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Un portrait du portraitiste

Première partie d'une très longue et passionnante interviewe de Peter Seewald, dans Il Foglio . (12/11/2010)

--> A voir aussi: Une interviewe exceptionnelle de Peter Seewald

Texte en italien au format PDF sur le site de revue de presse de la chambre des députés italiens.
Ma traduction.


 


Le pape et le portraitiste
B-XVI et son confesseur ex-communiste
Une rencontre.

Bientôt en librairie, la nouvelle interviewe de Ratzinger par Peter Seewald, redevenu catholique après une vie de rebelle.
Sida et préservatifs
L'erreur de Ratisbonne.
Andrea Affaticati
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Ce que Peter Seewald aime appeler une aventure, la plus fascinante de sa vie, a commencé par hasard. Une aventure qui dure depuis près de vingt ans, avec en son centre, Joseph Ratzinger.

"Je crois au destin, et d'une certaine manière, je pourrais dire que Ratzinger est devenu mon destin."

Dans un premier temps, quand cette aventure commença, en ce lointain 1993, lui, Seewald, ne lui accorda pas tellement d'importance. L'occasion avait été donnée par le journal Süddeutsche Zeitung (SZ) qui depuis quelques années publiait un magazine le samedi. Il y avait de d'argent, à condition que les idées et les travaux soient de qualité, hors des sentiers battus. C'est alors que quelqu'un eut l'idée d'interviewer le cardinal Joseph Ratzinger.

Déjà très puissant dans l'Église, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, bavarois pur-sang. Personnalité pas vraiment aimée dans sa propre ville. Durant les années de son épiscopat, à Munich et Freising, il avait été affublé du surnom de Panzerkardinal, puis, avec l'appel à Rome, s'y était ajouté celui de grand inquisiteur. Quoiqu'il en soit, pour la mission journalistique, Seewald avait été choisi. "A cette époque, il suffisait de connaître les dix commandements pour passer pour un expert en théologie."

Le journaliste, qui avait 39 ans, ne pouvait pas savoir qu'avec cet "appel" allait commencer un long chemin à deux. A l'interview suivit, en 1996, le livre "Le Sel de la terre", puis "Dieu et le monde" (2000) et aujourd'hui arrive le troisième "La lumière du monde".
La présentation officielle aura lieu le 23 novembre au Vatican. En Italie, il sera publié par la Libreria Editrice Vaticana, en Allemagne, Herder, plus de vingt traductions sont prévue. L'idée initiale était de faire le bilan des cinq premières années du pontificat de Benoît XVI. Mais pas seulement.

Le Pape revient aussi sur les questions fondamentales concernant l'existence humaine: le sens de la vie, ce qu'est le progrès, quelles sont les valeurs, l'importance de l'éducation. Et encore, sur les thèmes eschatologiques: la fin du monde, le retour du Christ, tabous dans l'Eglise aujourd'hui. Seewald dit que ce sera un livre captivant, notamment parce qu'il intervient dans un moment de grand changement; dans un moment particulièrement délicat pour l'Eglise, pour la foi. Un livre qui déplaira à beaucoup: à certains pour les positions réitérée par le Pape, à d'autres car il reflète une image de Benoît XVI qui ne correspond pas du tout à celle véhiculée par la presse; et il ne plaira pas non plus à une partie du monde ecclésiastique. "
Par contre, "La lumière du Monde" en captivera beaucoup, assure l'auteur, pour la clarté des thèses, pour la vérité qu'il propose, pour le verbe prophétique qu'il contient".

