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Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

Parvis des gentils, revue de presse

Il s'agit d'une revue de presse française, sans aucun commentaire. (24/3/2011)

L'évènement est de taille, nous espérons qu'il sera aussi observé de l'étranger.
Je vais donc faire quelque chose que j'ai abandonné depuis longtemps: une revue de presse.
Aucun commentaire (il vaut mieux!), sinon quelques soulignements typographiques.
Le but est de fournir une documentation.
Il est évident que le clou est la prise de parole du Saint-Père, demain soir.
Nous l'attendons avec grande impatience.

29 mars

26 mars

25 mars

24 mars


L'Express

L'Eglise tend la main aux non-croyants
Claire Chartier
4/03/2011 (source: http://www.lexpress.fr/... )
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Le Parvis des Gentils, une manifestation organisée par l'Eglise catholique, commence ce jeudi à Paris. Le cardinal romain Gianfranco Ravasi explique le sens de cette initiative concue comme une main tendue aux non-croyants, aux prolongements programmés dans d'autres villes européennes et américaines.

Il a remplacé en 2007 Monseigneur Paul Poupard à la tête du conseil pontifical pour la culture. C'est à ce titre que le cardinal Gianfranco Ravasi, présenté comme l'un des successeurs possibles de Benoît XVI , présidera à Paris la manifestation du Parvis des Gentils, deux jours de colloques à haute teneur intellectuelle et de rencontres entre croyants et non-croyants.

Son dicastère - l'équivalent d'un ministère au Vatican - embrasse toutes sortes de thématiques qui seront abordées lors des débats: comment la science et la foi peuvent-elles cohabiter? Comment articuler laïcité et religion? Comment développer le dialogue inter-culturel, alternative pragmatique au dialogue inter-religieux, beaucoup plus ardu à mettre en oeuvre, celui-là, notamment avec les fondamentalismes musulmans? L'appellation "Gentils", dans la Bible, renvoie aux non-juifs qui souhaitaient s'approcher au plus près du temple de Jérusalem, lieu sacré du judaïsme. Les athées et agnostiques d'aujourd'hui sont invités à initier le même mouvement envers l'Eglise catholique. Une main tendue originale voulue par Benoît XVI, dans un pays où la religion catholique suscite désormais une assez large indifférence.

- Pourquoi avoir choisi Paris?
- Paris est l'emblème de la laïcité, même si son image n'est pas tout à fait méritée, car d'autres villes européennes, comme Prague, par exemple, sont beaucoup plus sécularisées. La littérature française du 19ème siècle est elle aussi empreinte de spiritualité, à l'image de Camus, sans parler bien sûr des grands auteurs comme Georges Bernanos ou Charles Péguy. Nous avons d'ailleurs obtenu très vite l'accord de la Sorbonne et de l'Unesco pour tenir nos débats.

- Le discours très remarqué de Benoît XVI au collège des Bernardins, lors de sa visite en France en 2008, a-t-il pesé dans ce choix?
- Certainement. Le pape a rappelé à cette occasion l'intérêt du modèle monastique, qui a eu des effets très riches, d'un point de vue non seulement religieux, mais aussi culturel et économique. Il a ainsi ramené son auditoire à la tradition la plus noble du christianisme : proposer une vision du monde.

- Qu'attendez-vous de ces deux jours de manifestations?
- Nous voulons établir le dialogue avec tous ceux qui s'inscrivent sur l'horizon de la non-religiosité. Je pense aux athées qui s'appuient sur une armature théorique, telle que l'a formulée Nietzsche ou Marx, par exemple, mais aussi à ceux, beaucoup plus nombreux, qui ressentent simplement de l'indifférence pour le message chrétien. Dans son roman, L'imposture, Georges Bernanos distinguait l'absence de foi, qui suppose une présence en creux, et le vide, qui lui, renvoie au néant. L'indifférence se situerait plutôt côté du vide. Ce qui pose un problème d'un point de vue culturel, comme nous l'avons vu avec la négation des racines chrétiennes de l'Europe. Culturel et moral. Notre époque laisse peu de place aux valeurs éthiques. Les individus sont préoccupés par leur bien-être, entretiennent des relations superficielles les uns avec les autres.

- Le parvis des gentils réunit un parterre d'intellectuels. N'est-ce pas un peu trop élitiste?
- L'idée consiste à présenter, et non à proposer, le message évangélique et de faire en sorte que l'élite culturelle puisse ramener dans la discussion des questions fondamentales pour l'humanité, telle que la conception de la vie, de la mort, du mal, de l'amour, de la vérité ou la justice. Aujourd'hui, les intellectuels se sont un peu effacé, il faut les inciter à s'engager à nouveau dans le débat public.

- Pourquoi des athées "populaires", tels que Michel Onfray, n'ont-ils pas été conviés?
- Nous entamerons ce dialogue dans un second temps, car cet athéisme-là, porté par Michel Onfray ici ou Christopher Hitchens, au Royaume-Uni, requiert un langage adapté. Le dicastère de la Culture est d'ailleurs en contact avec Michel Onfray, qui a adressé une lettre à l'un de mes collaborateurs.

- Jean-Paul II était le pape des droits de l'Homme, Benoît XVI sera le pape de la culture?
- Le souverain pontife sera le pape qui aura oeuvré pour la conciliation de la foi et de la raison. C'est dans l'exercice de la raison et de l'intelligence, que la foi trouve tout son sens.

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La Croix

«Le temps de la défiance n’est plus d’actualité»
Jean-Louis Borloo, président du Parti radical
Recueilli par Bernard GORCE
24/03/2011 (source: http://www.la-croix.com/... )
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« On peut dire du Parti radical que je préside qu’il est le parti de la laïcité. Créé en 1901, ce parti de valeurs et de convictions, est à l’initiative de la loi sur les associations et de celle sur la laïcité en 1905. Chaque année, nous fêtons cette loi de séparation des Églises et de l’État.
Lors du discours que j’ai prononcé le 9 décembre dernier à l’occasion de notre "dîner de la République", j’ai rappelé le sens souvent incompris de ce qui reste comme l’un des grands textes de notre histoire. Il s’agit d’une loi de réconciliation nationale, de respect et de dialogue. C’est une loi de protection de la liberté de conscience. Celle-ci a pour contrepartie la neutralité publique. Ce point d’équilibre est, parmi les exceptions françaises, probablement la plus belle.

