Une seule famille humaine
Le message du Saint-Père pour la journée mondiale du migrant et du réfugié vient d'être publié. Commentaire (26/10/2010)
Il est disponible en français sur le site du Vatican (http://www.vatican.va ).
Le mieux, c'est de le lire en entier D'ABORD.
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Le coeur du message, c'est le thème qu'il a choisi cette année, «Une seule famille humaine», un thème très présent dans Caritas in Veritate.
Le phénomène des migrations est envisagé dans une perspective eschatologique (j'avoue que c'est un mot qui ne faisait pas du tout partie de mon vocabulaire, il y a cinq ans!), qui nous dépasse - presque - tous un peu, mais auquel il nous invite bel et bien à réfléchir, en tant que croyants:
«Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations, au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu».
Il écrit aussi:
Tous, appartiennent donc à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle, comme l’enseigne la doctrine sociale de l’Eglise. C’est ici que trouvent leur fondement la solidarité et le partage.
(si l'on fait une lecture pointilleuse, on pourrait objecter aux immigrationnistes forcenés présents au sein de l'Eglise que les prestations sociales ne sont pas des biens de la terre...)
Il serait évidemment malhonnête de réduire le message (dans un esprit positif ou négatif, selon le cas) au paragraphe ci-dessous, mais on ne peut pas nier son importance:
(...) les Etats ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. En outre, les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale. «Il faudra alors concilier l'accueil qui est dû à tous les êtres humains, spécialement aux indigents, avec l'évaluation des conditions indispensables à une vie digne et pacifique pour les habitants originaires du pays et pour ceux qui viennent les rejoindre».
Notons qu'il n'y a rien de nouveau dans ces propos, puisqu'ils sont en partie issus du message 2001, écrit pas Jean-Paul II.
Un autre aspect remarquable, c'est que les premiers mots du message font écho au fameux angelus du 22 septembre, qui avait été surexploité par les medias contre la politique migratoire prétendument répressive de la France.
Souvenons-nous, le Saint-Père avait dit alors en français (cf. http://benoit-et-moi.fr/ete2010/... ):
Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue....
Chers parents, puissiez-vous éduquer vos enfants à la fraternité universelle.
Dans le premier paragraphe du message publié aujourd'hui, nous retrouvons bien le thème de l'accueil, de la fraternité, et celui des différences légitimes. Comme il serait absurde de supposer (comme je l'ai lu quelque part!) que le Saint-Père veut ménager Nicolas Sarkozy (il a bien autre chose à faire!!), on peut penser qu'il s'agit d'une préoccupation plus générale, et plus grave.
La Journée mondiale du migrant et du réfugié offre l’occasion, pour toute l’Eglise, de réfléchir sur un thème lié au phénomène croissant de la migration, de prier afin que les cœurs s’ouvrent à l’accueil chrétien et d’œuvrer afin que croissent dans le monde la justice et la charité, piliers de l’édification d’une paix authentique et durable.
De ce lien profond entre tous les êtres humains découle le thème que j’ai choisi cette année pour notre réflexion: «Une seule famille humaine», une seule famille de frères et sœurs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes.
Depuis, on a dit que ce texte (celui de l'angelus) avait été écrit par des collaborateurs de la Curie plusieurs semaines à l'avance, et qu'il n'avait rien à voir avec la situation des roms en France.
A la réflexion, je ne le crois pas. Si le Pape (dont on sait qu'il suit de près l'actualité internationale, y compris en regardant le TG1 de la RAI, et qu'il pèse soigneusementchaque parole) a décidé de prononcer ces mots, il avait une raison. Ce n'était pas évidemment la polémique mesquine, mais quelque chose de plus grave, comme l'appel à la raison du Père à ses enfants.
Dernier point, la page de photos Papacy on the Vatican on Yahoo illustre l'actualité pontificale par ces photos qu'on dirait tirées du Camp des Saints de Jean Raspail... Comme si l'Eglise y était pour quelque chose.
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