La tyrannie de la transparence
A propos de Wikileaks: relire un article ancien du Père Scalese (4/12/2010)
L'affaire Wikileaks m'intéressait jusqu'ici assez peu, et je l'ai suivie de loin.
La publication des notes confidentielles de la diplomatie américaine dans les grands journaux internationaux dont Le Monde (qui s'est donc rendu complice d'un acte délictueux, dixit Robert Badinter) est-elle susceptible d'ébranler les fondements de nos démocraties, et même d'annoncer leur effondrement prochain, comme je viens de l'entendre à l'instant dans une station de radio spécialisée dans la désinformation?
Parmi ces dépêches, plus de 800 concerneraient le Vatican, notamment sur le conclave, et la surprise américaine à l'élection de Benoît XVI: mais les américains s'étaient basés sur certains de leurs vaticanistes qui avaient énuméré au préalable toutes les raisons pour lesquelles Joseph Ratzinger ne pouvait pas être élu... suivez mon regard! (cf. Andrea Tornielli)
Transparence-voyeurisme, contre équité-rigeur?
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En tout cas, cette réflexion du Père Scalese (cf. Transparence), sur le concept de transparence (c'était à propos de l'IOR, càd la "banque du Vatican", et il s'agissait de la transparence exigée de l'Eglise) que j'avais traduite le mois dernier, revient en plein dans l'actualité, et je crois que le moment est opportun de la reproposer en partie à mes lecteurs (le reste est aussi fort intéressant).
L'allusion à la glasnost de gorbatchévienne mémoire pourrait être prophétique.
Et on ne peut s'empêcher de penser (souhaiter?) que ceux qui réclamaient la transparence à cor et à cris pourraient bien en être cette fois les victimes... Mais ne rêvons pas trop: les dépêches qui ont émergé jusqu'à présent sont si insignifiantes qu'on peut aussi penser à une vaste supercherie.
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Il est devenu de bon ton de parler de transparence, mais le plus souvent, on ne se rend pas compte des conséquences que cela peut entraîner.
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Avant d'avoir la bouche pleine de certaines expressions (et, par conséquent, d'adopter un certain système de valeurs) la prudence voudrait qu'on réfléchisse un instant sur la signification, l'origine et le but de ces expressions.
La «transparence», que je sache, ne fait pas partie des vertus humaines et chrétiennes; il s'agit d'une «valeur» de création récente. Si vous allez chercher dans un dictionnaire, même d'il y a quelques années, vous ne trouverez pas le sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot. Peut-être l'idée de transparence a-t-elle commencé à se répandre à l'époque de Gorbatchev (déjà, cela devrait nous donner à réfléchir: la glasnost, autrefois utilisée pour démanteler le système soviétique, a été rapidement mise de côté). J'ai l'impression que la transparence n'est réclamée que quand un objectif précis est poursuivi (qu'on pense, par exemple, à l'insistance sur la transparence au cours de la campagne contre la pédophilie dans l'Eglise).
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Qu'on doive parler de justice et d'honnêteté ou même, plus simplement, d'équité et de rigueur, je suis d'accord; mais quand on commence à parler de «transparence», mieux vaut être prudent. Si au lieu de nous "faire beaux" avec des expressions à la mode, nous pensions à pratiquer la vertu ancienne de prudence, peut-être ferions-nous mieux.
