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Mgr Canizarès était à un mètre du Pape

... en Espagne. Son très beau témoignage dans le journal La Razon, traduit par Carlota (12/11/2010)


Le cardinal espagnol Antonio Cañizares (né en 1945 dans la région de Valence-Espagne), est cardinal préfet pour la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements depuis 2008. Avant de gagner Rome il était archevêque de Tolède et primat d’Espagne. Il a répondu à une interview de J. Beltrán pour le journal la Razón (Original ici). On ne s’étonnera pas que la désormais question gravée dans le marbre journalistique lui ait été posée. Heureusement il n’y avait pas que celle-là !

(Les questions du journaliste sont en gras)

- De votre relation directe avec Benoît XVI, quelle impression pensez-vous qu’il a apporté avec lui de notre pays?
- À en juger par son visage, - on le voyait très heureux et content, je pense qu’elle a été très bonne. Le Pape peut se sentir très heureux d’avoir accompli pleinement ce que Dieu voulait avec cette visite. Mais aussi, pour tout le bien qu’il a fait à notre pays. Dans son témoignage, exemple et message, l’Espagne a reçu des paroles de grande espérance et d’avenir, de lumière et d’un horizon pour son chemin. Il a été accueilli et écouté d’une manière splendide tant en Galice qu’en Catalogne

- Quels fruits laisse cet intense pèlerinage de 32 heures ?

– Il n’y a que Dieu qui le sait. On peut en déduire, si nous sommes fidèles à ce que nous avons vu et entendu que les fruits peuvent être très abondants, car cela a été un nouveau pas de Dieu sur notre terre ; si les paroles du Pape sont mises en pratique, elles ouvrent des chemins pour une humanité nouvelle et pour donner une nouvelle vigueur de notre Église. Le Saint Père a porté jusqu’au bout, parmi nous, l’exemple de ce qu’est une nouvelle évangélisation, de celle dont nous avons très besoin.

– Rien qu’en recettes publicitaires le voyage a généré 66,5 millions d’euros. Que diriez-vous à ceux qui qualifient la visite de «gaspillage»?
– Faire un problème comptable dans un voyage apostolique c’est ignorer ce qu’il signifie et dévaloriser ou rapetisser la grandeur de cette visite. Le «gaspillage» c’est celui de Dieu pour nous, qui avec voyage a donné des preuves d’une générosité et d’un amour débordants. Le bien qu’il a pu générer ne peut se mesurer dans des calculs économiques.

– Santiago et Barcelone se sont jetées dans la rue. Une preuve de la vitalité de l’Église et de l’attrait de Benoît XVI?
– L’Église en Espagne n’est pas si affaiblie que ce qu’elle paraît ou que quelques uns voudraient voir. Elle a une grande vitalité, des fondations chrétiennes très profondes et très solides. Mais c’est vrai, elle pourrait et devrait avoir plus de confiance en elle-même et reconnaître la vie chrétienne et théologale qu’elle a en elle. D’autre part, la figure simple, douce et humble de Benoît XVI a une grande force: simplement l’attraction d’être témoin de Dieu vivant, manifestation de sa proximité et de son amour. Elle a le pouvoir de l’authenticité et de la force de vérité qui nous rend libres.

– Comment jugez-vous le trouble généré par ses paroles sur le laïcisme en Espagne ?
– Les déclarations ont été d’une grande profondeur et valeur. Ce qu’il a dit sur le laïcisme et la sécularisation radicale dans laquelle nous nous trouvons et la faillite morale dont nous souffrons est la vérité pure. La laïcisation de notre société et les projets des années 30 pour que l’Espagne « cesse d’être catholique »- un fait historique que personne ne peut nier- n’ont pas de sens ni d’avenir, et ne respectent pas l’identité de ce que nous sommes et qui constitue notre identité et notre projet commun qui viennent de très loin en arrière. Les déclarations du Pape me font me demander : D’où vient cette situation si radicale ? Nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, à faire avec elle. Ne cherchons par des coupables à l’extérieur ni des ennemis à l’intérieur pour rester tranquilles. Nous devrions faire notre autocritique, voir ce qui nous est arrivé et pourquoi, et que pouvons-nous faire pour que l’Espagne ré-entreprenne de nouvelles envolées.

