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Wikileaks et le Vatican (2)

L'analyse à chaud d'Andrea Tornielli (15/12/2010)
Sur l'air "la paille et la poutre..."
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Voir ici: Wikileaks et le Vatican (1)

Article original en italien du 11 décembre ici: http://blog.ilgiornale.it/tornielli/ ../
Ma traduction.

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Figuramose la seconda...


Wikileaks: les critiques des Etats-Unis à la gouvernance du Vatican
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A quelqu'un qui lui faisait remarquer combien la diplomatie du Vatican était le meilleure au monde, le cardinal Domenico Tardini , diplomate de longue date et secrétaire d'État de Jean XXIII, avait répondu: «La nôtre la meilleure? Figuramose (ndt: en dialecte romain, avec l'accent!) la seconde .... "
Ces mots devraient être gravés dans la pierre après avoir lu les télégrammes confidentiels dévoilés ces dernières heures par Wikileaks, concernant les rapports de l'ambassade U. S. près le Saint-Siège, dont n'émerge - du moins jusqu'à présent - aucune révélation sensationnelle, mais plutôt des critiques sur la gestion du Secrétariat d'État et sur la communication du Vatican.

La numéro deux de l'ambassade, Julieta Valls Noyes , le 20 Février 2009 (la date est à remarquer: immédiatement après la tempête de l'affaire Williamson...), écrit: "Au Vatican, le Pape est le responsable ultime de toutes les décisions importantes", mais il a lui-même l'habitude de déléguer des tâches à "ceux qui en savent le plus ou qui sont mieux informés sur des questions particulière" et là entre en jeu une "Curie Italo-centrique" et "obsolète", qui communique avec des notes "écrites dans une langue et en un code que personne en dehors d'eux n'est capable de déchiffrer".

"L'ambassadeur d'Israël a reçu un communiqué qui, selon la Curie du Vatican contenait un message positif pour Israël, mais l'ambassadeur n'a pas réussi à le capter tellement il était caché, même s'il savait qu'il était là". Et la Curie ignore "les communications du vingt et unième siècle."

Un contact de l'Ambassade à la Curie semble être Mgr Paul Tighe , numéro deux du Conseil pontifical pour les Communications Sociales (donc un prélat qui n'est pas directement impliqué dans les affaires de gouvernement de la Secrétairerie d'État), lequel suggère d'introduire des anglophones dans le cercle des amis les plus proches du pape, qui serait composé uniquement d'Italiens.

Dans les dépêches de Mme Valls, il y a des critiques contre le Secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone , défini comme un "yes man" (ndt: béni-oui-oui) notoire (si elle porte sur le fait qu'il dit toujours oui au pape, cela peut être considéré comme un compliment) et qui n'a aucune expérience diplomatique, "il ne parle que italien, par exemple". En fait Bertone parle le français et l'espagnol, mais apparemment, l'ambassade US ne lui pardonne pas de ne pas parler anglais.

"Bertone - toujours selon la numéro 2 de l'ambassade - a un style pastoral personnel qui le conduit souvent en dehors de Rome, pour traiter des questions spirituelles plutôt que de politique étrangère et de gouvernement".
Ici aussi, on ne voit pas où réside la nouveauté ou le secret diplomatique: Bertone ne vient pas de la carrière de la diplomatie pontificale, et cela était bien connu du pape Benoît XVI quand il l'a choisi comme son "premier ministre". Il voyage souvent en Italie et à l'étranger. Mais jamais incognito, et chacun de ses gestes est enregistré par la presse. "Il n'y a pas peu de voix - lit-on dans le câble - qui appellent à la destitution du cardinal Bertone de son poste actuel." Et même ici, c'est un secret de Polichinelle, étant donné que plus d'un journal a parlé de cette requête provienant même d'éminents cardinaux ratzingeriens, que le pape a toutefois jugé irrecevable, décidant au contraire de renouveler la confiance à Bertone quand ce dernier, il y a un an, atteignit 75 ans.

Les fichiers publiés par Wikileaks rendent également compte des critiques de l'ambassade US au Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse de Saint-Siège: "il a un Blackberry, mais pas l'accès au Pape". C'est une anomalie, communique la diplomate du Département d'État américain, "dans une culture dans laquelle bon nombre des dirigeants les plus importants n'utilisent pas l'e-mail. "Le porte-parole, est-il noté, ne fait pas partie du cercle intime du pape et n'a aucune influence sur les décisions importantes, il ne donne pas forme aux messages, il se contente de les transmettre."

Là encore, rien de nouveau: ce n'est pas un mystère que Lombardi transmet ce qui lui est commandé par le Secrétariat d'État, comme lui-même a dû l'admettre dans une interview publiée il y a quelques mois sur le site de la BBC. Et l'épisode récent des anticipations, par L'Osservatore Romano, d'un extrait de la réponse du pape sur le préservatif et le sida, publié le jour même du consistoire, a eu lieu à son insu.

