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Dossier Moyen-Orient

J'ai essayé de comprendre "ce qui se cache" derrière ces évènements. J'ai trouvé quelques éléments de réponse dans la presse italienne. Ce ne sont que des hypothèses - dont certaines évoqueront peut-être la fameuse théorie du complot, mais il probable qu'elles contiennent plus que des fragments de vérité. (24/2/2011)

Ce dossier n'a a priori que peu de rapports avec Benoît XVI. Encore que...
Je n'oublie pas que j'ai commencé un rubrique consacrée aux relations avec l'islam - au sens large, et il y a été immédiatement question de la situation au Moyen-Orient - (cf. Crise du Moyen-Orient ) dès le début de l'année, après le terrible carnage de la cathédrale copte d'Alexandrie de la nuit du Nouvel an, et les attaque de l'Iman d'Al Azhar contre le Saint-Père.

Lorsque les évènements se sont précipités, d'abord à Tunis, puis en Egypte, j'ai senti confusément que tout cela était peut-être lié.
La couverture médiatique en France a ajouté le mensonge à la confusion (la diversion de l'affaire MAM était vraiment un cas d'espèce!), il ne faut pas être spécialiste en études arabes (comme ceux qui se succèdent sur les plateaux de télévision pour dire qu'ils n'avaient rien vu venir, ne savent rien pour le présent, et ignorent encore plus comment cela va tourner) pour voir que le conte à dormir debout qu'on nous sert depuis un mois, ne peut pas correspondre à la réalité.

Il me semblait tenir l'extrémité d'une pelote, et qu'en tirant un peu, je trouverais au moins quelques éléments.
C'est un peu ce que j'ai fait, grâce au site de la Bussola.
Je suis arrivée sur le blog d'un journaliste travaillant au Giornale, Marcello Foa , qui écrit aussi dans un journal de la Suisse italienne Il Corriere del Ticino. J'ai traduit quelques articles, à titre de réinformation, plus un issu du site La Bussola (Encore la Lybie: article dans la Bussola), qui confirme prudemment (et en partie seulement) les autres.
On pourra penser, à tort ou à raison, que Marcello Foa est un obsédé de la théorie du complot. Personnellement, je trouve ses arguments troublants, et surtout très bien documentés.
Une chose m'incite à penser que sa "théorie" contient de sérieux éléments de réponse aux questions que l'on se pose.
C'est cette dépêche de l'AFP datée du 31 janvier dernier, qui avait déjà attiré mon attention (cf. Ce qui se passe en Egypte), et que je reproduis ici sous une autre forme:

Egypte: le numéro un de l'armée écourte un déplacement à Washington
WASHINGTON, 28 jan 2011 | Le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens au Pentagone prévus jusqu'à mercredi, doit retourner en Egypte vendredi après les violentes manifestations dans son pays, a affirmé le général américain James Cartwright.
AFP | 28.01.2011 | 21:20

"Il est encore aux Etats-Unis. Je crois qu'il compte rentrer aujourd'hui", a affirmé le vice chef d'état-major interarmées américain, interrogé lors d'une conférence de presse.
Il n'a pas été précisé dans l'immédiat si le reste de la délégation égyptienne rentrait également ou restait à Washington. Les entretiens, qui ont commencé mercredi, devaient se prolonger jusqu'à mercredi prochain.
L'aide américaine à son allié égyptien en matière de sécurité, la formation et la coopération militaire entre les deux pays étaient au programme des discussions.
Le général Cartwright a également appelé l'armée égyptienne à faire preuve de "retenue" face aux violentes manifestations dans les rues du Caire et du reste du pays.

On peut trouver étrange qu'en pleines émeutes, le chef d'état-major égyptien était à Washington...

Maintenant, comment les violences contre les chrétiens s'insèrent-elles dans ce scénario de cauchemar, je ne sais pas. Et si j'ai un soupçon, je le garde pour moi.



