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G. Weigel: "Le pape n'est pas un monarque absolu"

Autour d'un article, et surtout d'une couverture de Time Magazine, un article de George Weigel, repris sur l'Agence espagnole ACEPRENSA, et traduit par Carlota (29/6/2010)



Carlota

La façon dont Benoît XVI affronte le scandale des abus sexuels déplaît profondément au Time (7-06-2010): ce dernier exige moins de théologie et plus de mea culpa.

À cette critique, George Weigel, avec son habituel ton mordant, répond dans un article publié sur National Rewiew dans un article du 4-06-2010.
C’est un article, relevé sur le site de l’agence de presse en langue espagnole Aceprensa qui m’a permis de découvrir ce document et en voici la traduction.

Le reportage du Time s’intitule Pourquoi être Pape signifie ne jamais avoir à dire “Je regrette” (cf: Sexual Abuse Crisis ).
La polémique sur Joseph Ratzinger quand il était archevêque de Munich reprend, ressortant quelques témoignages, et termine en mettant le Pape sur la sellette.

Cependant, dit Weigel, en parlant du reportage du Time, on peut en tirer quelque profit : « En seulement dix pages, il arrive à faire une synthèse de la vision dénaturée que les médias continuent à avoir sur l’Église catholique ».

Un monarque absolu?

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Pour ceux qui ont une vision politique de l’Église, la primauté du Pape est une espèce de privilège monarchique qui lui permet d’interpréter d’une manière arbitraire la volonté de Dieu. C’est ainsi que le comprend Time. (Ndt: Il est étonnant de voir comment les médias s’acharnent à donner à partir de rien une structure politique au catholicisme et au contraire se démènent pour ne jamais voir à partir de tout celle de l’islam !).

Mais Weigel, au contraire voit les choses d’une autre manière. Chaque souverain pontife est au service de la tradition apostolique qu’il a reçue. C’esten ce sens que Benoît XVI parle des abus sexuels dans des termes qui déplaisent au Time: « Le démon, le péché, la pénitence et le pardon est le langage même de l’Église et non du politiquement correct ».

Par ailleurs, Weigel rappelle que le pouvoir universel du Pape ne s’exerce pas au détriment du collège des évêques.
« Les évêques ne sont pas de simples conseillers délégués d’une entreprise appelée Église catholique. Ils sont bien plus, ils sont les têtes de leurs églises locales et gouvernent sur elles avec autorité et responsabilité ». (Ndt Il suffit de prendre le simple exemple français de la difficulté d’appliquer le Motu Proprio, au grand regret de nombreux catholiques, pour comprendre sans aucune ambiguïté cette réalité !).

Weigel met l'accentsur ce point pour que personne ne pense que Pape doive répondre des abus commis dans un diocèse qui se trouve dans le coin le plus perdu de la planète (ndt: Qui penserait attaquer l’actuel ministre de l’éducation nationale pour un abus commis par un de ses instituteurs dans une école du très vaste empire coloniale français encours existant dans les années 50). « Ces dernières décennies, l’irresponsabilité de quelques évêques locaux a fait beaucoup plus de mal à l’Église que la supposée autocratie du Pape ».

En outre la capacité de gouverner qu’a le Pape se trouve limitée dans la pratique par ses collaborateurs. Weigel donne par exemple le cas de la nonciature apostolique de Washington qui informa avec trois mois de retard Jean-Paul II sur quelques aspects de la crise des abus aux États-Unis.

Deux Papes, deux cibles
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Le reportage du Time reprend beaucoup d’autres lieux communs qui circulent aujourd’hui dans l’opinion publique. Les plus notables sont les attaques personnelles que les deux journalistes, Jeff Israely (1) and Howard Chua-Eoan dirigent contre Jean-Paul II et Benoît XVI. Au premier ils reprochent sa capacité limitée de gestion pour affronter le scandale des abus ; au second, sa participation à la supposée opération de dissimulation réalisée par la Curie.

