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Un prêtre chilien retraité coupable d'abus sexuels

La fermeté et la célérité du Vatican. Une interviewe de Sandro Magister par un journaliste chilien, traduite par Carlota (22/2/2011)

Selon l'AFP...


Un prêtre chilien retraité de 80 ans, sur lequel une enquête de la justice pour abus sexuel de mineurs n'a pas donné suite en 2010, a été reconnu coupable par l'enquête du Vatican et condamné à "une vie de prière et de pénitence", a annoncé l'Eglise vendredi.
"Sur la base des éléments collectées, le révérend Fernando Karadima Farina est déclaré coupable des délits mentionnés, et en particulier de l'abus de mineurs", a déclaré l'archevêque de Santiago, Ricardo Ezzati, lisant à la presse un communiqué de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
"Compte tenu de l'âge et de l'état de santé du révérend, il est considéré opportun d'imposer au coupable de se retirer en une vie de prière et de pénitence, et de réparation envers les victimes de ses abus", a ajouté l'archevêque.
Le père Karadima, un ancien formateur de prêtres, avait été accusé en avril 2010 par cinq adultes, occupant aujourd'hui eux-mêmes des fonctions dans l'Eglise catholique chilienne, d'abus sexuels remontant à une vingtaine d'années lorsqu'il était chargé d'une paroisse huppée de Santiago.
La justice chilienne avait ouvert une enquête sur cette affaire, une parmi une quinzaine de procédures en cours au Chili pour des cas présumés de pédophilie contre des membres du clergé, mais elle avait classé le dossier sans suites fin 2010.
Une cour d'appel doit néanmoins examiner prochainement une requête pour réouverture de l'enquête.
Entretemps, l'archevêque de Santiago de l'époque, Francisco Javier Errazuriz, avait transmis un dossier au Vatican qui a mené sa propre enquête, dont les conclusions sont parvenues à l'Eglise chilienne le mois dernier.
Selon la sanction du Vatican communiquée par Mgr Ezzati, le père Karadima ne peut plus occuper de fonction sacerdotale ni rencontrer de personnes dont il a été formateur ou guide spirituel, et pourrait être exclu du clergé en cas de contravention.

Les explications de Carlota


Fernando Karadima Fariña est un prêtre chilien né en 1930 et ordonné en 1958. Dans les années 80 il a été placé à la direction de la paroisse d’El Bosque (sud banlieue capitale chilienne) et à la tête d’une association de prêtres (L’Union Sacerdotale). Ses messes et retraites étaient très suivies. Il a été à l’origine de nombreuses vocations en particulier dans la bonne société chilienne. Il a formé de nombreux prêtres, et a été le guide spirituel de futurs évêques. En 2010 l’existence de plusieurs plaintes contre lui pour abus sexuels a été révélée au public (Il s’agissait plus d’éphébophilie et homosexualité me semble-t-il que de pédophilie dans le sens actuel du mot, mais je n’ai pas suivi au jour le jour l’affaire). Les faits étaient relativement anciens. Un dossier a été envoyé à Rome. Le procès civil, quant à lui, s’est ouvert en juin 2010, mais le dossier a été refermé faute de preuves et/ou d’affaires trop anciennes par rapport à la loi chilienne).

Parmi les plaignants actuellement âgés d’une cinquantaine d’années et occupant des postes à responsabilité, on compte un journaliste, un médecin spécialiste (il avait à l'époque 17 ans et c'était en 1983 - cf l'interview - il faisait partie d'un mouvement catholique et il "idolâtrait" le curé et…), un avocat, un philosophe et un ex-séminariste. J’ai trouvé aussi l’interviewe du journaliste qui a déclaré avoir été abusé (né en 1962). Il dit avoir rencontré un mur d’incompréhension pendant des années. « La seule chose qu’on nous disait c’était : nous allons prier pour vous. C’était comme si un père abusait de toi et qu’une mère te donnait une claque ». Le journaliste espère aujourd’hui que la justice chilienne va rouvrir le dossier Karadima et qu’elle va bien enquêter. Il conclut en disant que : « nous (les victimes) la seule chose que nous voulons c’est que la vérité complète sorte, le chemin de la cause au sein de l’Église est immensément significatif et je ne peux être plus que reconnaissant au Saint Père et à Monseigneur Ezzati (actuel archevêque de Santiago du Chili) pour avoir enquêté et être arrivés à la conclusion que c’est la vérité »

Fernando Karadima qui a soixante jours pour faire appel de la décision du Vatican, semble vouloir le faire.

Cette affaire a marqué le Chili sans doute beaucoup plus que celle des Légionnaires du Christ (Maciel était loin et les légionnaires au Chili étaient dévoués et efficaces). N’oublions pas non plus qu’il y a un an à peine le Chili a été secoué par un énorme tremblement de terre qui a touché 80% des zones habitées du pays.

