse, qu’un document de la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue Théologique entre l’Église catholique et l’Église Orthodoxe ait filtré. Celui qui l’a « ventilé »devant les médias: Sandro Magister.

Pour le moment le Saint Siège n’a pas rendu public la nomination du délégué apostolique pour la Légion du Christ. Les communications officielles suivent les canaux officiels.

Il se peut que quelque l’un de ceux mentionnés soit effectivement nommé ou que même le lot des gagnants grossisse dans les prochains jours en conformité avec l’opinion du vaticaniste en question.

Tout ce qui précède nous invite, en définitive, à pondérer les valeurs authentiques du journalisme de vérité, à ne pas nous laissez porter par le va et vient des opinions et à être plus critiques avec l’information que l’on reçoit. Même, ça se voit, avec les médias d’orientation catholique.

Le cardinal Ratzinger interviewé par la Rai Tous avec le Pape