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L'Espagne, de nouveau un champ de bataille

Dans l'avion vers Saint-Jacques, Benoît XVI a déclenché un début de polémique en disant "... il est également vrai qu'en Espagne est née aussi une laïcité, un anti-cléricalisme, un sécularisme fort et agressif comme nous l'avons vu dans les années 30, et ce conflit, plus, cette confrontation entre foi et modernité, toutes deux très vivaces, a encore lieu aujourd'hui en Espagne"...
Carlota a traduit sur ce thème un article du site catholique conservateur catalan "Germinans". (17/11/2010)

Germinans a déjà été rencontré dans ces pages (voir ici: benoit-et-moi.fr/2010-III/...=germinans )

L’Espagne, de nouveau un champ de bataille
1 4/11/2010
Source. (traduction Carlota)
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Benoît XVI, l’homme le plus clairvoyant qui foule aujourd’hui la terre, nous a averti. Ses mots laissent peu de place aux doutes et aux exégèses : « Mais il est aussi certain qu’en Espagne est née aussi une laïcité, un anticléricalisme, un sécularisme fort et agressif comme nous nous en avons vu précisément dans les années 30 ». C’est clair comme de l’eau de source. Il a semblé à Rubalcaba (ndt: équivalent premier ministre en Espagne du président du gouvernement M. Zapatero) que l’instinct de diplomate a manqué au Pape. Bien, mais le Pape n’est pas venu le voir lui, mais les catholiques. Et c’est à eux qu’il a adressé ses paroles. Pour eux, les paroles du Pape sont le phare, qui avec sa lumière empêchera qu’ils se heurtent de nouveau au même rocher, celui des années 30 du siècle dernier.

Le Pape sait très bien, comme l’a déjà dit son illustre prédécesseur Léon XIII dans Rerum Novarum qu’il n’y a rien qui n’encourage plus les méchants que la lâcheté et la passivité des bons. À force d’avaler des couleuvres, à force de transiger, à force d’apprendre à vivre ensemble avec nos ennemis déclarés (« une laïcité, un anticléricalisme, un sécularisme fort et agressif », dit littéralement le Pape), à force de nous accommoder de leur agressivité, nous les avons encouragés et nous les avons rendus encore plus agressifs. C’est notre passivité qui alimente leur agressivité. Une agressivité, ne l’oublions pas, qui dans les années 30 s’est terminée par la Révolution marxiste qui a échoué du fait de la guerre (1). C’est la Révolution qui a assassiné tant de catholiques, pas la guerre.

Et qu’a fait le Pape ? Et bien quelque chose d’aussi simple que d’appeler les choses par leur nom. Nous dire que si le comportement des catholiques d’aujourd’hui est le même que celui des années 30 ; que si nous encourageons les ennemis de Dieu avec notre passivité, nous prenons le chemin des années 30. Qu’éviter le désastre est dans nos mains : mais pas en nous taisant, pas en nous cachant, pas en tendant l’autre joue, mais en sortant à la lumière, comme nous l’avons fait pour le recevoir ; en montrant fièrement notre noble condition de catholique ; en défendant ouvertement notre foi et les façons de vivre auxquelles nous croyons. Avant qu’il ne soit trop tard: avant qu’il soit devenu tellement difficile de témoigner de notre foi, avant que nous finissions par parler grec et que nous devions appeler ce témoignage du nom de martyre.

Quel message nous apportent les paroles du Pape ? Le Pape sait la difficulté d’être catholique en Espagne, et beaucoup plus encore en Catalogne (2). Le Pape savait très bien où il venait. Il savait et sait que la Sainte Famille est un monument colossal de Foi : ce n’est pas l’Église à Barcelone, ce n’est pas l’Église en Catalogne, mais celle du Serviteur de Dieu Antonio Gaudí ; et que rien que pour cela, il valait la peine de la consacrer : en sachant même que l’archidiocèse de Barcelone n’est pas aujourd’hui pour de nombreuses cérémonies religieuses (3), et qu’elle restera réservée à la fréquentation des touristes. Il le savait et il sait. Mais il fallait qu’il vienne, il fallait qu’il nous donne ses encouragements, il devait nous réveiller de notre léthargie : et la Sainte Famille lui a convenu comme un gant (ndt dans le texte original : lui est venu comme un anneau au doigt).

