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Ceux qui ont connu Karol le Grand

L'éditorial de Vittorio Messori, pour Il Corriere delle Sera. (29/4/2011)

Original en italien sur le site http://rassegna.camera.it/...
Ma traduction

La course à révéler l'anecdote personnelle
Les nombreux témoins d'une vie extraordinaire, et la vanité de ces jours-ci
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Certains ironisent déjà, et pourront le faire encore plus dans les prochains mois: des articles, des interviews écrites ou télévisées, des livres, sont tout juste sortis ou sortiront bientôt - les souvenirs de ceux qui l'ont accompagné comme moniteur de ski, qui lui ont servi de guide dans les excursions en montagne, qui, une fois, l'ont accueilli à la maison ou lui ont préparé à manger, qui ont échangé de paroles avec lui, qui l'ont encouragé dans son engagement politique, ceux qui ont organisé le service d'ordre dans telle occasion particulière, bien sûr "historique". Autour de la mémoire du bienheureux Jean-Paul II - dans quelques heures - les témoins se pressent, les presses d'imprimerie gémissent, les animateurs télé s'agitent. Certains collègues m'en font part, je l'ai dit, ironisant sur la participation de tant de gens en Allemagne, en Italie, en Pologne, mais aussi dans d'autres pays.
Quant à moi, malgré certains aspects un peu gênants, j'observe avec compréhension, sinon avec une pincée de sympathie, tous ceux qui veulent faire savoir qu'au moins, pour une fois, ils étaient là.

Comprenons-nous: d'abord, il ne faut pas oublier que Karol Wojtyla a vécu pendant 85 ans, pendant 14 ans, il fut archevêque de Cracovie, Pape pendant 27 ans, il a visité comme protagoniste 100 pays à travers le monde, et à ces voyages exotiques il faudrait également ajouter toutes les innombrables paroisses de son diocèse, Rome. Les gens de toutes les ethnies et cultures qu'il a reçus en audiences publiques et privées, ou ont été à sa table (il n'aimait pas manger seul) ou qu'il a appelé à sa messe privée à l'aube, pourraient presque remplir, s'ils étaient réunis, une place Saint-Pierre. En bref, peu d'hommes dans toute l'histoire, ont eu autant de possibilités de contacts, de connaissances, d'amitiés, d'expériences humaines de toutes sortes. Et puis, son attention à l'autre le portait à s'intéresser à des cas personnels, comme le chauffeur de la voiture qui le conduisait ou le pilote qui le transportait par hélicoptère, avec le même soin avec lequel il écoutait la grande terre qui attendait tout émus. Dans ses promenades en montagne, il ne se limitait pas à saluer les paysans qu'il rencontrait, mais entrait souvent chez eux, et même acceptait de goûter un peu de vin, ou une spécialité locale. Ceux qui l'ont connu à Cracovie rappellent qu'avec lui, le solennel palais archiépiscopal de Cracovie était devenu un port de mer et que pour chacun il prenait letemps de l'accueil et de l'écoute. Et ainsi, depuis toujours, depuis qu'il était un jeune prêtre de paroisse.

En somme, ne serait-ce que pour la «loi des grands nombres" , innombrable est la quantité des témoins potentiels de cette vie extraordinaire.

Mais cela doit être ajouté au charisme qui semblait l'entourer comme une sorte d'aura, et que tous ceux qui l'approchaient resentaient: le général Jaruzelsky lui-même, tout en se déclarant toujours obstinément athée, voulut en parler, en se présentant volontairement comme témoin au procès de béatification. Beaucoup, même, ont redécouvert la foi après l'avoir rencontré, et aucun puissant de ce monde, même hostile, n'osa jamais lui manquer de respect. Et, subjugué par cette personnalité, même des tyrans africains ou asiatiques ou d'Amérique du Sud ont convenu d'adopter des mesures de clémence.

Quand il mourut, il fut pleuré dans le monde entier, on n'avait jamais vu autant de délégations étrangères lors d'un enterrement et, instinctivement, beaucoup l'appelèrent, «Karol le Grand». Face à son cercueil, même ses opposants les plus idéologues baissèrent en silence leur étandard.
Si tel était l'homme, comment s'étonner - ou ironiser - si ceux qui l'ont rencontré sont si nombreux à vouloir nous dire combien il fut important pour eux l'espace d'un instant même éphémère, de proximité? Au fond, même des récits marqués par une certaine naïveté, ou peut-être un peu de vanité, peuvent aider à expliquer pourquoi, en si peu de temps, l'Église a voulu lui donner la gloire des autels et pourquoi tant de gens dans le monde sont en train de faire leurs valises pour Rome.

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Pour mémoire

La comparaison entre les deux Papes. Un rappel, pour ceux qui seraient tentés d'exploiter le "charisme" de Jean-Paul II en l'opposant à l'"austérité" de Benoît XVI...
En mars 2006, voilà ce que disait Vittorio Messori, interviewé dans le Corriere della Sera Magazine
(Source):

Benoît XVI est un homme qui n'aime pas les tribunes et les bains de foule, il a réduit de façon drastique les engagements publics. Cependant il fait ce que Wojtyla négligeait un peu : il étudie les dossiers. Une des accusations qui étaient faites à Jean-Paul II était de s'occuper beaucoup du monde, mais peu de l'Église : il n'avait ni le temps ni le désir d'étudier à fond les documents. Ratzinger est le contraire. École allemande, justement. On prend le temps pour le diagnostic avant de mettre au point le traitement».

- Question: Ensuite, il décide. Et il le fait lui-même. Au Vatican , tous en parlent comme de quelqu'un qui écoute chacun, mais ne délègue les choix à personne. Est-ce bien cela?
- Vittorio Messori: « C'est une autre différence par rapport à Jean-Paul II. 80 pour cents de ce que lisait ou publiait Wojtyla était l'oeuvre de son staff. Il supervisait. Jean-Paul II voulait être omniprésent, dans tous les domaines: s'occuper de tout et dire son mot sur tout. Poour cette raison, il était contraint de ne pas faire tout seul. Ratzinger, par contre, ce qui dit ,il "se l'écrit", à son bureau. Dans Deus caritas, on le comprend très bien : on le lit dans la syntaxe allemande, et on y retrouve son style. Mais la même chose vaut pour les occasions publiques. Dans sa boulimie de rencontres, Wojtyla recevait toujours quelqu'un : de la messe dans la chapelle privée à l'aube, aux dîners, aux réunions en rafale. Ratzinger non : il a réduit de 70% les audiences privées et a limité les voyages à trois ou à quatre par an, pas plus».

- Q: Voulez-vous dire que c'est un Pape moins accessible que son prédécesseur?
- VM: « Seulement dans un certain sens. Essayez de regarder les photos et les films de Wojtyla au milieu de la foule. On le voit serrer des milliers de mains, mais toujours au pas de course, en regardant peu les visage de ses interlocuteurs. Ratzinger non. Il regarde les gens dans les yeux, toujours. Il s'arrête pour leur parler, un par un. Il veut savoir qui est devant lui. Question de caractère, c'est clair. Mais pas seulement. Wojtyla était un "homme de chrétienté" : il voulait que l'Évangile soit annoncée aux peuples. Pour lui, la foule était sa maison. Ratzinger est un homme d'intériorité, un intellectuel post-moderne. Quelqu'un qui, s'il le pouvait, parlerait toujours et seulement les yeux dans les yeux».

La béatification de Jean-Paul II vue de France Benoit XVI: mon ami Jean-Paul II