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Des hommes et des dieux: une voix discordante

Ce qui se cache derrière la beauté des images... Lu sur le site Belgicatho (13/3/2011)

J'ai vu le film au moment de sa sortie, et j'avais à l'époque renâclé devant l'unanimité des louanges. Des gens qui ne parlent de la religion catholique que pour en dire du mal s'étaient extasiés devant "le film de la réconciliation" (!!).
Un comble, surtout que le film était assez statique, plutôt longuet, bien loin d'être palpitant! Compte tenu de la terrible conclusion que chacun connaît, on pouvait soupçonner que cet éloge de circonstance, conforme au discours religieusement correct du syncrétisme, était motivé par l'idéologie immigrationiste, et sa justification par la "culpabilité" du colonisateur.
Quoi qu'il en soit, le succès populaire du film, plus qu'à la critique, a tenu sans doute à la soif de spirituel qui habite les hommes d'aujourd'hui. A ce titre, il a pu porter de bons fuits.
Depuis, les propos tenus par le réalisateur lors de la cérémonie de remise du César du meilleur film (cf. Yves Daoudal) ont ouvert les yeux des admirateurs les plus naïfs.

Voici, cité par le site Belgicatho, un texte remarquable, qui dénonce "la leçon de dhimmitude intellectuelle que renferme, en filigrane, ce film"...
http://belgicatho.hautetfort.com/


"Des Hommes et des dieux. Quels hommes? Quels dieux?
par Danielle Pister-Lopez
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Une critique dithyrambique, relayée par un public fervent, a salué le film de Xavier Beauvois "Des hommes et Des Dieux", Prix spécial du jury du Festival de Cannes 2010. Le scénario concentre sur quelques semaines, des événements qui se sont déroulés sur les trois années précédant l’enlèvement et l’assassinat, particulièrement barbare, des moines trappistes du monastère de Notre-Dame de l’Atlas de Tibhirine, en 1996.

Faute de pouvoir sonder les reins et les cœurs, il n’est pas question ici de juger de l’engagement de ces moines. Ni la volonté éradicatrice des terroristes du GIA, ni les ambiguïtés du gouvernement d’Alger n’ont pu les décider à abandonner la terre et le peuple algériens auxquels ils avaient consacré leur vie. En revanche, le message véhiculé par ce film, largement mis en avant par son réalisateur, complaisamment répercuté par tous les medias et appuyé par les Eglises de France et d’Algérie, pose problème.

Pendant deux heures, le spectateur partage la vie quotidienne des moines: prières communes, méditations solitaires sur les textes sacrés, travail de la terre, soins médicaux et aides de toutes sortes apportées aux villageois, dont ils partagent les joies et les peines. Le cheminement spirituel de ces hommes, incarné par des comédiens inspirés, partagés entre l’angoisse de la mort prochaine et la volonté d’accomplir leur mission jusqu’au bout, sonne assez juste. Très vite cependant, au-delà de cette réflexion hautement philosophique, se dégage une thèse, celle de la quasi gémellité de l’Islam et du Christianisme, suggérée par la mise en parallèle constante de situations et de personnages: la prière prononcée par un iman, en présence des moines, ponctuée par un « Amen » collectif, pourrait sortir tout droit de l’Evangile, n’était son remerciement adressé à Dieu pour la victoire sur les infidèles, dont font partie ses hôtes ! De son côté, le prieur promet à un vieux villageois reconnaissant, de prier pour sa petite-fille assassinée. D’ailleurs, on le voit consulter le Coran autant, sinon plus, que les textes chrétiens. Cet œcuménisme prend une tournure dérangeante avec la venue du chef terroriste : le prieur l’empêche d’emmener avec lui le vieux moine médecin, en lui rappelant un verset du Coran dont le terroriste récite la fin. Cette parole partagée établit une sorte de communion spirituelle entre ces deux « fous de Dieu ». Le rebelle se hisse au niveau de respectabilité de l’homme de paix. Au contraire, les militaires algériens, brutaux, obtus, cherchent à prendre en faute les religieux pour les obliger à partir.

Cette dimension politique s’affirme avec le Walli: faussement prévenant, il livre la clé de la situation: « Tout cela est la conséquence de la colonisation. » Vieille rengaine du pouvoir algérien, depuis bientôt un demi-siècle, pour se défausser de ses responsabilités dans le désastre actuel de l’Algérie, sur la France. Mais rien ne vient corriger cette affirmation que le spectateur peu averti (ou plutôt intoxiqué par les medias) prendra pour argent comptant.

