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La Pentecôte des Roms et des Sintis

vue par Massimo Introvigne: il "relit" la mémorable rencontre du Saint-Père avec les tsiganes du samedi 11 juin à la lumière de son expérience personnelle dans un organisme européen qui s'occupe en particulier de l'intégration des Roms (13/6/2011)

-> Massimo Introvigne a récemment abordé le thème des ROMS le 15 février 2011: Le Pape a parlé des Roms (http://benoit-et-moi.fr/2011-I/.. )

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Images sur le Benetto XVI Forum.
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Le mandat de Massimo Introvigne à l'OSCE contient en particulier "la problèmatique liée à l'intégration des Roms et des Sintis dans les cinquante-six pays participant à cette organisation internationale".
Son explication de texte (minutieuse, comme toujours) est donc doublement intéressante. A ce titre, et bien sûr, et comme observateur habituel attentif et grand connaisseur de la pensée du Pape.


Article en italien ici: La Bussola.
Ma traduction.

La Pentecôte des Roms et des Sintis
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Samedi 11 Juin, veille de la Pentecôte, Rome a été le théâtre d'une grande manifestation de gens venus de toute l'Europe dans la Ville Eternelle, pour écouter une parole d'espérance. Les lecteurs d'autres journaux pourraient penser à un énième article sur la rencontre homosexuelle Europride, dont on n'a que trop parlé. Mais pour les catholiques qui lisent la Bussola, l'événement vraiment important du 11 Juin à Rome a été le pèlerinage de milliers de Roms et de Sintis venus chez le Pape à Rome pour célébrer le cent soixante-quinzième anniversaire de la naissance et le cinquantième anniversaire du martyre de "leur" bienheureux, Zefirin (Ceferino) Giménez Malla (1861-1936).

Le pèlerinage a été une véritable et historique, Pentecôte des Roms et des Sintis, une manifestation de cette universalité de Église que le pape a rappelé dimanche 12 Juin dans son homélie de Pentecôte: une universalité qui "n'est pas le fruit de l'inclusion successive de plusieurs communautés. Dès le premier instant, en effet, le Saint-Esprit l'a créé comme l'Eglise de tous les peuples; elle embrasse le monde entier, transcendant les frontières de race, classe, nation; elle brise toutes les barrières et unit les gens dans la profession du Dieu un et trinitaire. Dès le début, l'Eglise est une, catholique et apostolique: telle est sa vraie nature et c'est en tant que telle qu'elle doit être reconnue. Elle est sainte, non pas grâce à la capacité de ses membres, mais parce que Dieu lui-même, avec son Esprit, la crée, la purifie et la sanctifie toujours".

Les paroles que le pape Benoît XVI a adressées aux Roms et aux Sinti étaient pourtant très attendues: de moi aussi - je l'avoue - qui, en tant que Représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme et la discrimination religieuse, ai dans mon mandat la problèmatique liée à l'intégration des Roms et des Sintis dans les cinquante-six pays participant à cette organisation internationale. Dans un article paru dans la Bussola (ndt: ici), j'ai rappelé que l'OSCE a son propre "plan d'action pour les Roms", et que, dans le cours de mon mandat, de ce plan, j'ai choisi deux priorités: un dialogue avec les Etats afin que l'intégration de la population, du point de vue du logement et de la scolarité, dépasse la notion de «nomades» - puisque de nombreux Roms ont quitté la vie nomade et vivent au même endroit depuis des décennies - et un effort afin que, lorsqu'on évoque l'Holocauste, on explique toujours, en particulier dans les écoles, qu'à côté de la Shoah juive, il y a eu le Porrajmos, l'extermination des Roms qui fit au moins trois cent mille morts.

Rappeler que de nombreux projets nazis d'extermination parlent à la fois de "Juifs et des Tziganes" contribue également à mieux comprendre les racines de l'infâme logique raciste hitlérienne. Et permet de distinguer l'antisémitisme racial nazi du traditionnel anti-judaïsme européen fondé sur la religion, sans exclure la responsabilité du second pour créer dans certains pays un climat qui a favorisé le succès d'idéologies racistes, qui, toutefois étaient de intrinsèquement différente de tout acte d'hostilité au judaïsme motivé par la religion, comme en témoigne l'inclusion dans le projet de «solution finale» des Roms et des Sintis, qui étaient en grande partie chrétiens.

