Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

2010, une année de grâce

Le résumé d'Andrea Tornielli, pour la Bussola. (31/12/2010)

-> On retrouvera tous les épisodes cités par Andrea Tornielli dans mon propre résumé:
Rétro 2010.

L'année de grâce de Papa Ratzinger
Andrea Tornielli

31-12-2010
Texte en italien: http://labussolaquotidiana.it/...
Ma traduction.
------------------

Certains l'ont appelée «l'annus horribilis» de Benoît XVI, en raison de l'explosion du scandale de la pédophilie. Mais pour le Pape, malgré les difficultés provoquées par "l'ennemi", le diable, ce fut en réalité une année de grâce, de pénitence, de purification, dont le point culminant a été le voyage en Grande-Bretagne, un voyage qui avait été présenté comme à haut risque et qui, au contraire, s'est révélé un succès.

L'année 2010 a débuté par un geste significatif ,
la visite à la Synagogue de Rome. Il y a seulement un kilomètre qui sépare le Vatican de la Grande Synagogue , coeur de la très ancienne communauté juive dans la capitale de la chrétienté. Et c'est un kilomètre qui, ces derniers temps, a semblé parfois se dilater. Benoît XVI le parcourt, racourcissant à nouveau des distances. Il se présente dans la synagogue comme l'humble successeur du juif Pierre, le jour qui commémore le "mo'ed di piombo", la pluie qui éteignit l'incendie allumé en 1793 aux portes du ghetto par le petit peuple romain convaincu que les juifs protégeaient les partisans des idées révolutionnaires françaises. Il assure qu'il souhaite "confirmer et renforcer" le chemin qu'il a tracé , manifestant "l'estime et l'affection" de l'Eglise pour les Juifs. Et il invite à travailler ensemble à partir des racines communes des Dix Commandements.

Le 19 Mars, est rendu public un document important, la Lettre aux catholiques d'Irlande, dans laquelle le Pape, qui, quelques semaines plus tôt, avait présidé une rencontre avec les évêques irlandais au Vatican, aborde la question douloureuse du scandale des abus sexuels sur des enfants . «Je ne peux que partager la consternation et le sentiment de trahison que beaucoup d'entre vous ont connus, en prenant connaissance de ces actes criminels et de péché et de la manière dont les autorités de l'Eglise en Irlande les ont affrontés."

La lettre représente une initiative inédite, par laquelle l'évêque de Rome relit ce qui s'est passé avec humilité, exprime sa sympathie envers les victimes, invite les prêtres coupables d'abus à assumer leurs responsabilités "devant Dieu" et "devant les tribunaux", n'épargne pas les critiques sévères envers les évêques qui ont couvert ou sous-estimé les coupables. Mais il indique aussi une issue, un moyen de réparation et de renouveau, sans oublier le contexte dans lequel le phénomène s'est produit: la sécularisation de la société, la perte des "pratiques sacramentelles et de dévotion ", comme la confession et la prière quotidienne, et aussi une tendance de la part des prêtres et des religieux "à adopter des modes de pensée et d'évaluation laïques", sans référence suffisante à l'Evangile, ainsi qu'un malentendu sur le "proramme de renouveau" conciliaire.

La lettre se conclut avec des indications concrètes. Ratzinger demande à chacun d'offrir les pénitences du vendredi, pendant une année, en réparation des péchés d'abus, il recommande de redécouvrir la confession et l'adoration eucharistique. Il annonce qu'il enverra une visite apostolique dans certains diocèses, congrégations religieuses et séminaires; il propose une mission nationale pour les évêques, prêtres et religieux en Irlande. Si on lit attentivement et sereinement le document papal, on ne peut s'empêcher de remarquer à quel point il est imprégné d'humilité de la première à la dernière ligne.

Ratzinger ne s'est pas défendu en se réfugiant derrière les statistiques, il n'a pas minimisé les faits par des distinctions subtiles sur l'âge des victimes (ndt: effectivement, on a parlé de pédophilie, et d'éphébophilie, ce qui est différent, ce n'était évidemment pas le rôle du Saint-Père d'entrer dans ces considérations), il n'a pas fait la moindre allusion à une Église assiégée par des complots. Il n'a pas soulevé la responsabilité d'autres institutions ou confessions religieuses, se contentant d'observer que "le problème de la maltraitance des enfants n'est spécifique ni à l'Irlande, ni à l'Eglise."

