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L'affaire DSK: vue d'Italie

Echantillon de journalisme exemplaire, dans la Stampa. (17/5/2011)

-> Voir aussi:
Présomption d'innocence et théorie du complot

J'ai eu la curiosité d'aller voir ce qu'en disait les italiens. Certes, ils ne sont pas directement concernés, et n'étant pas à la source de l'information, on me dira qu'ils n'en savent pas plus que nous.
La première impression est que les journaux transalpins ne se sont pas passionnés. Quoi que nous en dise la machine médiatique française devenue folle depuis trois jours, la France de DSK n'est pas le centre du monde. Le seul journal qui a mis l'information en première page dès dimanche est La Stampa (qui n'est pas une feuille d'extrême-droite!), et avec un éclairage assez en marge: une journaliste y voit la fin des "avantages en nature" pour les hommes de pouvoir!
L'envoyé à NY, Maurizio Molinari, fait un compte-rendu simplement factuel, dans son blog "Fenêtre sur l'Amérique". Ni inutilement agressif (attitude assez rare, de ce côté des Alpes), ni outrageusement partisan. On aimerait lire la même chose en France.
Il relève en particulier que la mise en scène de DSK sortant menotté du commissariat est tout sauf un hasard - les cris d'orfraie de notre caste politico-médiatique n'y changeront rien! (1).

Article ici:
www.lastampa.it/...finestrasullamerica/..
Ma traduction.


Fenêtre sur l'Amérique:

Au poste de police de la 123e rue
Mise en scène de la débâcle de DSK
L'avocat met sur la table 1 million de dollars pour libérer son client. Le juge: "Non, il risque de fuire". Et il donne le feu vert aux caméras de télévision pour filmer dans la salle d'audience
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Menottes aux poignets devant le poste de police de Harlem face aux photographes, le visage sombre à la barre des accusés au tribunal de Centre Street, secoué au sortir de la salle de classe, conscient de devoir affronter un procès aux conséquences imprévisibles: ce sont des gestes et des expressions du Dominique Strauss-Kahn qui dévoilent les conséquences de la double défaite infligée par la justice new Yorkaise. Il souhaitait clore le dossier rapidement, il devra affronter un procès-spectacle.

Enfermé dans le poste de police de la 123e rue au cours de la journée de dimanche, Strauss-Kahn a tenté de faire valoir sa position du directeur du FMI pour se voir reconnaître une immunité qui aurait signifié sa libération immédiate, avec des excuses des agents. C'était le meilleur scénario, celui que ses avocats poursuivaient, dans leur duel avec ceux du procureur du district. On a été jusqu'à consulter le Département d'Etat, mais le résultat a été l'image de Strauss-Kahn, menottes aux poignets, tandis qu'il sort à pied de la porte donnant sur la 124e rue, exposé au flash des photographes et des caméras de télévision. Les agents de la «Special Victims Unit» (SVU, l'Unité spéciale des victimes), que Strauss-Kahn avait accusés d'avoir commis un acte illégal, lui ont accordé un traitement de star: poignets liés, bras maintenus dans le dos par les deux agents en charge de l'affaire, et un maximum de visibilité, pour lui faire comprendre que "Law and Order" valent pour tout le monde. Le tout juste à temps pour finir sur les couvertures des tabloïds, le lendemain. A 23 heures, dimanche - en Italie il était 5 heures du matin - le directeur du FMI encassait ainsi sa première défaite: ayant perdu la bataille de l'immunité, il ne pouvait plus éviter de comparaître devant un juge de Manhattan.

