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Parvis des Gentils à Paris (3)

Le commentaire de texte de Massimo Introvigne... et quelques petites réflexions (30/3/2011)

-> Voir ici: Le parvis des gentils, à Paris

Le Parvis des gentils a été superbement ignoré par la presse français presque unanime. J'avais ouvert une page "revue de presse française", m'attendant à la voir devenir pléthorique, et je m'aperçois, une semaine après, qu'elle a été maigrement alimentée.
Le Pape n'a utilisé aucun des mots clés qui font saliver les medias (je vous laisse deviner lesquels), et donc, il n'intéresse pas.
Massimo Introvigne, dont j'ai traduit ci-dessous la réflexion - et l'explication de texte - se plaint lui aussi du silence de la presse italienne.
Notons toutefois que, côté italien, Sandro Magister consacre à l'évènement son billet hebdomadaire, sous le titre Le "Parvis" de Paris. Un bilan (http://chiesa.espresso.repubblica.it.. )
On y trouve une interviewe de Julia Kristeva, et une du promoteur le l'évènement, le cardinal Ravasi.
Ce dernier se réjouit car, dit-il, "hier le philosophe agnostique Jean-Luc Ferry m’a demandé audience à la nonciature parce qu’il veut à tout prix écrire un livre avec moi à propos de l’Évangile de Jean".
Connaissant peut-être un peu mieux que le naïf (?) cardinal le sémillant philosophe (qui fut un ministre de l'éducation pas pire que d'autres, mais insignifiant, ne perd pas une occasion de distiller son venin sur le Pape... et que j'écoute débattre chaque semaine sur LCI avec Jacques Julliard), je serais légèrement moins optimiste que lui. Et aussi "il y a un athéisme ironique et sarcastique, qui constitue désormais un élément significatif : Michel Onfray en fait partie, mais il a écrit à l’un de mes collaborateurs pour nous informer qu’il veut démontrer que ce qu’il propose ne relève pas de cette manière de voir. Nous étudierons donc également ces formes d’athéisme, "mineures" d’un point de vue intellectuel mais "majeures" en termes de diffusion".
Je me limiterais à dire: Bof....

Voici donc l'analyse de texte (celui du Saint-Père, c'est le seul qui est intéressant) de Massimo Introvigne.
Il a relevé qu'au-delà des paillettes, ce dernier s'est adressé directement aux jeunes, et en particulier à ses "chers jeunes qui ne croyez pas": pour lui, ce sont eux les "Gentils" qu'il faut toucher, et pas ces "intellectuels", qu'il accepte certes volontiers d'affronter dans le débat, mais dont il sait bien qu'il est pratiquement inutile de chercher à les convaincre, puisqu'ils sont les premiers à répandre cette culture du scepticisme et du relativisme contre laquelle il se bat, presque seul. Car, dit Massimo Introvigne: "Certains des intellectuels raffinés qui ont assisté à la rencontre de Paris ... se sont empressés d'expliquer aux journaux que certes, la religion les intéresse, mais qu'athées ils sont et athées ils veulent rester".

Non croyants, priez le Dieu inconnu

Massimo Introvigne, La Bussola
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De l'initiative de la cour des gentils organisée par le cardinal Ravasi et qui vient de s'achever à Paris, on a parlé ces jours-ci surtout des interventions de deux ex-maoïstes, un converti au catholicisme, le philosophe Fabrice Hadjadj, qui a prononcé une condamnation ferme de l'eugénisme et de la culture de la mort euthanasiste, et une non- convertie, mais fascinée par le christianisme, la sémiologue Julia Kristeva. Mais il convient de réfléchir sur le sens global de l'initiative.

Dans son Discours à la Curie Romaine pour la présentation des vœux de Noël du 21 Décembre 2009 (1), Benoît XVI avait lancé l'idée d'un nouvealle "cour des Gentils", en référence à l'épisode de l'Evangile où Jésus chassa les marchands de la cour extérieure du Temple. Cette cour - comme le Pape l'a encore expliqué dans <Jésus de Nazareth- Deuxième partie> - était occupée illégalement par les marchands. C'était en effet un espace réservé aus Gentils, aux non-Juifs, qui ne pouvaient pas entrer dans le Temple, mais - intrigué par la religion d'Israël - en suivaient les rites de l'extérieur. Les Gentils de la cour, expliquait le Pape dans son discours de 2009, sont "des personnes qui ne connaissent Dieu, pour ainsi dire, que de loin; qui sont insatisfaites de leurs dieux, de leurs rites et de leurs mythes; qui désirent le Saint et le Grand, même si Dieu reste pour eux le « Dieu inconnu » (cf. Ac 17:23). Ils devaient pouvoir prier le Dieu inconnu, mais cependant être ainsi en relation avec le vrai Dieu, malgré des zones d'ombre de natures diverses".
Avant même la fondation de l'Eglise, avec son ouverture universelle, déjà le peuple de l'Ancien Testament réservait au moins une cour extérieure du Temple à des personnes "plongées dans le contact avec "des dieux, des rites, des mythes" qui ne sont pas le vrai Dieu ou le vrai culte , et les laissent donc insatisfaits et en recherche.