Humilité, honte, douleur pour la trahison. L'ensemble du contexte de la lettre transpire la contrition. Benoît XVI montre qu'il compred et embrasse la souffrance des victimes, en venant à décrire l'horreur ressentie par ceux qui ont été victimes de violence dans les collèges, et ne pouvaient y échapper. La vraie nouveauté de la lettre est le regard profondément évangélique de l'évêque de Rome.

Les 17 et 18 avril, Benoît XVI accomplit le premier voyage International de 2010 , une visite de deux jours à Malte. Les anciennes fortifications de l'île "parlent" des luttes pour défendre la chrétienté, mais aujourd'hui, Malte doit continuer à se battre d'une manière différente, pour défendre son identité, l'indissolubilité du mariage, la vraie nature de la famille, le caractère sacré de la vie dans une Europe qui risque de perdre ses valeurs. Benoît XVI reconnaît au gouvernement maltais "l'engagement dans des projets humanitaires lointains, en particulier en Afrique". Et il suggère: "Votre nation doit continuer de défendre l'indissolubilité du mariage comme institution naturelle et sacramentelle, et la vraie nature de la famille comme elle le fait déjà en ce qui concerne le caractère sacré de la vie humaine depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle."

C'est le grand défi pour le pape d'aujourd'hui en Europe , qui par ces mots rappelle indirectement que Malte n'autorise pas l'avortement. Dans la seconde et dernière journée du voyage, le dimanche 18 avril, dans la chapelle de la Nonciature apostolique à Rabat, le Pape rencontre 8 victimes d'abus sexuels de la part de prêtres, veillant à l'engagement de l'Église pour traduire en justice les auteurs.

Le 2 mai, Benoît XVI redevient pèlerin sur les routes d'Italie, et se rend à Turin, où est en cours une ostensione extraordinaire su Saint-Suaire, afin de le vénérer. Le Saint-Suaire, dit-il, vu à travers les yeux de la foi, fait percevoir la lumière de la résurrection: "Je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer - sans compter ceux qui le contemplent dans des images - c'est parce qu'en lui, ils voient non seulement l'obscurité, mais aussi la lumière; non pas tant la défaite de la vie et de l'amour, mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l'amour sur la haine".

Entre le 11 et le 14 mai, le Pape accomplit le second grand voyage international de 2010, se rendant à Lisbonne et Fatima , à l'occasion du dixième anniversaire de la visite du pape Jean-Paul II. Dans l'avion qui le mène à Lisbonne, interrogé par un journaliste, Benoît XVI relie la prophétie de Fatima et son sens qui ne s'épuise pas dans le passé, aux souffrances que l'Eglise est en train de vivre en raison des scandales d'abus sexuels perpétrés par des prêtres: "quant aux nouveautés que nous trouvons aujourd'hui dans ce message, il y a aussi le fait que les attaques contre le Pape et l'Eglise viennent non seulement de l'extérieur, mais les souffrances de l'Église viennent justement de l'intérieur de l'Église, du péché qui existe dans l'Église. Cela aussi a toujours été su, mais nous le voyons aujourd'hui de façon réellement terrifiante: que la plus grande persécution de l'Eglise ne vient pas des ennemis du dehors, mais naît du péché dans l'Église et que l'Église a un profond besoin de réapprendre la pénitence, d'accepter la purification, d'apprendre d'une part le pardon, mais aussi la nécessité de la justice. Le pardon ne peut se substituer à la justice".

Parmi les passages les plus frappants dans les homélies portugaises, il y a celle prononcée dans l'après-midi du 11 mai, Terreiro do Paço, la place du Commerce "Souvent nous nous préoccupons fébrilement des conséquences sociales, culturelles et politiques de la foi, escomptant que cette foi existe, ce qui malheureusement s’avère de jour en jour moins réaliste. On a peut-être mis une confiance excessive dans les structures et dans les programmes ecclésiaux, dans la distribution des responsabilités et des fonctions ; mais qu’arrivera-t-il si le sel s’affadit ?".
Le lendemain, Benoît XVI se rend à Fatima. Le pape se met à genoux devant la statue de la Vierge en face de la chapelle des apparitions de la Cova da Iria, où il rappelle son prédécesseur Jean Paul II et l'attentat qu'il a subi le 13 mai 1981. Et le 13 mai lors de la messe, il affirme que la prophétie de Fatima n'est pas conclue et que l'homme "ne peut pas arrêter" le cycle de mort et de terreur qui a été déclenché.