– Ce qui est sûr c’est qu’il est au courant de notre réalité…
– Je suis reconnaissant des déclarations du Pape, expression claire qu’il connaît et aime vraiment l’Espagne. Au lieu de pousser à chercher les coupables, - chose à laquelle il ne prétend pas - ses déclarations devraient rencontrer des gens qui diraient : « Nous sommes là, Saint Père, que devons nous faire ? ». La réponse que le Pape lui même nous donne est très claire: évangéliser de nouveau, comme si c’était la première fois, avec une nouvelle ardeur. Le Pape, je pense, avait à l’esprit ce qui a rendu grand et admirable le nom de l’Espagne dans le concert des nations, et il appelait fortement à notre responsabilité. Comme Église et comme Espagnol, je me suis senti très interpellé par ses paroles.

– Le Pape a incité l’Europe à « s’ouvrir à Dieu». Pourquoi cela coûte-t-il aux responsables politiques de reconnaître que les valeurs de base de l’Occident jaillissent de l’Évangile ?
– Je ne sais pas s’il en coûte aux politiques de le reconnaître. Probablement, à en juger par quelques façons d’agir. Ce dont je suis convaincu c’est qu’aux politiques aussi doit arriver la force humanisante, de vie nouvelle, libératrice et de progrès et de bien commun que l’Évangile comporte et génère. L’Église a aussi la responsabilité d’offrir, - non d’imposer - l’Évangile et de former aux critères évangéliques ceux qui rendent le grand service de la politique. Ce n’est pas s’immiscer dans la vie publique ni agir pour un credo déterminé ou une institution, mais contribuer au bien commun en respectant la saine laïcité. Comme l’a dit Jean-Paul II au commence de son pontificat, les politiques ne devraient pas avoir peur d’ouvrir de part en part les portes de la politique à Jésus Christ. Jésus Christ ne réduit en rien l’homme, mais lui donne grandeur et dignité.

– Le Pape a mis l’accent sur le travail social de l’Église avec sa visite au centre des handicapés Nen Déu. La Razón a publié que les catholiques qui vont à la messe sont le double des affiliés aux syndicats. Cependant en proportion l’Église reçoit moins d’argent du trésor public. L’État a-t-elle une dette envers l’Église?
– L’Église ne recherche pas des reconnaissances des hommes ou de l’opinion, et n’en a pas besoin. Elle reçoit gratuitement, elle donne gratuitement sans rien en échange, sans aucun applaudissement. Ce qui la préoccupe c’est qu’il y a des gens qui sont au chômage, qui n’ont pas de quoi payer la facture d’électricité et qui ont besoin d’aide, mais ne le disent pas. L’Église est consciente qu’il y a un homme ou une famille qui est dans le besoin et qu’elle doit secourir ; elle s’efforce de faire ce que Dieu nous demande et nous montre : aimer comme Lui-même nous aime, servir et aider comme le bon samaritain. Dans ces moments-là sans doute, est très grande, - elle pourrait et devrait être encore plus grande - l’œuvre qu’elle est en train de mener pour aider tant de familles qui sont très durement frappées par la crise. Elle agit sans le dire, surtout à travers de l’organisation Caritas et de tant et tant de manières, personnes et institutions. J’ai entendu beaucoup dire, - et ils ne se trompent pas- que sans ce service de l’Église, la situation de crise sociale en Espagne serait plus grave et plus aigüe. Pour cela j’estime que ce n’est pas l’heure de présenter la facture à quiconque, ni même à l’État, mais seulement, tous ensemble de servir et aimer son prochain, comme Dieu le fait et le veut. La visite, par exemple, du Pape à l’œuvre sociale Nen Déu fut très émouvante, ce qu’il y a de plus beau du voyage du Pape, elle a révélé le visage et la beauté de l’Église qui apparaissait radieuse, - de manière différente, évidemment, de la matinée dans l’inégalable basilique de la Sainte Famille. Finalement je vous dis que ceux qui régissent les destins de l’État doivent savoir quels sont ses devoirs et obligations sociales pour le bien commun. Qu’ils agissent en conséquence.

–La défense de la vie et de la famille a été un autre des axes des discours. La classe politique prendra-t-elle note des mesures «législatives» que le Pape a réclamées pour les protéger?
–J’ai dit et répété en de nombreuses occasions qu’on ne peut légiférer contre la vie ni contre la famille parce que cela à l’encontre du bien de la personne et à l’encontre du bien commun. Si on le fait, il faudra rectifier ; je crois honnêtement qu’on le peut et qu’il est encore temps. Mais ce n’est pas que l’affaire des politiques, c’est nous tous, citoyens, qui avons le devoir d’exiger de nos politiques, élus par nous, que les droits humains universels et inaliénables soient respectés. Sans défense totale et entière de la vie et de la vérité de la famille, on mine, affaiblit et détruit la démocratie et l’État de droit ; les fondements de la vie ensemble et de la paix sont sapés; ni la liberté vraie et entière, ni la justice, ni le bien commun qui s’établit sur le bien de la personne ne sont plus possibles. Il n’y a pas de futur sans une telle défense.

