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Irlande: l'autre crise

Il n'y a pas que sur le plan économique que l'Irlande est en faillite. Un article du Père Scalese (6/12/2010)

Il y a aussi une crise de l'Eglise, une crise de la foi, dont les scandales pédophiles ne sont qu'un des symptômes.
Mais les deux - la crise ecclésiale, et la crise économique - ne seraient-elles pas liées?
Un article du Père Scalese autour d'une homélie du primat d'Irlande, l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin.

Lu ces jours-ci

La crise irlandaise
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Frappée de plein fouet par la crise du système bancaire, l'éclatement de la bulle immobilière et le poids de sa dette publique, l'Irlande est au bord de la faillite. Face au risque de contagion à d'autres pays de la zone euro, à commencer par le Portugal, les Vingt-Sept tentent de trouver un remède.
(Source).

Article original ici: http://querculanus.blogspot.com/2010/12/la-crisi-ecclesiale-irlandese.html
Ma traduction.

 

La crise (ecclésiale) irlandaise
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Il y a quelques jours l'archevêque de Dublin Diarmuid Martin a présidé la célébration du 30e anniversaire de la mort du Serviteur de Dieu Frank Duff, fondateur de la Légion de Marie. Pendant la messe homélie qu'il a prononcée est une réflexion approfondie sur l'état de l'Eglise d'Irlande. On trouvera le texte intégral de l'intervention sur le site de l'archidiocèse de Dublin .

Il me semble important de s'arrêter sur les considérations de Mgr Martin, car elles donnent un tableauu complet de l'Eglise en Irlande. Ces dernières années l'attention des médias s'est concentrée sur le scandale des abus [sexuels], une réalité qui ne peut en aucun cas être niée ou tout simplement ignorée. Mais il serait erroné de se concentrer exclusivement sur cette question: les abus ne sont que la pointe d'un iceberg; la crise, selon le primat d'Irlande, est beaucoup plus profonde.

Permettez-moi, à cet égard, de citer ma petite expérience. J'avais toujours nourri une grande admiration pour l'Eglise d'Irlande. Quand j'étais étudiant en théologie (dans les années soixante-dix) - je dis la vérité - je regardais avec une certaine envie mes compagnonss irlandais, ils étaient encore nombreux, contrairement à ce qui se passait en Italie, où était déjà parvenue la crise des vocations. Par la suite, n'ayant jamais eu l'occasion de contacts directs avec l'île de Saint-Patrick, j'ai continué à nourrir la conviction que l'Eglise d'Irlande jouissait d'une excellente santé. Il y a dix ans, j'eus l'occasion de me rendre aux États-Unis; une chose qui m'a beaucoup frappé, c'est le soin apporté là-bas aux liturgies, en particulier en termes de musique (c'est alors que j'ai découvert la beauté des vieux hymnes anglais). Je me suis fait cette observation: puisque la majorité des catholiques américains sont d'origine italienne ou irlandaise, et comme ils ne peuvent pas avoir hérité de l'accent mis sur la liturgie de l'Italie, ce sera certainement une partie du patrimoine irlandais. Je pensai: qui sait quelles belles liturgies il y aura en Irlande! J'étais vraiment impatient de vérifier par moi-même. En 2003, j'ai eu la chance de passer deux mois dans l'île verte pour des motifs d'étude. Quelle fut ma déception! Non seulement je n'ai pas trouvé les beaux hymnes que j'attendais, mais j'ai trouvé des églises semi-désertes, avec peu ou pas de participation des fidèles aux célébrations, j'ai trouvé une Église presque agonisante: des séminaires vides, une sécularisation galopante, et gens uniquement intéressés par le bien-être économique (c'étaient les années du boom du «Tigre celtique»). Ce qui m'impressionna le plus , c'est que, contrairement à l'Italie, où tant bien que mal commençait un certain processus de renouveau (quoique avec des résultats mitigés), là-bas, il semblait qu'il n'y avait pas la moindre tentative de renouveau. Dans le domaine liturgique, je retrouvai tous les aspects les plus détériorés de l'Église pré-conciliaire(individualisme, passivité, laisser-aller, etc) .. Il semblait presque que du renouvellement Concilaire, on n'ait adopté que les aspects les plus extérieurs et discutables, comme le relâchement du style de vie, l'abandon de l'habit ecclésiastique par les prêtres et les religieux, etc.

Je demandai: mais qu'est-ce qui s'est passé? On m'expliqua que dix ans plus tôt (donc au cours des années 90) tout avait changé. Le signe le plus visible de cette crise fut que, presque du jour au lendemain, les séminaires se vidèrent. J'étais à Maynooth, une jolie petite ville à quelques miles de Dublin, où il y a un immense séminaire, le Saint-Patrick's College, qui autrefois accueillait des centaines de séminaristes; il était réduit à être pratiquement le seul séminaire dans tout le pays, avec une douzaine de séminaristes (si bien que les locaux étaient utilisés par une université catholique ouverte à tous ). Dans la même ville, toutes les institutions religieuses avaient à l'époque construit leurs propres établissements de formation (de beaux immeubles avec toutes les commodités): complètement vides ou destinés à d'autres usages (l'institut des Verbites - ndt: Missionnaires de la Congrégation du Verbe Divin -, où je logeais, avait été transformé en une école anglaise pour les étrangers).

