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La pourpre et le choeur (I)

Comme promis, voici la traduction de la formidable interviewe de Domenico Bartolucci, parue dans le numéro de Novembre 2010 de "30 Giorni", après son élévation à la pourpre. 1ère partie (21/1/2011).

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Voir aussi: Une interviewe du Maestro Bartolucci, cardinal

On y découvre une personnalité attachante, d'une grande simplicité, pétrie d'humour (l'anecdote du clavier en carton avec des touches peintes est un régal!), un homme qui demeure passionné, même à son âge vénéracle (93 ans).
On comprend pourquoi Benoît XVI l'apprécie, et a pour lui de l'amitié, au point de l'avoir nommé "son" cardinal!(cf. Audience du 20 octobre)

Article en italien ici: http://www.30giorni.it/it/articolo.asp?id=23185
Ma traduction (j'ai rajouté quelques sous titres):

Le Cardinal Bartolucci

Photo sur "30 Giorni"

La pourpre et le chœur
"Je crois que ma nomination est un rappel de ce Pape, amoureux de la beauté, à ne pas laisser perdre définitivement tant de richesse musicale."
Entretien avec le nouveau cardinal Domenico Bartolucci
Paolo Mattei
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Lors du consistoire du 20 Novembre, Benoît XVI a créé cardinal Mgr Domenico Bartolucci.
Né le 7 mai 1917 à Borgo San Lorenzo, près de Florence, Bartolucci a été pendant plus de quarante ans, de 1956 à 1997, "Maître perpétuel" de la Chapelle Musicale Pontificale "Sixtine". Succédant à ce poste à Mgr Lorenzo Perosi, le nouveau cardinal, durant le pontificat de Jean XXIII, a réorganisé la Chapelle musicale du pape, dont les origines remontent à la Schola Cantorum romaine de l'époque de saint Grégoire le Grand.
Bartolucci, l'un des interprètes les plus autorisés de Giovanni Pierluigi da Palestrina - qui fut lui-même chantre de la Chapelle Sixtine - est membre de l'Académie de Sainte Cécile et compositeur prolifique de musique sacrée. Nous l'avons rencontré à Rome, où il vit.

Un jeune prodige
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- Vous attendiez-vous à cette nomination, éminence?
- Domenico Bartolucci: Je n'y aurais jamais pensé. Quand je l'ai entendu du cardinal Bertone, j'ai ressenti une forte secousse intérieure. Je sais que le pape a de l'estime pour moi, mais je crois que ma nomination est un rappel de la valeur de la musique sacrée dans la liturgie.

- La musique: le fil conducteur de toute votre vie ...
- Je l'ai aimée dès l'enfance. Mon père, un ouvrier, était un chanteur passionné, il m'emmenait toujours avec lui quand il allait chanter dans la chorale de la Compania dei Neri, un groupe laïc de Borgo San Lorenzo.

- Et les études?
- Solfège et chant, dès l'école primaire. Puis, vers 10 ans, au séminaire à Florence, j'ai rencontré le grand Francesco Bagnoli, Maître de Chapelle de Santa Maria del Fiore.

- Au séminaire, vous avez eu des difficultés avec les autorités ...
- Le règlement était dur. Je ne pouvais pas jouer du piano plus d'une demi-heure par jour, et pas tous les jours. Puis en 29, je me suis trouvé en face d'un harmonium lors de la fête de l'Immaculée Conception, à Arcetri, et , manque de chance, le curé de cette église était aussi mon professeur de latin et de grec au séminaire: s'il joue aussi bien - a-t-il pensé - , cela signifie qu'il s'implique trop dans l'exploration de la musique, et trop peu dans les langues anciennes ... Il a obtenu je sois interdit d'étude de la musique pour l'année et qu'on m'empêche de jouer.

- Une tragédie ...
- J'étais un type têtu, et j'ai appris à m'organiser. J'ai commencé à "jouer en silence."

- C'est-à-dire?
- Je me suis construit un clavier en carton, avec des touches dessinées dessus. Je "jouais" en le cachant sous le bureau. Je m'exerçais de cette façon.

- Et vous composiez?
- De temps en remps, je réussissais à vérifier sur un vrai piano ce que j'avais créé dans ma tête en "jouant" sur un faux clavier.

- Qu'écriviez-vous?
- Des louanges à la Sainte-Vierge, des messes à plusieurs voix. Les supérieurs ne voulaient rien savoir. Ils m'accusaient d'être présomptueux. J'ai été tenté de quitter le séminaire.

- A ce point...
- C'est mon confesseur, qui m'a convaincu de ne pas abandonner.

- J'imagine que les choses ont commencé ensuite à aller dans le bon sens ...
- Après un peu de temps tout s'est arrangé. A quatorze ans, j'ai commencé mon service comme organiste à Santa Maria del Fiore. Et j'ai commencé à composer avec sérénité motets, madrigaux, chants, hymnes, oratorios ... Un des plus beaux motets, Super flumina Babylonis, je l'ai écrit à dix-sept ans.


Débuts à Rome
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- En quelle année êtes-vous venu à Rome?
- En 1942. Pendant ce temps, en 34, j'ai été ordonné prêtre et j'ai continué à étudier avec Bagnoli, et aussi avec le Maestro Vito Frazzi, professeur au Conservatoire de Florence. Là, en 39, j'ai obtenu mon diplôme de composition.

- Et à Rome, que faisiez-vous?
- Je logeais au Collège Capranica et continuais à étudier à l'Institut pontifical de musique sacrée et à l'Académie de Sainte Cécile. Je faisais la navette entre Florence et Rome, parce qu'à l'époque, en même temps, je dirigeais la chapelle de Santa Maria del Fiore.

- A cette époque, vous étiez également curé de paroisse ...
- En 45, à Montefloscoli, où j'ai été envoyé par l'archevêque Dalla Costa. Je me souviens que j'ai souvent composé ma musique dans le train. Toujours en 45, j'ai été nommé vice-maître de la Chapelle Musicale di Saint Jean de Latran.
L'année «décisive» fut 47.

- Pourquoi?
- J'ai assumé la direction de la chapelle "Liberiana" de Sainte Marie Majeure.

- Rôle qui fut déjà celui de Pierluigi da Palestrina ...
- Eh oui. J'ai été impressionné par la façon de chanter «romaine» et je l'ai écrit à mon professeur. Pour la Basilique j'ai composé beaucoup de musique liturgique, selon l'ancien missel. Antiennes, offertoires, messes, motets, ... Ils ont été exécutés régulièrement jusqu'à la réforme post-conciliaire.

- Une autre année marquante a été 56, Eminence ...
- Eh bien, oui, évidemment, quand, après la mort de Lorenzo Perosi, je suis devenu directeur perpértuel du Chœur de la Chapelle Sixtine, dont j'avais été directeur adjoint pendant quatre ans. Je recueillais l'héritage de l'"école romaine", qui, depuis l'époque de Pierluigi da Palestrina, conservait la tradition du chant grégorien et la polyphonie.

- Alors commença une longue et féconde période ...
- Je continuais en même temps la charge de Maestro de la Libériana, et donc j'étais occupé sur deux fronts. Comme directeur de la chapelle Sixtine, on me commandait constamment de nouvelles musiques pour les liturgies papales.

A suivre...
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La pillule du lendemain n'est pas la panacée Pourquoi Assise