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Catholiques en politique

Message du Pape pour la Semaine sociale des catholiques italiens de Reggio de Calabre (15/10/2010)

Le Saint-Père parle de la situation de l'Italie, mais ce qu'il dit s'adresse à l'ensemble de l'Occident.
Il cite à plusieurs reprises Caritas in Veritate.

Texte complet, dans ma traduction.
Original ici:
Zenit

 

Voici le Message de Benoît XVI pour la 46e Semaine sociale des catholiques italiens, qui se tient à Reggio de Calabre du 14 to 17 Octobre sur le thème "Les catholiques dans l'italie d'aujourd'hui. Un agenda d'espérance pour l'avenir du pays."

* * *

A mon vénéré Frère
Le Cardinal Angelo Bagnasco,
Président de la Conférence épiscopale italienne

Ma première pensée en m'adressant à vous et aux congressistes réunis à Reggio de Calabre, à l'occasion de la célébration de la 46e semaine sociale des catholiques italiens, est une profonde gratitude pour la contribution de réflexion et de confrontation qu'au nom de l'Eglise en Italie, vous voulez offrir le pays.

Cette contribution est rendue encore plus précieuse par l'ample parcours préparatoire, qui au cours des deux dernières années a impliqué les diocèses, les communautés ecclésiales et les centres universitaires: les initiatives menées en vue de l'événement ont montré la disponibilité répandue au sein de la communauté chrétienne à se reconnaître "catholique dans l'Italie d'aujourd'hui", cultivant l'objectif d'un "agenda d'espérance pour l'avenir du pays", comme l'énonce le thème de cette Semaine Sociale.

Tout cela revêt une importance plus significative dans la situation socio-économique que nous traversons. Au niveau national, la conséquence la plus évidente de la récente crise financière mondiale réside dans l'extension du chômage et de la précarité, qui empêche souvent les jeunes - en particulier dans les zones du Midi - de s'enraciner dans leur propre terre, comme protagonistes du développement. Pour tous, de toutes façons, ces difficultés constituent un obstacle sur le chemin de la réalisation de leurs idéaux de vie, en encourageant la tentation du repli sur soi-même et de la désorientation. Facilement, la défiance se transforme en résignation, en méfiance, en désengagement, au détriment de l'investissement légitime dans l'avenir.

A bien y regarder, le problème n'est pas seulement économique, mais surtout culturel, et se traduit en particulier dans la crise démographique, dans la difficulté de valoriser pleinement le rôle des femmes, dans les difficultés de nombreux adultes à se concevoir et à agir en tant qu'éducateurs. A plus forte raison, il faut reconnaître et soutenir avec force et dans les faits la fonction sociale irremplaçable de la famille, cœur de la vie affective et relationnelle, et aussi lieu qui plus et mieux que tous les autres assure soutien, soins, solidarité, capacité de transmission de l'héritage des valeurs, aux nouvelles générations. Il est donc nécessaire que tous les acteurs institutionnels et sociaux s'engagent pour assurer à la famille d'efficaces mesures de soutien, en lui fournissant des ressources adéquates et en lui permettant un compromis équitable avec le temps de travail.

Les catholiques sont certes conscients du fait que ces attentes doivent maintenant être envisagées au sein des changements délicats et complexes qui touchent l'humanité tout entière. Comme j'ai eu l'occasion de le noter dans l'Encyclique Caritas in veritate, «Le risque de notre temps, c'est qu'à l'interdépendance de facto entre les hommes ne corresponde pas l'interaction des consciences et des intelligences » (n °9). Cela exige «une vision claire de tous les aspects économiques, sociaux, culturels et spirituels du développement» (ibid, n°31).

Faire face aux problèmes actuels, tout en protégeant la vie humaine depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, en défendant la dignité de la personne, en préservant l'environnement et en promouvant la paix, n'est pas une tâche facile, mais pas impossible, si la confiance dans la capacité l'homme demeure ferme, si le concept de la raison et de son utilisation s'élargit, et si chacun assume ses responsabilités. Il serait en effet illusoire de ne déléguer la recherche de solutions qu'aux seules autorités publiques: les acteurs politiques, les milieux d'affaires, les syndicats, les travailleurs sociaux et tous les citoyens, en tant qu'individus et sous forme d'associations, sont appelés à développer une solide capacité d'analyse, de vision et de participation.

Se mouvoir dans une perspective de responsabilité implique une volonté de sortir de la recherche de son intérêt exclusif, de poursuivre le bien du pays et de la famille humaine tout entière. Quand l'Église rappelle l'horizon du bien commun - l'épine dorsale de sa doctrine sociale - elle entend en fait se référer à ce «bien de nous tous» qui «n’est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien. »(ibid, n°7). En d'autres termes, le bien commun est ce qui constitue et qualifie la cité des hommes, le critère fondamental de la vie sociale et politique, la finalité de l'agir humain et du progrès; il est "demande de justice et de charité" (ibid), promotion du respect des droits des individus et des peuples, ainsi que de relations caractérisées par la logique du don. Il trouve dans les valeurs du christianisme, "des éléments non seulement utiles mais indispensables à la construction d'une société bonne et d'un véritable développement humain" (ibid n°4).