Une mauvaise compréhension de la laïcité a sans doute, par le passé, amené les Églises elles-mêmes à ne pas être assez présentes dans les débats de société, voire trop souvent à s’autocensurer. La neutralité de l’espace public est une chose. Mais la participation de tous – y compris celle des Églises – aux débats publics est nécessaire au projet républicain. De ce point de vue, l’initiative du Parvis des gentils lancée aujourd’hui par le pape Benoît XVI répond à cette nécessité de dialogue.

Le mouvement de fond indique une progression de la tolérance
- Cette initiative arrive à un moment particulier de notre histoire. Ce qui se produit sous nos yeux aujourd’hui est, ni une accélération du temps, ni une simple révolution, mais une véritable métamorphose du monde, selon la belle expression d’Edgar Morin.
Le système ne peut plus évoluer de manière linéaire. Une autre humanité se prépare et cette métamorphose nous laisse désemparés. Le nomadisme des riches (le tourisme) et des pauvres (l’immigration), l’information mondiale, les mutations de notre modèle de développement, les rapports des peuples à la consommation…
Tout cela se produit au quotidien et remet en cause nos certitudes les mieux établies. En France, on voit bien que la crise du système éducatif dépasse les questions de fonctionnement de l’institution car elle trouve son origine dans le bouleversement de la place des savoirs, du sens de l’autorité.
Une telle métamorphose est inédite mais elle ne doit pas faire peur. Contrairement à tout ce que l’on dit sur la montée des extrémismes, le mouvement de fond indique une progression de la tolérance. Cela renforce la pertinence du Parvis des gentils qui doit nous permettre d’échanger, non pas des solutions clé en main, mais des regards et des interrogations, nos doutes et nos rêves.

Chercher ensemble, croyants ou non croyants
- Une expérience de partage n’a pas d’intérêt si on y participe uniquement avec la volonté de persuader l’autre, si chacun s’enferme dans sa propre vérité. En ce sens, j’aime bien le nom donné à cette rencontre. Le parvis se situe devant l’église mais sur l’espace public. Le mot gentil évoque quant à lui cette exigence de bienveillance qui est si nécessaire aujourd’hui.
S’il est vécu dans un réel esprit de dialogue, entre hommes de bonne volonté, le Parvis des gentils marquera un progrès pour toute la société. Plus les évolutions sont profondes et rapides, plus il faut donner leur place aux échanges, prendre le temps de la réflexion.
Lors du Grenelle de l’environnement, j’avais pour ma part prise le temps de consulter les représentants des grandes religions, et notamment la Conférence des évêques de France. Lors des débats sur la révision des lois de bioéthique, leur point de vue est également pris en considération.
Les enjeux de notre monde sont tels qu’il ne s’agit plus de se convaincre les uns les autres mais de chercher ensemble, croyants ou non croyants, tous ceux qui ont en eux une même interrogation sur l’homme et le monde. Le temps de la défiance n’est plus d’actualité au regard des enjeux que nous avons ensemble à surmonter. »

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Un sondage commandé par la Croix

Le dialogue croyants/non-croyants inutile pour la moitié des Français (sondage)
23 mars 2011 (AFP) (Source)
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Le fait de parler de foi entre croyants et non-croyants n'est pas utile pour 49% des Français, selon un sondage CSA que publie jeudi le quotidien La Croix, alors que s'ouvre le "Parvis des Gentils".
Cette première rencontre, initiée par le Vatican, vise à réunir pendant deux jours sous des tentes installées sur le parvis de Notre-Dame de Paris des croyants de tous horizons, mais aussi des non-croyants, "sans prosélytisme".
Si pour 49% des Français, ce dialogue n'est pas utile, ce chiffre s'élève à 64% quand on interroge uniquement les Français non-pratiquants, selon le sondage.
Pour une majorité de Français (59%), la question du sens de la vie ne se pose pas vraiment ou assez rarement. Elle intéresse davantage les Français d'origine musulmane, 55% d'entre eux déclarant se poser souvent ou assez souvent cette question.
Enfin, pour 55% des Français, il est plutôt difficile ou très difficile de discuter de Dieu dans la société actuelle. Une difficulté à laquelle les croyants sont extrêmement sensibles, 60% ayant ce sentiment.
Ce sondage a été réalisé par téléphone les 16 et 17 mars au domicile des personnes interrogées. Il porte sur un échantillon national représentatif de 1.012 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage).

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Témoignage chrétien

Les non-croyants sont gentils
Par Philippe Clanché (Source)
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Avec le « Parvis des Gentils », les 24 et 25 mars, l’Église catholique propose le dialogue aux non-croyants.L’initiative joue d’abord sur le prestige de ses intervenants.
« L’Église devrait ouvrir une sorte de Parvis des Gentils, où les hommes puissent d’une certaine manière s’accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d’avoir trouvé l’accès à son mystère ».
Ce souhait exprimé par Benoît XVI en 2009 trouve sa réalisation aujourd’hui à Paris. « Espace d’échanges et de dialogues entre croyants et non-croyant », le Parvis des Gentils – allusion à la cour du Temple de Jérusalem où les non-juifs (les Gentils) étaient reçus – est mis en place par le Conseil pontifical pour la Culture, l’équivalent du ministère de la Culture pour le Vatican.
L’évènement se décline en trois colloques autour de la thématique « Lumières, religions, raison commune » – à l’Unesco avec des diplomates et des responsables politiques (dont Giuliano Amato, ancien président du Conseil italien, et Pavel Fischer, ambassadeur tchèque en France), à la Sorbonne avec des universitaires, et à l’Institut de France avec le monde des arts – plus une soirée « culturelle, spirituelle et festive » pour les jeunes, sur le parvis de Notre-Dame.
« Dans le monde de l’athéisme, des gens, qui ne veulent pas être évangélisés, sont réceptifs au discours sur Dieu », explique le P. Laurent Mazas, cheville ouvrière romaine du projet, qui précise que le projet ne se situe pas dans le champ de la Nouvelle évangélisation.

La psychanalyste et écrivain Julia Kristeva, qui participera à une table-ronde, se reconnaît dans cette description. « Je ne peux éviter la question de la religion. Le moment est venu de ce débat, dans une Europe en voie de laïcisation, car chacun est conscient de ses limites. Je peux discuter avec le continent religieux sans peur d’être avalée ».