Un honneur rare que Ratzinger a accordé cette fois, comme les deux précédentes, au journaliste allemand. Raison pour laquelle, il fallait s'y attendre, il apparaît désormais à tous comme le biographe officiel de Benoît XVI. Réputation, il convient de le dire, également soutenue par son merveilleux «Benedikt XVI: Ein Porträt aus der Nähe» (Benoît XVI: un portrait de près), publié en 2007, livre dans lequel il raconte son aventure avec Ratzinger, toujours sur les traces de cet enfant de la très catholique Bavière, issu d'une famille d'origine modeste, profondément croyante, tellement croyante que non seulement lui, Joseph, mais son frère Georg et sa soeur Maria ont consacré leur vie à l'Église.
«Biographe officiel me semble exagéré», rétorque Seewald, même si, en dehors de la définition, c'est un fait que Ratzinger ne s'est jamais autant ouvert à quiconque, qu'à personne d'autre il n'a donné une aussi grande preuve de confiance. Il est vrai aussi, et de cela Seewald est également conscient, qu'il n'y aura jamais une autre situation exceptionnelle comme celle de Monte Cassino, l'environnement dans lequel le second livre est né.
A cette époque, en 2000, il avait passé une semaine entière avec Ratzinger à l'Abbaye. "Et là, au cours de ces rencontres, j'ai parlé avec Ratzinger du pape Grégoire le Grand. C'est justement des entretiens de ce grand Pontife - nous dirions aujourd'hui des interviewes - avec le diacre Pierre, que sont nés les quatre livres des "Dialogues", dont le second est entièrement dédié à la vie de Benoît de Nursie. Aujourd'hui, je m'appelle Peter, il est vrai que je ne suis pas devenu diacre, mais j'ai écrit des livres sur la religion, et mon interlocuteur d'alors, est devenu pape cinq ans après, en choisissant le nom de Benoît " .

Tout cela s'est passé il y a dix ans. Beaucoup de choses ont changé dans la vie de Seewald, et beaucoup dans celle de Joseph Ratzinger. Le fil qui unit ces deux personnes, n'a pourtant jamais été rompu. "Ce n'est pas que nous ayons parlé tous les jours, ce n'est pas que je sois resté assis dans son antichambre. Pourtant, je reçois toujours des appels de gens qui veulent être au courant des dernières nouvelles sur le pape. Avant de le rencontrer à nouveau pour 'La Lumière du Monde', cinq ans se sont écoulés".
Quoi qu'il en soit, pour cette dernière rencontre, il ne lui a pas été accordé le temps de Monte Cassino. Ils se sont vus la dernière semaine de Juillet pendant le séjour du pape à Castel Gandolfo. Six jours d'affilée, une heure par jour. "Et là, j'ai fait une erreur terrible", dit Seewald. "De peur que quelque chose n'aille pas avec le magnétophone, j'en avais apporté quatre. Trois numériques, et un ancien, de ceux avec une cassette. J'avais espéré ajouter à chaque rencontre au moins dix minutes, et donc finalement, je me serais retrouvé avec sept heures d'enregistrement. "Malheureusement, lorsque la cassette d'une heure était terminée, le magnétophone émettait un clac caractéristique. Et le pape, un homme très disponible, mais aussi ponctuel, me donnait rendez-vous le lendemain".
Mais au-delà de cet "incident", la chose extraordinaire de ce dernier livre, c'est que, pour la première fois dans l'histoire du Vatican, le Pape a accepté de répondre à des questions directement, sans avoir désiré les lire d'abord. C'est vrai, il y a eu d'autres ouvrages similaires, rappelle Seewald. Celui de Paul VI avec Jean Guitton, où les réponses ne sont, cependant, que partiellement transcrites littéralement (c'est-à-dire de mémoire). Jean-Paul II a accepté d'être interviewé par André Frossard, et par Vittorio Messori. Les demandes ont cependant été envoyées par écrit et les réponses aussi ont été mises noir sur blanc. "Dans mon cas, il s'est agi d'un moderne face à face, une première pour le Vatican."

Seewald révèle les trois parties de l'ouvrage, de publication imminente.

La première "Signes des temps», se concentre sur les questions actuelles qui se rapportent à l'Eglise, la crise dans laquelle elle verse, et les deux affaires qui ont fait le plus de tort à son pontificat: les scandales des abus sexuels et l'affaire Williamson.

