Articles Images La voix du Pape Lecture, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Le parvis des gentils, à Paris Catastrophe au Japon Jésus de Nazareth L'appel des théologiens allemands Béatification de JP II Assise Crise du monde arabe, et retombées Des nouvelles du site

Célibat sacerdotal

Un texte du cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, publié dans l'OR du 23 mars, repris par un blog espagnol, et traduit par Carlota. Et un plaidoyer plein d'humour pour le célibat, d'un prêtre espagnol (10/4/2011).

-> Sur le thème du célibat sacerdotal, nombreux articles sur ce site, et en particulier ici: L'appel des théologiens allemands

Carlota

Le cardinal Mauro Piacenza préfet de la congrégation pour le clergé depuis octobre 2010 après en avoir été le secrétaire, a écrit un article qui est paru sur l’Osservatoire Romano (mars 2011) et dont je vous adresse la traduction ci-dessous (version italienne ici et version espagnole reprise par un blog hébergé par infocatolica).

Le cardinal Piacenza s’exprimait quelques heures après la déclaration du président de la Conférence Épiscopal Autrichienne, le cardinal Christoph Schönborn, qui avait affirmé au commencement de l’assemblée de la dite conférence que « dans l’Église il doit y avoir un débat ouvert, même sur la question du célibat ».

Le célibat des prêtres: une question de radicalité évangélique
------------------------

Résidu préconciliaire et simple loi ecclésiastique. Ce sont en fin de compte, les principales et plus préjudiciables objections qui réapparaissent dans les journaux pour rallumer le feu du débat sur le célibat des prêtres. Pourtant, rien de cela n’a de fondement, que cela soit dans les documents du concile Vatican II, ou que l’on s’arrête au magistère pontifical. Le célibat est un don du Seigneur que le prêtre est appelé à accueillir librement et à vivre dans la plénitude.
En effet, si l’on examine les textes, on note tout d’abord la continuité radicale entre le magistère qui a précédé le concile et celui qui suit. Même avec des accents souvent sensiblement différents, l’enseignement de la papauté des dernières décennies, depuis Pie XI jusqu’à Benoît XVI, coïncide et fonde le célibat sur la réalité théologique du sacerdoce ministériel, sur la configuration ontologique et sacramentelle au Seigneur, sur la participation à son sacerdoce unique et sur l’imitatio Christi (ndt l’imitation du Christ) qu’il implique.
Par conséquent, seule une herméneutique erronée des textes de Vatican II, - à commencer pas la Presbyterorum ordinis (ndt: décret sur le ministère et la vie des prêtres, ici ), pourrait porter à voir dans le célibat un résidu du passé dont il faut se libérer. Et une telle position, en plus d’être erronée historiquement, théologiquement et doctrinalement, est aussi nuisible dans l’aspect spirituel, pastoral, missionnaire et de la vocation.

À la lumière du magistère pontifical il est nécessaire de dépasser aussi la réduction du célibat, très répandue dans certains milieux, à une simple loi de l’Eglise. En effet, c’est une loi seulement parce que c’est une exigence intrinsèque du sacerdoce et de la configuration au Christ que le sacrement de l’Ordre détermine. En ce sens, la formation, en dehors de tout autre aspect humain et spirituel, doit inclure une solide dimension doctrinale puisqu'on ne peut pas vivre quelque chose dont on ne comprend pas la raison.
En tout cas, le débat sur le célibat qu’on réanime périodiquement au cours des siècles, ne favorise certainement pas la sérénité des jeunes générations dans la compréhension d’une donnée aussi déterminante de la vie sacerdotale.
Jean-Paul II, dans Pastores dabo vobis (n. 29) (ndt: voir ici) rapportant le vote de l’assemblée synodale, affirme: « Le Synode ne veut laisser aucun doute dans l’esprit de quiconque sur la ferme volonté de l’Église de maintenir la loi qui exige le célibat librement choisi et perpétuel pour les candidats à l’ordination sacerdotale dans le rite latin. Le Synode demande que le célibat soit présenté et expliqué dans sa pleine richesse biblique, comme don précieux donné par Dieu à son Église, et comme signe du Royaume qui n’est pas de ce monde, signe aussi de l’amour de Dieu à ce monde, et de l’amour sans partage du prêtre à Dieu et au peuple de Dieu ».

