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L'oncle du Pape

En fait, le grand-oncle, Georg Ratzinger - lui aussi - prêtre et homme politique bavarois du XIXe siècle. Un intéressant article de John Allen sur NCR, avec une grosse réserve pour sa fin. (25/6/2011)

Lors du voyage de Benoît XVI au Brésil en 2007, John Allen (que je lisais alors régulièrement) avait consacré un article à la critique du marxisme et du capitalisme par Benoît XVI , dans le discours d'ouverture du CELAM (1), le 13 mai.
Il y parlait déjà du grand-oncle du Saint-Père, Georg Ratzinger (1844-1899), un prêtre laïcisé ayant eu une remarquable carrière politique dans la Bavière de la fin du XIXe siècle, et qui défendait à l'époque des positions éminemment sociales, que l'on pourrait aujourd'hui qualifier "de gauche" (au sens noble du terme)
Article ici: http://beatriceweb.eu/Blog/...

L'article qui suit, malgré son intérêt (car il aborde un fait pratiquement inédit), s'inscrit dans une démarche prétendant resortir des documents "embarrassants" pour le Pape (comme la pétition de 1970, semblant prouver qu'il n'était pas opposé au fond au mariage des prêtres): ici, les positions "ultra-progressistes" du grand oncle, disciple d'un théologien dissident de l'époque!
En particulier, dans le ton du dernier paragraphe, il me semble percevoir une charge peu bienveillante, surtout dans le contexte actuel!! Le prétendu antisémitisme (en réalité anti-judaïsme, qu'il faut replacer dans le contexte historique de l'époque) du grand-oncle Georg Ratzinger ne peut en aucune façon rejaillir sur le petit-neveu, et on ne peut prétendre interpréter la pensée du Pape aujourd'hui - dans un sens ou un autre - en s'appuyant sur ces faits du passé.

-> Article original en anglais ici: http://ncronline.org/...
Ma traduction (les soulignements et points d'exclamation sont de moi):

L'oncle de Benoît
John Allen
24 juin 2011
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Mercredi prochain, c'est la fête des saints Pierre et Paul, jour où les archevêques nommés durant l'année écoulée seront à Rome pour recevoir leur pallium. Cette année, l'événement prend une signification supplémentaire puisque le 60e anniversaire de l'ordination du pape Benoît XVI à la prêtrise, eut lieu dans la cathédrale de Freising en Bavière le 29 Juin 1951.

Le pape n'est pas le seul prêtre bavarois à célébrer son 60e anniversaire. Son frère, Georg, 87 ans a été ordonné lors de la même cérémonie par le cardinal Michael Faulhaber, avec un camarade de classe du séminaire nommé Rupert Berger. Les frères ont offert leurs premières masses publique le 8 Juillet 1951, à l'église St Oswald dans leur village d'origine de Hufschlag (ndt: en réalité, il s'agit de l'Eglise de Traunstein, dont Hufschlag - où les parents Ratzinger avaient acheté une ferme - est un hameau, et on ne peut pas vraiment parler de village d'origine) - un événement connu comme "Doppelprimiz" . Comme la concélébration n'était pas encore une pratique normale, les frères Ratzinger célébrèrent deux messes séparées.

Le verset d'Écriture que choisit le futur pape pour le faire-part de sa première Messe vient de la deuxième lettre de Paul aux Corinthiens: "Nous ne somme pas là pour être les maîtres de votre foi, mais pour servir votre joie."

[Ici, John Allen note que le jubilé de Benoît XVI sera célébré avec beaucoup plus de discrétion que celui des cinquante ans de sacerdoce de Jean-Paul II en 1996, qui avait donné lieu à un an de manifestations ayant, selon lui, servi d'"échauffement" en vue du jubilé de l'an 2000. Ce qui, dit-il, n'empêche pas certaines notes festives: par exemple, une société nommée Excelsis, a commercialisé en l'honneur du Pape une nouvelle eau de Cologne baptisée "Excelsis" à base de fleurs de tilleul de Bavière, d'encens de Terre Sainte et de bergamote d'Italie....]
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En l'honneur de l'anniversaire de Benoît XVI, voici une anecdote souvent négligée de la biographie du pape: Il n'est en effet pas le premier prêtre célèbre du clan Ratzinger. Cet honneur revient au contraire à son grand-oncle Georg, une figure importante de l'histoire bavaroise du 19e siècle - à ne pas confondre avec le frère du pape (!!!)