Dans la deuxième partie, le pape fait le bilan de cette période de cinq ans. Des choses accomplies. "Un chapitre d'une importance particulière, surtout si on pense à l'Allemagne. Ici, la presse va dans une seule direction et parfois, on se demande: "Mais le pape existe encore? D'habitude, le Vatican ne fait les titres que si il ya quelque chose de négatif à signaler.".
Même la Conférence épiscopale allemande n'est pas vraiment ce qu'on pourrait qualifier d'allié de fer du pape. "Il faut garder à l'esprit que nous sommes le pays de la division de l'Eglise de la Réforme. Cela a donné lieu à une hostilité qui ne s'est jamais éteinte. Il y a une prévention instinctive envers tout ce qui vient de Rome. Et enfin, nous sommes un pays qui a réduit toute son histoire aux douze années sombres du nazisme. Nous devons reconstruire notre histoire, une histoire qui inclut un millénaire où l'Allemagne a été le siège du Saint Empire romain germanique. "

La troisième partie du livre oriente le regard vers l'avenir, pose la question: où allons-nous, où va l'Église? "Ici, j'ai posé à nouveau toutes les questions qui animent depuis toujours le débat autour du catholicisme: le célibat, l'ordination des femmes, la relation avec les personnes divorcées, bref tous les points qui prouveraient la résistance du Vatican à toute réforme. Même si, je tiens à le préciser, personnellement, je ne pense pas que ce sont les vraies questions qui pourraient faire faire un pas en avant ".

Pour cette raison, résume Seewald, le nouveau livre, qui n'est pas un débat théologique, mais une discussion ouverte sur la crise de l'église, sur les problèmes de la société, veut surtout être un vibrant appel aux institutions ecclésiastiques, ainsi qu'au monde et à chaque individu, qu'on ne peut pas continuer ainsi, que l'humanité est à un tournant. "Le pape lui-même dit: 'Il y a tellement de problèmes à résoudre, mais qui ne peuvent être résolus si au centre il n'y a pas de Dieu, si Dieu ne redevient pas visible' "

On sait que Messori, auteur du premier livre-interviewe avec Ratzinger, «Rapport sur la Foi», écrit en 1985, quatre ans après que Ratzinger ait été nommé par Jean Paul II à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait en 2008 demandé à Benoît XVI à le rencontrer, afin de lui soumettre de nouvelles questions. Le Pape lui avait alors fait savoir qu'il avait trop d'engagements. Certains disent que la raison du rejet pourrait aussi être la tonalité trop politique des questions de l'époque, même si le "Rapport" est passé à l'histoire comme un document décisif de la vie de l'Eglise catholique à la fin du siècle.

"Je ne le crois pas", rétorque Seewald "Moi aussi, en même temps, j'avais réclamé à nouveau une longue conversation avec lui. J'avais reçu la même réponse".
Seewald sait bien, cependant, que le privilège qui lui a finalement été accordé a suscité quelques spéculations et même un certain venin. "Il y en a qui disent que je fais partie de l'Opus Dei. Eh bien, ils se trompent. Et même, je dirais que malgré le succès de best-seller du "Sel de la Terre", malgré le succès de mon dernier livre "Jésus-Christ - une biographie" (un reportage sur les traces de Jésus de Nazareth, ndlr), jusqu'à aujourd'hui, aucun homme d'église allemand ne m'a jamais invité à parler, à discuter des sujets de mes livres ou des questions générales sur la foi et l'église. "

Ce qui lie ces deux hommes est une alchimie purement humaine. Facilitée par leur langue maternelle commune, ainsi que par la même terre d'origine. Pas tant l'Allemagne, que la Bavière, la terre à laquelle Ratzinger a toujours été étroitement lié.
Seewald parle d'une fascination absolue envers Benoît XVI. Ratzinger de "Providence", car c'est le mot utilisé lors de la sortie du "Sel de la terre", quand on lui demanda pourquoi cela avait été concédé à une personne avec un passé communiste, quelqu'un qui à 19 ans avait quitté le l'Église catholique. "Ratzinger avait dit que c'était la Providence qui m'avait mis sur son chemin et qu'il l'avait vu comme une opportunité".