Du 4 au 6 Juin se déroule un autre voyage international majeur, cette fois à Chypre, d'où Benoît XVI parle au Moyen-Orient, à la veille du Synode dédié aux Églises de cette région troublée, qui doit s'ouvrir en Octobre suivant. Deux jours avant le départ du pape, Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d'Anatolie, est assassiné en Turquie. A Chypre, le pape remet l'Instrumentum laboris, le texte de base pour les travaux du Synode sur le Moyen-Orient qui commencera en Octobre. Et il rappelle les "grandes épreuves" que plusieurs communautés chrétiennes souffrent dans ces régions, et la précieuse contribution au bien commun apportée par les chrétiens, qualifiés d'"artisans de paix."

Le pape demande à la communauté internationale de ne pas oublier les chrétiens qui souffrent "en raison de leur foi," espérant une "solution juste et durable aux conflits» existants. Et il répète son "appel personnel" pour "un effort international concerté et urgent afin de résoudre les tensions qui continuent au Moyen-Orient, en particulier en Terre Sainte, avant que ces conflits n'entraînent une effusion accrue de sang". Dans l'"Instrumentum laboris" du Synode, on voit une grande préoccupation pour l'islam politique qui s'est imposé par la violence dans les sociétés arabes, et l'islamisation forcée des chrétiens, et la dénonciation de violences et d'injustices, qui finissent par être exploitées par le terrorisme.

Le 11 Juin 2010, le pape clôt l'Année Sacerdotale avec une messe sur la Place Saint-Pierre rassemblant quinze mille prêtres du monde entier, en conclusion des célébrations du 150e anniversaire de la mort du saint Curé d'Ars. Une année dense d'initiatives visant à redécouvrir le vrai visage du prêtre, qui a toutefois été entachée par des scandales des abus sur mineurs. Dans son homélie, le Pape déclare: «Il fallait s'attendre à ce qu'à "l'ennemi", ce nouvel éclat du sacerdoce ne plairait pas, il aurait préféré le voir disparaître". C'est ainsi qu'il est advenu que "justement en cette année de joie pour le sacrement du sacerdoce, se sont révélés les péchés des prêtres, en particulier les abus contre les enfants."

Encore une fois, Benoît XVI lit ces événements avec la sérénité et l'humilité du regard de la foi: "Si l'Année sacerdotale avait dû être une glorification de nos propres performances humaine, il aurait été détruit par ces événements. Mais pour nous, c'était tout le contraire: être reconnaissants pour le don de Dieu, un don qui est caché dans "des vases d'argile" et qui, encore et encore, à travers toute la faiblesse humaine, rend son amour concret en ce monde ".
Ce qui s'est passé peut être considéré, dit le Pape, comme un "devoir de purification", qui "nous permet de reconnaître et d'aimer le grand don de Dieu". Ratzinger parle ainsi du bâton du pasteur que l'Eglise doit utiliser pour protéger "la foi contre les falsificateurs, contre les orientations qui, en réalité, sont de la désorientation. L'utilisation du bâton peut être un service d'amour. Aujourd'hui, nous voyons que ce n'est pas de l'amour, quand on tolére une conduite indigne de la vie sacramentelle. De même que ce n'est pas de l'amour si on laissez proliférer l'hérésie, la distorsion et la désintégration de la foi, comme si nous l'avions inventée nous-mêmes. "

Le voyage le plus attendu de l'année est celui du 16 au 19 Septembre, qui mène Benoît XVI en Ecosse et en Angleterre. Voyage difficile, précédé par des controverses et des conflits, qui s'avère, cependant, un grand succès. L'occasion de la visite, qui intervient après celle faite en 1982 par le pape Jean-Paul II, mais qui, contrairement à celle-ci, est une visite officielle, est la béatification du cardinal John Henry Newman. Le 17 Septembre est le jour est plus long et le plus dense en engagements, culminant avec un discours prononcé à Westminster Hall, la plus ancienne salle du Palais de Westminster où fut condamné à mort Thomas More, le saint patron des hommes politiques qui ont choisi d'être fidèles à leur conscience et qui fut exécuté pour n'avoir pas accepté la suprématie du roi sur l'Église. Là, Benoît XVI parle aux institutions et à la société civile britanniques, en expliquant que, pour le législateur, "la religion n'est pas un problème à résoudre, mais un facteur vital".

