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L’homme qui a parlé préservatifs avec le Pape

Une interviewe passionnante de Peter Seewald, sur Welt online, traduite par Marie-Anne (25/11/2010)

 



Scoop de Peter Seewald : L’homme qui a discuté sur les préservatifs avec le pape !
Paul Badde, Welt online, le 21 nov. 2010
Texte original en allemand: http://www.welt.de/politik/...
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Peter Seewald a obtenu du Pape 6 entretiens : durée une heure chacun. Tous les sujets ont été abordés sans aucun tabou.

Welt Online: Vous avez parlé avec le pape Benoît XVI durant 6 heures ! Même le président des Etats-Unis n’a eu la chance d’obtenir tant d’heures d’audience ! Qu’est-ce que vous avez de plus par rapport à Barak Obama ?

Peter Seewald : Je ne sais pas. Le destin ? la Providence ? Peut-être parce que nous avons la même origine bavaroise. Nous parlons le même dialecte. Cela permet de poser des questions sans appréhension et discuter tous les sujets sans impudence. Il est certain que d’avoir déjà écrit deux livres-entretiens qui ne restaient pas sans effet à l’époque où il était encore cardinal, nous a rendu bien service. C’est quelqu’un qui joue le jeu de sorte que dans le passé nous avons pu déjà réussir notre coup.

Welt Online: Quel était l’argument qui a fait pencher la balance pour qu’Il vous donne son accord à ce scoop publicitaire ?

Seewald : J’ai fait plusieurs tentatives. Le projet a commencé à se concrétiser pour faire le bilan de ses 5 ans de pontificat, puis il y avait aussi l’opportunité de la prochaine parution du 2d volume de son livre sur Jésus. Mais l’argument suprême, c’était finalement, la crise qui a suivi la reconnaissance des abus sexuels et dont l’ ampleur a été terrible. Même de ces choses-là, il m’a parlé ouvertement comme jamais un pape avant lui ne l’avait fait. Cela, c’est une première dans l’histoire de la papauté…

Welt Online : Il a même concédé, dans des cas précis et justifié, l’utilisation des préservatifs. Avez-vous abordé avec lui autre chose que ces sujets scabreux ? Et après l’entretien, avez-vous eu l’idée d’une question que vous voudriez bien lui poser maintenant ?

Seewald : Je n’ai omis aucune question qui me viendrait à l’esprit maintenant.

Mais étant donné le temps limité, il y avait beaucoup de sujets que je n’ai pas pu développer autant que j’aurais souhaité. Par exemple, en ce qui concerne le scandale de la persécution des chrétiens qui s’accentue un peu partout dans le monde. Ou bien encore, le phénomène qu’une société sécularisée qui s’est éloignée de Dieu et qui a pour ainsi dire liquidé la question de la religion, à cause de l’expansion de la culture de l’islam au milieu de sa population, doit tout d’un doup regarder de nouveau en face ce problème de la Foi. A notre christianisme fatigué il aurait été impossible de réintroduire cette question fondamentale de notre existence de façon si véhémente, au sein du débat public.

Welt Online: Y a-t-il d’autres sujets qui auraient pu être encore développés ?

Seewald : Oui, il y en a en quantité.

Welt Online : A-t-il omis de répondre à une ou deux de vos questions ?

Seewald : Non. J’ai présenté un plan, et il l’a approuvé et ensuite, il n’a éludé aucune question. Pour lui il n’existe pas de sujet tabou. Et il a même laissé telle quelle l’expression orale, en autorisant la publication du texte après avoir ajouté seulement quelques petites précisions concernant les faits.

Welt Online : Quelle était la réponse qui vous a surpris le plus ?

