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Mel Gibson sous les projecteurs

Ce texte de Rino Cammilleri n'est pas vraiment récent, il date d'avril dernier. Mais au moment où les medias, après avoir pris avec bec et ongles la défense de Polanski, s'extasient sur la remontée sur scène du sinistre Bertrand Cantat, il me paraît un bon sujet de réflexion. (11/10/2010)

Précisons que Rino Cammilleri s'emploie à lutter contre le "politiquement correct", comme il l'explique sur son blog, au titre très explicite. Donc, il ne prend pas de gants, et si ses propos peuvent paraître excessifs à certains ... eh bien cela relève de sa seule responsabilité!
Personnellement, j'ai de la sympathie pour Mel Gibson, et je déteste les lynchages, quelles qu'en soient les cibles.


Antidoti

Le remarquable blog de l'écrivain catholique italien Rino Cammilleri



Ce texte n'a pas été trouvé sur le blog, mais sur le non moins remarquable site www.rassegnastampa-totustuus.it/
(cf. L'Eglise et le prix Nobel de médecine (III) )

Mel Gibson sous les projecteurs pour ses "bravades"

Voici pourquoi, dans un moment de crise, nous continuons à soutenir le réalisateur de "La Passion du Christ" et "Apocalypto"
Rino Cammilleri
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Quand un catholique célèbre (ou du moins qui a été présenté comme tel) s'effondre sous le poids de ses faiblesses humaines, une joie secrète et maligne s'empare de beaucoup, même parmi ceux qui devraient lui être idéologiquement proches. On l'a vu à l'occasion de la nouvelle, sortie en avril dernier, de la demande de divorce par la femme de Mel Gibson. Je n'ai pas lu les commentaires sur les gros titres de gauche, parce qu'il me suffisait d'une dose modeste d'imagination pour les deviner. J'ai lu à droite et j'ai trouvé, bien à contrecœur, une satisfaction mal dissimulée. Le voilà, celui qui faisait tellement le catholique, qui se levait à cinq heures du matin pour aller à la messe (en latin, en plus): c'est un pauvre type comme tout le monde; et encore pire, parce qu'hypocrite; enfin, il va s'arrêter de poser au dévot.

Avril, temps de Pâques, m'a fait revenir en mémoire tous ceux qui "secouait la tête" devant le Christ sur la croix: regardez-le, là, le soi-disant Messie, voilà comment il finit, lui qui faisait la leçon aux autres. Ce n'est pas une comparaison, bien sûr, juste une association d'idées. Gibson, qui se vantait de ses presque trois décennies de mariage avec la même femme (cas non seulement rare mais unique à Hollywood) et de ses sept enfants (dont une religieuse) a été vu sur une plage en compagnie d'une jeune femme russe.

Alors, comme des perles sur un collier, il a été dûment noté que Gibson est un ancien alcoolique arrêté par la police pour récidive, et qu'il a insulté les policiers qui l'ont menotté, en les traitant de «Juifs». Naturellement, pour lui, les circonstances atténuantes spécifiques et générales ne s'appliquent pas. Pourtant, tout le monde sait qu'aux États-Unis, la police vous plaque la face contre terre et vous tord les bras derrière le dos en vous lisant vos droits.

Tout le monde sait aussi que, durant les deux années précédentes, Gibson avait servi de cible dans un tir au pigeon de la part de la communauté hébraïque mondiale, agitée par ses représentants les plus éminents. Dans son film La Passion, il nous avait laissé croire que Pilate avait été contraint de mettre Jésus à mort par le Sanhédrin, quand le politiquement correct exige que la responsabilité historique de la crucifixion soit seulement romaine. A quel point certaines opinions comptent à Hollywood et dans les medias est bien connu (y compris par l'Eglise).

On connaît aussi leur sensibilité extrêmement pointilleuse: et quand notre Vittorio Messori lui-même proposa, dans le Corriere della Sera, une sorte d'Anti-Defamation League catholique, le président de celle-ci, interrogé sur la même page, lança une menace à peine voilée de faire appel à un tribunal pour des droit d'auteur sur le nom. Il est donc compréhensible (mais pas excusable) que Gibson, ivre, ait continué à voir des «juifs» dans tous ceux qui s'opposaient à lui. En fait, une fois sobre, il s'est excusé.

Mel Gibson avait payé de sa poche ce film, comme un ex-voto pour avoir, de son propre aveu, surmonté la tentation du suicide. Déjà, un véritable artiste (en particulier un génie comme lui) est toujours quelqu'un de tourmenté.
C'est tellement établi qu'il y en a qui, n'ayant aucun talent artistique, "jouent" les tourmentés pour se donner du crédit, souvent avec des résultats grotesques, mais pas pour les médias qui, en effet, mettent en valeur ce type de gens. Gibson, cependant, est catholique, et alors cela change tout pour lui. Il a osé en rajouter une dose, après la "Passion", avec "Apocalypto", un film pleinement conforme à ce qu'il croit: que les peuples précolombiens pratiquaient le sacrifice humain à échelle industrielle, et que l'arrivée des Espagnols libéra leurs victimes d'une sorte de cauchemar.

Et donc ils sont tous là, aux aguets, à scruter le catholique Gibson, dans l'attente d'une faute. Et Gibson est enfin tombé. Plus d'une fois. Des broutilles (une gueule de bois, un divorce), pour n'importe qui, mais pas pour lui. Eh bien, soyons heureux, c'est un misérable comme nous; et même plus, parce qu'il a essayé de se montrer meilleur qu'il n'est, et il a échoué. Bien entendu, le vrai catholique croyant et pratiquant sait qu'il ne lui est pas demandé de réussir, mais d'essayer tout le temps, il sait qu'il est impossible de ne jamais tomber et que la seule chose dont il devra rendre compte, le jour du Jugement, c'est le nombre de fois où il s'est relevé .

Mais cela n'intéresse pas les athées et les agnostiques, rendus cyniques par l'absence d'espérance (et d'humilité). Il se réjouissent quand un catholique les rejoint dans la poussière, car il les confirme dans l'idée (fausse mais confortable) qu'il ne vaut pas la peine de faire des efforts, que Dieu n'existe pas ou, s'il existe, ce n'est pas celui que prêche le Pape.

Quant à nous, catholiques, nous continuerons à encourager notre frère, Mel Gibson, parce qu'il prêche bien, même si parfois il "gratte" mal. Comme nous. Parce nous préférons ceux qui prêchent bien et oublient parfois d'être héroïquement cohérents (et de l'héroïsme moral, à Hollywood, il en faut) à ceux qui grattent dans la fange mais prêchent pire encore, essayant de tirer vers le bas tout ce qu'ils peuvent.

Courage, Mel Gibson, et donne-nous encore un autre de tes chefs-d'œuvre. Peut-être sur l'Inquisition.

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