Marcello Foa, 11 février


Le secret inavouable: la mise en scène de Barack Obama derrière la révolte en Egypte
Marcello Foa
http://blog.ilgiornale.it/foa/ (article également publié sur Il Giornale)
11 février
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Obama mène la même guerre que Bush, avec d'autres méthodes, pour exporter la démocratie. En attendant, l'armée révoque l'état d'urgence et demande à "la rue" de revenir à la normale.
Comment les guerres se gagnent-elles, à l'ère de la mondialisation? En déplaçant des armées? Parfois oui, mais le résultat n'est pas toujours satisfaisant et les coûts souvent supérieurs aux avantages. George Bush en sait quelque chose, lui qui en 2001, pestait contre les talibans en Afghanistan et en 2003 contre Saddam en Irak. Nous sommes en 2011, ces conflits durent encore et la victoire finale n'est pas assurée. Si l'Amérique avait utilisé d'autres méthodes, cela aurait probablement épargné des milliers de vies, de plusieurs milliards de dollars et on aurait obtenu des résultats plus concrets et durables.

C'est la leçon qu'a apprise Barack Obama, qui en réalité fait la même guerre que Bush dans le sens qu'elle en partage les finalités stratégiques. Que voulait George W? Exporter la démocratie et, surtout, remplacer au Moyen-Orient des régimes décadents, dirigés par des leaders impopulaires par des régimes plus respectables, avec des leaders plus fiables. Réfléchissez-y: c'est exactement ce que propose Barack Obama en Egypte et en Tunisie. Ce qui change, c'est la méthode.

L'actuel locataire de la Maison Blanche opte pour le soft power, et pour la poursuite des techniques utilisées en Ukraine, en Géorgie et en Serbie au début du XXIe siècle. Rappelez-vous les manifestations étudiantes à Belgrade, qui contraignirent Milosevic à fuir? Et l'émouvante révolution orange, à Kiev, en 2004 ? Et celle des "roses" contre Chevardnadze en 2003 ? Alors, les medias s'étaient émus, exaltant la revanche du peuple; aujourd'hui, cependant, nous savons - documents en main - que ces émeutes n'étaient pas du tout spontanées, mais préparées avec soin et habilement attisées par des sociétés privées de relations publiques, agissant pour le compte du Département d'État. Washington avait compris qu'en agissant avec précaution, la "rue" pourrait être utilisée à son propre avantage.

La même chose se passe dans ces dernières semaines en Tunisie et en Egypte. Ne vous limitez pas aux déclarations officielles, certaines sont obligatoires et rentrent dans le jeu des parties. Demandez-vous plutôt ... Qui a décidé le soulèvement d'abord en Tunisie et maintenant au Caire? L'armée, qui a refusé de tirer sur la foule, légitimant les demandes des manifestants. Et à qui sont liés les chefs militaires égyptiens et tunisiens? Fermement, aux États-Unis. Qui commande actuellement, à la place de Ben Ali? Les généraux, démocratiques dans les intentions, mais toujours généraux.
La Tunisie, un pays petit, modéré, et dépourvu de ressources naturelles stratégiques, a été le banc d'essai. Le test s'est très bien passé, et alors Washington a décidé d'en tenter un plus grand, mais plus risqué avec l'Egypte.
Il ne s'agit pas de notre part d'une insinuation, mais d'une déduction. Fondée. Ces derniers jours, le Daily Telegraph a découvert, enfouis dans le site de Wikileaks, un des rares documents intéressants ayant fini entre les mains de l'ambigu Assange. Document qui révéle qu'à l'automne de 2008, le Département d'Etat de Washington avait invité plusieurs blogueurs et opposants à Moubarak, qui souhaitaient créer une Alliance démocratique, ayant comme objectif final de provoquer un changement de régime. Quand? En 2011, avant les élections présidentielles. Scoop que le gouvernement américain a minimisé et contextualisé.

Mais, demandez-vous: Qui a donné, politiquement, le coup de grâce à Ben Ali? Et qui a envoyé Moubarak dans les cordes? Toujours Barack Obama, qui peut aujourd'hui, au Caire, compter sur l'armée et sur le vice-président, un autre général, Suleiman, le véritable homme fort. L'analogie avec Tunis est frappante.
Tout cadre. Aujourd'hui. Demain, qui sait; parce qu'en Tunisie, l'influence des fondamentalistes islamiques est impalpable, alors qu'en Egypte, les Frères musulmans sont très populaires et ont démontré dans le passé leur capacité à déplacer la rue, en utilisant des armes appropriées. Cela rend la fin plus incertaine, mais ne modifie pas l'analyse globale.

