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Indignés?

Carlota a traduit un article d'Eduardo Arroyo (déjà rencontré dans ces pages) qui se méfie beaucoup des prétentions apolitiques du soi-disant printemps madrilène. S'il y a bien une spontanéité et des revendications légitimes, on peut craindre, à la façon dont les médias ont pris l'affaire en main, que tout cela ne soit pas innocent... (25/5/2011)

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Carlota

Eduardo Arroyo qui tient un blogue intitulé « Globalisation » sur le portail généraliste espagnol « El semanal digital » revient sur les manifestations espagnoles, « the Spanish Revolution », « le mai 2011 espagnol », « Le printemps ibère ». Comme à son habitude il est impitoyable mais il donne des éléments complémentaires très intéressants sur les médias.
C'est le moment de rappeler que «Les faux dissidents se reconnaissent parce qu’ils jouissent d’un espace médiatique dont les vrais dissidents peuvent seulement rêver » (cf. benoit-et-moi.fr/2011-I/..).
Propos désabusés qui méritent cependant d’être signalés, même si c’est dommage pour les jeunes gens sincères de la Porte du Soleil ou d’ailleurs. Mais seule la vérité peut aider à rendre libre. (Original ici)



Indignés ?
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Bien que «l’occupation » des « indignés » semble être en train de renverser la campagne électorale, il y a beaucoup de points obscurs dans toute cette affaire.

Le pire de tout est leur prétention à être «apolitiques ». Tout d’abord, au moins au départ, je salue toute initiative tendant à remettre en cause un système qui ne sert ni le peuple espagnol, ni ses intérêts, et ensuite, une classe politique qui s’est constituée en un pouvoir distant et intouchable, malgré les va-et-vient des élections. Ce pouvoir se trouve en plein accord avec le processus de mondialisation qui prétend soumettre l’ensemble des peuples aux intérêts du capitalisme global. C’est quelque chose qui va donc beaucoup plus loin que la simple économie, étant donné qu’il consiste à imposer la philosophie de la vie la plus en adéquation possible pour que l’outil de domination remplisse sa fonction. Dans le fond, derrière tout cela, il y a une lutte à mort pour la conception de l’être humain, - une anthropologie, à rapprocher du frauduleux schéma marxiste d’une infrastructure économique qui gouverne la superstructure culturelle, religieuse et idéologique. (…)

Mais à mon avis, le plus important, c’est d’examiner l’environnement politique, social et médiatique qui entoure l’évènement – à commencer par la prétendue paternité du mouvement en la personne de Stéphane Hessel - ce diplomate et homme politique français qui croit que la correction du monde doit se faire depuis la gauche. […]
Dans les écrits de Hessel on peut lire les uns après les autres tous les clichés de la gauche à l’échelon planétaire, qui non seulement ne servent à rien pour corriger le monde et ses problèmes, mais sont une partie active du processus de crise dans lequel nous nous trouvons, et en plus font le jeu du capitalisme global. (…)

Deuxièmement il est important d’étudier la réaction du complexe médiatique de gauche.
Jusqu'à il y a peu, on disait du Groupe Prisa (Ndt: le plus gros groupe de presse hispanophone, de télévision, communication, édition, etc. Il est présent dans 22 pays hispanophones et lusophones. Il a même 15% du capitale de notre journal « le Monde » !) qu’il était l’unique groupe éditorial qui avait un parti politique, en l’occurrence le PSOE (Zapatero). Il est maintenant clair que la relation du PSOE avec un vaste complexe économique n'est pas seulement commerciale et actionnaire mais surtout, idéologique. Malgré la lutte de Prisa et de Mediapro (ndt autre groupe espagnol mais d’origine barcelonaise. A notamment la chaîne TV Sexta, le journal Público, il est aussi présent au Portugal, en en Roumanie…) pour des questions économiques, au final, les deux complexes médiatiques abondent dans les mêmes thèmes, idées et solutions.

