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DSK: deux poids, deux mesures

Personne n'aurait l'idée de comparer le FMI avec l'Eglise. Les medias nous y obligent, d'une certaine façon. (19/5/2011)

La presse italienne bruit d'une nouvelle affaire de pédophilie, chez un prêtre gênois (opportunément sortie en même temps que la note de la CDF: cf. L'Eglise contre la pédophilie des clercs). Les faits semblent particulièrement atroces, il est question d'homosexualité, de drogue, et même de satanisme!!! (voir l'article d'Andrea Tornielli: http://2.andreatornielli.it/?p=1810 )
Je n'ai pas suivi cette affaire de près - d'autres s'en chargent - et j'ai déjà dit ce que je pensais de ces mauvais prêtres, en général des "seconds couteaux" (ce qui n'excuse évidemment pas leur infâme comportement), qui ont trahi leur mission, et chargé l'Eglise du poids de leurs fautes: il n'est pas question de les excuser (cf. en particulier: Affaires de pédophilie dans le clergé).
Mais pourquoi les medias leur accordent-ils un traitement différent de celui qu'ils réservent à leurs idoles (et à leurs turpitudes)?
Voici une réponse, lue dans La Bussola.

Si c'est valable pour l'Église, pourquoi pas pour le FMI?
Thomas Scandroglio
19-05-2011
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L'affaire Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international récemment accusé de viol, offre un nouvel exemple de la façon dont certains événements "a luci rossi" (ndt: littéralemnt "à lumières rouges", càd à caractère pornographique) sont gérés dans la perspective des medias - et pas seulement - d'une manière différente selon les sujets concernés.
Parallèlement à cette vilaine affaire de violence et de sexe, l'actualité s'occupe aussi de l'affaire d'un curé de Gênes, don Richard Sepia, accusé d'avoir abusé sexuellement de mineurs. Ce nouvel épisode de pédophilie, qui est toutefois encore passée au crible par les enquêteurs, a déclenché une nouvelle levée de boucliers contre l'Eglise. Et ainsi, dans l'imaginaire collectif, les événements de Gênes ont ravivé le lien désormais établi "Eglise-pédophilie."
En substance, il y a une sorte d'identification implicite entre la conduite inique de l'individu et la responsabilité de l'Église catholique romaine envers ce même comportement. Étant donné que certains prêtres sont des pédophiles, l'Église est elle-même pédophile. Donc, les dirigeants ecclésiastiques doivent pourvoir à réparer les dégâts et demander pardon au nom de l'Eglise.

Équations manquantes.
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Qui sait, cependant, pourquoi dans l'affaire Strauss Kahn, personne n'a songé le moins du monde à réclamer que le FMI demande pardon et fasse amende honorable pour les actions honteuses de ce dernier.
Entre autre, nous ne parlons pas ici du dernier des fonctionnaires du Fonds, mais du directeur général, le n°1. Pour tenter un parallèle: monsieur Kahn (sic!) n'est pas le dernier «curé» de campagne de cet organisme international - il ne s'agit pas d'un quelconque don Riccardo Sepia - mais c'est un "cardinal" de gros calibre, si on peut s'exprimer ainsi. (ndt: et virtuel "futur" président de la République française!)
Evidemment, le FMI se gardera bien de présenter des excuses pour la conduite de son directeur excipant à juste titre du "Nous ne sommes pas responsables du comportement privé de nos dirigeants". Et en effet dans les affaires pénales les fautes sont toujours attribuées à l'accusé qui les a commises, de même que dans le domaine moral et théologique, et non à des tiers.

Les hommes sont pécheurs, pas l'Eglise.
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Mais alors la question se pose: pourquoi l'Eglise, encore récemment, par la bouche de son représentant principal, le Saint-Père, ressent-elle le besoin de faire une demande de pardon pour les actions certes pas limpides de certains de ses prêtres et évêques? Une réponse convaincante peut être trouvée dans "Mémoire et réconciliation" de la Commission théologique internationale, un document voulu par Jean-Paul II pour purifier la mémoire des croyants des scories des péchés commis dans le passé et dans le temps présent. Dans le document, il est précisé d'abord qu' «il faut distinguer entre la sainteté de l'Eglise et la sainteté dans l'Eglise, [...] entre la fidélité indéfectible de l'Eglise et les faiblesses de ses membres". L'Église est sainte parce que Corps mystique du Christ, qui ne peut donc pécher, mais qui pourtant dans son sein "renferme des justes et des pécheurs." Donc, l'Eglise demande pardon, non pour ses péchés, qui n'existent pas et n'existeront jamais, mais pour les péchés des hommes dont elle prend soin. Les raisons pour lesquelles l'Eglise demande pardon pour les péchés des autres peuvent être les suivantes.

