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Visage de femme

Traduit par Carlota, très bel article de José-Luis Restan, qui prend comme point de départ la mort presque simultanée de Manuela Camagni - et le chagrin visible du Saint-Père - et d'une théologienne allemande vivant en Espagne, pour parler de la place des femmes dans l'Eglise. (5/12/2010)

Article original en espagnol ici: http://www.paginasdigital.es/..

Visage de femme
Par José Luis Restán, 02/12/2010
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En l’espace de deux semaines, j’ai été frappé par la mort de deux femmes fortes, deux femmes du peuple de l’Église qui à travers des fils distincts se sont croisées dans ma vie. Toutes deux sont mortes trop tôt et d’une manière imprévisible, remplissant de mystère et de questions le coeur de beaucoup. L’une était la théologienne allemande installée en Navarre, que j’ai lue et interviewée avec plaisir à diverses occasions, Jutta Burgraff . L’autre, c’était Manuela Camagni (*), membre de l’association des Menores Domini, qui aux côtés de trois autres compagnes prenait soin du Pape dans ses appartements. J’ai été impressionné en regardant Benoît XVI, à genoux, devant le cercueil de cette femme, en silence, retenant ses larmes.

Depuis déjà plusieurs semaines, le Pape présente dans les catéchèses du mercredi les figures de femmes comme celles-là, des femmes au coeur de l’Église (**). Pour l’instant, celles dont il a fait le portrait et qu’il a commentées avec sa maîtrise géniale sont au nombre de dix, mais il en viendra d’autres, et ce n’est pas un hasard. Il y a des vierges et des femmes mariées, des itinérantes et des sédentaires, dans le silence dense des monastères et dans les couloirs des puissants du monde, des femmes de culture, de prière, de pouvoir, des mystiques et des réformatrices. Et nous ne faisons que commencer.

Ces derniers temps, le thème de la femme dans l’Église est récurrent. Il ne manque jamais une tribune médiatique, une agence progressiste, un curé de paroisse qui fait le petit malin, ou une association féministe qui reproche à l’Église l’abaissement séculaire des femmes. Et si dans la majorité des cas, cette préoccupation est plus fausse que Judas, reconnaissons que la réponse n’est pas toujours à la hauteur. Parfois, l’on répond de façon frivole, avec des phrases toutes faites, avec trop de légèreté. Mais il faut aller au fond des choses. Le schéma selon lequel les femmes sont importantes (et elles l’ont été dès le début) parce qu’elles ont l’habitude d’être des protagonistes au service de la transmission de la foi, et de l’accueil maternel, ne suffit pas. C’est certain mais ce n’est pas suffisant. De l’autre bord, on a l’habitude de répondre que tout cela est très bien mais que finalement ceux qui ont le pouvoir et décident ce sont les hommes. (..).

Une fois de plus Benoît XVI prend le taureau par les cornes.

D’abord cette distribution qui attribue l’action aux hommes et la contemplation aux femmes, la direction (y compris en termes d’organisation et de gestion) aux hommes, tandis que la charité et la transmission de la foi retomberaient principalement sur les femmes, est fausse. L’histoire est là pour le démentir, mais en outre, la direction n’est pas que ministère, et ne peut se séparer du témoignage.
Le Pape a fait référence à ce thème (un thème qui lui est cher) dans son livre-entretien Lumière du monde, en distinguant la question de l’ordination sacerdotale de la question du rôle essentiel des femmes dans la vie de l’Église.
D’une part, l’Église, explique Benoît XVI, n’a pas la faculté d’ordonner des femmes, parce que le Seigneur lui a donné une forme constitutive avec les Douze, et ensuite avec leurs successeurs, avec les évêques et les curés. D’autre part, l’expérience chrétienne a été le facteur le plus puissant de libération de la femme qui ait été donné dans l’histoire (il suffit de jeter un coup d’œil à l’atlas des cultures pour le vérifier) et si l’on regarde en particulier l’histoire de l’Église, « l’importance des femmes, -depuis Marie, en passant par Monique et jusqu’à en arriver à Mère Teresa, est si éminent que dans beaucoup de sens les femmes façonnent l’image de l’Église plus que les hommes » (1).

C’est le point décisif. Qui peut soutenir que Catherine de Sienne, Thérèse de l’Enfant Jésus, Brigitte de Suède ou Thérèse de Calcutta n’ont pas une incidence réelle et concrète en façonnant le visage de l’Église, en donnant une impulsion à sa rénovation et à sa vitalité bien au-delà des plans de réforme que les évêques eux-mêmes ont pu établir en leur temps ? Ce qui est évident c’est que l’Église ne peut vivre et réaliser sa mission sans le génie féminin dont a parlé d’une manière fantastique Jean-Paul II. Parce que, comme il l’expliquait lui-même, la femme est spécialement douée pour l’attente, pour l’accueil, pour la patience et le soin de la vie. Et en fin de comptes, le christianisme c’est cela, une vie qu’il faut générer et protéger, éduquer et transmettre.
Je ne crois pas que Jutta et Manuela aient été préoccupées par l’ordination des femmes. Dans la pensée et dans le service, dans le magistère et dans la charité, elles construisaient jour après jour le foyer de l’Église. Sa place était dans leur cœur, mais aussi dans leur tête.

Merci, amies.
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(1) Ndt : On peut comparer la place de la femme - dont l’image la plus emblématique est la Sainte Vierge - dans l’Église catholique, en passant par toutes les Saintes catholiques, avec la façon dont elles ont été « traitées et dévaluées » par la Réforme et les églises protestantes. Les revendications des féministes n’ont-elles pas d’abord pris naissance dans les sociétés anglo-saxones et protestantes ? Peut-on y voir une des causes de cette opposition moderne de certaines femmes à l’Église catholique romaine? Qui, en effet, ayant assisté dans les pays de fortes traditions aux processions avec les innombrables statues de Sainte Vierge, peut douter de la place de la femme ? Qui en admirant l’iconographie et l’art sacré catholique (et orthodoxe) peut douter de la place de la femme ?
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(*) Sur ce sujet voir:
Le Pape salue Manuela
L'adieu à Manuela
Pour le repos de l'âme de Manuela

(**) Le Pape s'adresse aux femmes

Lumière du monde: Bruno Mastroianni Irlande: l'autre crise