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Tension entre le Saint-Siège et l'Egypte

Eclairage: l'ambassadeur égyptien au Vatican rappelé dans son pays "pour consultation". Mais En réalité, l'Egypte est dans une phase délicate de transition politique, et le très intéressant éditorial de la Bussola identifie plutôt des problèmes de politique intérieure égyptienne (12/1/2011)

A plusieurs reprises depuis l'attentat meurtrier du 1er janvier, l'Egypte a affirmé que la sécurité de ses citoyens, quelle que soit leur confession, relevait de sa seule souveraineté.
Les propos du Saint-Père (1) ont pu toucher là où ça fait mal...

Les faits, résumés par La Bussola

Egypte: un chrétien tué, rappel de l'ambassadeur au Vatican
La Bussola quotidiana
11-01-2011
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Un copte a été tué dans une fusillade à éclaircir, tandis que le gouvernement égyptien a rappelé au Caire son ambassadeur auprès du Saint-Siège pour des éclaircissements sur les accusations d'ingérence du pape (voir l'éditorial ci-dessous).

Voyons d'abord ce nouvel acte sanglant. Selon les informations fournies par le ministère de l'Intérieur, un policier qui n'était pas en service a fait feu sur les passagers d'un train, tuant un homme de 71 ans et blessant cinq femmes, dont l'épouse de la victime. Toutes les personnes touchées sont des chrétiens, selon le ministère de l'Intérieur. Le tireur, Amer Ashour Abdel-Zaher, s'est immédiatement enfui, mais la police l'a retrouvé et l'a arrêté. Les raisons de l'homicide ne sont pas claires et la police a interrogé le meurtrier, mais jusqu'à présent, on ne sait rien sur ses motivations.
On ne sait donc pas si la mort du chrétien est un hasard - le meurtrier ne sachant pas qui était dans le train - ou une provocation supplémentaire contre la communauté chrétienne en Egypte quelques jours après le massacre dans l'église d'Alexandrie qui le 1er Janvier a causé 23 morts (2). Ce qui est certain, c'est que la proximité même des deux événements est susceptible de déclencher des réactions. La crainte des autorités est que l'on soit en présence d'un véritable plan pour déstabiliser l'Egypte, en cocomitance avec la difficile succession du président Moubarak, à présent très âgée (83 ans) et avec de graves problèmes de santé.

Sur le front diplomatique, au contraire, le gouvernement égyptien a rappelé son ambassadeur au Saint-Siège pour consultation. Une décision, a expliqué dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hossam Zaki, prise "dans le contexte des nouvelles déclarations du Vatican sur les affaires intérieures égyptiennes". "Ces déclarations - a déclaré le porte-parole - sont considérés par l'Egypte comme une ingérence inacceptable dans ses affaires intérieures." (1)

Ce qui prouve qu'il ne s'agit toutefois pas d'une crise diplomatique, c'est le fait que l'ambassadeur d'Egypte, Mme Lamya Aly Mekhamar Hamada, avant de partir pour Le Caire a voulu rencontrer le "ministre des Affaires étrangères" du Vatican, Mgr Dominique Mamberti, pour expliquer l'initiative. Au terme de la rencontre, la Salle de presse du Vatican a publié une déclaration qui atténue considérablement le ton: le Saint-Siège - y lit-on - "partage pleinement" la préoccupation du gouvernement égyptien à "éviter l'escalade des conflits et des tensions pour des raisons religieuses". Le Saint-Siège - a dit Mgr. Mamberti au diplomate égyptien - "participe à l'émotion du peuple égyptien, frappé par l'attentat d'Alexandrie".


Il y a un problème au Caire
Riccardo Cascioli
11-01-2011
La Bussola Quotidiana.
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Il y a un problème au Caire.
C'est le fait principal derrière le rappel de l'ambassadeur égyptien auprès du Saint-Siège, Mme Aly Hamada Mekhemar, pour consultations sur la question de la présumée ingérence du Vatican sur le massacre des Coptes.
Le prétexte de l'affaire est clair: non seulement le pape n'a adressé ces jours-ci aucune accusation au gouvernement égyptien, mais lundi, dans le discours au corps diplomatique (1), entièrement axé sur la liberté religieuse, il a soigneusement évité d'avoir la main lourde sur la situation en Egypte. En outre, durant ces 11 jours écoulés depuis le massacre d'Alexandrie, le gouvernement égyptien ne s'est jamais plaint des propos du Pape; et avant de quitter Rome, l'ambassadeur égyptien a rencontré le "ministre des Affaires étrangères" du Vatican, Mgr. Dominique Mamberti, après quoi le Saint-Siège a publié une déclaration calmant le jeu avec ostentation, laissant entendre que le Saint-Siège ne considère pas cette démarche diplomatique comme un acte hostile et, encore moins, l'ouverture d'une crise.

