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Audience à une délégation du B'nai B'rith

Les deux discours: celui de la délégation, et la réponse du Saint-Père (15/5/2011)

Les dirigeants du B'nai B'rith rencontrent le Pape Benoît XVI

Une délégation de haut responsables du B'nai B'rith International a rencontré le Pape Benoît XVI en privé au Vatican le 12 mai. L'audience papale est la dernière des rencontres entre le B'nai B'rith et les dirigeants successifs de l'Église catholique romaine, visant à faire progresser des relations positives entre catholiques et juifs.
Source: http://www.bnaibrith.org/...



Voici ma traduction du discours du Saint-Père, prononcé en anglais.
(Source: Vatican).

Chers amis,

Je suis heureux de saluer cette délégation de B'nai B'rith International. Je me souviens avec plaisir de ma précédente rencontre avec une délégation de votre organisation il y a cinq ans.

A cette occasion, je tiens à exprimer mon appréciation pour votre implication dans le dialogue judéo-catholique et en particulier votre participation active à la rencontre du Comité de liaison international judéo-catholique, qui s'est tenue à Paris à la fin de Février. Cette rencontre a marqué le quarantième anniversaire du dialogue, qui a été conjointement organisé par la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec les Juifs et le Comité juif international pour les consultations interreligieuses. Ce qui s'est passé dans ces quarante années doit être considérée comme un grand don du Seigneur et un motif de profonde gratitude envers Celui qui guide nos pas avec son éternelle et infinie sagesse.

La rencontre de Paris a confirmé le désir des catholiques et des juifs de s'unir pour relever les défis immenses auxquels font face nos communautés dans un monde qui change rapidement et, de manière significative, notre devoir religieux commun de lutter contre la pauvreté, l'injustice, la discrimination et le déni des droits humains universels. Il existe de nombreuses façons avec lesquelles les juifs et les chrétiens peuvent coopérer pour le bien du monde, conformément à la volonté du Tout-Puissant pour le bien de l'humanité. Nos pensées se tournent immédiatement vers les oeuvres de charité et le service aux pauvres et aux personnes dans le besoin; toutefois l'une des choses les plus importantes que nous puissions faire ensemble, c'est un témoignage commun de notre conviction profonde que chaque homme et chaque femme est créé à l'image divine (cf. Gn 1,26-27), et, donc, doté d'une dignité inviolable. Cette conviction reste la base la plus sûre pour tous les efforts pour défendre et promouvoir les droits inaliénables de chaque être humain.

Dans une conversation récente entre les délégations du Grand Rabbinat d'Israël et le la Commission Saint-Siège pour les relations religieuses avec les Juifs, qui s'est tenue à Jérusalem à la fin de Mars, on a insisté sur la nécessité de promouvoir une bonne compréhension du rôle de la religion dans la vie d'aujourd'hui, comme un correctif à une vision purement horizontale, et par conséquent tronquée, de la personne humaine et de la coexistence sociale dans les sociétés actuelles. La vie et le travail de tous les croyants doivent porter un témoignage constant de la transcendance, pointer vers les réalités invisibles qui se trouvent au-delà de nous, et traduire la conviction qu'une Providence aimante et pleine de compassion guide l'issue final de l'histoire, quelles que soient les difficulté et les menaces qui peuvent parfois sembler peser sur le chemin. Par le prophète, nous avons cette assurance: "Car je connais les projets que j'ai pour vous, dit l'Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et une espérance» ( Jr 29,11).

Avec ces sentiments, j'invoque sur vous et vos familles les bénédictions divines de la sagesse, la miséricorde et la paix.

Dans ce discours formel et banal, qui n'appelle pas de commentaires particuliers, et qui n'est probablement pas de la main du Pape, mais plutôt des bureaux de la Curie, je ne vois rien d'autre que l'expression d'une courtoisie normale dans ce genre de rencontre, dans la ligne des propos déjà tenus par le Saint-Père lors de sa visite à la Synagogue de Rome en janvier 2010, et de sa conception du dialogue interreligieux (passages soulignés).

Ce qui est plus intéressant, c'est de mettre ce discours en perspective avec celui qui avait été adressé auparavant au Saint-Père par le représentant du B'nai B'rith - auquel celui-là ne répond manifestement pas directement.
C'est ce qu'a fait Francesco Colafemmina, qui a eu la curiosité de chercher sur le site du B'nai Brith, le compte-rendu de la rencontre, et le discours de la délégation juive.

J'ai traduit les extraits cités par F. Colafemmina d'après la version en anglais sur le site du B'naï B'rith (en italique ci-dessous). Les soulignements sont de moi.

Le B'nai B'rith gronde le Pape et le remercie...
(Texte complet ici: http://fidesetforma.blogspot.com/...)
------------------
Le B'nai B'rith est une puissante organisation juive. Philanthropie et humanitarisme sont ses fondements. Certains la considèrent comme une franc-maçonnerie juive (ndt: je précise que ce n'est pas moi qui le dis!)...

