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Le Pape à la télé: pourquoi pas une reprise?

Vittorio Messori a aimé "A Sua immagine", l'émission diffusée par la Rai le Vendredi Saint. Il explique pourquoi. Et rappelle que Jean-Paul II, qui a fini par co-signer avec lui un livre 'Entrez dans l'espérance' (1993), s'était dérobé au dernier moment à une interviewe filmée (28/4/2011).

-> Voir aussi:
Le Pape à l'émission de la RAI "A Sua immagine"

* * *

Le Pape à la télévision? Une heure de (sain et solide) catéchisme.
Vittorio Messori (http://www.et-et.it/.. , ma traduction)

Au-delà de l'enthousiasme de certains milieux cléricaux un peu naïfs - ceux pour lesquels tout choix du Vatican, même purement pastoral, doit toujours être applaudi - est-il vraiment positif que le pape aille à la télévision pour être interviewé? Est-ce positif, à la lumière du grand principe qui devrait guider toute l'activité de la Cattolica et par lequel se conclut - ce n'est pas par hasard - le Code de Droit Canonique: «Le salut des âmes est la loi suprême de l'Eglise»? Pour ce «salut», est-il vraiment bénéfique d'utiliser toutes les techniques et la technologie?

Si nous regardons l'histoire, la réponse semble être largement positive. Cette Eglise souvent soupçonnée de méfiance à l'égard des progrès, est en réalité, celle qui en Italie a introduit la typographie, avec l'imprimeries de la célèbre abbaye bénédictine de Subiaco. Pie IX adopta la photographie pour reproduire son portrait en plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, devenant ainsi le premier pape dont le visage était connu par les fidèles pas seulement à travers les gravures et les peintures, rares et souvent imprécises. A Don Bosco (largement encouragé par les papes), on doit les premiers best-sellers italiens: la série Le letture cattoliche, et l'almanach populaire Il galantuomo. Don Alberione, fondateur des Pauliniens, non seulement créa des journaux à grand tirage, mais aussi les grandes sociétés de production cinématographique à diffusion mondiale. Pie XII a été le pape de la radio, à laquelle il tenait à confier ses messages les plus importants. Le Pape Paul VI fut le Pape de la télévision en noir et blanc, avec un seule ou peut-être deux chaînes publiques. Jean-Paul II, qui comptait parmi ses nombreux charismes, celui d'acteur, a crevé les écrans désormais en couleur de centaines de chaînes devenues commerciales.

Mais, au-delà des ressources mises à disposition par la technologie et acceptée par l'Eglise pour exercer son ministère, est-il vraiment opportun que le Pape lui-même s'en serve, en plus sous la forme de l'interview?
Si je peux me permettre de citer un souvenir personnel, je me souviens que j'osai dire - avec une conviction égale au respect - toute ma pensée à Jean-Paul II quand il voulut me convoquer à ce qui était censé être la première interview télévisée, d'un pontife, et en plus, d'une heure! Puisqu'il me demandait un avis, je lui dis: «Votre Sainteté, je vous parle avec mon expérience de l'information. Accepter le genre, journalistique par excellence, de l'interviewe, c'est en accepter les lois: qui sont celles du "selon moi" ou "à mon avis". L' Information actulle veut seulement des opinions, et n'accepte certainement pas de dogme. Eh bien, maintenant plus que jamais, nous, croyants, comme les non-croyants en recherche sincère, nous n'avons pas besoin d'un opinioniste de plus (de ceux-là, nous n'avons que trop) mais d'un Maître. D'un homme qui ne dit pas «je pense que», mais qui parle avec autorité,qui ait le courage de dire "selon la révélation de Dieu"".

Peut-être que je me trompais, mais peut-être aussi que grâce à cet entretien, peu de temps avant l'enregistrement - alors que Pupi Avati, choisi comme réalisateur, mettait la touche finale dans le bureau papal de Castelgandolfo transformé en studio, l' annonce arriva que le projet avait été annulé. Il a ensuite été repris, encore une fois à l'initiative de Jean-Paul II, sous la forme moins risquée d'une interviewe, certes, mais écrite, destinée à un livre.

Il me semble que le problème ne s'est pas posé, ou de manière très atténuée, pour les "Domande su Gesù" (titre de l'émission de vendredi dernier) , dirigée hier de manière respectueuse mais sûre par le jeune Rosario Carello, dans "A sua immagine". En fait, plus que d'une interviewe, il s'est agi de sept questions posées par des «gens ordinaires», évaluées et communiquées à l'avance à Benoît XVI.
Plus que d'un produit journalistique, un excellent exemple de catéchèse.
Joseph Ratzinger met à profit, dans de telles occasions, son charisme spécifique: c'est-à-dire d'un grand théologien, qui, cependant, n'oublie pas son devoir de pasteur; l'intellectuel qui sait et dit des choses profondes, mais en essayant d'être compris par tous. Parmi les choses qui ont surpris ceux qui jugeaient cet homme selon de stupides préjugés (Grand Inquisiteur, Panzer Kardinal, rigide professeur Teuton ...) il y a l'attention qu'il sait capter non seulement auprès des jeunes mais aussi chez les enfants, aux demandes desquels il répond avec une simplicité pleine de sagesse.

Le problème du mal, le jeune homme dans un état végétatif, les horreurs de la guerre, la persécution des chrétiens, la résurrection de Jésus et la vie éternelle, le rôle de Marie dans la vie chrétienne. Questions et problèmes "de catéchisme" affrontées par Benoît XVI selon la perspective traditionnelle, mais éclairés par des expressions efficace (l'homme dans le coma comme "une guitare aux cordes coupées") ou des citation de Pères de l'Eglise (Grégoire de Nazianze: "Les paroles de la Sainte Ecriture croissent d'autant plus qu'on les lit" ou Augustin: "pour aimer, il faut connaître").

Aucun "à mon avis", donc aucun risque de réduire le pape à un chroniqueur de journal. Une heure rassérénante, et pour beaucoup - désormais ignorant l'abc chrétien - certainement instructive, au point de souhaiter une répétition, peut-être périodiquement.

Les laïcs eux aussi aimeraient peut-être découvrir comment un professeur devenu pape lit et explique le catéchisme.

© Corriere della Sera

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