Le célibat est une question de radicalisme évangélique. Pauvreté, chasteté et obéissance ne sont pas des conseils réservés d’une manière exclusive aux religieux. Ce sont des vertus qui doivent se vivrent avec une passion missionnaire. Nous ne pouvons baisser le niveau de la formation et, de fait, de la proposition de foi. Nous ne pouvons désillusionner le peuple saint de Dieu, qui espère des pasteurs saints comme le curé d’Ars. Nous devons être radicaux dans la sequela Christi (ndt: mot à mot la suite du Christ, la norme ultime de la vie religieuse), sans avoir peur de la diminution du nombre de prêtres. En fait le nombre baisse quand la température de la foi baisse parce que les vocations sont une affaire divine et non pas humaine. Elles suivent la logique divine qui est folie aux yeux des hommes.

Je me rends compte, évidement, que dans un monde sécularisé,il est de plus en plus difficile de comprendre les raisons du célibat. Mais nous devons avoir le courage, comme Église, de nous demander si nous voulons nous résigner à une telle situation, en acceptant comme inévitable la sécularisation progressive des sociétés et des cultures, ou si nous somme prêts pour une profonde et réelle nouvelle évangélisation, au service de l’Évangile, et pour cela de la vérité sur l’homme. Je considère, dans ce sens, que le soutien appuyé du célibat et sa valorisation adéquate dans l’Église et dans le monde peuvent représenter des chemins parmi les plus efficaces pour surmonter la sécularisation.

La racine théologique du célibat, donc, doit se trouver dans la nouvelle identité qui est donné à celui qui reçoit le sacrement de l’Ordre. La centralité de la dimension ontologique et sacramentelle, et la dimension eucharistique structurelle du célibat qui s'ensuit, représentent les milieux de la compréhension, du développement et de la fidélité existentielle au célibat.
La question, alors, concerne la qualité de la foi. Une communauté qui n’aurait pas le célibat en grand estime, qu’attend- elle du Royaume, quelle tension eucharistique pourrait-elle vivre ?

Donc, nous ne devons pas nous laisser conditionner ou intimider par celui qui ne comprend pas le célibat et voudrait modifier la discipline ecclésiastique, au moins en y ouvrant des fissures. Au contraire nous devons retrouver la conscience motivée de ce que notre célibat défie la mentalité du monde, en mettant en crise son sécularisme et son agnosticisme et en criant, dans les siècles, que Dieu existe et est présent.

© L’Osservatore Romano, 23 mars 2011

Carlota (suite)

Comme simple catholique du bout du banc, on ne peut que constater qu’aujourd’hui, où le sexe et les liaisons diverses et variées sont devenus le Veau d’Or de tous les activités humaines, un homme qui se donne entièrement à Dieu qui lui a fait le don de l’appeler à Son service et à celui de ses frères, accomplit la mission la plus difficile qui soit mais aussi la plus complète de foi.
(...) Dans notre société post-moderne où tout est fait pour permettre à l’homme (et à la femme) de se séparer, et surtout de ne pas contracter un mariage et encore moins de se jurer fidélité pour toujours, pourquoi donc s’acharner sur la situation de célibat du prêtre et remettre sans cesse la question sur le tapis alors que le débat a été battu et rebattu?

Mais je laisse la parole à un prêtre espagnol, actuellement à Rome où il prépare un doctorat en théologie, le Père José Antonio Fortea Cucurull (né en 1968). Il anime un blog qui n’est pas sans intérêt, même si je n’apprécie pas toujours le ton ironique, voire férocement ironique de son auteur qui me dépasse parfois.
---

Le col romain et la cravate - I et II – février 2011
(textes originaux: I et II)

À l’occasion du communiqué des 144 théologiens allemands (cf. L'appel des théologiens allemands), j’aimerais dire quelque chose.
Des prêtres peuvent se demander à quoi bon s’habiller en prêtre, en quoi cela a un sens. Et de dire qu’ils s’habilleront comme le reste des gens.
Ces prêtres peuvent se demander "et pourquoi n’allons-nous pas pouvoir nous marier? Marions-nous comme le reste de la population". Et ils se marieront.
Ces prêtres ensuite diraient fort raisonnablement: "j’ai une famille, je dois avoir un salaire en rapport". Et ils gagneront un salaire du même niveau que celui de n’importe quel autre travailleur.
Après ils diront: "Père évêque, si cela ne dépendait que de moi, je vous obéirais. Mais quand vous m’envoyez dans un autre lieu, il faut que je pense à ma femme et à mes enfants. Je ne peux déménager contre la volonté des miens".
Et puis ils diront : "En vérité je n’arrive pas à suivre avec le temps qu’avant je consacrais à la prière. J’aimerais bien rester des heures entières dans l’église, mais il y a le travail dans la paroisse, je dois aider mon épouse, je dois être avec mes enfants. Du bréviaire je ne peux même plus en parler".
Et aussi:
"Regardez, j’aimerais ne me consacrer qu’à l’Église. Mais je dois travailler pour rapporter un peu plus d’argent à la maison. Ainsi je donne un grand exemple de bon prêtre qui gagne sa propre subsistance. Je ne vais pas en perdre pour autant mon rang".