CONFRONTATION
Julia Kristeva, le généticien Axel Kahn et d’autres ambassadeurs des non-croyants apparaîtront à la tribune aux côtés de personnalités catholiques (Jean Vanier, Jean-Luc Marion, Dominique Ponnau, Claude Dagens…), pour des échanges que l’on devine de haute volée mais aussi fort policés.
Une figure comme le philosophe athée radical Michel Onfray aurait-elle pu rendre les débats plus piquants ? « J’ai échangé avec lui, explique le P. Mazas. Mais, dans un premier temps, nous n’avons pas souhaité de débat avec un certain type d’athéisme ».
Même si le représentant du Conseil pontifical pour la Culture assure « ne rien exclure », l’heure n’est pas encore aux confrontations trop déstabilisantes.
L’idée du Parvis des Gentils correspond assurément à un véritable besoin ressenti par les croyants éclairés et les chercheurs de sens. Benoît XVI le situe au côté du dialogue avec les religions.
Le concept lancé dans la ville des Lumières sera déployé à l’automne à Tirana et Stockholm, puis l’an prochain à Prague, Assise, Genève et Québec et en 2013 à Marseille. Mais ce colossal défi du dialogue des catholiques avec les non-croyants ne pourrait-il pas être relevé en multipliant les propositions modestes, interpersonnelles et pas toujours marquée du tampon officiel du Saint-Siège ?
Ce rendez-vous intellectuel, joue en effet sur le registre du prestige. Il prend ainsi le risque de ne concerner que de très loin la population grandissante des non-croyants ordinaires qui pourraient eux aussi échanger avec le monde catholique.
C’est ce que penseront peut-être les anciens militants de feu le service Incroyance-Foi de l’épiscopat français. « On ne vient pas faire à la place des Églises locales, mais donner une impulsion », répond le P. Mazas, conscient des limites de l’évènement parisien. « À côté des échanges destinés aux élites, la veillée du 25 mars sera réellement populaire ».
Pour cela, les organisateurs espèrent que les jeunes catholiques inviteront leurs amis non-croyants pour échanger sous des tentes dressées devant Notre-Dame, assister à une pièce de théâtre (création de Fabrice Hadjadj), admirer une chorégraphie et, clou de la soirée, voir et entendre Benoît XVI sur écran géant…
« Le parvis de Notre-Dame est un lieu inclusif, il invite à entrer », se réjouit le P. Patrick Jacquin, recteur de Notre-Dame. Cet enthousiasme, la distribution massive de tracts dans les médiathèques franciliennes et la promotion sur Radio Notre-Dame et KTO vont-ils suffire à attirer les non-chrétiens pour ce rendez-vous ? Réponse le 25 mars.

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La Croix (entretien avec le card. Ravasi)

24/03/2011 (Source)
ENTRETIEN
Cardinal Gianfranco Ravasi
Président du Conseil pontifical pour la culture
Frédéric Mounier
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-La Croix : Pourquoi est-il nécessaire à l’Église de dialoguer avec ceux qui ne croient pas ?
- Cardinal Gianfranco Ravasi : L’Église ne se voit plus comme une île isolée du monde. Elle est dans le monde. Le dialogue est donc pour elle une question de principe. Car dans nos sociétés fières d’être sécularisées, on constate pourtant l’émergence de demandes fondamentales. En témoigne l’intérêt pour le sacré, le Nouvel Âge, voire le surnaturel et la magie… Pour répondre à cette urgence, les grands modèles culturels et religieux se présentent avec légitimité.
Par ailleurs, nous voudrions dire à la société contemporaine que la foi et la théologie comptent parmi les grands vecteurs de connaissance et de culture, qui ont chacun leur statut et leur dignité. Ce dialogue doit se tenir au niveau le plus élevé, sans reléguer les croyants au paléolithique !
Enfin, nous avons conscience que le grand défi n’est pas l’athéisme mais bien l’indifférence, qui est bien plus dangereuse. Certes, il existe l’athéisme ironique d’un Michel Onfray, mais l’indifférence peut être illustrée par cette boutade : « Si Dieu descendait aujourd’hui dans la rue, on lui demanderait ses papiers ! »
- Pourtant, le « Parvis des Gentils » n’est pas un lieu d’évangélisation ?
- Certainement pas. Nous sommes comme Paul devant l’Aréopage à Athènes. Nous disons ce que nous croyons devant ceux qui ne croient pas, et que nous écoutons. Même si nous avons conscience que toutes les grandes propositions culturelles et religieuses ne sont pas seulement informatives, mais aussi performatives : elles ouvrent à une action. Il suffit de lire Dostoïevski, Pascal, Dante, Nietzsche…

- Sur le fond, qu’est-ce que l’Église veut dire aux non-croyants ?
- Je reprendrais la distinction proposée par le théologien protestant allemand Dietrich Boenhoeffer, entre les « réalités avant-dernières » et les « réalités ultimes ». Le christianisme est, par nature, une religion incarnée, dont le message est fondé sur une réalité historique. Au titre de cette incarnation, il se doit d’agir dans la société, qu’il s’agisse du dialogue avec les politiques ou de l’action pour la justice et la solidarité.
Mais nous ne constituons pas seulement une « ONG ». Notre devoir est de tenir un discours sur les « réalités ultimes ». Par là, j’entends non seulement Dieu, la Parole, la transcendance, mais aussi, et c’est le programme du Parvis, les grandes questions existentielles : la vie, l’amour, la mort…
- Sur ces plans, l’Église affirme détenir la Vérité. Une affirmation peu audible en ces temps marqués par l’indifférence.
- C’est une grande question. Pour les chrétiens, en effet, la Vérité nous précède, en la personne du Christ. Tandis qu’aux yeux de la culture contemporaine, chacun d’entre nous la construit. De cette différence découlent des conceptions diverses du bien et du mal, de la liberté, de la justice.
Nous savons bien qu’aujourd’hui, toute vérité variant suivant son contexte, chacun peut élaborer sa propre vérité. À la limite, une action criminelle peut être dite conforme à une vérité. Un auteur a pu dire : « La Vérité ne vous rendra pas libre ». A contrario, Robert Musil affirmait : « La vérité n’est pas une pierre précieuse qu’on porte dans la poche, mais une mer où on s’immerge pour nager. »
Nous pensons qu’il y a urgence à évoquer la Vérité. Peut-on se contenter d’une société qui ne serait formée que de comportements individuels ajustés, en l’absence de normes communes reconnues ?
Pour un chrétien, la liberté est orientée, ordonnée à un but, pas seulement dans le sens du « laissez-faire » contemporain, qui se limite à la liberté du voisin.
- S’agit-il d’unifier foi et raison ?
- D’un côté, on constate un excès de rationalisme, mais on voit également surgir des manifestations d’irrationalité, de sentimentalisme. Dans ce contexte, s’il faut toujours rappeler la nécessaire autonomie de la foi et de la raison, il faut également se souvenir que l’homme étant un, foi et raison doivent dialoguer en lui.
- Sur tous ces thèmes, les jeux ne sont-ils pas d’ores et déjà faits ?
- Certes, nous sommes minoritaires. Mais notre vision peut-être considérée comme provocatrice, comme un poil à gratter, un caillou dans la chaussure. Parce qu’une foule va dans le même sens, devons-nous la suivre ?
- Jusqu’à constituer une contre-culture ?
- De fait, le croyant est signe de contradiction. La culture contemporaine, façonnée par la communication de masse, vise à l’homogénéisation de la pensée. Quiconque fait exception est considéré comme extravagant. Il nous revient, avec d’autres, d’accomplir un travail essentiel et difficile : rechercher le vrai, le bien ; reconnaître le faux, le mal.
- Sur ces bases, quels fruits attendez-vous de ces rencontres parisiennes du Parvis ?
- Nous voulons jeter un pavé dans la mare, stimuler la réflexion et le dialogue, puis observer ce qui se passe. Lors de notre première session, à l’Université de Bologne, nous avons été surpris. Sur quatre intervenants (un scientifique, un juriste, un philosophe, un écrivain), deux étaient croyants, et deux ne l’étaient pas. 2000 personnes ont participé, débattu, entendu des lectures de Nietzsche, Pascal, saint Augustin. Le tout dans le plus grand silence, avec un grand respect mutuel et une attention soutenue. Après Paris, nous irons à Stockholm, sous les auspices du luthéranisme d’État, puis à Tirana et Prague, hauts lieux de l’athéisme d’État.