– À son départ, Benoît XVI a demandé l’intercession de la Vierge pour que les Espagnols vivent “comme une seule famille”. Un désir partagé ?
– Qui peut être contre ce beau, noble et nécessaire désir? Comme l’on voit que nous ne sommes pas en train de vivre comme une telle famille, il faut recourir à la Très Sainte Vierge, aux Saints, à Dieu même, pour qu’ils nous aident à l’être, mais dans la disposition, la conviction et le désir authentique de l’atteindre.

– Il y en a qui ont vu l’absence de Zapatero lors de la cérémonie de la Sainte Famille. Est ce que vous le voyez de la même façon?
– Personnellement et comme Espagnol, j’aurais été très heureux que le président du Gouvernement participe à la célébration liturgique solennelle de la consécration de la basilique de la Sainte Famille, magnifique et unique. J’ai regretté vraiment de ne pas le voir parmi nous et avec nous dans ces moments-là. Il en aurait été heureux comme nous avons tous été heureux de cet acte incomparable et j’ai regretté qu’il se prive de la reconnaissance des chrétiens et également d’autres. Mais je ne le critique pas. Je respecte sa décision. Il aura eu ses raisons. Ce dont je suis sûr et certain c’est qu’il ne l’a pas fait dans le sens d’une effronterie, un manque de respect, un rejet, un mépris ou je ne sais quoi comme intention « tordue ». A la vérité, je dois avouer que cette absence ne m’a pas posé de problème, elle a correspondu, - il se passe parfois tellement de choses ! - avec une visite à ceux qui sont loin de nous, et porté le drapeau espagnol pour aider un peuple tellement harcelé par la guerre et la violence. (ndt Mgr Cañizares est vraiment trop bon !).

– Le Pape a aussi confirmé que le dicastère pour la Nouvelle Évangélisation était pensé pour l’Espagne. Cela ne vous fait pas de la peine qu’une terre traditionnellement missionnaire se convertisse aujourd’hui en territoire à ré-évangéliser ? (ndt que dirions-nous Français de notre pauvre France qui fut aussi la terre d’origine de nombreux saints, évangélisateurs et congrégations de part le monde!).
– Ce n’est ni présomption ni pédanterie, mais l’Espagne, dans son identité et son histoire, est emblématique. Son œuvre évangélique en Amérique et dans les autres continents a été gigantesque. C’est pour cela qu’elle ne peut perdre cette vigueur et ce n’est pas étonnant que le Pape ait pensé avec une attention particulière à l’Espagne, en pensant à un nouveau dicastère pour promouvoir et donner de l’impulsion à une nouvelle évangélisation dans les pays de vieille tradition chrétienne, frappés et minés aujourd’hui par une profonde sécularisation, par un oubli poignant de Dieu et par une manière de vivre, penser, ressentir et donner des ordres comme si Dieu n’existait pas. Cela me fait mal, - comme ne pourrait-il pas en être ainsi, que nous en soyons là, mais cela me donne tout autant courage que l’Église veille sur nous… Le Pape compte sur nous.

– Dans La razón, nous avons appris comment ceux qui étaient «à un mètre du Pape » ont vécu le voyage. Vous qui travaillez coude à coude avec lui, comment est Benoît XVI ?
Une personne de foi, un homme de Dieu, une personne très proche, simple, humble, attentive, qui écoute, une personne de dialogue; qui s’intéresse à tout et à tous, qui transmet la paix et la joie, qui donne l’espérance; sensible, spirituelle, douce, compréhensive, aimable, délicate jusqu’au l’extrême, affectueuse; un témoin qui laisse voir Jésus, visage humain de Dieu et qui porte Dieu, encourage, donne l’espérance; sage-savant (ndt c’est le même mot en espagnol. Mais il est les deux) et intelligent, perspicace, ordonné et précis; une personne amie avec qui jamais tu ne te sens étranger. Je l’ai toujours connu ainsi, et si c’était possible, je le vois plus encore aujourd’hui.

–La semaine prochaine le Saint Père a convoqué les cardinaux pour «réfléchir» sur «la réponse de l’Église face aux cas d’abus sexuel». Benoît XVI affronte avec un grand courage cette affaire...
–Le Pape aborde ce thème comme d’autres avec lucidité et courage. Il veut que l’Église montre sa beauté, qui est sa sainteté et sa beauté (l’espagnol a plus de mots nuancés que nous pour parler de la beauté d’où ce qui apparaît répétition ici) en tous ses membres, c’est pour cela qu’il appelle à la conversion et à la purification de tous.




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