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Tempête sur tempête

Le Père Winfrid, déjà rencontré ici (à propos du card. Schönborn) est espagnol, ce qui explique qu'il ait le sang chaud. Cette fois, il parle de la situation au Moyen-Orient, et de l'assassinat de Mgr Padovese. Traduction de Carlota (9/6/2010)



Carlota m'écrit:
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Voici un texte du Père Winfrid dont je vous avais déjà fait goûter le style engagé de prêtre "tradi" (Un article au vitriol sur le cardinal Schönborn ). Je ne partage pas forcément à 100% ses analyses qui sont terribles et peut-être pas assez nuancées mais au moins lui ne fait pas d'irénisme et a le mérite d'évoquer certaines choses. Il fait aussi à sa manière, et c'est en cela que j'ai traduit son texte, un très bel hommage à notre Saint Père et à son voyage à Chypre.

Article original ici: http://www.religionenlibertad.com/...
Traduction de Carlota.


Note: Il va de soi que, selon la formule consacrée, ce texte n'engage que la responsabilité de son auteur.



Tempête sur tempête par le Père Winfrid – blogue opinion de Religion en Libertad – du 8 juin 2010.
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Quand l’histoire racontera le travail apostolique de Benoît XVI, chaque pas du vieux Pontife se mesurera avec des mètres en or. En cinq ans les empreintes du Pape Ratzinger sont aussi profondes que celles des 27 ans de son prédécesseur.

En rendant visite la semaine passée à l’île de Chypre, un voyage “discret” à une nation de troisième rang, Benoît XVI s’immergeait de plein fouet dans la très cruelle réalité de l’Orient méditerranéen, la façade arrière de l’Occident, sa première frontière.

À Chypre, l’histoire est chair à vif et sanglante, comme si depuis le temps des Croisades et l’éphémère royaume des Lusignan, l’histoire s'était raréfiée en une boucle du temps qui répète avec des protagonistes différents une même histoire, avec la Croix et le Croissant en campagne dans un combat sans fin et prévisible

Le voyage, tant désiré, s’est teinté d’abord du sang des coopérants pro-palestiniens assassinés par le terrorisme institutionnalisé d’Israël. Rien n’est dû au hasard sur cette scène étendue dont la silhouette de Chypre pointe comme un index le coin de l’ancien Royaume d’Antioche, comme pour signaler, accusateur, le vieil Orient islamique et le nouvel Israël sioniste. La géographie est parfois éloquente dans ses formes.

De ces côtes, frontière de la Chypre chrétienne, devait arriver l’écho du second sang destiné “à créer l’ambiance” du voyage pacifique du Vicaire du Christ. La nouvelle de l'assassinat de l'évêque président de la Conférence Épiscopale de Turquie, j’imagine qu’elle pèsera douloureusement sur le fragile Benoît. Le Saint Siège ne sait pas tout, mais quand il sait il en connaît beaucoup et comprend mieux encore. Comprendre mieux, dans des cas comme celui-ci, c’est prendre à sa charge le pire, qu’on ne racontera pas avec tous les détails mais quand le temps aura passé, que les blessures seront cicatrisées et que le tonnerre seulement en fera écho. Ainsi et en toute chose, la douloureuse vérité jamais n’apparaît complète. Ce que la presse à sensation de l’ennemi appelle « secrets » du Vatican sont, dans la majorité des cas, des blessures que la sainte pudeur de l’Église préfère garder enveloppées dans ces petits/grands holocaustes du silence.

La Turquie n’est pas un problème émergeant car la Turquie a été pour la Chrétienté (quand elle existait) le visage le plus féroce de l’islam. C’est ainsi depuis le XIème siècle, quand elle se confirme comme l’ennemi acharnéet tenace de la décadente Byzance. L’Église l’a su et la tension Saint Siège - Sublime Porte est un chapitre particulier de l’Histoire de l’Église et de l’Occident Chrétien. Malgré la victorieuse victoire de Lépante, la décadence putréfiée du Sultanat, et la reconversion militariste d’Atatürk, la Turquie contemporaine continua sur la même voie pour perpétrer le génocide de l’Arménie chrétienne, une des grandes ombres qui pèsent comme une chape sur la conscience des uns et des autres (les uns pour couvrir, les autres pour taire).

Cette Turquie corrompue par des militaires et agitée par des fanatiques islamiques, conserve assez de force maligne pour perdre l’équilibre face à l’Europe entière et envahir et couper Chypre, menacer la Grèce et faire du chantage à l’Otan et aux États-Unis. Il y a des alliances qui n’auraient jamais du se faire et des opportunités historiques dont on aurait du tirer profit ipso facto, sans céder même une heure à la pendule de l’histoire

La Turquie aurait du être décomposée à la fin de la Première Guerre Mondiale, en la fragmentant et en restaurant la nation Arménienne et tant d’autres selon la mosaïque des nationalités ethniques de leurs frontières. Si cela ne s’est pas fait pour garantir une zone tampon à l’URSS bolchévico-communiste, le prix de cette occasion perdue hypothèque actuellement la très sensible frontière entre l’Europe et l’Orient en flamme.

De la Turquie était origine l’assassin terroriste qui tenta de tuer Jean-Paul II, et si se confirme la nouvelle "piste turque" de Monseigneur Padovese, le turban fantomatique de Soliman paraît s’être reconstitué comme une hydre monstrueuse avec autant de têtes assassines que de fanatiques qui se nichent dans les multiples recoins de l’histoire, recyclé dans l’actualité vindicative et belliqueuse.

Il y a quelques jours, il y eut le lieu commun débité par un journaliste qui déclarait que “le problème c’est le fanatisme islamiste” quand tout le monde a l’intuition que la phrase correcte devrait être simplement que « le problème c’est l’Islam ». Un problème qui est déjà une menace vivante et enkysté au sein de l’Occident décadent, de l’Occident de notre “système démocratique” qui chancelle affligé par la crise, sans trouver des solutions, oubliant le co-problème de l’Islam « interne »


Le pire, cependant, c’est le problème sur le problème, ou à l’intérieur du problème ; ou étranger au problème. Je fais référence à la bombe à retardement de l’état d’Israël, qui ou elle se désactive rapidement/maintenant/tout de suite ou elle éclatera quand on s'y attendra le moins comme une réédition mise au goût du jour du mythe de Pandore et sa boîte aux mille terreurs.

Tragique cadre pour la visite apostolique de Benoît XVI à Chypre, avec du sang sur la mer et du sang sur la terre marquant la lisière de son itinéraire.

Il y a des plaies que l’histoire n’a pas refermées, sur lesquelles se sont ouvertes de nouvelles blessures qui disqualifient les responsables et accusent ceux qui les soutiennent. Aggraver l’histoire avec une actualité d’une incompréhensible violence c’est s’assurer un futur qui se transformera en des crimes multipliés pour chaque coup.

Elle s’avère émouvante, pour ne pas dire pathétique, la photo de Benoît revêtu du rouge du martyre avec en fond d’écran les bidons de gazole blanchis à la chaux, marquant la frontière de la guerre.

Pendant ce temps, tout près de cet instantané chypriote, Erdogan bramait à Ankara et Netanyahu tirait depuis Sion.


p.s. […] Le Cardinal Ratzinger, dans les années 2004, s’est déclaré hostile à la réception de la Turquie comme membre de l’Union Européenne expliquant avec toutes les bonnes raisons qu’un homme aussi instruit et informé que lui savait le faire. J’image que cette « opinion » du Cardinal de l’époque, aujourd’hui Pape, n’a pas été oubliée en Turquie.

La basilique de Saint Vincent Martyr L'ultime cime