Lorsque Seewald rencontre le Cardinal pour la première fois en 1993, il a 39 ans, et depuis longtemps, il ne met plus les pieds dans une église. Mais Seewald a un passé en tant que croyant, il a aussi servi la messe quand il était enfant. Il a grandi à Passau, en Basse-Bavière, dans une famille catholique. "Alors, tout ce qui avait à voir avec l'église me fascinait vraiment. Et même, je disais que quand je serais grand, je voulais devenir prêtre ou écrivain. Il semble qu'aujourd'hui, je sois devenu les deux", ajoute-t-il en riant.

Seewald, nous le rencontrons à son domicile. Il vit dans le centre de Munich, non loin de la Marienplatz, dans une maison d'époque, de quatre étages. C'est un homme courtois, il s'excuse parce qu'il a déjà répété son histoire à plusieurs reprises, sa lente conversion, qui doit justement au hasard, à ce hasard qui lui a fait rencontré le Panzerkardinal. Il s'excuse à l'avance si ses réponses ne sont pas toujours brillantes: c'est que, la nuit précédente, il y avait la Ligue des Champions et les Bavarois ont donné une raclée aux Roumains du CFR Cluj. 4 à 0, une affaire à célébrer avec ses fils. Mais c'est une inquiètude sans objet, parler du pape lui ôte immédiatement tout signe de fatigue et le peu qui reste est combattue en buvant un expresso après l'autre.

Seewald est un homme de 55 ans, d'une stature imposante. Il dit que "lui et Ratzinger ont été immédiatement en prise", tout en admettant que, s'il avait pu avoir le choix, eh bien, il aurait souhaité interviewer Jean-Paul II: "Je le sentais beaucoup plus sur ma longueur d'onde, alors que Ratzinger n'était pas vraiment mon type ".
Au lieu de cela, ils ont été en syntonie dès le départ. Assis dans la salle de séjour lumineuse de sa maison, où seule une petite photo en noir et blanc, qui le montre plusieurs années auparavant, en conversation avec le cardinal, témoigne de sa relation personnelle avec le Saint-Père, Seewald retrace le long chemin qui l'a conduit d'abord, à l'âge de dix-neuf, à quitter l'église, pour se consacrer au marxisme, à lancer en 1976, un hebdomadaire d'extrême-gauche, avant de prendre le lent et difficile chemin du retour.

"Depuis quelque temps, je me sentais sans maison ni église, pour dire les choses brièvement. Terminée l'expérience de mon journal, j'avais mis un point final à l'aventure politique".
Mais alors que du credo politique, il ne lui restait rien, quelque chose des années passées en contact étroit avec la religion continuait à s'agiter en lui. A la rédaction, où il se concentrait principalement sur les questions politiques, il aimait à faire des suggestions du genre: «Où est Dieu, quelqu'un se soucie encore de le savoir?". Tandis qu'au cours des repas, il se mêlait aux discussions en disant: «On dit que l'église a toujours tort. Mais parfois, le Pape pourrait avoir raison..".
Dans une interview en 2003 à la télévision bavaroise, Seewald déclara que, bien que sa ville, Passau, l'ait mis au ban, et ne lui ait pas donné de possibilités d'emploi, le forçant à émigrer à Hambourg pour travailler au Spiegel, quelque chose de ses premières années, lui restait encore. Non seulement ses racines catholiques, mais aussi le souvenir d'une expérience singulière. "A Passau, dans la partie autrichienne, il y avait un couvent de Salvadoriens. Plusieurs fois je me suis dit:. 'Ce serait merveilleux, de monter là-haut et, d'y dormir". Alors un jour je suis vraiment monté. J'ai un peu triché en disant 'Je voudrais faire une retraite'. Le moine qui m'avait accueilli, et qui s'était de son côté bien gardé de me dire qui il était réellement, se faisant passer pour le jardinier, me dit pourtant: 'Non, ici, on ne peut pas faire cela'. Moi, pour être honnête, j'ai poussé un soupir de soulagement, au fond j'avais juste besoin de dormir un peu. De cette rencontre, cependant, nacquit une relation durable avec le couvent, et finalement, j'ai eu une chambre pour moi tout seul".
A l'époque du Sdz-magazine, donc, quelque chose bouillonnait déjà à l'intérieur de lui, mais quand le journal lui proposa d'interviewer le Panzerkardinal, sa réaction instinctive est un refus. La chose, dit-il, ne l'intéresse pas. Mais ensuite, il mord à l'hameçon. "Bien entendu, ce n'est pas que j'ai eu à me faire violence. Depuis quelque temps, je suivais les écrits de Joseph Ratzinger. Et au bout de dix ans, j'avais pu constater que jusque-là, il avait toujours eu raison dans toutes ses prévisions". Ainsi, il commence à lire tout ce qu'il trouve sur le cardinal, se rendant vite compte que presque tous écrivent la même chose.
"A la presse allemande, Ratzinger faisait l'effet d'un chiffon rouge devant les yeux d'un taureau. C'est encore pareil aujourd'hui. Prenons la visite, au début de Septembre, du chef de l'état d'Israël Shimon Peres, à Benoît XVI à Castel Gandolfo. Sortant de cette rencontre, Peres a déclaré que depuis le temps du Christ les relations entre Israël et le Vatican n'ont jamais été aussi bonnes. Maintenant, en dépit du fait qu'à l'époque du Christ il n'y avait ni le Vatican, ni l'Etat d'Israël, pour moi, cela semblait être une déclaration très importante . Etqu'a fait le SDZ? A peine deux colonnes, pour les deux tiers remplies de matériaux préfabriqués, avec la liste des points de désaccord de longue date - la prière du Vendredi Saint, l'Holocauste - et pour le troisième, des nouvelles de la visite, mais en omettant la phrase de Peres. À mon avis, c'est un inquiétant et dangereux manque d'éthique professionnelle. "