Passée la deuxième nuit en prison, cette fois au siège de la Cour pénale de Centre Street, le matin, Benjamin Brafman avocat de la défense a tenté de protéger son client avec un autre coup: liberté sous caution. Brafman était sûr de réussir, au point de pré-avertir les journalistes qui attendaient devant le tribunal: "Je sortirai par cet escalier avec mon client". L'audience, commencée à 10h, a été brièvement suspendue parce que Brafman a demandé à s'absenter, surprenant la juge Melissa Jackson et les employés du tribunal. Le coup de théâtre a servi à souligner la volonté de payer un million de dollars de caution pour la libération, qui aurait été versés par l'épouse de Dominique Strauss-Kahn, attendue à 13h à l'aéroport Kennedy. Mettre sur la table une telle somme visait à convaincre le tribunal de la détermination, y compris économique, de l'accusé à défendre son innocence, en raison du "prestige de la charge qu'il occupe", mais le représentant du bureau du procureur, John McConnell, a très vite démoli cette approche, soulignant que M. Strauss-Kahn "a été arrêté dans un avion en partance", "n'a aucune raison de rester à New York" et surtout "une fois en France, il n'y aurait pas moyen de le faire revenir ici". Plus McConnell assénait ses coups, plus la face du directeur du FMI se faisait sombre. Et quand le juge Jackson a refusé la caution, il a dû se rendre compte que l'attitude de défi, une fois de plus, s'était avérée contre-productive. D'abord les agents de la SVU, puis les hommes du procureur du district, et ensuite le juge Jackson ont rejeté la tentative du «suspects» de sortir rapidement des mailles de la justice, lui faisant comprendre qu'à New York, si une célébrité se met dans les ennuis, il devait faire face aux conséquences.

Quand McConnell l'a décrit comme "un accusé qui a agressé une femme de chambre et a fait de même avec au moins une autre femme", sur Strauss-Kahn a pesé l'ombre de la même infraction, entrant dans la catégorie des possibles "criminels en série". Si la stratégie de Brafman était de se débarrasser en vitesse de la justice de New York, faisant valoir le prestige personnel, la charge internationale et les disponibilités économiques de son client, le scénario qui se profile est désormais à l'opposé: un procès-spectacle évoquant ceux de Michael Jackson et de OJ Simpson, sur lesquels la police américaine compte pour leur haut pouvoir de dissuasion sur le public. Ce n'est pas un hasard que le juge Jackson a décidé d'autoriser les caméras dans la salle d'audience: l'intention est de donner une exposition maximale à l'événement.

Le premier à tirer les conséquences de la double défaite a été Brafman lui-même. Quelques minutes après que son client ait quitté la voiture, trahissant une grande tension, l'avocat s'est présenté devant les caméras, demandant "leur collaboration afin qu'un procès équitable soit garanti à mon client", admettant ainsi que le rôle des médias fera partie de la bataille juridique qui commence maintenant et qui met en jeu la réputation de M. Strauss-Kahn. A partir de la nouvelle audience, vendredi à Centre Street, la stratégie de défense devra être différente de ce que nous avons vu jusqu'à présent.

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(1) Les images de DSK menottés choquent, paraît-il, beaucoup de gens (ils ne sont pas obligés de les regarder!). Surtout "notre" presse, qui en fait des tonnes et milite contre des images "d'une intolérable cruauté"!! Une station de radio qui a fait de la défense de DSK une occupation à plein temps depuis trois jours, après avoir fait de la promotion de sa campagne une autre activité 24 heures sur 24, a invité ce matin deux éléphants de la mitterrandie, deux anciens ministres socialistes. Ces éminences réclamaient ni plus ni moins qu'une loi interdisant la diffusion, à l'avenir, de telles images (il paraît d'ailleurs que le CSA a été saisi).
Mais hier matin, le journaliste de cette même station qui annonçait la nouvelle, a répété à plusieurs reprises "je vous rappelle que ces photos sont à voir sur notre site xxx.fr"!
Comme le dit Yves Daoudal, "je n’ai jamais vu autant d’hypocrites au mètre carré".

En attendant, c'est la course aux abris, dans le milieu de l'édition:

Sauver l'homme prime l'écologie Benoît XVI en direct avec la station spatiale