Aujourd'hui, la situation n'a pas changé. Les "dieux, rites, mythes" différents du Dieu chrétien ne manquent pas, et même se multiplient. Il ne s'agit pas seulement d'autres religions, mais aussi d'idoles tels que la science, l'argent, le sexe, le pouvoir: les véritables dieux alternatifs de notre temps. Ne manquent pas non plus les marchands du Temple, qui profitent de cette situation pour en tirer des profit pas toujours honnêtes.

Que faire alors?
"Je pense - confiait le Pape en 2009 - que l'Eglise devrait aujourd'hui aussi ouvrir une sorte de « parvis des Gentils », où les hommes puissent d'une certaine manière s'accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d'avoir trouvé l'accès à son mystère, au service duquel se trouve la vie interne de l'Eglise. Au dialogue avec les religions doit aujourd'hui surtout s'ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l'approcher au moins comme Inconnu".
Cette initiative, après des débuts à Bologne, vient maintenant de prendre forme à Paris avec deux journées de conférence organisées par le Conseil Pontifical de la Culture, à laquelle ont participé - aux côtés des croyants - intellectuels et non croyants, en quelque sorte intrigués, comme les anciens Gentils, par le phénomène religieux et le christianisme.

Bien entendu, seul le temps pourra se prononcer sur l'efficacité de cette initiative et d'autres similaires. Certains des intellectuels raffinés qui ont assisté à la rencontre de Paris - dont Julia Kristeva - se sont empressés d'expliquer aux journaux que certes, la religion les intéresse, mais qu'athées ils sont et athées ils veulent rester.
Mais un aspect de grand intérêt de ces deux journées parisiennes a été la participation des jeunes, dont beaucoup ont confié aux journalistes - français, parce que les grands journaux italiens ont comme d'habitude consacré peu d'espace à un événement organisé par l'Église catholique - se sentir eux-mêmes des "gentils", des non-croyants en quête de "quelque chose".

Benoît XVI, avec le message vidéo transmis sur le parvis de Notre-Dame, qui le 25 Mars a conclu ces deux journées, a justement choisi de s'adresser aux jeunes (2). Ils leur a rappelé une fois de plus ce qu'était la cour des Gentils,"cet espace ouvert sur la vaste esplanade proche du Temple de Jérusalem, pour permettre à toutes celles et à tous ceux qui ne partageaient pas la foi d’Israël de s’approcher du Temple et de s’interroger sur la religion. Là, ils devaient pouvoir y rencontrer des scribes, parler de la foi et, même, prier le Dieu inconnu". Il y a pourtant une différence entre ce qui pouvait arriver avant et après la venue de Jésus: "si, à l’époque, le Parvis était en même temps un lieu d’exclusion, parce que les «Gentils» n’avaient pas le droit de pénétrer dans l’espace sacré, le Christ Jésus est venu «détruire la barrière qui séparait» juifs et gentils", les réunissant en une unique Eglise".

Le Pape sait que les jeunes d'aujourd'hui s'approchent souvent de l'Eglise à partir de la beauté et de l'art, et il les a donc invités à contempler en premier lieu "ce chef-d'œuvre magnifique de la culture religieuse française, Notre-Dame de Paris". Après quoi, avec les nouveaux Gentils, le dialogue du pape est parti des "grandes interrogations de l'existence humaine".
Beaucoup - la majorité, parmi les jeunes en France, selon les sociologues - "reconnaissent qu'ils n'appartiennent à aucune religion", et pourtant ils portent au coeur l'aspiration à "un nouveau monde plus libre, plus juste et plus solidaire, plus pacifique et plus joyeux". A partir de cette exigence, les jeunes non-croyants sont poussés à examiner avec attention les croyants "exigeant d’eux le témoignage d’une vie qui soit en conformité avec ce qu’ils professent et refusant toute déviation de la religion qui la rendrait inhumaine."

Et quelle doit être la réponse appropriée des jeunes croyants, même s'ils sont une minorité? Vous devez, a dit le Pape, "dire à vos amis que ce trésor qui vous habite mérite un partage, une interpellation, une réflexion. La question de Dieu n’est pas un danger pour la société, elle ne met pas en péril la vie humaine! La question de Dieu ne doit pas être absente des grandes interrogations de notre temps".