Mon choix des priorités n'a rien de particulièrement original. De nombreuses voix dans l'Église catholique et les organisations internationales proposent depuis des années des recommandations semblables. Le Pape lui aussi, le 11 Juin, a repris les deux mêmes priorités, mais en a ajouté une troisième, pas moins importante que les deux premières.

Benoît XVI a d'abord invité chacun à se rappeler la tragédie qui a touché les Roms et les Sintis "durant la Seconde Guerre mondiale: des milliers d'hommes, femmes et enfants ont été sauvagement assassinés dans les camps d'extermination. Ce fut - comme vous le dites - le Porrajmos, le "grand dévorement", un drame encore peu reconnu et dont on mesure avec difficulté les proportions, mais que vos familles ont gardé imprimé dans leur cœur... Lors de ma visite au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, le 28 mai 2006 - a dit le pape - j'ai prié pour les victimes de la persécution et je me suis incliné devant l'inscription en romani, qui rappelle ceux des vôtres qui sont tombés. La conscience européenne ne peut pas oublier tant de douleurs! Que plus jamais votre peuple ne soit victime de vexation, de rejet et de mépris".

Roms et Sintis ont également été victimes de discrimination et persécutions - certes moins mortelles que le Porrajmos - également par les régimes communistes. C'est dans ce contexte que se situe le pèlerinage à Rome: la mémoire du bienheureuse Zefirin, un Rom, tertiaire franciscain et catéchiste inlassables de son peuple, qui est mort fusillé par les Républicains pendant la guerre civile espagnole, avec le chapelet dans ses mains et en criant "Vive le Christ Roi". "L'amitié avec le Seigneur, a dit le Pape, a fait de ce martyr un témoin authentique de la foi et de la charité. Par l'intensité avec laquelle il adorait Dieu et découvrait sa présence dans chaque personne et dans chaque évènement, le bienheureux Zefirino a aimé l'Eglise et ses pasteurs. Tertiaire franciscain, il est resté fidèle à son être tsigane, à l'histoire et à l'identité de sa propre ethnie. Marié dans la tradition tsiganes, avec sa femme il décida de valider le lien dans l'Eglise avec le sacrement du mariage. Sa foi religieuse profonde trouva son expression dans la participation quotidienne à la Messe et la récitation du Rosaire. Justement la couronne, qu'il gardait toujours dans sa poche, devint la cause de son arrestation et fit du Bienheureux Zefirino un authentique «martyr du Rosaire», qu'il ne se laissa pas ôter de la main, même face à la mort".

De la mémoire du Bienheureux Zefirin, le Pape est passé au second point: l'intégration, laquelle doit tenir compte qu'aujourd'hui "de nombreux groupes ethniques ne sont plus nomades, mais cherchent la stabilité, avec de nouvelles attentes face à la vie". "La recherche d'un logement et d'un emploi décent, a affirmé le Pape, et l'éducation de vos enfants sont les bases sur lesquelles construire l'intégration dont vous tirerez bénéfice, vous, et la société toute entière", une intégration que les institutions peuvent et doivent soutenir. Le Pape, cependant, s'est tenu à l'écart de toute rhétorique de victimisme, qui dans ce domaine fait souvent de graves dégats, rappelant aux Roms et aux Sintis que l'intégration ne peut pas venir uniquement de l'extérieur mais qu'elle exige un réel effort de leur part. La réinstallation dans des logements qui dépassent la logique du «nomadisme», et donc des camps nomades et l'éducation des nouvelles générations sont des processus qui rencontrent des difficultés qui découlent des gouvernements, mais souvent aussi des Roms eux-mêmes.

