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Lettre ouverte à un journaliste

A propos des chrétiens d'Orient. (14/11/2010)

Je prête bien volontiers cet espace à mon amie Lucie S. qui exprime (avec des arguments solides, et sur un ton remarquablement modéré!) son indignation après avoir regardé une émission diffusée sur une chaîne du service public le 11 novembre, intitulée "La guerre sainte d'Al Quaida" .
Je respecte son souhait de ne citer nommément, par courtoisie, ni le journaliste, ni l'émission... mais je suis bien obligée, pour l'information, de l'indiquer en lien.

Il y peu de chances que ce texte soit lu par son destinataire, mais il pourrait bien l'être par des gens ayant regardé l'émission.

A propos, parmi les invités, le représentant des chrétiens était... Odon Vallet!!

(Voir aussi: Ratisbonne, le 12/9 de l'Occident )

 


Lettre ouverte à un journaliste de la télévision qui a mené un débat sur le sort des chrétiens d'Orient.
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Monsieur C,

je regrette que vous ayez cru bon de parler du Pape Benoît XVI avec superficialité et vulgarité ("un Pape mou"). Ce n'est pas en attaquant la figure du Pape que vous servirez la cause des chrétiens d'Orient dont vous semblez sincèrement vous soucier - ce qui est tout à votre honneur. Bien au contraire. Si vous travaillez, comme la plupart des journalistes, tels des moutons de Panurge, à disqualifier le Pape, vous ne pouvez pas ensuite lui demander d'accomplir des prodiges sur la scène internationale, tant sa crédibilité sera atteinte, en toute injustice, par votre faute.
Avant de prétendre que le Pape ne dit rien (vous ne connaissez pas sa diplomatie secrète) et ne fait rien (ce qui est un pur mensonge), vous auriez dû remarquer justement qu'il a posé un acte extrêmement courageux, et même dangereux pour les participants, dont lui-même, en convoquant à Rome en octobre 2010 un synode sur le Moyen-Orient. Les risques encourus par les évêques et les patriarches d'Orient et leur communauté sont considérables. Si beaucoup d'orateurs sont restés prudents, un patriarche catholique syriaque de Bagdad a osé dire quelques vérités qui ont sans doute valu à la communauté les représailles que vous savez: l'attaque de la cathédrale catholique syriaque de Bagdad. Sans pouvoir absolument le prouver, on peut penser qu'il s'agit de deux faits liés entre eux. Voilà donc des chrétiens qui ne peuvent même plus crier leur souffrance dans la ville de Rome!
Vous voyez donc qu'il n'est pas si simple de parler ou de susciter une parole libre. Le Pape est un homme extrêmement courageux. Il n'a pas peur de s'exposer lui-même mais il ne peut pas livrer à la mort des communautés entières de chrétiens, dont des enfants, par légèreté, par stupidité ou par bravade pour se donner une stature avantageuse louée par les médias.
Parler peut être contre-productif. Benoît XVI l'expérimente après plusieurs de ses prédécesseurs. Supposons que le Pape obtienne le droit d'exposer en personne ce problème à la tribune des Nations-Unies. D'abord, ses paroles seraient immédiatement déformées et rejetées par la plupart des musulmans et tous les laïcistes militants, qui sont légion: "il part en croisade", "il veut allumer la guerre des civilisations", dirait-on. La presse occidentale s'acharnerait sur lui (à n'en pas douter), AL Jezira s'en mêlerait. Car lorsqu'un chrétien prétend seulement se défendre et réclamer justice, il est immédiatement catalogué comme intégriste, fanatique, agresseur des autres. Les plus gentils parlent d'un "réflexe identitaire".
Admettons maintenant que cette parole aux Nations-Unies soit bien accueillie. On se demande bien quel impact elle pourrait produire étant donné qu'Al Qaida (comme Hitler autrefois) est complètement imperméable à des arguments d'ordre logique, moral ou humanitaire. De plus, les pays qui hébergent ces terroristes contre leur gré ne maîtrisent pas la situation et sont dans l'incapacité de circonscrire le mal. Avez-vous remarqué aussi que dans les instances internationales, on n'a le droit de parler des tensions et persécutions religieuses que si on s'abstient de nommer les agresseurs et en faisant semblant de croire que toutes les religions sont persécutées de la même manière? Même le Pape lors de son discours de 2008 au Nations-Unis a été obligé de passer sous ces fourches caudines, faute de quoi on aurait assisté à un Ratisbonne bis avec actes de violence sur les chrétiens de certains pays. Aujourd'hui, il est obligé de réclamer dans l'abstrait la liberté religieuse pour tous les hommes alors que tout le monde sait qui nie cette liberté à qui.
Ceux qui croient naïvement que la parole du Pape pourrait arrêter ces drames ont oublié le lynchage mondial du Pape après sa conférence de Ratisbonne en septembre 2006 quand il avait évoqué, sans même insister, et par le biais d'une citation, la violence potentielle de l'islam, quand foi et raison se trouvent dissociées (ce qui peut arriver aussi dans d'autres religions). Que les journalistes qui ont participé - dans leur grande sottise et leur grand aveuglement - à cette lapidation ne viennent pas maintenant réclamer au Pape des déclarations intempestives et des gesticulations spectaculaires pour" sauver "les chrétiens d'Orient, qui n'apprécient nullement ces mises en scène, qui aggraveraient encore leur sort, si cela est possible.

Parlons maintenant des actes. Que peut faire le Pape sans avions, ni tanks, ni services secrets? Il ne peut que persuader les responsables politiques de protéger les minorités, entraîner les Occidentaux à soutenir les opprimés, armer moralement un peuple (comme le fit Jean-Paul II en Pologne), prier et inciter les chrétiens à l'imiter.
La diplomatie vaticane ne se donne jamais en spectacle. Elle agit discrètement auprès des gouvernements concernés. On voit à quel point cette action reste limitée face à des forces diaboliques comme AL Qaida.
Les chrétiens du monde prient pour leurs frères d'Orient qui savent que nous compatissons à leur souffrances. Des jumelages, des lettres, des gestes secourables, comme accueillir des blessés, se joindre à des manifestations en leur faveur (avez-vous remarqué la dignité de ces manifestations de chrétiens d'Irak?) peuvent leur réchauffer un peu le coeur mais ne résolvent pas leurs problèmes à long terme. Nous nous sentons désarmés.
La position actuelle de Benoît XVI n'est pas sans rappeler d'autres périodes de l'histoire.
Est bien prétentieux celui qui croit détenir LA solution.

Lucie S.

Overdose de vaticanistes, moralistes, théologiens Luce del mondo: un lecteur m'écrit