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Le Post ("Frigide Barjot")

Gentils de tous les parvis … unissez-vous !
(Source)
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Cela fait déjà plusieurs semaines que j'en entends parler, de ce Parvis des Gentils. Mais comme je suis en pleine "charrette" sur le livre de ma conversion au catholicisme, je n'ai pas eu le temps de m'y attarder. Et puis hier, ca y est, mon manuscrit, avec deux mois de retard, est enfin fini… Je vais pouvoir rejoindre sans plus tarder le Parvis des Gentils. Dès aujourd'hui.
Le Parvis – la cour – des Gentils, c'est cet endroit à Jérusalem où ceux qui ne croyaient pas, les païens, mais aussi les femmes, les excommuniés, et les impurs, et les hérétiques – les Gentils, en latin gentiles, les nations, les goyims, les non-Juifs,– venaient rencontrer et interpeller ceux qui croyaient en Dieu, son peuple, les Juifs. Devant le Temple. Parce qu'il était interdit aux non-Juifs d'entrer dedans.

Aujourd'hui l'Eglise est ouverte à tous, quels qu'ils soient, mais de moins en moins de gens entrent dedans !
Car pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, notre société occidentale compte plus de non-croyants – agnostiques et athées – que de croyants. C'est marrant, moi, à contre-temps et contre-courant, j'ai fait le chemin inverse, je suis passée de païenne non-croyante, de "gentille" donc, à celui de … De quoi au fait? De catholique croyante et pratiquante, donc de… "méchante" ??? – comme m'a dit drôlement ma Constance de 10 ans !
Non, certainement pas méchante, même si trop souvent, dans un réflexe encore conditionné par deux cents ans de lutte anti-cléricale et anti-catholique, – l'année 2009-2010 et sa tempête anti-Benoît XVI en fut, hélas, encore le témoin – l'opinion publique a souvent tendance à considérer ainsi les croyants, les rejetant invariablement dans le camp des méchants…
Les croyants de toutes confessions, d'ailleurs, dès lors qu'ils affichent visiblement leur Dieu dans notre société laïque et sécularisée; nos amis musulmans en font aussi les frais et en deviennent même objet de beaucoup de – méchantes – attentions… Oui, trop souvent encore les croyants sont ces méchants obscurantistes, ennemis de la raison, de la science, de la liberté et finalement, de l'homme, – le nouveau dieu – de notre société …
Comme pendant des siècles, à l'inverse, ce furent les croyants qui jugèrent et condamnèrent les Gentils-méchants, ceux qui ne croyaient pas, ou pas correctement … Ça non plus, je ne l'oublie pas…