Les journaux en ont et continuent à en parler longuement. : Juan Paulo Iglesias de « La Tercera », l’un des journaux chiliens les plus lus après le Mercurio a rappelé l’affaire et a interrogé le vaticaniste Sandro Magister. L’article de « La Tercera » que j’ai traduit ci-dessus (ndlr: à ma demande, mea culpa!), ne me plaît guère; il semble apporter la caution d’un vaticaniste qui parle pour le Pape et l’Église avec des raccourcis particulièrement réducteurs (mais c’est peut-être aussi accentué du fait de la technique même de l’entretien), ce que je n’aime pas. Traduction de l’article ci-dessous– original ici.

Le Vatican a agi avec une rapidité spéciale

Le journaliste de l’hebdomadaire italien L’espresso, - l’un des plus grands experts mondiaux en ce qui concerne les thèmes liés au Vatican, attribue le bref délais de la sentence contre Karadima aux envois qui avaient été faits précédemment depuis le Chili, à la gravité du cas et à une plus grande prise de consciente de ce qu’en ce type de situation, il convient d’agir avec une plus grande hâte.

La sanction du Vatican à l’encontre du prêtre Fernando n’est pas passée inaperçue pour San Magister. Considéré comme l’un des plus grands vaticanistes italiens, l’expert de l’hebdomadaire italien l’Espresso voit clairement des similitudes entre la mesure prise contre le religieux chilien et la sanction du fondateur des Légionnaires du Christ, Marcial Maciel. Un sujet, ce dernier, suivi de près par Magister. Il fut même le premier à avancer sur son blog la décision vaticane de désigner une visite apostolique pour faire des recherches sur le prêtre mexicain en 2009. "Je crois que, en ce cas, on a adopté une sanction très similaire eu égard à l’âge du coupable.

En communication avec “La Tercera” depuis l’Italie, Magister examine la sanction adoptée par le Saint Siège dans ce cas et les implications de la décision d’ordonner une visite canonique à « l’Union Sacerdotale”, le groupe de religieux qu’a dirigé le père Karadima.
Pour lui il existe chaque fois plus, au Vatican, une impression que le chemin de la « tolérance zéro », adopté par Benoît XVI a permis de réduire considérable les cas d’abus, même si, assure-t-il, ils sont conscients qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. "Pour le Pape ce sujet est décisif et sans doute il marque son pontificat, mais je ne sais pas au jour d’aujourd’hui si ce sera le thème qui finalement le définira face la histoire” signale-t-il. (ndt j’espère que c’est du second degré parce que sinon quel médiocre analyse de l’immense œuvre de notre Saint Père, et quelle vision atrophiée de l’Église catholique sainte et pécheresse!!!).

- En considérant que l’archevêque Francisco Javier Errázuriz (ndt né en 1933, a été remplacé tout récemment par monseigneur Ricardo Ezzati) a envoyé les dossiers du cas Karadima à Rome en juin dernier, croyez vous que le Saint Siège a travaillé dans les temps habituels ou avec plus de rapidité?
- Je crois que dans ce cas ils ont été assez rapides. Cela retient mon attention. Ce n’est pas normal qu’en envoyant une accusation et un document de plainte automatiquement le Vatican puisse prendre une position pour ou contre en peu de jours. Il faut effectuer une enquête de vérification qui prend du temps.

- Suggérez-vous que l’enquête qui a été faite au Chili a été décisive?
- Oui, évidemment, cela a dû influencer et la gravité du cas aussi. Sans doute, par rapport à ce qui s’est passé dans d’autres circonstances et dans le passé, là on a agi avec une rapidité spéciale.

- Pourquoi croyez-vous qu’on a pris une décision si rapide?
- Aujourd’hui au Vatican il existe une consciente de ce que le sujet est grave et qu’il est nécessaire d’agir avec rapidité et avec détermination. C’est la ligne générale que le Saint Siège poursuit depuis quelques temps et spécialement avec Benoît XVI

- La Congrégation de la Doctrine de la Foi peut prendre diverses mesures. Quel signe donne le Saint Siège avec sa décision de suspendre le prêtre de l’exercice de son ministère et l’obliger à se retirer pour mener une vie de pénitence et de prière.
- Il y a clairement toute une graduation des condamnations. Dans ce cas, on a utilisé une formule très similaire à celle du fondateur des légionnaires du Christ, Marcial Maciel, spécialement je crois, du fait que Karadima a déjà 80 ans. Quand quelqu’un est âgé, quelques considérations sont prises en compte. Mais la substance est claire, comme cela a été aussi le cas de Maciel

- Mais quel est le message que vous pensez que le Vatican envoie avec une sanction comme celle qu’on a appliqué à Karadima ?
- Je crois que avec des mesures comme celle-là on signale avec une clarté absolue que ces comportements ne vont pas être tolérés. Et les changements et effets de la politique assumée par le Vatican se notent. Par exemple, aux États-Unis, dans ces dernières années, il n’y a pas de comparaison entre le nombre de cas de pédophilie avec ce qu’il se produisait il y a 20 ou 30 ans en arrière Aujourd’hui les cas de pédophilie aux États-Unis sont rares et cela correspond à ce qu’on suit un chemin très clair de rigueur et de vigilance.