La critique de Jean-Paul II provient de « sources qui travaillent au Vatican ». Ces innombrables sources se plaignent de l’excessive centralisation de l’Église à l’époque du Pape polonais ; ce que dément Wiegel, un de ses biographes les plus autorisés : « Jean-Paul II avait pleinement confiance dans la capacité des Conférences Épiscopales de chaque pays pour résoudre leurs propres problèmes » (ndt Il semble d’ailleurs assez évident que les C.E, notamment en France, ont pris une importance de plus en plus importante, que certains de juger paralysantes !)

Par ailleurs, Weigel explique que " Jean-Paul II savait que ses points forts pour exercer son pontificat étaient l’enseignement et la sanctification. Comme il l'avait déjà fait quand il était archevêque de Cracovie, il s’est entouré de personnes compétentes qui l’ont aidé à traiter les affaires quotidiennes du gouvernement de l’Église". (note: et quel collaborateur compétent, à la tête de la CDF!!!)

Est-ce que cela signifie que le souverain pontife précédent était un mauvais gestionnaire? « Si par gestion nous entendons, - dit Weigel, se fixer des objectifs ambitieux et les réaliser, alors il faut en conclure que Jean-Paul II a été un grand gestionnaire ».

Une réponse sérieuse
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La critique du Time contre Benoît XVI peut être résumée de cette façon : le cardinal Joseph Ratzinger a fait partie de la stratégie de dissimulation qui a amené la Curie romaine à se préoccuper davantage d’éviter les scandales que de rendre justice aux victimes.

Bien que Weigel ne nie pas les manquements commis par quelques évêques il considère peu sérieux d’en accuser précisément « l’homme qui a fait le plus à la Curie pour reconstruire les pièces qui n’allaient pas ».

La thèse de Weigel est que le Saint Siège a commencé à prendre en compte la dimension du problème des abus quand entre 1999 et 2001 la Congrégation de la Doctrine de la Foi, - dirigée alors par Ratzinger, en a été chargée par décision de Jean-Paul II.

Quant à la critique sur la façon dont Benoît XVI affronte actuellement la crise, Weigel réplique: « Non, le Pape n’a pas suivi le discours médiatique habituel de se mettre devant les caméras et de s’humilier comme s’il s’agissait d’un député ou sénateur nord-américain sur lequel on vient de dévoiler une affaire (ndt En français dans le texte) avec sa secrétaire. La réponse de Benoît XVI a été beaucoup plus sérieuse ».

Il s’est retrouvé, il a prié et il a pleuré avec les victimes des abus commis aux États-Unis, en Australie et à Malte. Il a appelé l’attention des évêques d’Irlande dans les termes les plus fermes qu’il pouvait le faire (…). Il a reconnu honnêtement que les souffrances de l’Église proviennent “du péché qu’il y a dans l’Église”, mais sans absoudre les médias pour leurs erreurs en matière de désinformation. Et il rappelé que l’Église “a un profond besoin de réapprendre la pénitence, d’accepter la purification, d’apprendre, d’une part, le pardon, mais aussi la nécessité de la justice. « Le pardon ne se substitue pas à la justice ».

Weigel termine son article avec une flèche du plus pur style George Weigel: « Ce type de direction qui plonge ses racines dans une admirable profondeur théologique et spirituelle, mériterait quelque chose de plus qu’une première page menteuse et une phrase prise dans l’un des pires romans de l’histoire » (2).

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NOTES
(1) Paradoxalement, Jeff Israely est l'auteur des textes d'un très bel album illusté de photographies de Gianni Giansanti, et paru entre autre en Italie sous le titre: Benedetto XVI, l'albo di un nuovo papato
(2) Weigel fait référence au Love Story, d’Erich Segal, qui est devenu célèbre grâce à la phrase: « Aimer signifie ne devoir jamais dire je regrette».

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