La France,
a ajouté Benoît XVI, se caractérise par la laïcité et la référence fréquente à la devise de la Révolution française: liberté, égalité, fraternité.
Le Pape est revenu sur la distinction, qu'il avait proposé lors du voyage en France en 2008, entre une saine laïcité et le sécularisme. "Les religions - a-t-il dit - ne peuvent pas avoir peur d'une laïcité juste, d'une laïcité ouverte qui permette à chacun de vivre ce qu'il croit, selon sa conscience".
Quant à la devise que la République française, il l'a reprise à son compte; n'importe où dans le monde, elle n'est crédible que si elle respecte les droits des croyants à côté de ceux des non-croyants. "S’il s’agit de bâtir un monde de liberté, d’égalité et de fraternité, croyants et non croyants doivent se sentir libres de l’être, égaux dans leurs droits de vivre leur vie personnelle et communautaire en fidélité à leurs convictions, et ils doivent être frères entre eux".

Le Pape a répèté aux jeunes deux points cruciaux de son enseignement.
Le premier est qu'il faut comprendre que seule "la rencontre entre la réalité de la foi et celle de la raison permet à l'homme de se trouver". Cette rencontre est devenue difficile, car à la place de la raison orienté vers le vrai domine aujourd'hui une raison instrumentale orientée vers l'utile: "trop souvent la raison se plie face à la pression des intérêts et à l’attraction de l’utilité, contrainte de reconnaître cette dernière comme critère ultime. La recherche de la vérité n’est pas facile. Et si chacun est appelé au courage de se décider pour la vérité, c’est parce qu’il n’existe pas de raccourcis vers le bonheur et la beauté d’une vie accomplie".

Le deuxième point est que, si d'un côté, il faut réaffirmer combien, en termes de principes, les vérités et les valeurs que la raison est capable de reconnaître sont universelles - et donc accessible aux non-croyants - , dans les faits, dans un monde de plus en plus marque par le péché originel et aujourd'hui brouillé par la dictature du relativisme, découvrir et défendre des vérités naturelles, sans les fonder en Dieu et en Jésus-Christ, est difficile. La vraie fraternité aujourd'hui se développe en effet seulement "en reconnaissant que seul Dieu, dans le Christ, libère intérieurement et nous donne de nous rencontrer en vérité comme des frères".

Quant à la liberté, il n'est peut-être pas hasardeux de relier deux (?) discours que le Pape a tenu le même jour, rappelant que le matin du 25 Mars, lors de la réception des participants au cours organisé par la Pénitencerie apostolique (3) , Benoît XVI a montré dans la confession sacramentelle catholique l'élément clé d'une pédagogie de la liberté, et l'un des rares endroits où de nombreuses personnes qui demandent à être entendues peuvent aujourd'hui trouver quelqu'un pour les écouter. Les confessionnaux sont vraiment des endroits "où la liberté personnelle et la conscience de soi sont appelées à s'exprimer de façon particulièrement évidente. C'est peut-être pour cette raison que, dans une époque de relativisme et d'atténuation conséquente de la conscience de soi, la pratique sacramentelle se retouve aussi atténuée. "À notre époque, caractérisée par le bruit, la distraction et la solitude, la conversation du pénitent avec son confesseur peut représenter l'une des rares, sinon la seule occasion d'être entendu vraiment et en profondeur". Il faudrait également être conscient que l'examen de la conscience a une valeur pédagogique importante: il nous éduque à regarder honnêtement notre vie, à la confronter avec la vérité de l'Evangile et à l'évaluer avec des paramètres non seulement humains, mais emprunté à la révélation divine. La confrontation avec les commandements, les béatitudes, et surtout avec les préceptes de l'amour, est la première grande école de la pénitence" .

Pourtant, cette prise de conscience est un point d'arrivée, pas de départ. Jeunes croyants et non croyants, a expliqué le Pape dans le message vidéo à la foule à Paris, peuvent d'abord commencer ensemble par "le respect, l'aide et l'amour de tout être humain, parce qu'il est une créature de Dieu et en quelque sorte la route qui mène à Lui", sans parler de "ceux qui vivent dans la pauvreté ou la solitude, ceux qui souffrent du chômage, qui traversent la maladie ou qui se sentent marginalisés par la société".

Les non-croyants sont finalement convoqués à l'ancienne "prière au Dieu Inconnu. En vous unissant à celles et à ceux qui dans Notre-Dame sont en train de prier, en ce jour de l’Annonciation du Seigneur, chers jeunes qui ne croyez pas, ouvrez vos cœurs aux textes sacrés, laissez-vous interpeller par la beauté des chants, et si vous le voulez bien, laissez s’élever vers le Dieu Inconnu les sentiments qui vous habitent". "Le Dieu que les croyants apprennent à connaître vous invite à le découvrir et à en vivre toujours davantage. N’ayez pas peur! Sur la route d’un monde nouveau que vous parcourez ensemble, soyez des chercheurs d’Absolu et des chercheurs de Dieu, même vous pour qui Dieu est le Dieu Inconnu. Et que Celui-ci, qui aime chacun et chacune d’entre vous, vous bénisse et vous garde. "



(1) Source
(2) Source
(3) Source (en italien)

L'histoire de Grisha Une campagne choc pour le denier du culte