Si nous faisons du prêtre un homme comme les autres - qui s’habille comme les autres, qui mène une vie comme celle des autres, qui cesse d’être un homme consacré, un homme entièrement dédié à la prière, au mystère de Dieu et à la prédication de ce Mystère à ses frères, pour devenir un salarié d’un travail civil qui passe quelques instants de son temps libre à la paroisse - alors nous aurons non pas des prêtres, mais des animateurs de la communauté.
Le Royaume de Dieu n’aurait plus d’apôtres consacrés, mais des hommes ordinaires qui consacrent leur temps libre aux choses de Dieu et à la communauté.

* * *

Quand nous louons le processus à travers lequel le Saint Esprit a fait évoluer le sacerdoce dans son Église, il y en a toujours un qui sort la phrase sur le mariage de Pierre. C’est un classique.
Le processus a été porté à travers l’Esprit Saint, il n’a pas été seulement l’œuvre de mains humaines, des mains guidées par des critères humains. S’il en avait été ainsi, j’aurais pu me marier. Et ma curiosité d’être stimulée à l’idée de comment serait Madame Fortea. Si elle m’aurait supporté ou au contraire aurait été la femme la plus heureuse du monde. Mais c’est un autre sujet.
Et comme les prêtres pourraient se marier, nous pourrions aussi célébrer de nouveau les messes dans les maisons particulières, nous pourrions tuer un agneau après chaque messe en souvenir de la Cène Pascale, nous pourrions revenir aux anciennes pénitences publiques de l’Église primitive, nous pourrions nous vêtir de sac et de cendre. Ou même célèbrer la Fête des Tentes entre Catholiques, comme celle où tous vivaient dans des tentes autour de Jérusalem pendant quelques jours (ndt: référence à la fête juive). Une telle fête n’affecterait en rien la doctrine du dogme de l’Église.
On peut faire des centaines de réformes sans affecter la doctrine de l’Église, des milliers de réformes, des centaines de milliers de réformes. Mais il faut discerner quelles réformes sont contraires aux processus d’évolution que l’Esprit Saint a inspirés à Son Église. Le célibat est le mode optimal pour exercer le sacerdoce. Si la loi change dans le futur, seul Dieu le sait. Mais le célibat est le mode optimal pour exercer le sacerdoce. Cela ne change pas la belle-mère de Pierre qui pullule dans les pages de l’Évangile (ndt ça c’est l’humour à la Fortea !).

Évidemment que la loi de l’obligation de célibat peut être changée. Mais la question est si un tel changement se fait pour le bien ou non. L’Église resterait-elle la même avec tous ses curés mariés ou avec aucun d’eux mariés? Je n’ai jamais affirmé que cette loi dans le futur ne changera pas. Ce que j’ai uniquement affirmé c’est qu’on ne doit pas s'interroger au sujet de l’ordre de l’église à partir de protestations publiques.
Si un jour les canons de l’église sont changés, j’obéirai comme tout le monde. Et en moi il n’y aura aucun critique. Mais l’ordre ecclésial est une conséquence de la foi, un fruit de l’amour envers l’Église, un élément de plus qui montre que l’on suit le Christ.

La seule chose que je demande aux théologiens à la petite semaine, c’est qu’ils laissent en paix la belle-mère de Pierre. Elle-même est décidément en faveur du célibat. Je ne connais aucune belle-mère qui après quatre ou cinq ans de mariage de sa fille, n’aurait pas désiré que son gendre soit resté célibataire, ermite ou frère chartreux. (ndt re-sic humour à la Fortea)

* * *

Note de Carlota
----------------
Et voyons chez nous ce que dit l’abbé Hervé Courcelle Labrousse quand il parle du célibat des prêtres dans son blog qui répond avec simplicité et pertinence à plein de questions: http://reponses-catholiques.fr/...
Il s’exprime aussi ici: http://chemindesaintete.blog4ever.com/...

Le style de Benoît XVI Boscovich, foi et Science aux racines de l'Europe