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Une paroisse catholique à Saint-Petersbourg

Sur le blog du Père Juan García Inza, hébergé par Religion en Libertad, un article rafraîchissant et plein d'espoir, interviewe d'un jeune prêtre espagnol qui exerce son ministère en Russie. Traduction de Carlota (2/3/2011)

Article original ici: http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=14090
Les commentairespersonnels du Père Juan García Inza sont entre crochets [].

Que fait un prêtre espagnol aujourd’hui en Russie?
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La semaine dernière j’ai eu l’occasion de me retrouver avec un groupe important de prêtres.
Laissant pour quelques jours nos tâches ordinaires de côté, nous nous sommes consacrés à ce qui est fondamental, à la prière. Il y avait parmi nous deux prêtres qui travaillent à la secrétairerie d’état du Vatican, un Chinois, et un prêtre espagnol qui exerce son ministère en Russie.
Connaître les détails d’une mission si particulière m’a intéressé. C’est vraiment un paradoxe que, tandis que la Russie, en d’autres temps, a exporté en Espagne des personnages notables pour semer le matérialisme athée (*), des prêtres espagnols aillent maintenant en Russie pour semer l’Évangile.
Il s’appelle Juan Manuel Sánchez García. Originaire d’Albacete (ndt à l’extrême sud-est de la province Castille-La Mancha) et seulement âgé de 33 ans. Il a été ordonné dans le diocèse de Tolède. Et nous avons conversé un moment.

- Depuis combien de temps es-tu en Russie ?
- Il y a seulement six mois. Je suis arrivé en Russie le 28 août dernier.

- N’est-ce pas une folie que d’essayer d’évangéliser la Russie?
- Cela peut paraître une folie mais cela ne l’est pas. Là où il y a des personnes, l’Église doit être. C’est un défi de porter l’annonce de l’Évangile au plus grand pays du monde, et avec une histoire de 80 ans d’athéisme et de persécuteur de la foi (**)
[C’est réellement notre impression. Mais pour cela la vertu de l’audace est là.]

- Combien de prêtres catholiques y a-t-il en Russie?
- Dans la Russie d’Europe il y a quelques 110 prêtres catholiques, et parmi eux, à ma connaissance, nous somme neuf prêtres espagnols. Je parle du Diocèse de La Mère de Dieu à Moscou, dans lequel j’exerce mon ministère, il est grand comme plus de la moitié de l’Europe (ndt tout au moins je suppose de l’Atlantique à la frontière biélorusse).
[Ce sont des dimensions difficiles à imaginer depuis notre « petite » Espagne.]

- Mais combien y a-t-il de catholiques en Russie?
- Il n’y a actuellement en Russie qu’1% de catholiques soit deux millions. Le reste des chrétiens est orthodoxe (Ndt Le père Juan Manuel ne rentre pas dans les détails voulant surtout montrer la disproportion des chiffres. Il y a les catholiques romains et gréco-catholiques, des protestants et les néo-protestants, etc. Dans l’ensemble de la fédération de Russie, se déclarent agnostiques 33% environ, 57% chrétiens dont presque tous des orthodoxes, 8% musulmans et 2% autres dont bouddhistes. Voir par exemple présentation de l’ AED ici )

- Avec si peu de catholiques, comment le reste des citoyens vous voit-il? Vous allez camouflés par les rues ?
- Souvent ils ne nous distinguent pas, car ils ne savent pas si on est catholique ou orthodoxe, mais le Russe est très respectueux avec les prêtres. Nous sommes toujours habillés en prêtres, même avec la soutane, et habituellement les gens nous regardent avec affection, d’autres avec surprise ou indifférence, mais toujours avec respect.
[Comme nous t’envions! Cela nous plairait bien en Espagne d’avoir un traitement du même genre. Ici la soutane est lourde à porter et peut faire l’objet de moquerie. Paradoxes de la vie.]

- Devez-vous vous occuper d’autres communautés en dehors de la paroisse de résidence?
- Nous sommes trois prêtres espagnols qui vivons à Pouchkine, un quartier-ville de Saint Péterbourg. Dans ce quartier se trouve la paroisse de Saint Jean Baptiste avec une église qui lui a été rendu par l’état il y a quelques années, ayant été auparavant utilisée comme salle de concert et salle omnisports ; Précisément nous fêtons cette année le 200e anniversaire de la paroisse. Nous devons aussi nous occuper d’une autre paroisse « voisine » qui se trouve à 2000 Km de distance. En toute logique nous ne pouvons nous y rendre tous les jours.