Il faut le voir ! À peine commencé le voyage, en plein vol entre Rome et Saint Jacques, il a mis en marche l’imposante machine de l’enthousiasme des catholiques. Il a mis du combustible dans la machine avec son heureuse comparaison entre les années 30 et l’époque actuelle où l’on traite ce qui est catholique avec une telle agressivité.

Il ne nous a pas dit explicitement en quoi les années 30 ressemblent à notre époque, mais celui qui a de la jugeotte pour comprendre, l’a compris : assister à la promotion du divorce jusqu’à en arriver au divorce express et dire aussi passivement : « ici, il ne se passe rien » ; voir sans nous troubler comment on a transformé le crime de l’avortement en droit ; et même comment en trois propositions, tout le système a autorisé et même encouragé l’avortement libre ; et nous les catholiques, nous nous sommes tus dans notre immense majorité. Assistant, muets comme des carpes à la nouvelle loi de l’avortement qui fait de la grossesse une maladie de l’enfant à naître justifiant son assassinat jusqu’à la minute qui précède sa naissance. Être aveugles à un point tel que nous ne nous rendons pas compte que l’avortement n’est rien de plus que l’euthanasie prématurée ; et qu’aujourd’hui les malades sont les tout petits, et demain ce sera n’importe quel malade, parce que l’argument continuera à être le même. Et avec une hypocrisie monumentale nous continuons à dire : « des tout petits, mais non » (ndt: puisqu’un fœtus n’est pas un être humain mais un être vivant, comme l’avait déclaré Mme Aído, la très jeune ex-ministre espagnole de l’Égalité, rapporteur de la loi).

Comment peut-on avoir de la jugeote et ne pas être horrifié que la loi ait pu imposer comme condition pour l’obtention du diplôme de médecin, d’avoir pratiqué des avortements ? (ndt: je n’ai pas les textes sous les yeux, mais en France, je crois qu’il y a au moins les cours sur l’avortement dans le cursus) ; qu’est-ce que nous attendons pour élever la voix et nous arrêter? Nous attendons peut-être des agressions plus violentes encore contre foi et notre morale? Ont déjà été promulguées des lois qui obligent nos fils et filles à recevoir une éducation à l’avortement, à l’euthanasie, au plus humiliant et désaxé esclavage sexuel de la femme : avec la servitude ajoutée de l’avortement, pour que sa disponibilité sexuelle reste entière. Et comment pouvons-nous supporter cet outrage en silence, comme des moutons qu’on mène à l’abattoir? Est-ce qu’on nous a troublé l’entendement pour que nous ne voyons pas la dimension d’une telle énormité? Est-ce qu’il nous reste du sang dans les veines ? Et nous trouvons exagéré de comparer la situation d’aujourd’hui avec celle des années 30 ? Et ils se sont appliqués à en finir avec Noël et la Semaine Sainte des Chrétiens pour les transformer en fêtes multiculturelles d’hiver et de printemps ; en même temps qu’ils faisaient la promotion du Ramadan et des autres fêtes musulmanes. Ils se sont appliqués à exiler le crucifix des écoles, à brimer la religion chrétienne dans les médias publics et à inciter les médias privés à suivre le même chemin. Alors qu’ils se comportent ainsi à l’égard de la religion catholique et ceux qui la pratiquent, ils nous éduquent avec soin pour que nous soyons respectueux de l’Islam et de ses manifestations y compris la burqah.

Et comme on nous voit satisfaits, particulièrement les religieux responsables de collèges et lycées, avec une infâme et infamante « Éducation à la Citoyenneté » (4) qui fait table rase de toute les valeurs chrétiennes et de la morale avec lesquelles l’Europe a guidé les vies depuis deux mille ans. Allons-nous donner une réponse chrétienne à de semblables attaques bien que tant et tant de prêtres et de religieux ne sont pas à la tâche et que quelques uns soient même contre le travail d’évangélisation ?

Le Pape le voit très clairement: l’Espagne a été le banc d’essai, le champ de bataille en fin de compte, où les totalitarismes européens ont fait leur première expérimentation. C’est là que le totalitarisme marxiste s’est engagé à inverser la réalité sociale de l’Espagne au moyen de sa révolution furieusement anticatholique. La tentative de liquidation des catholiques en Espagne a servi à l’Allemagne pour la liquidation des juifs. La méthode était la même. L’Espagne des années 30 n’a pu arriver aux aberrations de l’Allemagne que parce que la guerre l’a arrêtée. (..)