Mais revenons à l'année du changement, 1993. Seewald, une fois son consentement donné, se jette à corps perdu dans l'étude du personnage. Il va parler aux partisans du cardinal, ainsi qu'à ses détracteurs. Il accumule une masse impressionante d'informations. "Je me souviens de cette nuit à Rome, avant la rencontre. J'étais assis à la terrasse de l'hôtel. En face de moi un verre de vin rouge. J'avais la tête si pleine des choses que j'avais lues qu'elle me semblait sur le point d'éclater. Soudain, je compris. Je devais laisser tomber tout, notions, informations. Je devais l'affronter différemment. Je devais lui poser des questions simples, claires, ce n'est qu'ainsi que j'obtiendrais des réponses vraiment nouvelles".
Aujourd'hui, en repensant à cette première entrevue, Seewald dit qu'il a un peu honte de certaines questions provocatrices qu'il avait posées ("c'est parce que je n'avais pas envie de faire un portrait de cour, ni même que les lecteurs se demandent pourquoi je n'avais pas osé plus " ).
L'impression la plus forte qu'il retire de cette rencontre, c'est que Ratzinger n'est pas exactement l'homme décrit par un de ses adversaires les plus acharnés, le théologien et psychanalyste catholique Eugen Drewermann. Ce dernier, lors d'une rencontre avec Seewald l'avait dépeint comme "un homme sans sang dans les veines, sans chaleur. Un homme assoiffé d'une vie qui lui est interdite. Je n'ose même pas imaginer le cynisme qui doit habiter un homme qui voit les questions sur la foi comme de simples questions d'administration et de pouvoir".

Mais aux yeux de Seewald, l'homme Ratzinger est toute autre chose. Ce n'est pas le Grand Inquisiteur, l'homme d'Eglise qui avait renié son enthousiasme et son engagement progressiste initiaux, pour devenir un ultra-conservateur. "Bien sûr, Ratzinger est conservateur en ce sens qu'il reste fidèle à l'Evangile, à la tradition de l'Église, à ce qu' ont dit les pères fondateurs. C'est vrai, il n'est pas disposé à jeter tout ce qui s'est avéré être valide, il n'aime pas les expériences théologiques. Mais il est tout à fait moderne dans sa volonté d'aller au fond des choses, dans sa façon de se demander, par exemple, quels sont les aspects de l'Église qui dépendent exclusivement d'un moment historique particulier, et par conséquent, peuvent être dépassés, et ceux qui ne le sont pas. "

A SUIVRE...

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