Aujourd'hui, à la porte ouverte de la maison de Dieu, sur le Parvis des Gentils, à la demande du bon pape Benoît XVI, nous allons faire cesser ces conflits stériles pour chercher ensemble, le sens de notre humanité …
Au parvis des gentils, on accueillera ceux qui ne croient pas au Ciel mais qui feront cet effort d'être là, de discuter, de dialoguer, de se tourner vers ceux qui ne sont pas comme eux, sans les juger… Et ceux qui, malgré la pression de la modernité, croient toujours au Ciel, ou y croient à nouveau, comme moi; ces croyants-là les accueilleront, les accepteront, échangeront, sans irénisme bruyant, ni prosélytisme condescendant … leur proposant de regarder ensemble vers l'Inconnu.
Au parvis des gentils, on s'unifiera en se saisissant de ce qui forge l'humanité, et au-delà, en considérant notre planète, notre cosmos, et notre Idéal commun, à nous tous humains…
Au parvis des gentils, on réfléchira et on partagera entre celui qui croit au Ciel et celui qui n'y croit pas, dans les lieux réservés et emblématiques de la culture, de la raison, de la spiritualité (La Sorbonne, L'Academie , Les Bernardins…), et aussi au milieu de ce peuple de Paris d'aujourd'hui, dans cette société mêlée, ouverte et mélangée de foi cachée et de doutes visibles, sur le parvis de Notre Dame de Paris.
C'est justement en traversant le Parvis de Notre Dame, que la "gentille" d'hier que j'étais est devenue, non pas la "méchante", mais la gentille nouvelle d'aujourd'hui.
Moi, la jeune femme agnostique, pourtant élevée 17 ans en écoles cathos, je n'avais pas la foi, ou plutôt pas la conscience de ma foi…
J'étais cette "gentille" archétypique, en quête, assoiffée d'idéal, mais sans réponse, au cœur de ce monde dans lequel je plongeais éperdument; et où tout, pourtant, me semblait manquer de sens, infiniment… Mais pourquoi suis-je là ? Et surtout pour qui suis-je là ? Pour quoi faire ? Quoi faire de cette vie, où pourtant je réussis à tout, sauf à être heureuse ? Pourquoi fais-je si peu de bien, et tant de mal ? Pourquoi, autour, comme en moi, ce sentiment permanent de souffrance, de vide, d'angoisse, d'inachevé ? Qui, un jour, m'a même fait entrevoir la pire extrémité…
Alors j'allais dans Paris, je marchais seule, ou je faisais la fête, avec mes amis, et je retournais immanquablement sur ce parvis de Notre Dame. Ce parvis pétri d'histoire chrétienne et profane aussi, des Mystères du Moyen-Age au roman enflammé de Victor Hugo.
Et puis un jour de quête plus douloureux encore, déboussolée sur le parvis, mon regard fut d'un coup fasciné par la beauté de la cathédrale; et mes oreilles emportées… par le son des orgues qui s'en échappait… Du Parvis grouillant de monde, je me suis laissée emportée par le flot entrant dans l'Eglise. Là, j'ai été saisie par la plénitude monumentale du son emplissant l'immense cathédrale, qui grondait jusqu'au fond de mes entrailles… Je suis restée, toute suspendue, quand la messe – que je ne fréquentais plus depuis des lustres – a commencé… Et au milieu de l'homélie du cardinal Lustiger, je L'ai entendu me parler : "Tu n'es pas là par hasard, tu es mon enfant, tu es aimée inconditionnellement, et pour l'éternité…"
A travers son grand prêtre, je venais d'entendre le Christ. Il m'a saisi l'âme comme sa musique avait saisi mes sens, et ma vie prenait tout le sien. J'étais aimée et faite pour aimer, la "gentille" devenait "l'aimante", une gentille nouvelle, une gentille, pour de vrai, au fond de l'âme. Tout sauf une méchante… Enfin, je dis ça, je dis surtout que rien n'est si facilement gagné, quand il s'agit d'aimer!
Ce vendredi 25 mars, sur le parvis, où pourtant nous vivrons encore bien des conflits, tous les Gentils seront présents, et dialogueront les uns avec les autres, les anciens comme les nouveaux, les Gentils d'hier et les gentils d'aujourd'hui.
Et, Celui qui a, déjà, sauvé ma vie, ce Christ incroyable, inimaginable, inespéré, aura ouvert sa porte et laissera chacun libre sur le Parvis, d'être ancien ou nouveau gentil; mais aussi d'entrer dans son temple, son Eglise, et de regarder, d'écouter, la prière monter… Il y aura là les frères œcuméniques de Taizé.

Aux Bernardins, à 18h30, Fabrice Hadjadj, philosophe Juif converti au catholicisme présentera sa nouvelle tragi-comédie métaphysique et familiale, Job ou la torture par les amis.
Sur le parvis de tous les possibles, à 19h30 comme au temps de ces Mystères médiévaux, qui, de la Passion du Christ aux chansons de gestes, il y a 600 ans, animaient déjà l'endroit, devant les artistes, les orateurs et le talentueux ami Paddy Kelly, la foule du peuple de Paris se pressera, celle qui croit au Ciel, et celle qui, – autrement plus nombreuse qu'au Moyen-Age !– n'y croit pas …

Je ne peux finir ses lignes d'espoir sans dire un mot du drame sans précédent – que je ressens comme prophétique – qui s'abat sur le Japon et qui nous interpelle tous, croyants et non-croyants, sur le devenir de notre humanité…
Après un tremblement de terre qui n'en a toujours pas fini, un tsunami géant et noir qui a tout englouti, un froid démentiel qui glace les secours, voici la deuxième puissance la plus riche de la planète, dévastée et impuissante devant ces catastrophes – que Dieu n'a pas voulues – et une gigantesque menace nucléaire qui se profile … 65 ans après les terreurs que l'on pensaient révolues d'Hiroshima et de Nagasaki, le peuple japonais est à nouveau la victime expiatoire de la folie technologique de l'homme, oublieux de la force incommensurable de la nature… Et c'est en priant Notre-Dame de Nagasaki que je retrouve ces paroles prononcées à l'aube de son pontificat par Benoît XVI, qui appelait l'humanité du 3e millénaire à un indispensable « réveil spirituel (sans lequel) l'homme de l'ère technologique risque d'être victime des succès même de son intelligence ».
Puissent aujourd'hui les hommes et les femmes de bonne foi entendre ses paroles, et que, dans la désolation totale, qui n'épargne pas plus les riches que les pauvres, Dieu entende notre prière, comme celle actuelle de ces milliers de japonais et de leur empereur, si faible… Car que reste-t-il aux hommes, qui avaient tout ici bas, quand ils ont tout perdu … et même bientôt, peut-être, leur planète ?
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Frigide BARJOT
chroniqueuse medias et parodiste, chanteuse du groupe rock les Dead Pompidou's, a mis, depuis 2009, sa petite notoriété au service de la défense de l'Eglise.
Ses Confessions d'une catho branchée paraissent chez Plon, fin avril 2011

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Le Monde

Le Parvis des gentils a pour but d'instaurer "un dialogue avec les non croyants"
Entretien avec le cardinal Ravasi, par Stéphanie Le Bars

Source
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Le cardinal Gianfranco Ravasi est président du conseil pontifical de la culture, chargé de mettre en place le Parvis des gentils, une structure vaticane voulue par Benoît XVI et destinée à faire dialoguer croyants et non croyants. Dans un contexte de forte sécularisation en Europe, ce dialogue passe, selon Mgr Ravasi, par des discussions sur l'anthropologie ou la culture, ainsi que par la recherche d'un langage commun. Il reconnaît que de fortes suspicions persistent entre les deux mondes.

Ce Parvis des gentils – référence au parvis du temple de Jérusalem qui dans l'antiquité était accessible aux païens – est officiellement lancé à Paris jeudi 24 et vendredi 25 mars. Trois colloques sur le thème "Lumières, religions, raison commune" se tiennent à l'Unesco, à la Sorbonne et à l'Institut de France. Vendredi soir, Benoît XVI adressera un message aux participants réunis sur le parvis de Notre-Dame de Paris.