1. La loi de la charité.

La demande de pardon pour les actes de tiers ne provient pas d'une présumée responsabilité de l'Eglise pour un défaut de vigilance, mais à cause de la loi suprême de la charité, à l'exemple de la conduite du Christ, qui a porté nos péchés, bien qu'il fût sans tache. L'Eglise courbe donc la tête comme un père qui demande pardon à la place de son fils et doit supporter les conséquences de ses erreurs, même si le père n'est responsable en aucune façon des péchés du fils. Et en effet, le cardinal Bagnasco, président de la CEI et archevêque de Gênes, a parlé de la récente affaire d'abus sur mineurs commis dans son diocèse: "Grande douleur, comme pour n'importe quel père qui voit un fils - comme tout prêtre - qui n'est pas fidèle à sa vocation". Un père, cependant, qui punit sévèrement son enfant comme l'Eglise le fait à l'heure actuelle dans les cas de pédophilie.

2. L'arbre qui pousse de travers, on ne le redressera plus.
La dernière note du bureau de presse du Vatican a également mis l'accent sur le fait que dans le choix des candidats au sacerdoce, il faudra être particulièrement attentif pour comprendre si l'aspirant prêtre présente une structure psychologique et caractèrielle particulièrement harmonieuse. Il s'agit d'éviter, entre autres choses, qu'on puisse incriminer les institutions ecclésiastiques de la responsabilité de ne pas avoir remarqué que dès le séminaire, le jeune homme ne possédait pas toutes les cartes pour accéder au sacrement de l'Ordre.

3. Un lien mystérieux de solidarité.
Ensuite, il y a une deuxième raison pour la demande de pardon. Il y a un lien très mystérieux de solidarité qui unit tous les baptisés de tous les temps. C'est un peu comme si chaque personne baptisée était un vase communiquant avec toutes les autres personnes baptisées existantes, ayant existé et qui existeront sur la terre. Et comme si les mérites et les fautes d'un croyant résonneront de façon énigmatique dans le cœur de tous les autres croyants. En vertu de cette communion très particulière entre les fidèles "la sainteté et le péché dans l'Église se retrouvent donc dans leurs effets sur l'Eglise tout entière". Alors l'Eglise cruellement touchée par les conséquences de nos erreurs, n'y reste pas indifférente, mais "avec une solidarité maternelle, elle assume le poids des péchés de ses enfants". Elle demande donc pardon, non pas par un lien de responsabilité, mais par un lien de solidarité avec les pécheurs. En outre, toujours à cause de ce lien de solidarité et de compassion, l'Église, même si avec prudence elle démet de leurs fonctions quelques prêtres coupables d'abus graves, ne les abandonne pas à leur sort, mais, dans un esprit de pitié chrétienne, continue de prendre des soin d'eux avec amour. Ce n'est pas comme le FMI, qui a réclamé la démission de Kahn en laissant entendre qu'à l'avenir, le Fonds ne voulait plus rien avoir à faire avec lui.

4. Des raisons pastorales.
Une autre raison de la demande de pardon, c'est que l'Eglise entend, autant que possible, éviter les déchirures sociales et les ressentiments privés résultant de ces scandales, qui pourraient détourner les fidèles de l'Eglise elle-même. En bref, elle regarde toujours vers l'avenir, ne voulant pas se laisser entraîner dans des polémiques sans fin, en prenant soin des cœurs et des sensibilités de ses fidèles. À cet égard, Bagnasco a affirmé "l'évêque, qui est le père et le pasteur, est responsable de sa propre communauté".

5. Non pas devoir moral, mais choix vertueux .
En résumé, l'Eglise, en la personne de ses représentants sur terre, demander pardon non pas pour remplir un devoir moral qui n'existe pas: elle n'a aucune obligation de présenter des excuses pour quoi que ce soit parce qu'elle n'a jamais rien fait de mal. Mais elle demande pardon, comme un choix libre qui excelle dans la vertu de justice. La justice est la disposition constante de la volonté d'assigner à chacun son dû. Dans ce cas, "son dû" est la réparation du dommage qui passe aussi par la demande de pardon. Une réparation à laquelle veut s'accier, avec le coupable, l'Eglise, gratuitement, même si ce geste n'est pas juste pour elle.

6. Réciprocité.

"Il est toujours souhaitable - poursuit le document Mémoire et réconciliation - que chaque demande et offre de pardon soit marquée du signe de la réciprocité".
Dans ce passage de la Commission théologique internationale, on ne devrait pas voir le visage maussade d'un enfant enclin à la vengeance, mais le visage grave et sévère de la justice, laquelle prétend qu'à des cas identiques ne s'appliquent pas des instruments de mesure différents.
D'où la conclusion en forme de provocation, même si elle a la saveur naïve d'une fable: à quand les excuses du Fonds monétaire international?

Benoît XVI en direct avec la station spatiale Sur DSK: la voix de l'Eglise