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Scola, l'immigration et le style chrétien

Autour d'un article d'Andrea Tornielli (22/6/2011)

L'attitude des chrétiens confrontés en Europe occidentale (particulièrement en Italie et en France) aux phénomènes massifs d'immigration, revêt un caractère complexe, dans ses causes et dans ses manifestations. Oscillant entre rejet, peur (des sentiments bien humains!), désir de ne pas trahir le devoir d'accueil des malheureux, résignation, et un complexe de culpabilité latent entretenu par les "élites" y compris par l'Eglise, on peut se sentir mal à l'aise. Les anathèmes des bonnes âmes ne font rien pour résoudre les graves problèmes posés, et les éluder à court terme ne fait qu'aggraver les conséquences à long terme. Dimanche, lors de la prière d'Angelus, à Saint-Marin, le Saint-Père, voulant sans doute apaiser les esprits des deux côtés, a dit:

Je demande instamment aux autorités civiles et à toutes les personnes de bonne volonté de garantir l'accueil et des conditions de vie digne pour les réfugiés, en attendant qu'ils puissent retourner dans leur pays librement et en toute sécurité. (cf. Saint-Marin (III): les homélies du matin )

(mais la deuxième partie de la phrase a été généralement ignorée pr les commentaires...)

Dans l'article traduit ci-dessous, Andrea Tornielli donne la parole au cardinal Scola, qui anime un thinktank, Oasis (1) "voué à la promotion la connaissance réciproque et la rencontre entre chrétiens et musulmans". Déjà, la définition ne me plaît pas trop, mais je suppose que l'intention est bonne.
Le patriarche de Venise , annoncé prochainement au plus important diocèse du monde, Milan, s'inspirant des propos tenus par le Saint-Père le mois dernier à Aquilée (Deux discours importants, à Venise), et constatant le caractère inéluctable du métissage civilisationnel et culturel en cours - affirme, au nom du réalisme, qu'on ne peut pas continuer ainsi, "sans intervenir radicalement sur le système économique actuel". Il a raison, sans aucun doute! Et d'autres de ses réflexions sont saisissantes, comme la comparaison des mouvements de jeunes - y compris en Europe! - avec mai 68, et l'invitation à ne pas interpréter la laïcité comme "une catégorie absolue de l'esprit dont on attend (enfin) l'émergence, y compris dans les civilisations non européennes".
Mais en même temps, il nous invite à nous inspirer de l'accueil, de la part des tunisiens, des populations sub-sahariennes (mais pour leur offrir quoi, et pour les envoyer où??). Et surtout, il nous présente comme un exemple les "témoignages" (admirables, mais propres à glacer le sang) de Mgr Padovese et de Shahbaz Bhatti. Peut-être ai-je mal compris?
Pour le moment, je renvoie aux propos de Jean Raspail: "En quelque sorte, la charité nous conduit au désastre!"

21 Juin 2011
Scola, l'immigration et le style chrétien
Andrea Tornielli
(Source)
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Le "métissage" des civilisations et des cultures est une perspective désormais "très concrète" face aux vagues d'immigrants en provenance d'Afrique sub-saharienne, destinées à augmenter, et causé par "des conditions de vie insupportables".
Devant ce qui se passe, les chrétiens, sans "rien renier de l'Evangile," devraient être "parmi les autres hommes avec sympathie", redécouvrant un humanisme chrétien ouvert "aux autres religions" .

C'est la perspective offerte par le cardinal Angelo Scola lors de l'intervention inaugurale de l'assemblée annuelle de la revue internationale Oasis (1), sur l'île vénitienne San Servolo, à laquelle participaient des évêques et des intellectuels du Moyen-Orient, pour s'interroger et discuter sur la "nouvelle laïcité" et sur "le caractère imprévu" des révoltes en Afrique du Nord. Une perspective de rencontre, de dialogue, d'écoute, pour essayer de comprendre en profondeur les phénomènes émergents dans ces sociétés et les conséquences inévitables sur la vie de l'Occident.

Une approche habituelle pour Scola, qui depuis 2004 a donné vie à la revue et à ce groupe de travail, mais qui revêt une signification particulière en ces jours d'attente pour l'annonce du nom du nouvel archevêque de Milan, prévu la semaine prochaine.
Selon toute vraisemblance, ce sera en effet le patriarche de Venise qui succèdera au cardinal Dionigi Tettamanzi sur la chaire de saint Ambroise, et cette possibilité a été décrite par certains, en couleurs sombres, comme une sorte de «normalisation», un changement radical par rapport aux épiscopats de Carlo Maria Martini et de Tettamanzi lui-même.
Dimanche dernier, dans les colonnes de la Repubblica , l'archevêque sortant a volé plus haut: soulignant la nécessité de poursuivre le dialogue interreligieux et l'intégration, il s'en est remis à "la sensibilité du nouveau pasteur" . Hier matin, à San Servolo, Scola a pris la parole en tant que patriarche de Venise, sans faire la moindre allusion aux bavardages des médias sur lui. Mais son discours est éclairant dans la perspective de la succession possible de Milan.

Se référant aux révoltes en Afrique du Nord, le cardinal a noté comment elles avaient éclaté dans des contextes de pauvreté, "dans des milieux juvéniles", avec la demande de travail. Il semble partager l'analyse de ces chercheurs qui disent que la grande "onde de choc" des flux migratoires est encore à venir : "Derrière les populations maghrébines - a-t-il dit - on voit pousser celles de l'Afrique sub-saharienne, avec les jeunes qui voient d'autres de leur âge migrer vers l'Europe pour gagner 500 euros par mois, un chiffre que, dans leurs pays respectifs, ils ne peuvent pas rassembler en un an".