Adversaires, peut-être en ce qui concerne le commercial, ils ne le sont absolument pas dans le domaine idéologique et, c’est précisément ce facteur idéologique déterminant qui transcende le lien simplement commercial d'entreprises différentes.
Le problème est que, aujourd’hui, le plus grand conglomérat idéologico-médiatique qui existe en Espagne, se répand en compliments sur les « indignés » de la Porte du Soleil. Il n’y a qu’à feuilleter, par exemple, les pages du quotidien « Público » pour se rendre compte de cette sympathie envers ceux qui campent sur la place. Et comme c’est logique, la couverture du groupe idéologico-médiatique cité qui soutient le gouvernement s’étend aussi à d’autres groupes connexes, comme par exemple l’IU (ndt IU, pour Union de la gauche dans laquelle s’est fondu le Parti Communiste Espagnol), ce qui porte à suspecter l’existence d’une manipulation de la part des éléments de la gauche qui prétendent vendre leurs pommades de toujours.

Dans ce sens, le quotidien « El País » du 20 mai nous informait de quelques unes de leurs « revendications concrètes » : par exemple, l’abolition des « lois injustes », comme celles gérant l’entrée et la présence des étrangers non communautaires, ou la Loi des Partis ; ou [au contraire] la défense de la Troisième République et de la « mémoire historique » (Ndt loi très contestée qui pour ses détracteurs n’a qu’un but réécrire l’histoire de l’Espagne des années trente et jusqu’à la mort du général Franco, au profit de la gauche et de l’extrême gauche et non pas présenter les faits, tous les faits, selon des critères d’historiens et non pas idéologues). Apparaît aussi la vieille démagogie, en partie fausse, de la « séparation totale de l’Église et de l’État » et du rêve ancestral de l’extrême-gauche de reléguer la religion, surtout catholique, majoritaire en Espagne, « seulement à l’intimité ». Pour ce voyage, il n’y a pas besoin de bagages, et il n’est pas étonnant de retrouver le Parti Communiste d’Espagne qui s’est empressé d’essayer de monter à bord du navire et de donner un coup de jeune à ses propositions sclérosés.
Certes, tout n’est pas ainsi et il y a des questions, formulées de manière plus ou moins imprécises mais avec un fond certain : réclamer un « sauvetage » pour les familles expulsées (ndt crise de l’immobilier notamment) et non pour les banques, ou la dénonciation du manque de démocratie interne des partis, de ces partis qui ont sans cesse le mot « démocratie » à la bouche, sont des propositions non exemptes de fondement.

Et c’est vrai qu’en Espagne, le terrain est fertile en questions de ce type. La classe politique et le régime de 1978 ont échoué à résoudre des problèmes qui dans la vie quotidienne des Espagnols sont absolument urgents.

En somme, la seule chose qui puisse faire qu’à moyen ou long terme, une mobilisation porte ses fruits, ce sont les idées, et en outre que ces idées aient de la consistance en elles-mêmes, qu’elles ne soient pas un galimatias de choses évidentes mais auxquelles on a rajouté celles de toujours.
(...)

Prétendre que la réponse doit venir de ce “centre” politique, qui n’est que la défense éhontée des prétentions néo-libérales à outrance, n’est rien d’autre qu’une imposture... Aujourd’hui, ce qui est authentiquement révolutionnaire et brise-tout c’est la défense des États - Nations et de l’identité des peuples. Cela inclut la dimension spirituelle de l’homme, vécue de l’extérieur comme de l’intérieur, sans laquelle il ne peut vivre, et non une espèce de mollasserie « humanistoïde O.N.Giste», faite à la mesure des lieux communs internationaux des divers gauches et « centres ». Le reste n’est qu’un autre des masques que le capitalisme mondialiste adopte selon ce que les circonstances exigent.

En conclusion, il faudrait rappeler Antisthène, fondateur de l’école cynique (ndt philosophe grec, vers 390 avt JC) qui, lorsqu’on lui notifia que « le nombre de ceux qui le louaient était grand », répondit : « J’ai peur d’avoir fait un certain mal ».



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