- Avec la création du Parvis des gentils, Benoît XVI semble accorder une importance particulière au dialogue avec les non croyants. Qu'en attend le Vatican, sachant que certains pourraient y voir un début de prosélytisme ?
- Gianfranco Ravasi : Le but fondamental de cette structure est le dialogue. Par nature, celui-ci suppose la confrontation entre deux visions, pourvu qu'elles soient argumentées, riches, profondes et qu'elles soient portées par des valeurs. Souhaiter la confrontation ne veut pas nécessairement dire que l'on veuille imposer sa vision à l'autre.
Mais, c'est un fait : si un non croyant est intimement convaincu de sa vision du monde, comme l'est par ailleurs le croyant, il est évident qu'il ne va pas se contenter de dialoguer autour de thèmes liés à la géométrie ou aux mathématiques ! Mais il voudra entrer dans un dialogue autour des grandes interrogations de l'existence humaine, à partir des valeurs qu'il considère comme susceptibles d'enrichir l'autre.

- Quel en est l'intérêt pour les non croyants ?
- J'en vois spontanément trois. Premièrement, se pencher sur la réflexion théologique de haut niveau. Pour beaucoup, la théologie est une pensée faible liée à certaines formes de spiritualité ou de dévotion. Il existe pourtant un travail théologique de grande noblesse intellectuelle et scientifique. Et je ne me réfère pas au passé : que l'on pense à la grande théologie française d'un Henri de Lubac ou d'un Teilhard de Chardin.
Un autre intérêt serait de découvrir comment les croyants répondent aux interrogations les plus critiques : par exemple, le thème du mal, de l'absurde, et pourquoi pas aussi celui des catastrophes. Enfin, l'incroyant peut aussi s'interroger sur la transcendance. La demande porte sur l'Inconnu. L'art est une des voies qui conduit vers cet horizon.

- Dans un contexte de forte sécularisation, la rupture entre croyants et non croyants n'est-elle pas consommée ?
- Non, elle ne l'est pas. Il y a peu encore, certains disaient que la sécularisation avait désormais éteint toute prétention de la religion à intervenir dans l'aréopage intellectuel et social. La religion semblait avoir été cataloguée dans les archives du passé. Or, ce n'est pas le cas. Songez au succès de ce film surprenant, Des hommes et des dieux. Je ne parle pas seulement du développement de l'islam dans nos sociétés, mais aussi, dans le monde laïque actuel, d'une vraie écoute, d'un intérêt pour l'interrogation religieuse. Ainsi, cette rupture n'est pas si radicale et définitive.

- Ce dialogue fait partie des préoccupations du Vatican depuis plus de quarante ans. Quels ont été les obstacles à un tel dialogue ?
- Je mentionnerai en tout premier lieu le langage. C'est un fait objectif : il existe souvent une incompréhension réciproque. Les croyants, pour ne pas dire l'Eglise, peuvent éprouver de réelles difficultés à comprendre le langage de la société qui s'est développée sans elle en raison de la sécularisation. Pensons à l'évolution frénétique de la science et de la technologie, du monde de l'économie, etc. Inversement, le monde sécularisé dans lequel nous sommes ne comprend plus le langage religieux, un langage autoréférentiel, et le langage du sacré. Le Parvis doit s'investir dans la recherche de langages communs.
L'autre grand obstacle est la suspicion. D'un côté, le croyant suspecte le monde sécularisé de n'avoir plus aucun intérêt pour les questions de la religion, et d'un autre, le monde laïc suspecte toujours l'Eglise de masquer une opération d'évangélisation, d'apologétique promotionnelle. Il est difficile à beaucoup d'accueillir l'initiative du Parvis comme une démarche honnête et respectueuse. Mais soyons clairs, dans certains cas, il sera difficile de faire que notre dialogue ne soit pas une confrontation dialectique d'opposition.

- Sur quels thèmes ce dialogue peut-il s'engager ?
- Les thèmes sont multiples. Je mets avant tout celui de l'anthropologie. Pour comprendre l'homme, la science ne suffit pas. Il faut recourir au langage esthétique de l'art, de la poésie ; au langage de l'amour aussi, et, pourquoi pas, au langage de la mystique, de la spiritualité, de la religion.

- Cette première manifestation à Paris semble s'adresser aux élites intellectuelles. Comment décliner cette idée sur le terrain ?
- Il existe une justification au fait de s'adresser aux élites intellectuelles : ils ont, dans la société, un rôle important à jouer, sous peine de laisser les politiciens s'emparer de domaines qui ne sont pas les leurs. Nos sociétés sont traversées par deux courants : celui de l'indifférence religieuse, situation complexe, et l'attitude polémique et critique de l'athéisme populaire, qui ne laisse pas de droit de réponse, qui condamne a priori toute initiative religieuse comme irrationnelle et sans pertinence.
Comment se situer face à ces attitudes ? L'intellectuel ne peut se contenter de superficialité. Il a pour mission de mettre l'homme en situation devant les grandes interrogations : qu'est-ce que le mal ? qu'est-ce que la souffrance et la violence ? qu'est-ce que l'amour et la vérité ? Et il cherche à introduire le doute. La méthode sera difficile à trouver. Mais, honnêtement, constatons que c'est un problème plus général, qui touche toute la culture et non pas seulement la religion.

- L'Eglise catholique est-elle prête à parler avec toutes sortes de courants, y compris les militants athées ?
- Vous savez que dans la Bible, ce n'est pas l'incroyant qui est l'ennemi numéro un, mais l'idolâtre !

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Le Figaro

Benoît XVI célèbre la liberté, l'égalité et la fraternité
Jean-Marie Guénois
25/03/2011
(Source)

Le Pape a conclu vendredi soir le Parvis des Gentils en appelant les religions à «ne pas avoir peur d'une laïcité ouverte».
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Sans le vouloir, Benoît XVI a apporté vendredi soir une pièce au débat politique qui fait rage en France à propos de la laïcité. Le Pape, par message vidéo interposé, s'est adressé en français aux jeunes «croyants et incroyants » rassemblés sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris dans le cadre d'une soirée de clôture de l'opération le Parvis des Gentils lancée par le Vatican pour susciter un dialogue avec le monde des non-croyants.
Il est bien entendu que le Pape ne délivrait pas là un message politique, mais il a nettement encouragé son auditoire à sortir des schémas habituels : «Les religions ne peuvent avoir peur d'une juste laïcité, a-t-il lancé, d'une laïcité ouverte qui permet à chacun et à chacune de vivre ce qu'il croit, en conformité avec sa conscience. S'il s'agit de bâtir un monde de liberté, d'égalité et de fraternité, croyants et non-croyants doivent se sentir libres de l'être, égaux dans leurs droits de vivre leur vie personnelle et communautaire en fidélité à leurs convictions, et ils doivent être frères entre eux.»
Précisément, a insisté le Pape qui est à l'origine de ces deux journées de colloques de niveau universitaire où se sont confrontés intellectuels croyants et non croyants, «l'une des raisons d'être de ce Parvis des Gentils, c'est d'œuvrer pour cette fraternité au-delà des convictions, mais sans nier les différences».
Il a alors proposé une «attitude » aux jeunes pour construire cette fraternité. Elle consiste à «respecter, aider et aimer tout être humain» et à «faire tomber les barrières de la peur de l'autre, de l'étranger, de celui qui ne vous ressemble pas, peur qui naît souvent de l'ignorance mutuelle, du scepticisme ou de l'indifférence ». Sans oublier «ceux qui vivent dans la pauvreté ou la solitude, ceux qui souffrent du chômage, traversent la maladie ou se sentent en marge de la société ».

