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Lampedusa, urgence immigration

Compte-rendus et analyses de Radio Vaticana, et de Massimo Introvigne, qui insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de réfugiés. (3/4/2011)

Lampedusa et Manduria

Comment accueillir les tunisiens?

Les débarquements d'immigrés en provenance de Tunisie se poursuivent, menaçant d'implosion la petite île de Lampedusa.
La réaction devrait être d'abord de se mettre à la place des habitants - nous sommes tous des européens, après tout; puis d'essayer de trouver des solutions raisonnables.

Mais pour certains, c'est un moment rêvé pour clouer au pilori le gouvernement de Berlusconi.
L'Union Européenne a donné de son côté la preuve de sa dramatique nullité, la presse de gauche dans son ensemble a réagi par une scandaleuse indifférence doublée d'une attitude moralisatrice aussi prévisible que déplacée, et en lisant la presse italienne, l'impression est que nos voisins transalpins ne nous portent, nous français, tellement prêts à donner des leçons à la terre entière, pas vraiment dans leur coeur.

Et aussi: nous devons accueillir ceux qui n'ont rien, nous dit-on, c'est dans l'évangile.
Mais les choses ne sont peut-être pas aussi simples (voir ici: L'afflux des immigrés à Lampedusa)

Voici donc deux articles qui équilibrent un peu l'information française.
- D'abord, Radio Vaticana interviewe une femme, professeur de politiques migratoires à l'Université de Milan: en lisant son analyse, on ne pourra certes pas la qualifier d'extrémiste! On y apprend que Silvio Belusconi se rendra en Tunisie demain, 4 avril. (C'est là qu'on mesure la gravité et la traîtrise de l'action concertée de la presse de son pays, pour l'affaiblir et le discréditer au plan international)
- Et un autre, de Massimo Introvigne.

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Radio Vaticana

Lampedusa, urgence immigration; le débat politique reste vif.
Trois navires prêts à embarquer les réfugiés vers d'autres destinations

(Radio Vaticana)
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L'Excelsior, à bord duquel 1.600 migrants seront transférés, est à Lampedusa, et dans le port, il y a deux autres navires à bord desquels 2.800 autres devraient embarquer, pour achever aujourd'hui les opérations d'évacuation de l'île.
Cette nuit, environ 500 personnes ont été transférées, mais 3 autres embarcations sont arrivées.
Le bilan des victimes des naufrages, selon le père Joseph Cassar, responsable du service jésuite pour les réfugiés à Malte, grandit, lui aussi: sur les plages libyennes, on a retrouvé quelques soixante-dix corps. Après les tensions d'hier, ce matin la situation est calme au campement de Manduria, tandis que se poursuit le débat politique sur la répartition des migrants dans les régions. Demain, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi sera en Tunisie pour discuter d'accords avec le gouvernement.

Pendant ce temps, parmi les forces politiques, nombreux sont ceux qui voient dans le renvoi, forcé ou contre rémunération, la seule réponse à la situation créée à Lampedusa. Pour d'autres, comme l'ancien secrétaire d'État aux affaires étrangères Mantovano (ndt: cf. ci-dessous), qui a quitté le gouvernement précisément parce qu'il est opposé à cette politique, une solution serait de mettre en œuvre l'article 20 de la loi Fini-Bossi: c'est-à-dire une carte de séjour temporaire de six mois.
Francesca Sabatinelli a interrogé Mara Tognetti, professeur de politiques migratoires à l'Université de Milan Bicocca (audio).

R. - Les actions qui peuvent et doivent être mises en place sont de type stratégique, mais aussi immédiates, et l'une des premières solutions, est - par une mesure de la Présidence du Conseil - de donner une autorisation temporaire à ces populations. Cela permettrait non seulement de dialoguer avec les autorités locales, au niveau local, donc Région et communes; mais surtout, cela permettrait un dialogue avec l'Europe et notamment avec la France, qui est le partenaire qui, en plus de la Tunisie, doit absolument être impliqué immédiatement. En effet, il existe des accords bilatéraux entre la France et l'Italie: un permis temporaire permettrait de bloquer tous les renvois pendant au moins trois mois, et permettrait aussi une circulation dans le contexte européen.

D. - Mais ce permis temporaire, que comporterait-il à son échéance?

R. - Evidemment, pour certains, ce pourrait être un retour dans la clandestinité; pour beaucoup, toutefois, il serait en mesure de faciliter le regroupement familial et, plus important, dans ce laps de temps, on pourrait mettre en place des initiatives locales, pour trouver des structures d'accueil, mais aussi pour soutenir avec des interventions spécifiques d'éventuels retours.