Les relations entre moines et villageois sont idéalisées : « Nous sommes les oiseaux et vous êtes la branche ; si vous partez, sur quoi nous poserons-nous ? » demande une femme aux moines. Cela va jusqu’à l’invraisemblance: dans ce contexte rural, en pleine montée islamique, une jeune fille oserait-elle se rendre seule au monastère et les femmes se faire soigner par un homme, fût-il un vieux moine ? Par ignorance, ou par complaisance, l’intolérance religieuse de l’Etat algérien est occultée: sonnerie des cloches ou moines en costume religieux tenant un stand au marché, sont hautement improbables. Dès l’indépendance, la loi a strictement interdit toute manifestation religieuse, autre que musulmane, sur la voie publique. Jamais un religieux n’oserait se signer devant le corps d’un chef rebelle musulman et commencer à prier, comme le fait le prieur dans le film, face à un officier algérien rendu furieux.

Xavier Beauvois a dénoncé, sur une radio, l’intolérance de l’Occident, en rappelant que, lorsque la France votait la loi contre la burqa, des ouvriers marocains fabriquaient, pour lui, une statue de la Vierge. Il affirmé, sans vergogne, qu’il avait tourné son film au Maroc uniquement pour la beauté du paysage. Angélisme confondant, ou militantisme tiers-mondiste? Sans doute, concession au politiquement correct. Une carte géographique portant la mention, « Pour un monde solidaire », est ostensiblement visible dans la salle où se réunissent les moines, là où on attendrait une image pieuse. Jamais l’Etat algérien, et sa duplicité, ne sont dénoncés, et on ne peut que sursauter en lisant, sur l’écran de fin, que l’assassinat des moines, dont la décapitation est passée sous silence, reste « mystérieux ». Que l’Algérie s’oppose toujours au retour de moines à Tibhérine, qu’un prêtre vienne, une fois par semaine depuis Alger, pour entretenir le lieu, sous l’étroite surveillance de l’armée algérienne, ne semble troubler aucune bonne âme.

Ce bon père, Jean-Marie Lassausse, que l’on a pu voir, sur France 2, aider les villageois à égorger rituellement un mouton pour l’Aïd, publie opportunément son témoignage intitulé, Le Jardinier de Tibhérine. Loin de mettre en cause le sectarisme religieux algérien, il rejette la faute de la répression exercée actuellement contre les chrétiens sur les Evangélistes; ce qui revient, dans ce contexte tendu, à les désigner à la vindicte politique et populaire, en toute charité chrétienne.

Reste le climat particulier du film, comme hors du temps. Le rythme lent de son déroulement, les chants religieux, la mise en scène des corps suppliciés des terroristes, rappelant la représentation des martyrs, ou de descentes de Croix dans la peinture religieuse classique, peuvent emporter l’adhésion, non sans ambiguïté: une Passion du Christ, surgie d'on ne sait où, et contre laquelle se blottit Frère Luc, suggère la fin prochaine des moines et l’acceptation douloureuse de leur sort. Ne sont-ils pas, eux aussi des rebelles, à leur façon, eux qui soignent ceux qui tuent? Mais alors, où se situe la frontière entre le Bien et le Mal?

La recherche esthétique peut toucher, ou fortement agacer: la dernière image montre ces hommes gravissant leur « Golgotha », et disparaissant progressivement dans le brouillard. L’évidence du symbole finit par anéantir l’effet recherché, à l’instar du dernier repas, -la Cène selon la critique-, où chaque plan, à force de vouloir démontrer, souligne l’intention plus qu’il ne crée l’émotion. L’art véritable sait se faire oublier.

On peut être étonné, sinon inquiet, que personne ne relève la leçon de dhimmitude intellectuelle que renferme, en filigrane, ce film: l’Islam est bon, le peuple algérien généreux, et les Occidentaux n’ont rien compris à la leçon d’humanité dont ils sont porteurs. Seuls quelques justes ont saisi l’étroite identité spirituelle entre croyants musulmans et chrétiens. Mgr Tessier, archevêque honoraire d’Alger, célèbre ainsi, dans Le Figaro,les séminaires qui réunissent régulièrement chrétiens et soufistes en Algérie.

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Danielle Pister-Lopez

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