"Donnez, vous aussi - a dit le Pape - votre collaboration active et sincère, afin que vos familles s'insèrent dignement dans le tissu social de l'Europe! Parmi vous, nombreux sont les enfants et les jeunes qui désirent s'instruire et vivre avec les autres et comme les autres. Je les regarde avec une affection particulière, estimant que vos enfants ont droit à une vie meilleure. Que leur bien soit votre plus grande aspiration!". Le Bienheureux Zefirin, a ajouté le Pape, "montre le chemin", qui comprend "l'observance des commandements, l'honnêteté, la charité et générosité envers les autres". Si à l'Europe, il réclame une réflexion afin que les pages sombres des camps d'extermination ne se reproduisent jamais, le Pape lance aussi un appel aux Roms et aux Sintis eux-mêmes: "De votre côté, recherchez la justice, la légalité, la réconciliation, et essayez de de ne jamais être à cause de la souffrance des autres".

Il y a un troisième point, loin d'être secondaire, qui ne relève pas du mandat des organisations internationales, mais qui est au cœur de la mission de l'Eglise. La force la plus puissante d'intégration est la religion. Parlant avec les Roms, comme cela m'est arrivé souvent récemment, on découvre que beaucoup d'entre eux ont l'impression - en partie injuste, mais répandue - que les catholiques engagés dans leurs communautés, s'occupent principalement de promotion humaine, tandis que ceux qui parlent de Jésus-Christ et offrent l'Evangile aux non-chrétiens sont le plus souvent issus des communautés protestantes pentecôtistes - très présentes chez les Roms, notamment en France - ou des nouveaux mouvements religieux. Paradoxalement, de nombreux Roms nés catholiques continuent à se tourner vers des organisations religieuses pour la protection de leurs droits, mais ensuite assistent à l'office des Pentecôtistes ou les Témoins de Jéhovah en matière de religion. Le Pape a appelé les Roms et les Sintis catholiques à renforcer, toujours en suivant l'exemple du Bienheureux Zéphyrin «le dévouement à la prière et en particulier au chapelet, l'amour de l'Eucharistie et des autres sacrements", assurant que ceci "vous rendra forts, devant le risque que les sectes et autres groupes ne mettent en péril votre communion avec l'Église".

Benoît XVI a voulu lancer un appel pressant aux roms catholiques et aux organisations ecclésiales qui oeuvrent à leur service afin que que, sans négliger la promotion humaine, ils n'oublient pas la priorité de l'annonce et de l'évangélisation. Il a rappelé que "le Serviteur de Dieu Paul VI (1897-1978) s'est adressé aux Tsiganes en 1965, avec ces mots inoubliables: "Vous, dans l'Eglise , vous n'êtes pas en marge, mais à certains égards, vous êtes au centre, vous êtes au coeur. Vous êtes dans le cœur de l'Église".
Moi aussi, aujourd'hui, avec affection, je répète: vous êtes dans l'Eglise... L'Église marche avec vous et vous invite à vivre selon les exigences rigoureuses de l'Évangile", selon "l'amour pour l'Eglise et le Pape": "
vous aussi vous êtes appelés à participer activement à la mission évangélisatrice de l'Eglise, promouvant l'activité pastorale dans vos communautés".

"Nous sommes - a conclu le Pape - à la veille de la Pentecôte, quand le Seigneur répandit son Esprit sur les Apôtres, qui commencèrent à annoncer l'Evangile dans les langues de tous les peuples. Que le Saint-Esprit déverse ses dons en abondance sur vous tous, vos familles et vos communautés éparses à travers le monde et fasse de vous des témoins généreux du Christ ressuscité. Que Marie Très Sainte, si chère à votre peuple et que vous invoquez comme "Amari Devleskeridej», «Notre Mère de Dieu", vous accompagne sur les routes du monde et que le Bienheureux Zefirino vous soutienne par son intercession".

Il peut sembler que le Rosaire, l'amour pour Marie, l'Eucharistie, le Pape sont des thèmes éloignés des dures nécessités quotidiennes des Roms et des Sintis. Mais d'un certain point de vue, c'est là, au contraire que réside une part importante de la solution à leurs problèmes.
En langue romani, Benoît XVI a salué la foule des Roms et des Sintis avec la traditionnelle salutation: "O Del del tumén sastimós te baxht acén e Devlesa", ("Que le Seigneur vous donne la santé et la chance. Restez avec Dieu!).
Dans leurs difficultés, les Sintis et les Roms en ont vraiment besoin.

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