D. - La question des retours avec une aide économique à ces personnes, est-elle selon vous une option viable?

R. - Les ressources financières sont utiles, mais elles servent à agir et à prendre des mesures concrètes. Les politiques de retour, qui ont été adoptées par des pays comme l'Espagne et la France elle-même, montrent qu'il existe des politiques qui répondent en partie aux besoins de certaines personnes mais qui ne sont pas généralisables, car bien entendu les aspirations de ces personnes sont très articulées. Il y a ceux qui, en fait, voudraient être réunis avec leurs familles, il y a ceux qui voudraient rester en Italie pour travailler normalement, et il y en a qui ont utilisé cette phase particulière de leur pays pour laisser derrière eux des actes criminels ou des condamnations ... Il y a aussi des jeunes qui probablement voudraient et pourraient investir dans le pays d'origine. Je crois qu'une mesure unique ne permettrait de protéger qu'un nombre limité de personnes.
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La Bussola, Massimo Introvigne

La démission de Mantovano, un signe inquiètant
Massimo Introvigne (Source)
31-03-2011
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Alfredo Mantovano, sous-secrétaire à l'intérieur, a démissionné. Il l'a fait pour éviter que les tensions entre les habitants de Lampedusa et les tunisiens, dans sa région, les Pouilles, deviennent très grave - parce qu'avec l'accord de tous, le gouvernement avait engagé sa crédibilité.
Il était allé à Manduria pour promettre que les immigrants à accueillir dans la petite ville des Pouilles ne seraient pas plus de 1.500. Aujourd'hui, on parle d'environ quatre mille, et le Secrétaire s'est senti ouvertement démenti. Avec un sens de la correction aujourd'hui très rare, il a immédiatement démissionné.

Il ne s'agit en effet pas de «réfugiés»: en Tunisie, après la révolution contre Ben Ali, plus personne n'est persécuté pour des raisons politiques. Il s'agit d'immigrés clandestins qui profitent de la crise politique en Afrique du Nord pour débarquer sur nos côtes. Ils ont envahi Lampedusa au-delà de toute possibilité d'accueil de la petite île de Sicile . Il faut les transférer ailleurs.

Mais où?
La loi en cours aurait une réponse: ils doivent être renvoyés en Tunisie, dès lors que, en tant que clandestins - et pas réfugiés, répétons-le - ils n'ont aucun titre juridique à rester en Italie. Seulement, dans la situation politique confuse qu'elle traverse, la Tunisie refuse de les reprendre, si ce n'est en nombre dérisoire (un représentant tunisien a parlé de «cinq par jour»). Si elle existait, l'Union européenne devrait répartir ces immigrants dans ses différents pays.
Rien à faire: la France, si prompte à donner des leçons humanitaires en Libye, a aligné à Vintimille un cordon impénétrable de gendarmes, pour empêcher ces immigrants de traverser ses frontières. Bruxelles promet au maximum une aumône d'argent, mais aucun accueil hors de l'Italie des immigrés clandestins au large de Lampedusa.

Certes, il faut une action internationale pour empêcher les débarquements à venir, qui pourraient augmenter de manière dramatique si les possibilités de lever l'ancre de la Lybie augmentaient en raison de la conduite désastreuse de la guerre dans ce pays de la part des "volonterosi", dont il devient de plus en plus clair que "volontiers" ils garderaient le pétrole, laissant les immigrants à l'Italie.

Entre-temps, cependant, il faut installer quelque part, au moins temporairement, les immigrants qui stationnent à Lampedusa. Sans évoquer les vieux conflits entre le Nord et le Sud -, mais si rien n'est fait immédiatement, il est inévitable qu'ils explosent - on ne peut pas imaginer que seules deux régions, la Sicile et les Pouilles, doivent prendre en charge la plupart de ces immigrants illégaux. L'expérience montre déjà que c'est impossible: entassés dans des camps de tentes ou dans des centres, ces mêmes immigrants - presque tous des jeunes hommes - sautent les clôtures et se sauvent. Ils iront vers d'autres régions, mais en dehors de tout contrôle et avec de fortes chances de devenir victimes de la criminalité organisée.

La démission de Mantovano nous rappelle cette vérité élémentaire. On ne peut pas "punir" les Pouilles et la Sicile pour le simple fait qu'elles ont des structures qui dans le passé ont mieux fonctionné que d'autres. Seules, elles ne peuvent pas le faire. Il faut certainement tenir compte de nombreuses autres exigences et de facteurs que la Ligue du Nord représente conformément à son histoire et à son ADN, mais plutôt se mettre autour d'une table, et, considérant l'urgence, chacun doit faire sa part, travaillant sérieusement ensemble pour que l'urgence prenne fin .

En somme, il faudrait que le sous-secrétaire démissionnaire reste. Mais pour qu'il reste, nous avons besoin d'un signal réel fort indiquant une politique différente.

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