Le problème ne réside donc pas à Rome, mais au Caire. Il est facile de voir de quoi il s'agit: l'Egypte est en plein dans une phase de transition du pouvoir. Le président Moubarak cherche à "piloter" sa propre succession en poussant son fils Gamal, mais la résistance de l'appareil politique et militaire qui le soutient est forte. Et tandis qu'au sommet se déroulent des lutte intestines, les fondamentalistes islamiques font peser toute leur pression. Le massacre d'Alexandrie, dans ce contexte, est un signal alarmant pour un certain nombre de raisons.

Tout d'abord il il s'agit d'une escalade impressionnante dans la violence contre les chrétiens, qui se relie à d'autres événements similaires survenus en Irak et au Nigeria, suggèrant une direction supranationale; ce n'est pas par hasard qu'Al-Qaïda avait menacé d'actions contre les Coptes quelques jours avant l'attentat. Ce n'est pas un secret que la première cible des groupes fondamentalistes est constituée par les régimes laïques ou modérés des pays musulmans, et l'Egypte est sans doute, avec l'Arabie saoudite, le pays arabe le plus stratégiquement important du Moyen-Orient.

Deuxièmement, l'échec des services de sécurité : depuis l'assassinat du président Sadate (1981), le gouvernement égyptien a concentré son énergie à essayer de vaincre et de tenir en respect les islamistes radicaux, essentiellement réunis autour du mouvement des Frères musulmans, et jusqu'à présent, ses tentatives avaient largement été couronnées de succès, mais à coûts sociaux et économiques élevés. Aujourd'hui, le risque est qu'une période prolongée d'instabilité politique puisse affecter l'efficacité des services de sécurité et ainsi faire de l'Égypte un baril de poudre.

Enfin, l'état de péril dans lequel se trouvent les Coptes risque de favoriser l'alliance entre les Coptes et les Frères musulmans qui, sans surprise, étaient prêts à apporter leur solidarité immédiatement après l'attaque contre les chrétiens à Alexandrie. On en a eu un aperçu avec les manifestations sans précédent de chrétiens au Caire, qui ont également pris pour cible le Grand Cheikh d'Al Azhar, Ahmed al-Tayeb, un «modéré» coupable - selon les coptes - de proximité avec le président Moubarak. Al-Tayeb, ce n'est pas surprenant, a été le seul ces derniers jours à parler de l'ingérence du Vatican dans les affaires de l'Egypte. Les chrétiens accusent le gouvernement de ne pas assurer leur sécurité et pourraient ainsi se ressouder - contre leur gré - avec les Frères musulmans qui "tirent" sur le gouvernement à partir de la direction opposée. En outre, une politique d'alliance paradoxale de ce genre ne serait pas une nouveauté au Moyen-Orient: c'est déjà arrivé, au moins en partie, au Liban, entre les hommes du général chrétien Aoun et le Hezbollah pro-iranien.

Avec les accusations contre le Saint-Siège, al-Tayeb d'abord, puis le président Moubarak aujourd'hui, essayent d'envoyer des messages surtout à l'intérieur, pour donner un signal de force et de fiabilité aux milieux qui sympathisent avec l'intransigeance des Frères musulmans. Mais c'est aussi un signe que la situation au Caire est vraiment difficile et la seule voie possible est de procéder le plus rapidement possible pour surmonter cette période de transition.

Note:

(1) Pour mémoire, voici le paragraphe consacré par le Saint-Père, dans les voeux au Corps diplomatique de lundi dernier, à la situation de l'Egypte:
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En Egypte aussi, à Alexandrie, le terrorisme a frappé brutalement des fidèles en prière dans une église. Cette succession d’attaques est un signe de plus de l’urgente nécessité pour les Gouvernements de la Région d’adopter, malgré les difficultés et les menaces, des mesures efficaces pour la protection des minorités religieuses.

(2) Selon l'Agence Asianews, relayée par mon amie Raffaella, l'évêque de l'église copte de Salamut, où le drame a eu lieu, dit avoir parlé à plusieurs témoins: "Ce fou, voyant des femmes qui ne portaient pas le voile, a pensé qu'il s'agissait de chrétiennes. Il a tiré, au cri de ‘Allah Akbar’. Plusieurs centaines de coptes se sont retrouvés devant l'hôpital de Salamut, il y a eu des jets de pierre, et la police a répliqué par des gaz lacrymogènes....

Mais qui manipule les fous d'Allah???

Une visite extraordinaire Assise en vaut la peine