Durant mon séjour, j'ai observé de très près la situation et essayé de trouver une explication à ce qui s'était passé. J'en suis venu à cette conclusion, qui est aujourd'hui confirmée dans l'homélie de l'évêque Martin ("un certain sens de l'arrogance et la recherche du pouvoir" - a certain sense of arrogance and power seeking -): J'ai compris que le vrai problème de l'Eglise d'Irlande était que jusque-là, elle avait été une Eglise très puissante. C'est peut-être la raison pour laquelle elle n'avait pas pris la peine de tenter au moins une sorte de renouveau: pourquoi faire? à quoi bon? À une époque où la société irlandaise commençait à changer, évidemment le contrôle exercé par l'Eglise se trouva en crise. Et, en un instant, tout s'est effondré. Alors, on ne parlait pas encore d'abus (ou du moins je n'en ai pas été informé), mais lorsque le scandale s'est retrouvé à la lumière, je n'en ai pas été autrement surpris, parce que dans ce contexte, on pouvait facilement le comprendre.

Dans son homélie, l'archevêque de Dublin ne se limite pas à l'analyse de la situation, mais se tourne également vers l'avenir, vers la recherche de solutions possibles. Tout d'abord, Mgr Martin reconnaît la nécessité d'un renouveau: «Le renouveau est une dimension essentielle de la vie de l'Eglise à chaque instant de l'histoire". Mais il ajoute que "l'Eglise ne sera jamais réformée à partir de l'extérieur ... Le renouveau et la réforme de l'Église viendront seulement de l'intérieur de l'Eglise ... Le renouveau de l'Eglise ne consiste pas en stratégies médiatiques et en réformes structurelles". Et puisque la crise dans l'Eglise "ne concerne pas le rôle de l'Eglise dans la société, ne concerne pas les chiffres, mais concerne la vraie nature de la foi en Jésus-Christ, notre compréhension du message de Jésus-Christ, la foi dans le Dieu révélé en Jésus Christ; elle porte sur la question fondamentale: qui est Jésus-Christ?", le renouveau de l'Eglise consistera dans "la volonté de connaître Jésus et d'entrer dans une réelle amitié avec lui", elle consistera à "connaître le Père à travers la rencontre avec Jésus".
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Je pense vraiment que le primat de l'Irlande a parfaitement saisi la portée de la crise (crise de la foi, avant la crise morale) et a identifié avec une grande clarté la sortie de crise: la connaissance du Père qui se réalise dans la rencontre avec le Christ (il ne s'agit pas seulement de belles paroles, mais de la question essentielle). Je crois que dans un moment aussi délicat pour les Irlandais (tant sur le plan économique, que sur le plan moral et ecclésial), nous devrions être totalement solidaires avec nos frères. Les conditions préalables à la sortir de crise sont toutes réunies, mais nous devons les accompagner avec nos prières et notre sympathie.

Mais je crois aussi que l'épisode irlandais devrait nous apprendre quelque chose: il nous enseigne que l'Église doit être dans un état de constant renouvellement. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, en pensant que tout va bien, qu'il n'y a pas besoin de changer quoi que ce soit. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la position atteinte; nous ne pouvons pas compter sur le pouvoir, nous ne pouvons pas nous montrer arrogants. Au contraire, nous devons toujours avoir la conscience de nos faiblesses et reconnaître humblement nos péchés. Il faut vivre dans un état de constante conversion et d'auto-réforme. Par-dessus tout, il faut recentrer notre regard sur le Christ, sans lequel il n'y aurait aucun sens de continuer à s'appeler chrétiens.

Rappel: la lettre du Saint-Père de mars 2010

A relire attentivement (il en parle dans Lumière du monde, comme s'adressant à tous les catholiques)
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Au cours des dernières décennies, toutefois, l'Eglise dans votre pays a dû affronter de nouveaux et graves défis à la foi, découlant de la transformation et de la sécularisation rapides de la société irlandaise. Un changement social très rapide a eu lieu, qui a souvent eu des effets contraires à l’adhésion traditionnelle des personnes à l'égard de l'enseignement et des valeurs catholiques. Très souvent, les pratiques sacramentelles et de dévotion qui soutiennent la foi et lui permettent de croître, comme par exemple la confession fréquente, la prière quotidienne et les retraites annuelles, ont été négligées. Au cours de cette période, apparut également la tendance déterminante, également de la part de prêtres et de religieux, à adopter des façons de penser et à considérer les réalités séculières sans référence suffisante à l'Evangile. Le programme de renouveau proposé par le Concile Vatican II fut parfois mal interprété et en vérité, à la lumière des profonds changements sociaux qui avaient lieu, il était très difficile de comprendre comment les appliquer de la meilleure façon possible. En particulier, il y eut une tendance, dictée par de justes intentions, mais erronée, une tendance à éviter les approches pénales à l'égard de situations canoniques irrégulières. C'est dans ce contexte général que nous devons chercher à comprendre le problème déconcertant de l'abus sexuel des enfants, qui a contribué de façon très importante à l'affaiblissement de la foi et à la perte de respect pour l'Eglise et pour ses enseignements.
(..)
Dans notre société toujours plus sécularisée, dans laquelle nous aussi chrétiens nous trouvons difficile de parler de la dimension transcendante de notre existence, nous avons besoin de trouver de nouveaux chemins pour transmettre aux jeunes la beauté et la richesse de l'amitié avec Jésus Christ dans la communion de son Eglise. En affrontant la crise présente, les mesures pour faire face de manière juste aux crimes individuels sont essentielles, toutefois elles ne suffisent : il faut une nouvelle vision pour inspirer la génération présente et les générations futures à tirer profit du don de notre foi commune. En marchant sur la voie indiquée par l'Evangile, en observant les commandements et en conformant votre vie de manière toujours plus proche à la personne de Jésus Christ, vous ferez l'expérience du renouveau profond dont il y a aujourd'hui un besoin si urgent. Je vous invite tous à persévérer le long de ce chemin.
(voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2010-I/... )

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