Seewald : Il y en avait beaucoup. Je le connaissais déjà comme quelqu’un qui observe la réalité non seulement avec précision mais aussi de façon originale, quelqu’un qui est très bien informé et toujours en phase avec son temps. Avec cela, il dispose d’une culture unique dans son genre, et aussi de la capacité de dire les choses compliquées de façon simple et compréhensible. Je pouvais donc être sûr que dans ses réponses il apporterait une foule de nuances, qu’on ignorait auparavant. Par exemple son interprétation concernant la papauté, l’œcuménisme, ou encore la morale sexuelle, ou les préservatifs contre le sida. Il m’a surpris lorsqu’il m’a expliqué sa position sur le dialogue avec le monde de l’islam.

Welt Online : Comment cela ?

Seewald : Il a une pensée qui englobe tout. De lui on peut apprendre de ne pas regarder les choses sous un angle trop étroit, ou de façon trop craintive. Il considère tout en quelque sorte du point de vue de Dieu, qu’il connaît comme le Dieu d’Amour qui n’exclut personne. Il m’a touché lorsque j’ai compris à quel point il prenait au sérieux la situation de l’humanité à notre époque. C’est-à-dire notre situation au point de vue écologique, socio-économique et surtout sur le plan spirituel. Il pose avec nous la question : Qu’avons-nous fait de ce rêve qui concernait la planète ? ou nous-mêmes ? Son message est un appel à l’Église et au monde, à chacun de nous : il est temps de changer ! de se convertir ! ”Il y a tant de problèmes, disait-il, qui doivent être résolus, mais qui ne peuvent pas l’être sauf, si l’on remet Dieu au centre, en Le rendant de nouveau visible dans le monde.”

Welt Online : En ces derniers temps, il m’a paru souvent abattu. Pas à vous ?

Seewald : Avec ses 83 ans bien sonnés, être à la tête de l’Égise catholique qui compte 1, 2 milliards de membres, ce n’est pas une sinécure. C’est inimaginable, comment il peut maîtriser un tel fardeau. En fin de compte, ce n’est pas étonnant qu’il paraît de temps en temps fatigué ou à bout de souffle. Le souci pour son Église, mais aussi le manque de soutien qu’il doit subir assez souvent de sa propre Église, ou encore la résistance venant de l’institution, tout cela doit peser parfois lourd sur ses épaules. Mais ce qui étonnant, c’est la rapiditié avec laquelle il est capable de rebondir ! et du jour au lendemain ! Je n’en connais pas d’autre qui soit aussi efficace, aussi prompt et éveillé, aussi jeune et moderne que ce vieil homme sur le siège de Pierre !

Welt Online : Il y a des passages dans votre entretien où il a éclaté de rire ?

Seewald : Oui, bien sûr. Il a de l’humour qui est toujours sous-jacent, et on peut très bien rire avec lui. D’après les médias, il serait un homme sclérosé, qui serait de bois, bon seulement pour ingurgiter les dossiers. Mais on est complètement à côté de la plaque en affirmant cela ! Il est un homme de cœur. J’ai été en voiture avec lui et je l’entendais chanter la chanson diffusée à la radio ! Et bien sûr, nous avons abordé sans se lasser, tout ce qui est le plus personnel. Puisqu’on veut tous savoir du pape, comment il se sent, comment il passe ses loisirs, ainsi de suite.

Welt Online : Comment pouvez-vous décrire la différence que vous constatez – outre son habit – entre Joseph Ratzinger et Benoît XVI ?

Seewald : Comme je l’ai déjà dit, il est devenu tout simplement plus âgé. Mais lorsqu’on est assis en face de lui, on s’aperçoit très vite qu’au fond rien n’est changé, ni sa manière d’être ni sa gentillesse. Je pense finalement que dans cette fonction ses qualités ressortent encore mieux. En tant que pasteur il est devenu encore plus délicat, plus généreux et plus sage qu’auparavant.

Welt Online : Comment expliquez-vous cela ?

Seewald : Probablement par sa proximité avec Dieu qui a encore grandi. Il a vu la Lumière du monde et il rayonne cette Lumière. Aussi grand intellectuel qu’il soit devenu, il est resté un homme tout simplement croyant.