Pour cette raison, je renouvelle l'appel à l'émergence d'une nouvelle génération de catholiques, des personnes intérieurement renouvelées qui s'engagent dans l'activité politique sans complexes d'infériorité. Une telle présence, bien sûr, ne s'improvise pas; elle reste plutôt, l'objectif vers quoi doit tendre un chemin de formation intellectuelle et morale, qui, partant des grandes vérités sur Dieu, l'homme et le monde, propose des critères pour juger et des principes éthiques pour interpréter le bien de tous et chacun. Pour l'Eglise en Italie, qui a opportunément saisi le défi de l'éducation comme une priorité de cette décennie, il s'agit de se consacrer à la formation d'une conscience chrétienne mature, c'est-à-dire étrangère à l'égoïsme, à la cupidité et à la convoitise des biens et de la carrière, mais, en cohérence avec la foi professée, consciente des dynamiques culturelles et sociales de cette époque, et capable d'assumer des responsabilités publiques avec compétence professionnelle et esprit de service. L'engagement socio-politique, avec les ressources spirituelles et les compétences qu'il requiert, est une noble vocation, à laquelle l'Eglise nous invite à répondre avec humilité et détermination.

La Semaine Sociale que vous célébrez entend proposer un "agenda d'espérance pour l'avenir du pays". C'est sans aucun doute une méthode de travail innovatrice, qui prend comme point de départ les expériences en oeuvre, pour reconnaître et valoriser les potentialités culturelles, spirituelles et morales inscrites dans notre époque, pourtant si complexe.
L'un de vos thèmes d'approfondissement porte sur le phénomène des migrations et, en particulier, la recherche de stratégies et de règles qui favorisent l'inclusion des nouvelles présences. Il est significatif que, exactement cinquante ans plus tôt, et dans cette même ville, une semaine sociale a été entièrement consacrée à la question des migrations, spécialement à celles qui alors avaient lieu à l'intérieur du pays. A notre époque, le phénomène a pris des proportions énormes: après la phase d'urgence, dans laquelle l'Eglise s'est dépensée généreusement pour le premier accueil, il convient de passer à une deuxième phase, qui permettra d'identifier, en pleine conformité avec la loi, les termes de l'intégration.

Aux croyants, ainsi qu'à tous les hommes de bonne volonté, il est demandé de faire tout leur possible pour éradiquer ces situations d'injustice, de misère et de conflits qui obligent beaucoup d'hommes à prendre le chemin de l'exode, tout en favorisant les conditions d'une insertion dans nos terres de ceux qui entendent, par leur travail et le patrimoine de leur tradition, contribuer à bâtir une société meilleure que ce qu'ils laissaient derrière eux. En reconnaissant le rôle des immigrants, nous nous sentons appelés à leur présenter le message de l'Evangile, annonce de salut et de plénitude de vie pour chaque homme et femme.

Du reste, l'espérance avec laquelle vous entendez construire l'avenir du pays ne se réduit pas, à l'aspiration même légitime à un avenir meilleur. Elle naît plutôt de la conviction que l'histoire est guidée par la Providence divine, et tend à l'aube qui transcende les horizons de l'agir humain. Cette "espérance fiable" a le visage du Christ; dans la Parole de Dieu fait homme, chacun de nous trouve le courage du témoignage de l'abnégation dans le service. Dans le flux merveilleux de lumière qui caractérise l'expérience de la foi du peuple italien, ne manque pas la trace de tant de saints glorieux - prêtres, religieux et laïcs - qui se sont consummés pour le bien de leurs frères et se sont engagés dans le domaine social pour promouvoir un monde plus juste et plus équitable pour tous, et d'abord pour les pauvres.

Dans cette perspective, tandis que je vous souhaite de fécondes journées de travail et de rencontres, je vous encourage à vous sentir à la hauteur du défi qui se trouve devant lui: l'Église catholique a un patrimoine de valeurs qui ne sont pas des choses du passé, mais constituent une réalité vivante et présente, capable d'offrir une orientation créative pour l'avenir d'une nation.

A la veille du 150e anniversaire de l'unité nationale, puisse, de Reggio de Calabre, émerger un sentiment commun, fruit d'une interprétation croyante de la situation dans le pays; une sagesse de proposition, qui soit le résultat d'un discernement culturel et éthique, conditions constitutivse des choix politiques et économiques. De cela dépend la relance du dynamisme civil pour un avenir qui soit - pour tous - à l'enseigne du bien commun.

Aux participants à la 46e semaine sociale des catholiques italiens je tiens à assurer de mon souvenir dans la prière, que j'accompagne d'une Bénédiction apostolique particulière.

12 Octobre 2010

Benoît XVI

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