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Pourquoi Mgr Negri ne dit pas "Bonne année"

Une réflexion pessimiste mais lucide de l'évêque de San Marino-Montefeltro (1/1/2011)

Mgr Luigi Negri, Évêque de San Marino-Montefeltro, explique dans la Bussola pourquoi il ne souhaite pas la bonne année aux gens.
Ses propos, qui peuvent paraître excessivement négatifs, voire terriblement pessimistes (il parle de l'Italie, mais la situation en France est comparable) nous donnent malgré tout l'occasion de réfléchir sur la vacuité d'une fête dont les images de joie forcée et sans objet repassant ces jours-ci en boucle à la télévision nous ont prouvé jusqu'à la nausée (et la nausée de nourriture était bien présente!) qu'elle n'avait pas de sens. C'est ailleurs, nous dit-il, qu'il faut chercher la joie.

Bon! Malgré tout, je souhaite à mes lecteurs une aussi bonne année que les circonstances le permettent!!

La débâcle de notre société, occasion d'accueillir la grâce
Source: http://www.labussolaquotidiana.it/... (ma traduction)
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Luigi Negri
30-12-2010
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J'ai relu en ces jours de festivités de Noël les sermons du grand pape Léon le Grand sur la période de Noël et j'ai été surpris que dans l'exégèse du passage du prophète où il est question d' "un peuple qui marchait dans les ténèbres", Saint Léon commente ainsi: "Plus que dans les ténèbres, notre monde est en pleine débâcle (in sfacelo). Et à ce monde en débâcle, le Seigneur Jésus-Christ peut apporter le début de la nouveauté"

Je crois que le mot débâcle sert parfaitement à exprimer un jugement sur cette année qui se termine, et - du point de vue purement naturel et humain - sur celle qui commence. Je voudrais trouver une seule personne sensée, ayant un usage minimal de sa raison, écoutant son cœur, qui puisse affronter le début de cette année avec un peu de positivité.

Nous sommes assiégés chaque jour par la barbarie : la barbarie de ceux qui enlèvent les petites filles et les font disparaître dans le néant.
La barbarie de ces crimes familiaux, qui sévissent dans la société et constituent aujourd'hui le point culminant de la hausse de la criminalité.
La barbarie de l'attaque à la vie, du manque de respect de la vie dans toutes ses saisons, depuis le début jusqu'au retour de la vie au mystère de Dieu
La barbarie de la violence sur les enfants: je pense à tous les enfants qui cette année - pas seulement en Italie, mais certainement aussi en Italie - ne sont pas venus au monde, n'ont pas été admis à la vie, pour affirmer le principe totalement irrationnel de la violence individuelle de leurs parents; je pense à tous les enfants qui sont violés dans leur innocence et au terrible - et impensable, pour ma mentalité, pour ma génération - commerce du sexe avec les enfants.

Et puis, que dire? La misère de la vie politique a atteint des niveaux absolument incroyables. On a envie de ne plus voir ces visages, de quelque côté qu'ils soient, parce que l'instinct devient leur seule raison, dissimulé sous le masque du bien commun; mais ils n'ont même plus le courage de parler du bien commun. Cela fait des mois, que les politiciens n'utilisent plus ce terme, peut-être à l'exception du Premier ministre dans sa lettre de voeux au Saint-Père.

Et le monde culturel? qui se dispute les prébendes des diverses maisons d'édition? qui fait de sa capacité à saper le régime la valeur artistique d'une œuvre?

De la magistrature, je ne dis rien, car par les temps qui courrent, tout évêque que je suis, je pourrais me retrouver en prison parce que le simple fait d'oser un jugement est immédiatement assimilé à une insulte, comme cela s'est produit avec des politiciens bien plus autorisés que moi.

Je voudrais aller chercher un seul point positif. C'est là qu'émerge clairement cette année encore l'inconsistance absolue des sentiments de bonté, de positivité, d'optimisme, que l'on pourrait, pour une raison quelconque essayer de trouver dans un endroit quelconque. Aussi parce que, en essayant de pénétrer profondément dans ce que j'appelle leur conscience et leur cœur, la plupart de nos semblables trouveront le vide. La conscience et le cœur ont été extirpés, à leur place, il y a une structure de réaction à la mentalité des médias, définie en substance comme la seule nouveauté de vie possible, Big Brother docet (a parlé).

Alors, mes amis, vous conviendrez que nous retournions à la grande sagesse de l'Eglise qui n'a jamais célébré le premier de l'an, le premier jour de l'année civile. Elle célèbre à la place le huitième jour de la naissance du Seigneur, ce qui signifie donc que c'est le Seigneur, devenu partie intégrante de notre vie et de notre histoire, qui donne sens à ce passage de temps, donnant naissance à une minorité. Mais une minorité de personnes qui croient dans le mystère du Christ et qui du mystère du Christ tirent la clarté de leurs jugements, l'énergie de leur action, le sens de l'utilité de leur vie, la capacité de lire les épreuves - même les plus difficiles - comme un outil éducatif - mystérieux mais réel - pour un chemin de vérité, de beauté, de bonté, de justice.

Nous ne célébrons pas le jour de l'An, nous nous préparons à affronter ce premier jour de l'année civile, avec la conscience que le positif vient d'abord de cela. Il est donné par le mystère de notre condition de peuple de Dieu, qui justement parce qu'il est le peuple de Dieu - et non pas né de la chair et du sang, mais que Dieu a créé - peut boire et manger, veiller et dormir, vivre et - hélas - mourir un jour, en sachant qu'il a vécu et vit une vie extraordinairement positive puisque habitée du mystère qui rend toutes les choses bonnes .

Je dis rarement "Bonne année", parce que je préfère dire "À Dieu", autrement dit, je préfère remettre mes jours et les jours de ceux qui sont à mes côtés à l'unique qui peut donner sens, importance et beauté à notre temps. "Le temps ne produit rien de bon": ce n'est pas de l'augustinisme au rabais, c'est du réalisme. Jamais comme en ce moment ne se sont avérées les plus terribles prophéties des plus pessimistes parmi les prophètes d'Israël. Mais peut-être cette terrible réalité dans laquelle nous vivons nous aide-t-elle à comprendre la grâce de la foi. C'est notre grand saint Ambroise, celui dont, même de loin, de très loin, je cherche à inspirer ma vie d'évêque, qui le dit: "Cela ne vaudrait pas la peine de naître, si le Christ ne nous avait pas ensuite sauvés."

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