Il y a une continuité politique claire entre Bush et Obama. Et aussi opérationnelle. Les rencontres au Département d'Etat se sont déroulées à l'automne de 2008, quand Obama était encore en campagne. Donc, en ce moment, le démocrate Barack exerce un choix établi par son prédécesseur, le faucon George.
Mais ne le lui rappelez pas. Il se fâcherait.

(ndt: Tout ceci conforterait - à défaut de le confirmer - le soupçon que le pouvoir n'est décidément pas où on le croit....)

Marcello Foa, 22 février


La révolution et du Maghreb et la superficialité de la presse

Marcello Foa
Corriere del Ticino (quotidien de Suisse italienne) , 22.02.2011
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Nous avons tous été émus en voyant les photos du Caire et de Tunis. Et l'opinion publique mondiale, en écoutant les témoignages des envoyés spéciaux en Egypte et en Tunisie, s'est convaincue que les révolutions étaient incontrôlables et, surtout, spontanées. On a établi un «frame» c'est-à-dire une vérité que tout le monde a adoptée, sans même se demander si elle était fiable. Mais si on analyse la situation dans une perspective différente, considérant à la fois les techniques de communication les plus sophistiqués et le contexte politique international, une autre vérité émerge, plus crédible.

Préambule:
A la fin des années 80, le gouvernement américain décida de s'approprier, et, surtout, d'appliquer, les théories de Gene Sharp, un professeur de Harvard qui pendant des années avait théorisé, sans être écouté, la lutte non violente comme moyen de renverser les dictatures. Puis, à la fin des années 80, le gouvernement américain décida de tester l'efficacité de ses théories. Ajoutant un élément que Sharp lui-même n'avait pas prévu: l'organisation et le soutien externe de la lutte non-violente. Ainsi est née une nouvelle stratégie - non conventionnelle - à utiliser dans l'arène internationale.

Le premier test a été mené à Belgrade, en Octobre 2000, quand la courageuse protestation des étudiants serbes a contraint Milosevic à démissionner. Ce mouvement avait été inspiré par le même Sharp, mais organisé et financé par des organisations non gouvernementales, entreprises privées et philanthropiques, qui tout en étant indépendantes agissaient en accord avec Washington. Ce fut un succès, qui a été suivi par la Révolution des Roses à Tbilissi et, surtout, la révolution orange à Kiev. Dans les trois occasions, les medias décrivirent d'extraordinaires révolutions spontanées. Personne ne remarqua un arrière-plan essentiel, aujourd'hui connu des experts en communications: c'est-à-dire qu'elles avaient été encouragés et mis en route de l'extérieur. Donc, elles n'étaient pas spontanées.

Après 2005, la formule «Sharp» fut abandonnée, avant de ressusciter en cet impétueux 2011, comme le montrent de nombreux indices. Le Daily Telegraph, par exemple, a découvert - et il n'a pas été démenti - que les opposants égyptiens du Mouvement du 6 avril (1) aujourd'hui salués comme les courageux condottiere anti-Moubarak, issus des blogs et réseaux sociaux, ont participé à l'automne de 2008 à une rencontre à Washington avec le Département d'Etat, au cours de laquelle ils ont discuté d'une révolution démocratique à faire exploser justement en 2011. Le New York Times a publié un document indiquant comment le même Obama, il y a plus de six mois, chargea ses experts de formuler des propositions pour induire des changements politiques dans les régimes autoritaires du monde islamique, en exploitant le mécontentement des masses. Sharp a lui-même admis dans une interview être l'instigateur de ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie. Ajoutez le rôle des ONG américaines en Tunisie et en Egypte, le soutien décisif des armées des deux pays, les financements considérables alloués par Hilary Clinton pour répandre via internet la Nouvelle Démocratie dans les pays autoritaires
et le tableau est complet.