À la lumière de la carrière (!) de Benoît, il y a quatre aspects de l'héritage de son grand-oncle, qui sont particulièrement intéressants:

• Il fut une rareté au 19ème siècle, comme prêtre volontairement laïcisé - non pas pour raison de scandale, mais parce qu'il voulait poursuivre une carrière politique.
• Il fut un disciple du théologien allemand progressiste Johann Ignaz von Döllinger, excommunié en 1871 pour son opposition à l'infaillibilité papale.
• Il fut le co-fondateur du populiste (ndt: néologisme pas forcément approprié!) Bauerbund, "Parti fermier" , défendant les pauvres contre les "barons voleurs" du 19ème siècle.
Il fut un reflet des attitudes antisémites de son temps, offrant un arrière-plan biographique à l'approche par Benoît des relations catholiques / juifs.

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En 1985, dans une anthologie biographique de la Bavière, Georg Ratzinger figurait dans la liste des 1000 personnalités bavaroises les plus importantes des 1500 dernières années. Ordonné à la prêtrise en 1867, il étudia la théologie à l'Université de Munich, où il remporta un prix pour sa thèse sur la sollicitude de l'Église envers les pauvres.

A l'université, Georg Ratzinger devint l'assistant de Dollinger, qui s'était fait connaître pour sa critique féroce du mouvement dit "ultra-montain" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ultramontanisme ) en faveur de l'absolutisme papal. Dans un discours de 1867, Döllinger affirmait: "La papauté est basée sur une audacieuse falsification de l'histoire. Un faux dès son début, qui a eu durant les longues années de son existence, une influence pernicieuse sur l'Église et sur l'Etat. "

C'est Döllinger qui réclama la formation des théologiens allemands dans les universités publiques, plutôt que les séminaires, et qui appela les évêques allemands à se rencontrer régulièrement, comme antidote à l'influence romaine - des démarches qu'évidemment, le petit-neveu de Georg Ratzinger, allait plus tard regarder avec une certaine ambivalence.

Mgr Ratzinger demanda, et reçut, la laïcisation de la prêtrise en 1888, au milieu de ce qui était devenu un parcours très réussi en tant que politicien et législateur.

Politiquement, Ratzinger était un apôtre du nouveau Magistère catholique social, exprimé en 1891 par Léon XIII dans Rerum Novarum. Il servit dans le Landtag (parlement) de Bavière en 1875-1878 et à nouveau en 1893-1899, et dans le Reichstag national en 1877-78 et 1898-1899. Son premier mandat fut comme membre du Parti patriote, un parti catholique a lancé en 1869, et son deuxième en tant que représentant du nouveau Bauerbund , ou "Parti paysan", qu'il contribua à former en 1893.

Le Bauerbund de Ratzinger était un mélange de protectionnisme populiste et de mesures sociales progressistes telles que les lois du travail des enfants et le salaire minimum. Son objectif principal était un système de soutien social qui protégerait les fermiers pauvres et les petits commerçants du cycle "boom/récession". Il soutenait également la nationalisation du système scolaire et l'abolition de la Chambre Haute du parlement de Bavière, où les nobles et l'Église dominaient. A maintes reprises, devant les Assemblées bavaroise et fédérale, Ratzinger tonna contre les excès du capitalisme.

Ainsi, lorsqu'au Brésil, en mai 2007, Benoît XVI a dénoncé à la fois le marxisme et le capitalisme comme "des systèmes qui marginalisent Dieu", et a lancé une "pique" spéciale au capitalisme, pour avoir échoué à combler "l'écart entre riches et pauvres" et "donner lieu à une inquiétante dégradation de la dignité personnelle", il s'est d'une certaine façon appuyé sur un héritage familial.