Welt Online : Et lui, avait-il une question à vous poser ?

Seewald : Non. Mais c’est vrai que je ne lui ai guère laissé du temps pour cela. J’ai voulu utiliser toutes les secondes.

Welt Online : Avez-vous mangé ensemble ?

Seewald : Hélas non. Mais cela n’était pas gênant. J’étais heureux aussi de pouvoir me lever après les séances, pour aller tranquillement fumer une cigarette ou boire de la bière.

Welt Online : Est-ce qu’il y a une question, qui, à votre grand étonnement, ne vous a été encore jamais posée lorsqu’on vous interroge sur le pape ?

Seewald : Ce qui m’étonne tout d’abord, c’est qu’on pose toujours les mêmes questions. Ce qui cache derrière cela, c’est tout simplement le comfort de l’ignorance. Tu peux aujourd’hui en tant que journaliste sans la moindre préparation faire une interviewe sur l’Église catholique en abordant les trois sujets controversés que voici : le célibat, l’ordination des femmes et le centralisme romain. Si tu arrives à vendre ta marchandise en la présentant sur l’étalage des réformes, tu peux te qualifier déjà comme progressiste.

Welt Online : L’an prochain il viendra de nouveau en Allemagne. Avez-vous abordé le fait que beaucoup d’allemands ont des difficultés avec “leur” pape ?

Seewald : Ce n’était pas tellement le sujet. Mais le pape est très conscient de ce problème. Il n’ignore pas que l’Allemagne, à tant de point de vue, est un pays brisé, avec sa ‘peur’ proverbiale et son manque de courage. Il y a de hautes dignités ecclésiastiques qui n’hésitent à pas faire chorus avec ceux qui chantent la mélodie anti-romaine, même s’ils devaient être au courant de la réalité pour pouvoir nager à contre-courant, en suivant l’Évangile. – Mais tout cela peut encore changer. Ce ne sont pas les moins intelligents, qui apprécient dans l’Église non seulement son inaltérable liturgie mais aussi sa résistance envers les déformations de l’esprit du temps.

Welt Online : Est-ce que le pape partage cette espérance ?

Seewald : Il n’est pas le pasteur suprême de la seule Église allemande. Il regarde globalement l’Église catholique qui n’est pas du tout à son déclin, bien au contraire ! Elle n’a jamais été aussi répandue, aussi grande qu’aujourd’hui.

Welt Online : Mais pourquoi semble-t-il provoquer tant d’allemands, et aussi tant de catholiques parmi eux ?

Seewald : C’est parce que l’Église est provocatrice par sa nature même. Ses positions ne sont pas compatibles avec le style de vie d’une société de cosommation. Comme l’Évangile non plus n’est pas compatible avec cela. En outre, beaucoup ont perdu la notion même de ce que veut dire être catholique. Beaucoup pensent qu’ils pourraient bricoler leur propre Église en faisant comme les protestants, pour résoudre leur problèmes. Mais c’est une blague. L’ Église luthérienne allemande, depuis 1950, a perdu plus de membres que l’ Église catholique.

Welt Online : C’est vous qui voyez ainsi ou c’est le pape ?

Seewald : Tout le monde peut le constater en y regardant un peu plus près. Et on peut constater aussi tous les jours que l’image de ce pape est présentée très déformée par beaucoup de médias. Il y a une tendance qui correspond au slogan d’autrefois sur la “nouvelle Allemagne” : Le pape est l’ennemi de la classe, il doit être combattu, et avec les mêmes méthodes qu’autrefois. (Rire). Il reviendra donc visiter cette “nouvelle Allemagne” et beaucoup s’étonneront des réponses inattendues qu’il donnera à leur question.

La couverture de La Vie: une capote! Lumière du Monde: le commentaire de S. Magister