Washington, pour des raisons évidentes d'opportunité, ne peut pas admettre davantage que ce qu'elle a dit jusqu'à présent. Il reviendrait à la grande presse d'expliquer ce qui s'est réellement passé à Tunis et au Caire, en mélangeant des nouvelles et des déclarations apparemment fragmentées et déconnectées. Mais une fois de plus, elle se révèle trop dépendante des sources officielles, trop superficielle pour comprendre les subtilités du spin, trop occupé à la chasse aux dernières nouvelles. Elle capture détail, mais pas l'image d'ensemble. Elle ne réflécit pas et n'approfondit pas. Et ainsi elle échoue. (ndt: ne le ferait-elle pas sciemment?)
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(1) http://www.leparisien.fr/...
Le Mouvement du 6 avril, ou Mouvement de la Jeunesse du 6 avril, qui appelle les Egyptiens à descendre dans la rue pour la troisième journée consécutive, est à l'origine des mobilisations telles que le pays n'en avait pas connues depuis trente ans.
Ce mouvement, constitué essentiellement de jeunes de 20 à 30 ans, qui se disent ni partisan du régime, ni de l'opposition, proteste contre la détérioration des libertés en Egypte.

Le groupe pro-démocratie est né en avril 2008 lorsque des milliers d'ouvriers textiles se sont mobilisés contre leurs conditions de travail et le coût de la vie. Ce jour-là, 33 étudiants avaient été arrêtés et depuis leurs amis se réunissent tous les 6 avril.

En janvier, le Mouvement du 6 avril a lancé un sondage sur Facebook, profil rédigé en arabe et en anglais. «Allez-vous manifester le 25 janvier ?» Cette journée fériée, qui commémore le massacre de policiers en 1952, est l'occasion de nombreux panégyriques à l'égard des forces de l'ordre. Dénonçant la brutalité et la corruption, près de 90 000 personnes avaient répondu «oui» à ce sondage et beaucoup sont réellement descendues dans les rues.

Marcello Foa, 22 février



La Libye et Kadhafi: ce qu'il y a vraiment derrière la révolte
Marcello Foa
Article paru dans
Il Giornale, 22 février 2011
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C'est au tour de la Lybie. Voici pourquoi, et qui cela arrange
Pour comprendre ce qui se passe à Tripoli, il faut d'abord examiner le cadre stratégique. Nous ne sommes pas face à des émeutes spontanées, mais provoquées, qui visent à reproduire en Afrique du Nord ce qui s'est passé dans l'ex-Union soviétique à la fin des années 80..
Alors aussi, la révolte a commencé à partir d'un petit pays, la Lituanie, et au début, personne n'imaginait que le feu pourrait se propager aux pays voisins, ni qu'il soit possible que l'URSS implose. Le Maghreb n'est pas l'Union soviétique et il n'y a pas de superstructure à faire sauter, mais autrement, les similitudes sont évidentes. La Tunisie est le plus petit des pays de la région et a servi de catalyseur pour les autres fois. A son tour, le régime de Moubarak est tombé, la Libye est en pleine tourmente, demain peut-être l'Iran et, sur la vague, l'Algérie, le Maroc, la Syrie. Qu'avaient en commun les régimes tunisiens, libyens et égyptiens? D'être gouvernés par des leaders autoritaires, désormais vieux, discrédités, qui pensaientpouvoir passer le pouvoir à leurs fils, ou à des fidèles incompétents.

Ce n'est un mystère: les révoltes ont été largement encouragées - et à bien des égards préparées - par le gouvernement américain, comme cela est démontré [ci-dessus]. Depuis quelque temps, Washington croyait inévitable l'explosion du mécontentement populaire et craignant que la révolte puisse être menée par des extrémistes islamiques ou des groupes extrémistes, il a procédé à ce qui ressemble à une explosion contrôlée, au moins en Egypte et en Tunisie. Pourquoi contrôlée? Parce qu'avant de mettre en difficulté Ben Ali et Moubarak, l'administration Obama a cimenté la relation déjà très solide avec les armées, lesquelles n'ont en fait jamais perdu le contrôle de la situation et ont été les architectes de la révolution. Ne l'oublions pas: aujourd'hui au Caire et à Tunis ceux qui commandent sont les généraux en chef, qui à l'avenir auront une influence décisive. Washington a gagné deux fois: elle s'est assurée pour de nombreuses années à venir la loyauté de ces deux pays et donné le signe d'une extraordinaire opération d'image, montrant au monde que l'Amérique est du côté du peuple et de la démocratie, même dans des régimes jusqu'à présent amis.