Une première pour le Pape

Ce discours d'une quinzaine de minutes, particulièrement adressé à des jeunes non croyants, était une première pour Benoît XVI, qui voudrait que l'Église catholique reprenne «les voies d'un dialogue précurseur et profond» entre «personnes de convictions différentes» de façon à «construire des ponts» sur la base d'une «réflexion solide et argumentée».
«Beaucoup, a-t-il noté en effet, reconnaissent qu'ils n'appartiennent pas à une religion, mais désirent un monde neuf et plus libre, plus juste et plus solidaire, plus en paix et plus joyeux. » S'adressant à eux, il a observé : «Vous voulez interpeller les croyants, notamment en exigeant d'eux le témoignage d'une vie qui soit en conformité avec ce qu'ils professent et en refusant toute déviation de la religion qui la rendrait inhumaine.» Et aux croyants : «Vous voulez dire à vos amis que ce trésor qui vous habite mérite un partage, une interpellation, une réflexion. La question de Dieu n'est pas un danger pour la société, elle ne met pas en péril la vie humaine !»
En conclusion, le Pape a invité ceux qui le voulaient à entrer dans la cathédrale pour un «moment de prière» suggérant aux non-croyants de «laisser s'élever vers le Dieu Inconnu les sentiments qui vous habitent».

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L'Express

Nore-Dame

photo AFP/PIERRE VERDY

Un Benoit XVI rassembleur à Notre-Dame de Paris
Laurie Zénon
26/03/2011
(Source)

Croyants et non-croyants sont rassemblés vendredi sur le parvis de Notre Dame de Paris.
Le parvis des Gentils, espace de dialogue entre croyants et non-croyants souhaité par le pape, a été inauguré vendredi soir en présence du pape. Ambiance.
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Sous les applaudissements, ils montent sur la scène érigée sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Quand le présentateur décline leur nom, les "hi ha" et autres cris d'enthousiasme pleuvent à nouveau. Un concert de rock? Non, ce vendredi soir, les flashs des spectateurs ont crépité pour le cardinal Gianfranco Ravasi, "ministre de la culture" du pape et André Vingt-Trois, archevêque de Paris.

"Respecter, aimer, aider"
Les deux hommes sont là pour inaugurer le Parvis des gentils, un lieu de rencontre entre croyants et non-croyants, voulu par Benoit XVI.
"Tu crois qu'il va bientôt parler?" Il est près de 21h et tous n'attendent que lui. Quand le visage du Pape apparaît sur les deux écrans géants, "l'ambiance concert" s'envole, le silence s'installe. "La foi ne doit pas faire peur, il faut construire des ponts entre vous": le message ne veut pas convertir mais instaurer la fraternité, au-delà des religions. "Respecter, aimer, aider tout être humain": le maître mot de l'allocution est le lien. Un lien à tisser et à resserrer avec tout le monde, pauvres, chômeurs, malades et marginaux. "Il nous appartient de renouer le dialogue", répète Benoit XVI.

Libre à chacun d'adhérer
Valise à ses pieds, violoncelle sur le dos, Clémence acquiesce. A peine arrivée à Paris, elle s'est pressée sur le parvis de la cathédrale, juste à temps pour assister à l'allocution du pape. "C'est important de montrer que nous avons les mêmes aspirations, que nous nous posons les mêmes questions sur l'existence, confie la jeune femme, catholique convaincue. Après, libre à chacun d'adhérer ou pas". Sur des thèmes aussi vastes que "Souffrance et espérance", la "Voie de la beauté et de l'amour" ou la place de l'homme dans l'univers, les discussions proposées tout au long de la soirée se veulent universelles, centrées autour de problèmes communs. Sommes-nous là par hasard? La religion tue-t-elle l'amour? Quel est le sens de la vie?

"I love you, toi l'Inconnu!"
Pour beaucoup, la soirée se poursuit sur les bancs de la cathédrale Notre-Dame entre méditation, prières et chants sous la houlette de la communauté de Taizé*. Sur scène, création théâtrale et danse contemporaine succèdent aux chants grégoriens. "L'Église s'adapte aux jeunes", sourit Roger, ancien enfant de choeur. "Jouer la carte de la modernité pour véhiculer son message, c'est plutôt une bonne idée!", ajoute le retraité, les yeux tournés vers l'estrade. Sur les planches, un ange tournoie, des lys blancs à bout de bras. Il est près de 23h. L'hymne de la soirée retentit une dernière fois, entonné par le public: "I love you, toi, l'Inconnu".

* La communauté de Taizé rassemble une centaine de frères, catholiques et de diverses origines protestantes, issus de près de trente nations.

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Famille Chrétienne

Reportage, témoignages, par Cyril Lepeigneux
29/03/2011
(Source)
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I. Ces Parisiens qui ont participé au Parvis des gentils

Ils étaient plus d’un millier à participer à la soirée organisée à Notre-Dame, vendredi 25 mars, pour la première édition du Parvis des gentils. Témoignages de Parisiens, croyants ou non, qui ont répondu présent – parfois à la dernière minute – à l’invitation du pape.