C'est pourquoi Scola, au nom du réalisme, affirme qu'on ne peut pas continuer ainsi, "sans intervenir radicalement sur le système économique actuel". "Ce n'est pas seulement une question d'éthique - ajoute-t-il - comme on l'entend souvent répéter dans certains milieux. Il s'agit d'une impossibilité pratique". C'est justement pour cela que Benoît XVI a consacré l'encyclique "Caritas in veritate" , à l'élaboration d'une "nouvelle logique économique".

Le cardinal a ensuite rappelé comment il avait été ridiculisé quand il y a sept ans, dans le sillage des questions ouvertes après le 11 Septembre, il avait lancé le défi du «métissage» des cultures et des civilisations comme une perspective pour l'avenir proche . Aujourd'hui "la démographie suggère que le phénomène pourrait également prendre des traits très concrets et, comme l'histoire nous le rappelle, plutôt douloureux"

Voici donc la nécessité de "connaître le processus pour tenter de l'orienter", appelant l'Occident à ses responsabilités, puisque - recomme il le constate - la Tunisie, "dont nous avons à apprendre", accueille "beaucoup plus de réfugiés que ne le fait notre vieille Europe fatiguée et passive"
Scola nous invite à regarder les révoltes de l'Afrique du Nord au-delà des vieux clichés, même ceux sur la laïcité, qui ne doit pas être interprétée comme "une catégorie absolue de l'esprit dont on attend (enfin) l'émergence, y compris dans les civilisations non européennes". Et donc, sans considérer la relation avec l'islam de la même manière que les Etats européens gèrent leurs relations avec l'Eglise. Il faut une "nouvelle laïcité", comme la recherche d'"un critère pour ajuster l'espace de coexistence possible".

Le cardinal ne considère pas les révoltes en Afrique du Nord de la même façon que la chute du communisme en 1989. Mais plutôt, ajoute-t-il, "nous pouvons peut-être les comparer à Soixante-huit" et comme alors, il y a un risque qu'elles soient dominées et instrumentalisées.

Mais c'est la partie finale de l'exposé de Scola qui contient une indication de méthode , actuelle, bien que très ancienne. Ld Cardinal s'inspire de la Lettre à Diognète, à laquelle le pape Benoît XVI a fait écho le mois dernier, lors de sa visite à Venise: «Vous êtes appelés à vivre avec cette attitude remplie de foi qui est décrit par la Lettre à Diognète : "ne reniez rien de l'Evangile en lequel vous croyez, mais soyez parmi les autres hommes avec sympathie, communiquant avec votre mode de vie même que cet humanisme qui plonge ses racines dans le christianisme, tendus vers la construction avec tous les hommes de bonne volonté d'une "cité" plus humaine, plus juste et plus solidaire" (Deux discours importants, à Venise)

Un soulignement très significatif, qui prévoit "comme dimension intrinsèque, l'ouverture aux autres religions et à tous les hommes de bonne volonté" . Ayant toujours pour horizon "le témoignage", celui qu'ont offert en payant de leur sang deux figures extraordinaires que Scola a rappelées en concluant son discours: Mgr Luigi Padovese , assassiné en Turquie il y a un an, et le ministre pakistanais Shahbaz Bhatti , "martyr du Christ et grand paladin de la lutte contre la loi inique du blasphème".

Note

(1) OASIS
Voici ce que dit Wikipedia:
Née en 2004 comme centre d'études d'une intuition de S. Em. le Cardinal Angelo Scola, Oasis s'est constituée depuis 2009 en fondation internationale. Oasis est vouée à la promotion la connaissance réciproque et la rencontre entre chrétiens et musulmans, avec une attention particulière à la réalité des minorités chrétiennes dans les pays à majorité musulmane.

Oasis s’appuie sur un vaste réseau de rapports internationaux. Dans le comité Promoteur figurent, aux côtés du Cardinal Scola, les Cardinaux Philippe Barbarin (Lyon), Josip Bozanic (Zagreb), Péter Erdo (Budapest), Christoph Schönborn (Vienne), le Patriarche Fouad Twal (Jérusalem) et les Évêques Camillo Ballin (Koweït), Mounged El-Hachem (Nonce au Koweït), Paul Hinder (Émirats), Jean-Clément Jeanbart (Alep), Maroun Lahham (Tunis), Anthony Lobo (Islamabad), Francisco Javier Martínez (Grenade) et Joseph Powathil (Changanacherry). Le comité scientifique comprend des islamologues, philosophes, sociologues, historiens et juristes.
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Les domaines de recherche principaux d’Oasis sont: le métissage de civilisations et de cultures, catégorie explicative du procédé actuel de mélange de cultures et de données spirituelles; le patrimoine culturel des minorités chrétiennes orientales ; les Islam du peuple, considérés comme expressions de religiosité authentique indispensables pour comprendre les sociétés musulmanes, celles contemporaines aussi; la liberté religieuse, considérée tant sous le profil juridique que comme voie privilégiée pour affronter le nœud théorétique vérité-liberté. Dans le dialogue interreligieux, Oasis juge décisive la catégorie du témoignage, considérée comme modalité adéquate d’accès à la Vérité.

Le siège d’Oasis est à Venise. Le Centre fut présenté à l’UNESCO à Paris (2005) et à l’ONU (2007). Le Centre organise aussi chaque année une rencontre plénière, qui se tient alternativement à Venise (2005-2007-2009) et dans un pays à majorité musulmane (Le Caire 2006 – Amman 2008).

Voir ici le site en français:

Saint-Marin: réflexions sur une visite La joie de croire