En Lybie, la dynamique est différente parce que Kadhafi n'était pas un allié des États-Unis et parce que les ONG liées au gouvernement des États-Unis n'ont pas été en mesure d'établir des contacts et des liens avec la société civile libyenne, en un mot, ont été incapables de fertiliser le sol dans lequel pousserait la révolte. Mais qui a explosé quand même. Par contagion, et en s'alimentant non pas de la loyauté de l'armée, mais de son mécontentement. Comme dans toutes les révolutions, ce sont les forces armées qui déterminent l'issue de révoltes populaires. Kadhafi, en ce moment, paie les erreurs du passé. Comme l'a noté Domenico Quirico sur La Stampa, le colonel, n'a jamais eu confiance dans les généraux et a procédé à des purges de grande envergure. Les hommes en uniforme, pendant 42 ans, l'ont craint, mais jamais vraiment aimé. Alors aujourd'hui, beaucoup d'entre eux s'enfuient ou se joignent aux insurgés, en particulier dans les villes éloignées de Tripoli. Kadhafi ne peut compter que sur des milices privées et une petite partie de l'armée; c'est la raison d'une mesure autrement inexplicable, cele de recruter des centaines ou peut-être des milliers de miliciens africains.

La conséquence est inévitable: du sang, du sang, encore du sang. L'impression est que Kadhafi sera finalement contraint de fuir. L'image, ridicule, du Raïs en voiture avec un parapluie n'est pas sans rappeler celle de Saddam Hussein braqué par les Américains à l'époque de la chute de Bagdad. Dans tous les cas, la situation pourrait être très embarrassante pour l'Italie. Si le régime tombe, la Libye serait à nouveau le port de partance vers notre littoral pour des dizaines de milliers d'immigrants. S'il devait tenir le coup, il serait gênant pour nous de maintenir de bonnes relations avec un chef sanguinaire. Et dans les deux cas, des contrats de millions partiraient en fumée, pour nos entreprises. N'oublions pas: la majorité de notre approvisionnement énergétique dépend de l'Afrique du Nord. L'explosion contrôlée risque de toutes façons d'avoir un effet dévastateur sur les intérêts de notre pays

Nous n'avons pas le choix et l'Italie ne peut certainement pas influencer les événements, mais la question est inévitable: le prix est-il juste?

Encore la Lybie: article dans la Bussola


L'après Kadhafi?
Chaos tribal aux portes de l'Italie
La Bussola
Marco Respinti
24-02-2011
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Karim Mezram dirige à Rome le Centre d'études américaines et, et il est Professeur en études moyen-orientales à l'Université Johns Hopkins de Bologne. Il est l'auteur de plusieurs livres sur les scénari géopolitiques mondiaux et en particulier islamiques, le plus récente étant I Fratelli Musulmani nel mondo contemporaneo . Le monde Nord africain, Mazram le connaît bien et depuis des années, il le suit de près, ne serait-ce que parce qu'il est d'origine libyenne. "Mais, oui, je dois l'avouer: l'explosion de la Libye m'a surpris, je ne m'y attendait vraiment pas. Et c'est arrivé aussi à beaucoup de mes collègues analystes. "

- Donc vous ne croyez pas à l'effet domino des "places" (ndt en français, on dirait plutôt "rues") arabes qui l'une après l'autre se relaient dans la contestation de régimes rarement démocratiques au pouvoir depuis trop de décennies?
- La première chose que je me demande est pourquoi diable tout cela se passe en même temps et maintenant, et n'a pas eu lieu il y a 10, 15 ou 20 ans. A part que je n'ai pas la réponse, je nourris de forts doutes sur le fait que la situation puisse s'expliquer de manière simpliste en disant que les Tunisiens ont essayé et ça s'est bien passé, alors les Egyptiens ont été galvanisés, et puis sont venus, dans des formes très différentes l'une de l'autre, le Bahreïn, le Yémen, quelques incursions timides en Arabie saoudite et la Jordanie, puis l'Iran et la Libye. Ce qui se passe actuellement en Libye, par ailleurs, est complètement différent ...

