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John Allen et "l'implosion du Vatican"

Ragots vaticans revisités outre-Atlantique (1er mars 2011)

-> Voir aussi:
Pourquoi "ils" haïssent Jean-Paul II et un autre Commérage de vaticaniste

Certains de mes lecteurs se demanderont pourquoi je parle à nouveau d'un journaliste américain, assez peu connu en France. D'autres, qui me suivent depuis plus longtemps, savent pourquoi je m'intéresse encore à l'influent et infatué vaticaniste (cf. ici) qui gagne sa vie en sillonnant les Etats-Unis et en vendant ses lumières à des parterres de cathos de gauche retraités (http://saltandlighttv.org/witness/john-allen.php , lien transmis par Sheelagh).
Certains s'obstinent à le présenter comme le meilleur spécialiste en langue anglaise de l'Eglise, alors qu'il n'est ni théologien, ni historien, ni même écrivain - seulement journaliste, et qui plus est travaillant dans et pour les très gros medias. Le plus grave, c'est que cette réputation largement surfaite a franchi les murs du Vatican (Commérage de vaticaniste), et lui vaudra un jour d'être le biographe autorisé du Pape - lui, le prophète qui au début des années 2000 avait dressé la liste des 10 raisons pour lesquelles Joseph Ratzinger ne pourrait jamais devenir Pape!!
Ici, il a recours à l'artifice qui consiste à utiliser un livre écrit par un autre (en l'occurrence un italien) pour faire passer ses propres idées. Car il ne faut pas se leurrer: ce n'est pas l'obscur Mauro Franco qui pose le "diagnostic de l'implosion du Vatican". C'est John Allen himself. Et il déballe!
Il se peut que dans ce fatras (où il n'est jamais question de l'Eglise comme institution divine, ce qui est un comble pour un spécialiste "religieux"!), il y ait des choses justes, et là n'est pas le problème, puisque les "changements culturels" qui marginalisent l'Eglise aujourd'hui sont sous les yeux de chacun, et sont devenus des lieus communs archi-rebattus. Pas de quoi en faire un article, donc.
Plus intéressant, en filigranne, se dessine le véritable complot anti - Bertone né dans le panier de crabes mediatico-diplomatique qui sévit et prospère à l'ombre des "murs sacrés". Rappelons que le Saint-Père a à plusieurs reprises confirmé son soutien, et son affection, à son Secrétaire d'Etat. S'en prendre à lui, c'est donc (hypocritement) s'en prendre au Pape lui-même.

Article en anglais ici.
Ma traduction.

Diagnostic de l' «implosion» du Vatican de Benoît XVI
28 février 2011
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L'indice le plus éloquent de la sévérité des différentes catastrophes de public relation (PR!!) et de management qui se sont abattues sur le pontificat de Benoît XVI, c'est qu'on voit désormais bourgeonner un genre littéraire qui tente de les expliquer. C'est aussi une mesure de la réduction du profil mondial de la papauté (ndt: JA avait déjà développé l'idée que "le Vatican était en train de devenir une affaire italienne) qu'à ce jour, les italiens ont en le monopole

L'année dernière amena "Attaco a Ratzinger: Accuse e Scandali, profezie e complotti contro Benedetto XVI" par deux des meilleurs vaticanistes italiens, Paolo Rodari et Andrea Tornielli. Bien que pas vraiment aveugles devant les échecs propres au Vatican, Rodari et Tornielli suggéraient aussi qu'il y avait une tenative en cours pour atteindre l'autorité morale du pape et de l'Église, peut-être même de dimensions cosmiques (un chapitre s'interroge si les malheurs de Benoît ont été prédit par Fatima et d'autres apparitions mariales.).

Aujourd'hui, nous avons une autre "prise", sous la forme de C'era una volta Un Vaticano ("il était une fois un Vatican") par Massimo Franco, un journaliste politique chevronné au Corriere della Sera , le plus prestigieux quotidien italien. Franco explore depuis longtemps l'intersection entre la foi et la politique, comme en témoigne son livre de 2005, Imperi paralleli ("Empires parallèles") sur les relations entre le Saint-Siège et les États-Unis.

En ce qui concerne les éléments de son argumentation, Franco couvre en grande partie le même terrain que Rodari et Tornielli: les scandales d'abus sexuels, la crise de la levée de l'excommunication d'un évêque niant l'Holocauste, les conflits au sein du Vatican, même parmi les cardinaux, «digne de l'époque des Borgia », la célèbre affaire Boffo, où de hauts responsables du Vatican ont été accusés de saboter le directeur du journal des évêques d'Italie par des fuites de faux documents suggérant qu'il avait harcelé une femme parce qu'il voulait poursuivre une aventure gay avec son petit ami, et ainsi de suite.