Nous connaissons le message en anglais du Pape, qui a invoqué sur eux sa bénédiction, un message équilibré et de circonstances. Moins connues sont les revendications que les b'nai b'rithiens ont présenté au Pape et le véritable "agenda" qu'ils lui ont dicté. Lisons donc le communiqué du B'nai B'rith International :

"A Rome, la délégation a rencontré Gianfranco Fini, président de la Chambre italienne des députés et doit rencontrer l'Ambassadeur Stefano Stefanini, conseiller diplomatique du président Napolitano. Le groupe a rencontré le Cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical pour la justice et la paix et d'autres membres éminents du Vatican, dont le secrétaire d'État, le cardinal Tarcisio Bertone, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens et de la Commission des affaires religieuses avec les Juifs , et le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux. (...)."

Venons-en au message:

"La délégation - conduite par le président intérimaire du B'nai B'rith International, Allan J. Jacobs, et par le vice-président exécutif Daniel Mariaschin S. - a exprimé des inquiètudes sur les bouleversements sans précédent dans le Moyen-Orient et les défis qu'ils posent aux juifs et aux chrétiens, y compris la cruelle captivité de Gilad Shalit, âgé de 24 ans.

Question n°1: Comment peut-on comparer la violence contre les chrétiens au Moyen-Orient avec la capture de Gilad Shalit, à la suite de laquelle Israël déclencha contre Gaza le jour de la Saint-Etienne 2008 l'opération "plomb fondu"?
Mais poursuivons...

"Soulignant le programme nucléaire illicite de l'Iran et son soutien au terrorisme, les dirigeants du B'nai B'rith ont pointé le rôle des extrémismes religieux et politiques pour empêcher la paix régionale.."


Question n° 2: qu'est-ce que l'Iran vient faire là-dedans? Et pourquoi une nation dotée de 300 (estimation) ogives nucléaires devrait-elle se mêler du programme nucléaire civil de l'Iran? Et surtout, pourquoi raconter cela au Pape?

"Dans ses remarques au Pape Benoît, Jacobs a remercié le pape pour ses importantes déclarations passées sur la légitimité de l'État d'Israël et son droit à la légitime défense. Jacobs a également demandé au pape de préciser que la sévère condamnation d'Israël exprimée au cours de l'Assemblée Spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient ne reflète pas l'approche de l'Eglise envers l'Etat juif et que l'Eglise n'encouragera avec force que l'équilibre et l'attention à aborder les complexités de la région, tout en s'opposant aux versions partisanes et aux mesures montrant du doigt seulement Israël ou les Israéliens. Jacobs a noté en particulier l'affirmation du pape sur "le besoin légitime de sécurité et de légitime défense" d'Israël, et la déclaration selon laquelle le Saint-Siège s'unit "pour remercier le Seigneur afin que les aspirations du peuple juif à une maison et à la terre de ses aïeux soient respectés."

Notez donc le ton impérieux, la réprimande que le B'nai B'rith a adressé au Pape pour les déclarations du Synode des évêques sur Israël (1).
Continuons:

«Dans les discussions avec les membres de l'Eglise,
la délégation du B'nai B'rith a noté un certain nombre de points litigieux dans la relation entre les Juifs et les chrétiens, comme la prière du vendredi saint "pour la conversion des juifs" dans la Messe tridentine en langue latine, et le fait que les archives de la période de l'Holocauste soient toujours fermées. La délégation a également apprécié les mesures positives de l'Église, comme la réaffirmation récente de la répudiation par le pape de l'accusation séculaire anti-sémite de «déicide» et a pris note de la béatification du pape Jean-Paul II, qui a donné la priorité à l'amitié avec les Juifs".
.... (ndt: la suite est très intéressante, mais pas directement liée à mon propos).

Ce qu'il y a de choquant, c'est que les membres d'une association internationale juive puissent venir au Vatican pour dicter son agenda au pape Ratzinger, pour l'inviter à faire un distingo sur les conclusions du Synode des évêques, pour le remercier de la béatification de Jean Paul II (implicite condamnation de celle Pie XII...), pour le remercier de sa position en faveur de la "légitime" défense d'Israël ( ...), pour l'inviter encore une fois à réexaminer la prière du vendredi saint (déjà réformée par le pape) et l'ouverture des archives du Vatican.
C'est peut-être de la Realpolitik, une volonté d'écouter l'autre, mais ces rencontres au Vatican ne font rien d'autre que constituer des ingérences dans les affaires de l'Eglise profondément déplacées et plutôt offensantes.

Note

(1) Francesco Colafemmina met en lien un article de Repubblica daté du 24 octobre 2010, intitulé:
Le Synode des évêques contre Israël: Quittez les territoires des palestiniens!

"Il n'y a plus de peuple élu. Pour nous chrétiens, on ne peut plus parler de Terre promise pour le peuple juif. La Terre promise est la terre entière. On ne peut pas se baser sur cet argument pour justifier le retour des Juifs en Israël et l'exil des Palestiniens."
C'est avec une série de nouvelles dures déclarations contre les Juifs et Israël, émises à la conférence de presse de clôture par l'archevêque gréco-melkite aux États-Unis, Mgr Cyrille Salim Bustros, président de la commission qui a rédigé le message final, qu'a pris fin hier le Synode spécial sur le Moyen-Orient. Déclarations qui n'ont pas été reflétées dans le document remis au pape par les 185 pères synodaux, mais continuent de refléter l 'approche des évêques catholiques du Moyen-Orient envers Israël au cours des deux semaines de travail qui viennent de s'achever.
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