- Quelle a été la lignes suivie par Benoît XVI dans le cas des plaintes pour abus sexuels commis par des prêtres ?
- Pour Benoît XVI c’est une question très grave. De l’avis du Pape, la trahison commise par ces prêtres à leur vocation est une question sérieuse et il l’a signalé à plusieurs reprises. Il a dit que la chose qui le frappe le plus c’est que ces prêtres au commencement, sûrement, avaient un attirance sincère pour une vie dédiée à l’Église, pour cela le contraste est encore plus grave. Parce que, malgré cette vocation initiale, ils se sont mis ensuite à commettre des actes aussi abominables. Le Pape a beaucoup insisté là-dessus. L’année sacerdotale l’a décidé, avec comme toile de fond cette constatation amère des vocations trahies.

- Comment explique-t-on les fortes différences entre la façon dont on affrontait avant ces sujets dans l’Église et avec ce qui arrive aujourd’hui avec Benoît XVI ?
- C’est un changement de sensibilité qui s’est aussi produit dans la société. Il y a 20 ans ces sujets n’étaient pas au centre de l’attention, pas même pour ce qui est de la société civile. La presse ne faisait jamais campagne sur ces sujets. Il y a 20 ou 30 ans ces affaires ne se condamnaient pas. Puis cela a commencé à croître et la façon de l’affronter au sein de l’Église a changé mais d’une manière très inégale. Si bien que, Ratzinger a été l’un des premiers qui semblent avoir eu la perception de la gravité de ce problème.

- Pourquoi croyez-vous que ce changement s’est, produit chez Ratzinger?
- Je ne connais pas le motif précis qui a conduit Ratzinger à l’époque cardinal à être plus sensible à la gravité de ce sujet. Peut-être parce qu’il était une personne plus préoccupée de doctrine morale à une époque où il y avait un certain laxisme assez répandu. Lui, qui restait ferme en ce qui concerne le respect des commandements moraux a eu la perception d’un très grave relâchement.

- Dans le cas chilien, le Vatican a décidé, en outre, de faire faire une visite canonique de l’Union Sacerdotale, le groupe auquel appartenait Karadima. Est-ce similaire à la visite apostolique qui a été réalisée pour les Légionnaires du Christ ?
- Oui c’est la même chose quoi qu’à un niveau plus petit parce que c’est clair les proportions sont différentes. C’est similaire aussi à ce qui est en train de se faire en Irlande parce que l’on sait que ces phénomènes dans les communautés fermées peuvent se développer avec une personne qui a certains comportements impropres ; mais il existe le risque qu’il puisse avoir influencé des actions similaires pour d’autres membres de ce groupe.

- Quelle portée a cette mesure?
- La même que ce qui est arrivé dans le cas Maciel. Un nombre important de prêtres s’est développé à l’école de Marcial Maciel, mais l’on sait que beaucoup de ces personnes sont sincères, bonnes et n’ont pas eu la tentation d’imiter son comportement, et l’ignoraient même. La même chose peut arriver à beaucoup de personnes qui ont suivi et été formés par le prêtre Karadima. Maintenant, sur ce thème, naturellement le Saint Siège est très prudent, c’est pourquoi quand elle a fait au Chili les contrôles qui normalement sont fait dans ces cas-là, elle a écouté ces personnes pour vérifier si il peut on non y avoir un cas comme celui-là et elle a pris la décision d’ordonner une visite canonique.

- Quelle est l’impression au Vatican face à ces sanctions, en considérant les réactions que souvent on observe parmi les partisans des prêtres condamnés ?
- La leçon des Légionnaires du Christ est très claire. Même quand les accusations contre Maciel étaient très fortes, avant la condamnation il y en avait beaucoup au sein de l’Église qui le défendaient. Après la sanction il y a eu une acceptation assez générale de la mesure, mais il y a encore dans le monde des Légionnaires des gens qui disent qu’on a exagéré les accusations contre Maciel. Maintenant au sein du Vatican il y a une position assez unanime qui est qu’il est important de maintenir une ligne de fidélité et personne ne met en doute des condamnations comme celle de Karadima.

- Quel est le rôle que joue le Pape dans ce type de procès mené par la Congrégation de la Doctrine de la Foi ? Y a-t-il une quelconque participation ou bien est-ce le cardinal William Levada, préfet de ce dicastère, le seul qui mène l’affaire?
- Clairement c’est la Congrégation de la Doctrine de la Foi qui agit, mais le Pape suit ce travail de près. Ce n’est pas lui qui prend les décisions à chaque étape, mais oui il a connaissance du déroulement du procès. Benoît XVI et le cardinal Levada sont des hommes proches, mais là c’est la machine procédurale de la Congrégation qui opère.

- Comment perçoit-on à la Curie la situation actuelle générée par les plaintes pour abus sexuels?
- Au Vatican l’impression qui existe est que le pire est passé et que le chemin juste qui a été pris devrait permettre peu à peu , je ne dis pas d'éliminer tous les cas, mais oui, une réduction importante de ces faits. C’est l’objectif qu’on veut atteindre et dont on se rapproche peu à peu.

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