Le seul commentaire publié par le Pape sur son arrière-grand-oncle figure dans une interview de 1996 avec le journaliste allemand Peter Seewald, qui devait devenir le livre "Le sel de la terre" :

Question : Il y a eu un Georg Ratzinger qui a joué un certain rôle dans l'histoire bavaroise?
Ratzinger : C'était un grand-oncle à moi, l'oncle de mon père. Il était prêtre et avait un doctorat en théologie. En tant que représentant de l'Etat et des assemblées nationales, il fut vraiment un champion des droits des paysans et des gens simples en général. Il s'est battu - je l'ai lu dans les minutes du Parlement d'Etat - contre le travail des enfants, ce qui à cette époque était encore considéré comme un scandale, une position impudente. Il était évidemment un homme rude. Ses réalisations, et sa position politique, aussi, nous ont tous rendu fiers de lui.

Enfin, le populisme politique de Georg Ratzinger se teinte parfois d'antisémitisme. Dans son travail de 1975 "Chrétiens et juifs en Allemagne" , le défunt chercheur israélien Uriel Tal a identifié Ratzinger comme une figure de proue dans l'élaboration du sentiment anti-juif dans les milieux catholiques au XIXe siècle en Allemagne.

Dans un ouvrage bien connu sur l'économie, Georg Ratzinger suggéra que les valeurs allemandes traditionnelles de discipline, modestie, famille, intégrité et foi chrétienne ont été sapées par la puissance financière des Juifs. Il exprima des idées similaires plus crûment dans des œuvres polémiques écrites sous pseudonymes. Il s'agit notamment de Jüdisches Erwerbsleben: Skizzen aus dem sozial Leben der Gegenwart ("La vie juive d'acquisition: Croquis de la vie sociale du présent"), publié en 1892 et à nouveau en 1893 et 1894) et Das Judentum in Bayern: Skizzen aus der Vergangenheit und Vorschläge fur die Zukunft ("le judaïsme en Bavière: scènes du passé et propositions pour l'avenir"), publié en 1897.

Bien que le pape ne l'ait jamais dit , il est difficile d'imaginer que le souvenir des notes de son grand-oncle sur les Juifs et sur le judaïsme n'ait pas influencé ses propres efforts de réconciliation.

Note

(1) Session inaugurale des travaux de la V Conférence Générale de l'épiscopat Latino-Américain et des Caraïbes (CELAM) Sanctuaire de Notre-Dame d'Aparecida
Dimanche, 13 mai 2007
§4, rubrique "Les problèmes sociaux et politiques" (source)
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Sans aucun doute, la question fondamentale sur la manière dont l'Eglise, illuminée par la foi dans le Christ, doit réagir face à ces défis, nous concerne tous. Dans ce contexte, il faut inévitablement parler du problème des structures, surtout de celles qui créent de l'injustice. En réalité, les structures justes sont une condition sans laquelle un ordre juste dans la société n'est pas possible. Mais comment naissent-elles?, comment fonctionnent-elles? Le capitalisme, tout comme le marxisme, promirent de trouver la route pour la création de structures justes et ils affirmèrent que celles-ci, une fois établies, auraient fonctionné toutes seules; ils affirmèrent que non seulement elles n'auraient pas eu besoin d'une moralité individuelle antécédente, mais que celles-ci auraient promu la moralité commune. Et cette promesse idéologique s'est révélée fausse. Les faits l'ont démontré. Le système marxiste, lorsqu'il est arrivé au gouvernement, n'a pas seulement laissé un triste héritage de destructions économiques et écologiques, mais également une douloureuse oppression des âmes. Et nous constatons également la même chose à l'ouest, où croît constamment la distance entre les riches et les pauvres et où se développe une inquiétante dégradation de la dignité personnelle à travers la drogue, l'alcool et les mirages de bonheurs trompeurs.

Angelo Scola: un membre de CL à Milan Célébration du Corpus Domini