«Implosion», indique Franco, est le mot que de nombreux observateurs du Vatican appliquent à l'état actuel des choses. Il y a un sentiment palpable de fin de régime dans l'air romain, dit-il; Franco cite des diplomates accrédités auprès du Saint-Siège (ndt: j'imagine "sous le couvert de l'anonymat!) qui se comparent aux ambassadeurs à la fin de la République de Venise, juste avant son effondrement en 1797.

Pourtant, Franco applique un tour (ndt: spin - mot intraduisible en français, qu'on retrouve dans l'expression "spin doctor" et qui évoque l'effet qu'un joueur de tennis imprime à la balle pour qu'elle adopte une trajectoire nouvelle et imprévisible, source) différent à ce malaise. Les effondrements des cinq dernières années sont des symptômes plutôt que des causes, dit-il, d'une crise bien plus profonde. Ils sont des signes de la fin d'une époque, dans laquelle le Vatican représentait les sentiments religieux et moraux de la civilisation occidentale, et l'aube d'une ère nouvelle où le catholicisme est devenu une culture minoritaire. Ni le Vatican, ni, plus généralement, la hiérarchie, n'ont trouvé le moyen de répondre à ce nouveau monde, fait valoir Franco, expliquant la "confusion profonde" qu'on décèle chez tous les hommes du pape.

L'heure du bilan a été reculé pendant un demi-siècle par la guerre froide, et pendant un quart de siècle par le charisme imposant du pape Jean-Paul II, dit Franco, mais maintenant, il est temps de passer à la caisse.

Franco se réfère à "un Vatican" dans le titre du livre, car il ne veux pas laisser entendre que le Vatican lui-même est en train de disparaître. Dans tous les scénarios imaginables, il continuera à être une institution mondiale importante et un point de référence pour les catholiques du monde entier. Ce qui est aujourd'hui en déclin, soutient-il, est plutôt un certain type de Vatican - le Vatican comme aumônier de l'Occident, traité avec déférence par les tribunaux et les gouvernements, en mesure de façonner l'histoire par l'exercice de son pouvoir institutionnel. Quelque chose de nouveau doit remplacer ce Vatican, dit-il, et ses contours sont encore flous.

Le diagnostic de Franco hérisse les plumes dans certains milieux du Vatican, en particulier ceux qui entourent le cardinal italien Tarcisio Bertone, secrétaire d'État. Franco non seulement reproche à Bertone une gouvernance interne faible et un manque de vision géopolitique - en raison, suggère-t-il d'une préoccupation pour les affaires internes d'Italie - mais il dit aussi que quelques unes de ses premières initiatives ont été animés par l'ambition d'être le prochain pape. (Si c'est vrai, la plupart des observateurs de l'Eglise diraient que c'est sans grand espoir; à tort ou à raison, le cardinal Bertone est associé à une telle série de catastrophes que certains cardinaux verraient cela comme d'élire le capitaine du Titanic PDG de la compagnie.)

Pourtant, à grands traits, l'argumentation de Franco est plutôt amicale envers le Vatican, presque au point de faire des excuses. Il fait valoir que ses difficultés devraient être considérées en tandem avec les troubles économiques et stratégiques des États-Unis, tous indicateurs de profondes mutations dans l'ordre mondial. A décharge, il se pourrait bien que la faute n'en revienne pas vraiment à d'autres aides Bertone et Benoît, mais à leur étoile.

En vérité, les faux pas de la papauté de Benoît XVI sont probablement alimentés par une combinaison de facteurs: les caractéristiques personnelles de l'équipe de Benoît XVI, mettant notamment l'accent sur l'esprit de famille qui, parfois, se fait au détriment de la compétence objective; l'hostilité culturelle à l'enseignement de l'Eglise et à celui de Benoît XVI, dessinée par Rodari et Tornielli, qui circule dans les médias, l'académie, les professions juridiques, et même dans certains secteurs de l'Église; et les larges transformations mondiales, en particulier l'émergence en Occident d'une culture post-moderne fragmentée, mise en lumière par Franco.

Dans ce mélange complexe, C'era una volta un Vaticano est une contribution importante, qui expose un glissement des plaques historiques reposant sous les tremblements de terre passagers à Rome. On espère que le livre va finir par trouver un éditeur anglais.

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