L'occasion est historique. Seuls Nelson Mandela et la reine Elizabeth ont pu s'adresser au peuple britannique depuis ce lieu chargé d'histoire. Ratzinger, accueilli par tous les anciens premiers ministres britanniques, est le premier pape à le faire et fait remarquer que "si les principes moraux qui sous-tendent le processus démocratique ne sont fondés, à leur tour, sur rien de plus solide que le consensus social , alors la fragilité du processus se montre dans toute son évidence". Et c'est là que réside, selon le Pape, "le véritable défi pour la démocratie."

Benoît XVI souligne que le rôle de la religion dans le débat public n'est pas de fournir les règles d'action, mais d'aider la raison "dans la découverte de principes moraux objectifs". Et si la religion a besoin de la raison pour ne pas tomber dans le sectarisme et le fondamentalisme, la raison, à son tour, "peut être la proie de distorsions", et sans "la correction fournie par la religion", peut conduire, par exemple, aux idéologies totalitaires du XXe siècle. Le Pape déplore que justement dans ces pays qui "attribuent une grande valeur à la tolérance" il y ait "une marginalisation croissante de la religion, en particulier du christianisme". Il parle de "signes inquiétants".

Il y en a qui veulent "réduire au silence" la voix de la religion ou du moins la reléguer "à la sphère purement privée". Il y en a - rappelle Ratzinger - qui voudraient abolire la célébration de Noël comme fête publique, pour ne pas offenser les fidèles d'autres religions ou les non-croyants. "Et il y en a d'autres - ajoute-t-il - qui, paradoxalement dans le but d'éliminer les discriminations, considèrent que les chrétiens qui assument des charges publiques, devraient dans certains cas agir contre leur propre conscience".

Le 21 Septembre, est publié le Motu proprio Ubicumque et semper ,qui crée le Conseil Pontifical pour la Promotion de la nouvelle évangélisation, un nouveau dicastère de la Curie romaine. Benoît XVI, qui avait déjà annoncé sa naissance en juin précédent, a décidé d'en confier la direction à l'archevêque Rino Fisichella. Parmi les compétences du conseil pontifical, appelé à faire revivre l'annonce de la foi chrétienne, en particulier dans l'Occident sécularisé, il y a également celle de promouvoir une meilleure compréhension du Catéchisme de l'Église catholique.

Le 20 Novembre, Benoît XVI tient son troisième consistoire pour la création de 24 nouveaux cardinaux, dont vingt de moins de quatre-vingts ans, donc électeurs dans un conclave éventuel, ainsi que quatre de plus de quatre-vingts. Une création de cardinaux qui en plus d'un nombre substantiel de nouveaux cardinaux italiens et de Curie, enregistre également la surprise d'une valorisation de l'Afrique, à laquelle reviennet quatre "bonnets" rouge. Parmi les Italiens, il y les préfet des Congrégations des Saints et du clergé, Angelo Amato, et Mauro Piacenza, ainsi que le ministre de la Culture du Vatican Gianfranco Ravasi. D'autres électeurs de la Curie sont l'africain Robert Sarah, depuis quelques jours président de Cor Unum et l'Américain Raymond Leo Burke. Dix cardinaux parmi les archevêques diocésains, dont six du Tiers Monde. Devient également cardinal l'archevêque de Colombo Malcolm Ranjith, ancien secrétaire de la Congrégation du culte.

Quatre jours plus tard, le 24 Novembre, la maison d'édition du Vatican publie le livre-interview du pape par le journaliste allemand Peter Seewald, intitulé Lumière du monde .

Noël et les derniers jours de l'année qui se termine sont marquées par des nouvelles de persécution et de massacres de chrétiens de l'Irak aux Philippines et au Nigeria. La voix du Pape, qui a consacré précisément à cette question, le message pour la Journée mondiale de la Paix, se lève en défense de la liberté religieuse, définie comme le chemin de la paix.

Motu Proprio et transparence financière du Vatican La "Cour des Gentils" de Benoît XVI