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Transparence

Revenant sur les dernières vicissitudes de la banque du Vatican, le Père Scalese élargit la réflexion à cette étrange "valeur" de création récente: la "transparence": un exemple-type de glissement sémantique, comme on dit aujourd'hui. Savoureux. (5/11/2010)

Le Père Scalese revient sur les ennuis récents de l'IOR, Institut des oeuvres religieuses, autrement dit la "banque du Vatican", dirigée depuis un peu plus d'un an par Ettore Gotti Tedeschi (voir ici: Ce que pense Ettore Gotti Tedeschi).

Ce ne sont pas les faits en tant que tels, qui attirent son attention, mais le thème de la transparence, et son corollaire de prudence, que beaucoup oublient à leurs risques et périls.
Des propos d'une grande sagesse... et d'une grande actualité. On peut les appliquer à toutes sortes de situations.

Texte en italien: http://querculanus.blogspot.com/2010/11/ior-trasparenza-e-prudenza.html
Ma traduction.

Mercredi 3 Novembre 2010
IOR, transparence et .. prudence
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Je ne suis désormais plus un jeune homme , les années continuent à passer. Parmi les nombreux inconvénients de l'âge, il y a aussi des avantages: l'expérience vous permet de regarder avec un certain détachement les vicissitudes de la vie. Pensons à la politique: de temps en temps se présentent de nouveaux hommes et de nouveaux mouvements politiques qui promettent monts et merveilles (ndt: Obama?...); mis à l'épreuve, ils s'avèrent être en tous points semblables, sinon pires que ceux qui les ont précédés.

Je ressens le même sentiment de détachement, ces jours-ci, à propos de l'IOR (Institut pour les Oeuvres de Religion, la banque du Vatican). Sans compter les événements des années lointaines, dont j'ai été informé par d'autres qui les avaient vécus, me limitant à ce dont je peux me souvenir personnellement, j'ai été témoin à plusieurs reprises d'annonces des réformes radicales de l'Institut, ayant systématiquement fini dans l'impasse (de sorte qu'à chaque fois, le besoin de nouvelles réforme s'est fait ressentir). C'est pourquoi quand j'entends dire qu'à partir de maintenant tout va changer, je n'y crois plus parce que je sais que tout restera comme avant. Pas plus que ne je m'en scandalise , parce que j'en suis arrivé à la conclusion que le monde est, et sera toujours, ce qu'il est.

C'est pourquoi, quand Ettore Gotti Tedeschi a assumé la présidence de l'IOR, j'ai accueilli avec une certaine méfiance ses intentions de changement radical dans la gestion de l'Institut. Le parquet de Rome s'est alors chargé de prouver que les choses n'allaient pas vraiment dans le sens annoncé par le président de l'IOR. Bien sûr, on se justifie par les effets négatifs de la gestion passée.

Il est évident qu'une telle justification provoque inévitablement la réaction de ceux qui étaient responsables de cette gestion. C'est exactement ce qui s'est passé ces jours-ci (voir l'article de la Repubblica du 1er Novembre). L'ancien président de l'IOR, Angelo Caloia, n'a pas beaucoup apprécié les déclarations de Gotti Tedeschi et a demandé que lui soit donnée la possibilité de répondre à ses insinuations dans les colonnes de "L'Osservatore Romano". Une requête - selon moi - plus que légitime. J'espère sincèrement que la direction du journal du Vatican offrira à Caiola la possibilité de fournir sa version des faits.

Gotti Tedeschi n'a pas été très prudent dans cette affaire. Mais je pense qu'il s'est montré tout aussi imprudent en promettant la "transparence totale" dans la gestion de la banque du Vatican. Il est devenu de bon ton de parler de transparence, mais le plus souvent, on ne se rend pas compte des conséquences que cela peut entraîner. Tant et si bien que, dans le même article de la Repubblica, on parle d'une "course aux abris", pour protéger une confidentialité plus que légitime. J'ai l'impression que, parfois, on ne prend pas en compte les implications des propos que l'on tient; il semble que l'on fasse tout pour plaire aux médias, jusqu'à en adopter le langage; mais on se rend compte après qu'une fois engagé dans cette voie, on ne sait pas où elle va finir. L'autre jour, on a appris qu'un groupe de survivants de l'Holocauste avait réclamé à l'Union européenne une enquête sur l'éventualité que l'IOR ait joué un rôle dans le transfert des biens volés par les nazis aux déportés dans les camps de concentration (voir l'article sur La Stampa)

Avant d'avoir la bouche pleine de certaines expressions (et, par conséquent, d'adopter un certain système de valeurs) la prudence voudrait qu'on réfléchisse un instant sur la signification, l'origine et le but de ces expressions.
La «transparence», que je sache, ne fait pas partie des vertus humaines et chrétiennes; il s'agit d'une «valeur» de création récente. Si vous allez chercher dans un dictionnaire, même d'il y a quelques années, vous ne trouverez pas le sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot. Peut-être l'idée de transparence a-t-elle commencé à se répandre à l'époque de Gorbatchev (déjà, cela devrait nous donner à réfléchir: la glasnost, autrefois utilisée pour démanteler le système soviétique, a été rapidement mise de côté). J'ai l'impression que la transparence n'est réclamée que quand un objectif précis est poursuivi (qu'on pense, par exemple, à l'insistance sur la transparence au cours de la campagne contre la pédophilie dans l'Eglise).
Un autre aspect à considérer, ensuite, c'est que ceux qui revendiquent la transparence sont généralement les premiers à ne pas la pratiquer. Un exemple: les Juifs continuent de demander l'ouverture des archives du Vatican sur le pape Pie XII, mais en Israël, ils prolongeent la période de vingt années la période où leurs documents sont classifiés (voir l'article sur Haaretz). Je veux dire: nous sommes souvent un peu naïfs, et ne réalisons pas que l'exigence de transparence a le plus souvent des intentions cachées. Pourtant, Jésus nous avait averti: "car les enfants de ce siècle sont, dans leur monde, plus habiles que les enfants de lumière". (Luc 16:8).

Qu'on doive parler de justice et d'honnêteté ou même, plus simplement, d'équité et de rigueur, je suis d'accord; mais quand on commence à parler de «transparence», mieux vaut être prudent. Si au lieu de nous "faire beaux" avec des expressions à la mode, nous pensions à pratiquer la vertu ancienne de prudence, peut-être ferions-nous mieux.

Tout baptisé est prêtre, prophète et roi Un avant et un après