- Ce serait impensable à moins d’avoir un avion de disponible. Et le russe, qu’est-ce que cela donne ? Tu le comprends ? On te comprend?
- Pour ce qui est de la langue russe je la comprends déjà un peu mieux, je la parle suffisamment bien pour nous comprendre. Les personnes de la paroisse disent qu’on me comprend très bien, je ne sais s’il s’agit d’un compliment. Je dois dire que c’est une des langues les plus difficiles du monde. Avant de partir pour la Russie j’ai étudié un temps le russe et je le perfectionne peu à peu. Je crois que je finirai par le parler d’une manière plus normale.

- L’église catholique est respecté par le gouvernement? Et par les orthodoxes?
-En général oui nous sommes respectés et nous effectuons notre travail normalement et sans grandes complications.
[Je pense que la réponse est sincère, même si cela me donne l’impression que les orthodoxes doivent les regarder encore de travers.]

- Vois-tu dans un avenir proche un voyage du Pape en Russie? Comment se vit là-bas l’œcuménisme ?
- Je ne saurais rien dire sur un futur voyage du Pape. L’œcuménisme, nous ne le vivons dans l’espérance. Nous voulons que s’accomplissent les paroles du Christ : « Que tous soient un ».
[C’est cela l’espérance, bien sûr. Mais j’ai l’impression qu’il faut avoir beaucoup de patience. ]

- Une curiosité en marge des questions théologiques, comment supportes-tu le froid russe?
- J’imaginais avant de partir que ce serait pire. Il faut être très bien couvert avec les vêtements adéquats. C’est dur pour un Espagnol d’être un grande partie de l’année beaucoup plus en dessous de zéro degré. On se fait à l’idée de la situation et on apprend à la vivre. Le contraire serait insupportable.

- C’est paradoxale qu’un peuple qui a exporté l’athéisme importe aujourd’hui la foi chrétienne, non?
- Cela peut paraître paradoxal mais comme je l’ai dit au début, là où il y a des personnes, l’Église catholique doit être. Il s’agit d’apporter le nom de Dieu. Nous leur montrons un message plein de joie et d’espérance. Et cela remplit le cœur de toute personne qui a un minimum de sensibilité. Le peuple a faim de Dieu.

- Quoi encore?
-
J’aimerais inviter tout le monde à prier pour le catholicisme russe, pour l’Église catholique qui est en pèlerinage en Russie. La Vierge de Fatima nous l’a demandé. Nous devons découvrir l’importance de notre présence en Russie. Je ferais un appel à la générosité avec une église réellement pauvre. En ces lieux nous travaillons grâce aux dons de beaucoup de personnes.
Il y a une association des Amis de Russie « Saint Nicolas » qui reçoit des dons.
(http://www.amigosderusiasannicolas.blogspot.com

[Eh bien nous remercions Juan Manuel de ces nouvelles pleines d’espérance sur sa mission en Russie. Je suis sûr que nous prierons tous un peu plus pour cela à partir d’aujourd’hui. Et que si possible quelques aides généreuses lui arrivent. La mission confiée par le Seigneur mérite la peine.]

Juan García Inza

Notes de la traductrice

(*) des nombreux ouvrages espagnols malheureusement non traduits en français, avec des photos très éloquentes rappellent, en particulier aux nouvelles générations, la soviétisation de la seconde république espagnole entre 1931-1939 ; et tout comme pour la France, les archives du KGB accessibles depuis deux décennies sont très révélatrices de l’action des envoyés soviétiques sur les organisations nationales et sont des preuves irréfutables confirmant les travaux d’historiens indépendants plus scientifiques qu’idéologues, sur ces sujets encore si sensibles, en fonction des majorités au pouvoir.

(**) des « colonies » catholiques étrangères et plus particulièrement française furent présentes en Russie dès son ouverture à la modernité avec Pierre Le Grand, puis arrivèrent de nombreux exilés pendant la période révolutionnaire, les échanges reprirent très nombreux au XIXème siècle et jusqu’à la révolution d’Octobre 1917. L’époque soviétique, paradoxalement, vit aussi l’arrivée de catholiques du fait notamment des déportations staliniennes de populations des zones « libérées » de l’occupation allemande et envoyées à l’autre bout de l’empire soviétique. Par exemple Monseigneur Athanasius Schneider actuel évêque auxiliaire de Karaganda au Kazhastan, est né dans ce pays alors soviétique de parents transplantés d’origine allemande.

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