De 19 h 30 à 23 h 30, la foule circule sur le parvis de Notre-Dame, allant de l’intérieur de la cathédrale, où la Communauté de Taizé anime une soirée de prière, aux abords de la scène dressée à l’extérieur, où le chanteur irlandais Paddy Kelly offre une musique tantôt joyeuse, tantôt recueillie. Ils sont plus d’un millier à participer à la dernière soirée du Parvis des gentils. Certains sont juste venus pour écouter le pape, comme Noël, 21 ans, un Chaldéen disant son chapelet en attendant que le pontife prenne la parole, Jean-Baptiste, 23 ans, ou encore Christine, 43 ans, employée au BHV tout proche, qui est tombée par hasard sur la manifestation : « Après mon travail, je suis allée faire un tour à l’église Saint-Gervais et sur le chemin de retour, je suis tombée sur cette soirée. En apprenant que le pape allait nous parler, je me suis dit : quelle chance ! »

« Nous devons multiplier ce type de rencontres »

Plus loin, remarquable par sa tunique noire et sa longue barbe, le Père Daniel, un pope orthodoxe de 41 ans, confesse qu’il voulait être là car il s’intéresse de près au dialogue entre foi et culture : « Ce soir, c’est vraiment magnifique ! C’est une initiative utile car c’est très important de toucher de nouvelles personnes. Nous devons multiplier ce type de rencontres ! »

La foule se tait d’un coup quand le pape apparaît sur écran géant pour inviter les auditeurs à « retrouver le chemin du dialogue » et, ensemble, « à faire tomber les barrières de la peur de l’autre, de l’étranger ».

À première vue, cette foule paraît uniforme et l’on ne distingue pas qui est catho (ou à moitié) de qui ne l’est pas. On pourrait ainsi penser que Vincent, 32 ans, et son épouse Gabrielle, 27 ans, font partie du « sérail » avec leur look classique. Pourtant, si elle est très engagée, lui est en cheminement : « Je suis moins au fait que ma femme sur ces questions de foi, mais j’approfondis au fil des ans... » Assis par terre face à l’écran géant, Sébastien, 31 ans, se dit là « pour passer le temps » – on espère qu’il le passera avec un croyant qui viendra à sa rencontre.

Plus loin, un tee-shirt à l’effigie du Parvis des gentils sur leurs frêles épaules, deux lycéennes filtrent l’entrée de la tente des organisateurs. L’une d’elles, Claire, 17 ans, explique : « Moi, je ne suis qu’une pratiquante occasionnelle. C’est mon amie Thérèse qui m’a fait venir ». Chaque participant est en effet invité à venir accompagné de personnes fréquentant peu ou pas l’Église. Un appel qui a reçu plus ou moins de succès, comme le regrette Jacques, 23 ans : « J’ai tenté de venir avec des étudiants de mon école d’architecture, mais personne n’était intéressé. Je n’ai pas encore parlé avec des non-croyants. Mais la soirée n’est pas finie ! »

Le visage festif de l'Église

Du côté des tentes où l’on est au coude à coude, on fait silence pour entendre les invités qui débattent et répondent aux questions. Stéphane, 42 ans, sort justement d’un débat : « C’était passionnant de pouvoir les entendre discuter de la nature de l’homme. En plus, en parlant fort, on pouvait poser des questions. Le Père Sonet a parlé de l’homosexualité sans condamner les personnes homosexuelles et Frigide Barjot, l’animatrice, a même lu des passages du Catéchisme de l’Église catholique. Extra ! »

Quelques enfants sont là aussi, leurs parents désirant leur faire vivre une expérience d’Église marquante. Ainsi, Alix, 10 ans, déambule dans la cathédrale avec sa mère, Ninon, 39 ans : « J’aime bien être à l’intérieur de la cathédrale parce que c’est plus calme. Je suis pressée de faire ma communion pour rencontrer Jésus et être avec Lui ! » Dehors, François-Hugues, 39 ans, est accompagné de ses enfants âgés d'une dizaine d'années : « Je me suis dit que j’allais venir avec les trois plus grands pour vivre ce moment fort de l’Église et recevoir des grâces. Pour les enfants, c’est important de vivre de tels rassemblements et de voir le visage festif de l’Église. C’est aussi un témoignage pour ceux qui passent et c’est très bien ».

Pour une première, ce nouveau lieu d’évangélisation qu’est le Parvis des gentils est prometteur. À l’avenir, on espère que les organisateurs trouveront d’autres moyens de faire venir un public plus large. D’autant que les catholiques conviés auront sans doute eux aussi à cœur de faire venir davantage d’amis non pratiquants.
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II. Paris réussi pour le Parvis des gentils

Le thème de ces deux journées de rencontres, organisées par le Vatican à Paris les 24 et 25 mars, était le dialogue avec les non-croyants. La soirée du 25 a été une réussite, même si la foule était surtout composée de catholiques pratiquants, devant la cathédrale Notre-Dame.

Ils ne furent pas dix mille, mais quand même…


Après les trois colloques organisés à l’Unesco, à la Sorbonne et à l’Institut de France, la soirée du vendredi 25 mars était présentée comme festive et populaire par les organisateurs du Parvis des gentils. Elle a pris la forme d'une valse à trois temps entre le parvis Jean-Paul-II, l’intérieur de la cathédrale, et les tentes alignées le long de l’Hôtel-Dieu. Trois lieux distincts pour le spectacle, la prière et le dialogue. Avec deux points d’orgue remarquables : une retransmission vidéo de Benoît XVI s’adressant aux jeunes non croyants (en réécoute sur KTO), et un son et lumière ébouriffant pour clore la journée.

N’en déplaise aux perfectionnistes ou idéalistes qui imaginaient un raz de marée populaire avec plus de dix mille personnes parlant du Christ au centre de Paris, cette soirée a été une réussite. Elle a montré le visage priant de l’Église avec la présence de la Communauté de Taizé et des évêques de Paris au cœur de la cathédrale. Elle a montré le visage riant de l’Église avec le chanteur Paddy Kelly, n’hésitant pas à chanter depuis une des galeries de la façade de Notre-Dame. Elle a montré le visage d’une Église sensible à la beauté comme manifestation de l’ordre divin avec de la danse, du théâtre, et un son et lumière à couper le souffle. Elle a enfin montré le visage d’une Église ouverte au débat avec un public – au coude à coude sous les tentes – participant à des échanges sur la place de l’humain dans l’immensité de l’univers, la question de la souffrance, le mystère de l’homme…

C’est sans doute là que s’est ouvertement manifesté l’échange entre croyants et non-croyants. Sur scène, sur la façade et dans la cathédrale, en se montrant ainsi en prière et en fête, l’Église s’offrait aussi à la rencontre avec les incroyants ou les catholiques peu pratiquants dans un dialogue tout en silence, mais très parlant.
Cyril Lepeigneux
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Lybie (2) Lybie: le témoignage du vicaire apostolique