Et nous revenons en arrière: le monde tâte peu à peu le terrain pour une nouvelle révolution anticatholique. Cette fois ce sera le culte de la Terre mère, opprimée par tant d’excès de l’humanité épouvantablement polluante. Et ceux qui polluent le plus, ben voyons, les vieux et les plus infirmes, qui ont besoin de tonnes et de tonnes de médicaments, poison mortifère pour la terre, l’air et les eaux. Et un énorme dévouement social humain et chrétien. C’est par là que marche la modernité. Et l’Espagne, une fois de plus est le banc d’essai de la révolution écologiste qui s’approche. La Terre sera insatiable et ses prêtres inflexibles. En Espagne c’est là où l’on essaie, par-dessus tout, la capacité de domination à travers les systèmes éducatifs et médiatiques pour en arriver au nouveau totalitarisme qui exige la révolution qui arrive à toute allure. Ils l’appellent New Âge : « La nouvelle Ère ». Et en matière de défense, presque rien! Et de nouveau comme dans les années 30, nous les catholiques nous sommes l’Obstacle avec un grand O. Le grand et unique obstacle. Pour cela ils sont sans pitié pour liquider toute trace de christianisme dans l’éducation.

Et le moment peut arriver comme dans les années 30, où l’action de "dés-éducation" ne donnera plus de résultats par elle-même, où il faudra se passer des doctrines et y aller avec les gens. Et rendez-vous compte du paradoxe: nous nous approchons du temps des fatidiques années 30. Il vient au galop soutenu : « une laïcité, un anticléricalisme, un sécularisme fort et agressif comme nous en avons précisément dans les années 30 ». (..)

Notes de Carlota

(1) Ndt : l’auteur fait allusion à la période très anticléricale qui était très réelle dès la proclamation de la république en 1931 mais qui faisait suite déjà à de gros agitations dans les zones minières ou industrielles ; à la révolution marxiste des Asturies (1934) ; aux situations toujours plus insurrectionnelles qui n’étaient pas que des mouvements spontanées et qui se sont amplifiés au cours des années, mois et jours précédents le soulèvement d’abord militaire puis d’une partie de la population (dans un réflexe que l’on peut qualifié de survie) à partir du 17-18 juillet 1936, contre un pouvoir hostile sinon incapable de protéger l’ensemble des Espagnols des exactions, « officialisant » une Guerre Civile, puis la constitution de l’État Espagnol remplaçant la Seconde République à compter de mars 1939. Le mot guerre employé tout au cours du texte correspond donc à la Guerre Civile de 1936-1939.
Des livres comme "La cruz, el perdón y la gloria" du Père Ángel David Martín Rubio, malheureusement non traduits en français, sont révélateurs des déclarations du Pape.

(2) Certains milieux catholiques ont été plus qu’outrés de l’attitude de la Reine d’Espagne qui, au moment de recevoir la Communion, au cours de la messe à la Sainte Famille, a contourné avec ostentation le prie dieu et « a refusé » de recevoir l’Eucharistie sur la langue et à genoux, mais a tendu ses mains obligeant le Saint Père a faire un geste qu’il n’avait pas prévu. La diffusion de la messe était mondiale, un « prie dieu tendait les bras » et n’était pas installé là par hasard. Cette attitude m’a peinée car je ne crois pas que la Reine soit sciemment une personne qui veuille se montrer non respectueuse, envers l’Eucharistie et envers le successeur de Pierre. Elle semble au contraire être d’habitude particulièrement désireuse de ne pas choquer. J’essaie donc, peut-être à tort, de m’expliquer son attitude pour des raisons politiques. Dans une Catalogne explosive, et avec un gouvernement particulièrement anticlérical (rappelons-nous l’étonnant voyage surprise de M. Zapatero en Afghanistan), elle aurait voulu être le gage du progressisme « catholique » et notamment de l’église catholique « de » Catalogne, comme Reine de tous les Espagnols, et non pas Reine de ceux dont elle peut espérer la fidélité sans effort. Mais je ne suis pas la Reine. Le Roi d’Espagne n’a pas communié.

(3) On pouvait effectivement lire dans les journaux qu’il n’y aurait ni mariages, ni baptêmes, ni communions à la Sainte Famille, qui resterait réservée aux grands évènements (voir ici l’article du Mundo).

(4) Nos écoles catholiques sous contrat ont sans doute la même attitude. Faute de mieux des parents se sont portés objecteurs contre ces cours. L’affaire est arrivée à la Cour des Droits de l’Homme de Strasbourg sans qu’il y ait des garanties de résultats

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