- Voulez-vous dire qu'il y a un metteur en scène?
- Je ne peux pas l'exclure, mais en même temps, je ne pourrais pas donner de noms. Cependant je ne pense pas à l'idée de «contagion» via Facebook, Twitter, ou l'Internet. Ils ont été des facteurs décisifs, mais pas déclenchants.

- Ça fait penser à un complot ...
- En effet. C'est pourquoi je vais m'arrêter ici. Je ne vais pas faire des allégations que je ne peux pas documenter, ni gonfler ce qui reste un sentiment. Toutefois, il serait idiot de s'en tirer avec un peu de rhétorique facile sur la «démocratie», la «révolution», le «peuple» ...

- Mais les marionnettistes, on n'en voit pas, on voit seulement la "rue" ...
- D'accord, mais allons-nous continuer de croire au Père Noël? Il est frappant de constater que toute l'attention s'est concentrée sur les émeutes, mais que peu s'interrogent sur leurs résultats. Je m'explique. En Tunisie ont chassé Zine El Abidine Ben Ali, d'accord, mais maintenant, qui gouverne? Et en Egypte? En fait, le pouvoir est dans les mains de l'ancien nomeklature qui s'est seulement débarassé de l'autocrate en place. Est-ce que cela va durer?

- Concentrons-nous sur la Lybie ...
- Une catastrophe, la situation pourrait dégénérer très rapidement en une catastrophe. En fait, la Libye n'a pas d'institution, sauf celles implantées en force depuis la révolution de 1969. Lesquelles n'ont cependant jamais vraiment pris. Celles-ci parties, le pays n'est qu'un conglomérat de tribus, de clans et de potentats divisés et en conflit. L'anarchie la plus complète. L'avenir? La première hypothèse est que le régime de Mouammar Kadhafi tienne, peut-être impitoyablement, mais qu'il tienne. Tout reviendrait, après une certaine période, au statut quo ante . Le deuxième scénario, au contraire, est l'effondrement du régime. Le pays s'effondrerait dans le chaos, sans forces hégémoniques, en proie à des bandes adverses, les luttes des seigneurs de la guerre ... Un trou noir au centre de la Méditerranée, qui menace d'engloutir tout.

- Aux portes de l'Occident ...
- A une heure et demie de vol de l'Italie. Qui contrôlerait le pétrole? A qui aurions nous affaire au niveau politique?

- Plus quelques centaines de milliers de nouveaux immigrants ...
- Un problème qui peut devenir un cauchemar, mais qui ne pourra pas être seulement italien. Si tout s'écroule, si la Libye devient la nouvelle Somalie aux portes de notre monde, le problème doit être celui de toute la communauté internationale, des Nations Unies, du HCR.

- Kadhafi semble encore fort. Le régime pourrait-il vraiment s'effondrer?
- Si la moitié seulement des informations en provenance de Libye sont vraies, cela va arriver. Et dans le tintamarre tribal, des fondamentalistes islamiques pourraient s'insinuer. Voyez, je ne suis pas islamophobe et j'ai toujours affirmé que des organisations comme les Frères musulmans, après avoir donné des preuves concrètes de crédibilité, doivent participer à la gestion démocratique de l'Egypte. Mais dans la Libye du post-Kadhafi, il n'y aurait pas ce type de gens: le modèle serait celui des talibans. Depuis près de dix années des groupes et des groupuscules islamistes se sont développés: c'est arrivé parce que, en l'absence d'une option politique alternative au régime, le jihad est devenu pour beaucoup un «refuge sûr».

- Comment jugez-vous l'attitude des Etats-Unis face à la révolte arabe?
- J'espère que l'attentisme de Washington n'est pas impasse, mais pondération. Ce qui est certain, c'est que la "doctrine Obama" est de rester toujours avec "la rue", chargeant ouvertement les autocrates.

- Pas plus d'"intérêt national"?
- Si la révolte arabe devait arriver à Riyad, je pense que les Etats-Unis enverraient immédiatement jusqu'au dernier homme disponible. Ils ne peuvent pas se permettre de laisser faire sauter l'Arabie Saoudite, ce serait le début de la fin

Pâques 2011: message urbi et orbi Le président Medvedev chez le Pape