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Soeur Rita et la Via Crucis du Saint-Père

La religieuse chargée par Benoît XVI de rédiger les méditations du Chemin de Croix du Colisée, répond aux questions de l'Avvenire. Un petit bijou d'émotion et de sensibilité (16/4/2011)

Les méditations de la Via Crucis 2011 présidée par Benoît XVI au Colisée vendredi prochain 22 avril, Vendredi Saint à 21 h 15, ont été composées à la demande du Saint-Père par Mère Maria Rita Piccione, Présidente de la Fédération des augustines (monastère romain des Quatre Saints Couronnés) (ESM)

Nous en avions parlé brièvement ici: Une femme pour les méditations de la Via Crucis.

Ici, Soeur Maria Rita a répondu aux questions de l'Avvenire (ma traduction d'après la version pdf ici).
C'est un petit bijou d'émotion: et on comprend qu'à travers elle, le Saint-Père a voulu rendre hommage à la fois au génie féminin, et à la foi des simples.


Une religieuse rédige les méditations de la Via Crucis
L'émotion et la peur, devant l'invitation de Benoît XVI; la préparation, les maîtres qui ont guidé son travail, de l'auteur des Confessions à André Louf.
La religieuse augustinienne à qui le pape a confié les méditations pour le rituel sacré du Vendredi saint au Colisée, raconte.
"C'est un service au Pape et à l'Eglise. Avant de commencer à écrire, j'ai prié, beaucoup prié".
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Monastère des Quatre Saints Couronnés, à Rome.
Une oasis de paix et de prière, située entre le Latran et le Colisée. Ici habite Sœur Maria Rita Piccione, une religieuse de saint Augustin, qui a été choisie pour composer les méditations qui accompagnent la traditionnelle Via Crucis du vendredi Saint, dirigée par le Pape.
Elle nous accueille dans des murs où l'on respire une histoire de plus de mille ans. Regard heureux, sourire éclatant, Sœur Rita, avec l'accent de sa Sienne natale (une maman originaire de Florence, et un papa de Messine) et un ton simple et sincère, ne semble toujours pas comprendre ce qui lui est arrivé.

- Soeur Rita, comment avez-vous appris que vous aviez été choisie?
- Comme Jean dans son Evangile, moi aussi, je me rappelle bien le jour et l'heure de ce petit appel. C'était le 1er Février, je venais de terminer la prière de la sixième heure (ndt: http://fr.wikipedia.org/wiki/Heures_canoniales) quand il y a eu le coup de téléphone du Secrétaire d'État, le Cardinal Tarcisio Bertone. J'ai pensé à un problème dans quelque monastère.

- Et ce n'était pas le cas.
- Non. Il m'informait que le Pape me demandait d'écrire les méditations. Je me suis sentie mal. Physiquement mal. J'ai essayé de me défiler. Mais son Eminence m'a dit: "Vous ne voulez pas dire non au Saint-Père..." Je me suis sentie encore plus mal.

- Quel a été le plus grand défi?
- Pour moi, l'écriture a toujours été un drame, dès le plus jeune âge. Je me suis inscrite dans un collège technique plutôt qu'au lycée, à cause de ce problème. Imaginez alors ma résistance, d'avoir à écrire pour le Pape.

- Et ensuite?
- J'ai demandé à pouvoir y penser, et surtout à prier un peu. Nous en reparlerons demain, a dit le cardinal. Et ce fut ainsi. En attendant, j'ai pris conseil. Et finalement, j'ai senti que je devais m'abandonner à la Providence. Et j'ai dit oui.

- C'était le 2 Février, jour de la Chandeleur.
- Journée de la Vie consacrée, un jour important! Cette petite histoire est parsemée de dates importantes. Le terme qui m'a été confié pour la livraison des textes était le 19 Mars, la solennité de saint Joseph, la fête du Saint-Père. Et le jour où a été rendue publique la mission confiée par le Pape était le 25 Mars, la solennité de l'Annonciation. C'est beau, non?

- Vous êtes vous demandée pourquoi c'est vous qui avez été choisie?
- Non, la raison pour laquelle j'ai été choisie, que je ne connais pas, n'est pas importante. L'important, c'est pour qui, à quelles fins, j'ai été choisie: pour fournir un service au Pape et à l'Eglise.

- Avez-vous déjà rencontré le Pape, même quand il était cardinal?
- Non, jamais. Je ne l'ai vu qu'à la télévision.

- Avez-vous été en contact avec lui?
- L'année dernière, lorsque dans les médias, mais pas seulement, une campagne contre le Pape avait été mené, au nom de toutes les religieuses augustines d'Italie j'ai écrit une lettre pour manifester, alors que les chroniques de l'époque réclamaient "les applaudissements des spectateurs pour la «passion» de notre Pierre, "notre participation sincère et attristée à cette page de persécution, ancienne et nouvelle, contre l'Eglise et son pasteur, humble Jésus sur la terre". C'était le 31 Mars.

- Vous avez reçu une réponse?
- Comme je ne savais pas comment faire pour écrire au pape un prêtre ami, Mgr Nicola Filippi, m'a conseillé d'envoyer la lettre par l'intermédiaire de l'évêque substitut, Mgr Fernando Filoni, lequel, le 20 avril, m'a écrit que le Saint- Père "nous remerciait pour la pensée attentionnée, signe d'affection et de vénération filiale, et pour les sentiments de fidélité à l'Eglise qu'elle laissait entendre." C'est le seul, mais précieux contact que j'ai eu avec le Pape avant d'être appelée à écrire les méditations.

- Comment vous êtes-vous coulée dans cette tâche?
- Le très gentil, Mgr Guido Marini (maître de cérémonies pontificales, ndlr) m'a donné, pour ainsi dire, les coordonnées techniques. A lui, j'ai demandé: mais si je n'y arrive pas, je suppose que vous avez un plan de secours? Il a souri. Il ne semblait pas que cela soit prévu.

- Et ensuite?
- Avant de commencer à écrire, j'ai prié. J'ai prié beaucoup. Et puis j'ai commencé. Je n'ai pas fait de grand études bibliques et théologiques, alors je me suis appuyée sur ce qui a coulé du cœur de ma pauvre foi. Je suis partie de la première station et ainsi de suite. J'ai suivi l'Evangile de Jean, avec le message de gloire qui naît de la Via Crucis. Et la première lettre de Pierre, là où il appelle à suivre les traces de Jésus: j'ai décrit ainsi chaque station, comme une empreinte que nous a laissée le Christ. Une empreinte qui permet aussi d'éduquer à la vie bonne de l'Evangile.

- De qui vous êtes-vous inspirée?
- De Saint-Augustin, en particulier dans le septième livre des Confessions, où il décrit l'humanité de Jésus, ses faiblesses, où il nous rappelle que «Eius infirmitas Magistra», que sa faiblesse est un enseignement. Et même du regretté André Louf, un moine (qui a écrit les méditations du Chemin de Croix du Pape en 2004, ndlr) qui a écrit quelques belles réflexions sur le "ontanda infirmitas« le faiblesse désirable, évoquée par saint Bernard.

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NDT: Le texte complet en italien, ainsi que quelques illustrations, ont été publiés aujourd'hui sur l'OR: viacrucis.pdf [246 KB]

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