"Le pauvre homme est surchargé de travail - poursuit le câble dédié au Père Lombardi - parce qu'il est à la fois à la tête de Radio Vatican et du Centre Télévisé du Vatican, et il court littéralement d'un bureau à l'autre toute la journée. C'est un dur labeur dans les bons jours, mais dans les jours de crise, il est épuisant". Pas tout à fait des secrets d'État, étant donné qu'il s'agit de renseignements confidentiels au point de figurer sur l'Annuaire Pontifical: on devrait plutôt remarquer à quel point les sources diplomatiques américaine manquent d'informations sur la quatrième tâche effectuée par Lombardi, qui en plus de faire tout ce qu'il fait, est également assistant du père général de la Curie des Jésuites.

Après la crise de la levée de l'excommunication des évêques lefebvristes, le numéro deux ambassade des États-Unis au Saint-Siège annonce à Washington: "Le Vatican est un allié formidable qui a besoin de leçons en relations publiques". "Le pape irrite parfois les politiciens et les journalistes en faisant ce qu'il pense être le mieux pour l'Église, comme d'accueillir les lefebvristes ou d'envisager la canonisation de Pie XII" .Que le pape fasse ce qu'il pense être le mieux pour l'Église, s'attirant les foudres des politiciens et de nous journalistes me semble tout compte fait un bon signe, qui pourrait même justifier un "santo subito" ...

Il y a aussi des communications d'une certaine valeur politique, comme l'intéressant câble qui remonte à 2001, et qui révèle que le Vatican a fait part en toute franchise au gouvernement de George Bush que la "dictature laïque de Saddam Hussein" serait toujours plus propice à la liberté religieuse et aux 600 000 chrétiens d'Irak (aujourd'hui malheureusement réduits de façon significative en nombre), "que toute solution qu'une guerre injuste pourrait apporter, y compris celle d'une dictature islamistes". Avec le recul, et sans aucune sympathie pour le dictateur Saddam, en regardant la situation tragique en Irak et les catastrophes causées par la guerre qui a transformé le pays en un repère de toutes les formes de terrorisme, mettant les chrétiens dans la ligne de mire, comment donner tort à la franchise de la diplomatie du Vatican?

Que dire?
Eh bien, avant tout, que la phrase du cardinal Tardini semble de plus en plus vraie. Mais pas seulement dans le réalisme et la bonne humeur par lesquelles elle diminuait la puissance et l'importance de la diplomatie vaticane, témoignant en cela d'un réalisme et une auto-dérision qui devraient être retrouvés dans les "Sacri Palazzi". Elle semble plus réelle en ces jours de full-immersion dans les dossiers de Wikileaks, surtout pour l'extraordinaire chute "Figuramose la seconda", càd "imaginons les autres". Justement, figuramose!
Ce qui sort en morceaux des dépêches, en fait, ce n'est pas tant la diplomatie vaticane, que celle des États-Unis. Qui a lamentablement échoué, étant donné que ces documents ont pu devenir publics, alors qu'il semble qu'à ce jour, les communications confidentielles entre le Saint-Siège et les Nonciatures apostoliques à travers le monde n'ont pas encore été rendues publiques, prouvant ainsi que peut-être parfois un langage un peu crypté et opportunément codé atteint son but. Pour le reste, en attendant d'autre "révélations", on ne peut s''empêcher de remarquer que ces jugements, avant de se retrouver dans les rapports diplomatiques de l'ambassade américaine, pouvaient être lus dans les journaux et les blogs dans le monde entier.

D'autres documents se rapportent à la relation avec l'Église anglicane (publiés par le Guardian ). Après une entrevue avec l'ambassadeur britannique auprès du Saint Siège, Francis Campbell, l'ambassade US dit que la décision de Benoît XVI d'accueillir, avec la structure canonique des ordinariats, les évêques, prêtres et fidèles anglicans qui voudraient devenir catholiques, a mis le primat anglican Rowan Williams dans "une situation impossible" et que les relations entre le Vatican et les anglicans sont dans la pire crise des 150 dernières années. Au point que la décision du pape pourrait conduire à "des violences contre les catholiques". En fait, de la visite de Benoît XVI en Grande-Bretagne, on a eu une impression complètement différente ...

Dans les dépêches publiées par Wikileaks, il ressort que le Vatican avait initialement refusé à certains de ses homme l'autorisations de témoigner devant la commission d'enquête irlandaise sur les abus sexuels de mineurs par des prêtres. Mais le problème a été causé par le fait que les autorités irlandaises n'avaient pas suivi les procédures nécessaires, et les voies diplomatiques appropriées. La situation a changé en 2009. Dans un autre document, il est dit que le pape a été responsable de la résistance du Vatican à l'entrée de la Turquie dans l'Europe.

Par une note, le Saint-Siège demande de regarder ces révélations "avec réserves et avec une grande prudence".
"Sans entrer dans l'appréciation de la gravité extrême de la publication d'une grande quantité de documents sensibles et d'informations confidentielles et des conséquences possibles - lit-on dans le communiqué - le Bureau de Presse du Saint-Siège note que certains des documents rendus publics récemment par Wikileaks concerne des rapports envoyés au Département d'État des États-Unis d'Amérique par l'ambassade des États-Unis auprès du Saint-Siège". "Naturellement - poursuit le texte - ces rapports reflètent les perceptions et les opinions de ceux qui les ont élaborés, et ne peuvent être considérés comme une expression du Saint-Siège, ni des citations exactes des mots de ses Officiali (fonctionnaires). Leur fiabilité doit être évaluée avec réserve et avec une grande prudence, en tenant compte de ce fait. "

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