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Le dilemme de Medjugorje

Le témoignage quasi-direct de Vittorio Messori, rapporté dans un article paru avant-hier sur Il Corriere della Sera. Selon son habitude, il ne tranche pas. Il soulève seulement "Le dilemme de Medjugorje" (27/6/2011)

Pour situer: video de Rome Reports

"Sous-titres"

Benoît XVI a formé une commission chargée d'enquêter si la Sainte Vierge est vraiment apparue à Medjugorje, une petite ville de Bosnie.
La Commission fait partie de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et le cardinal Camillo Ruini présidera la commission.
Ruini est l'ancien vicaire du pape du diocèse de Rome.
L'objectif de Ruini sera d'expliquer au pape ce qui se passe au sanctuaire, qui est devenu le troisième le plus visité en Europe.
On prétend qu'au moins 6 personnes y ont assisté à des apparitions de la Vierge depuis 1981.
Mis à part les grandes foules de pèlerins qui visitent le sanctuaire, le Vatican n'a pas commenté les apparitions présumées, mais en 1991, les évêques locaux ont dit qu'ils n'étaient au courant d'aucune des apparitions surnaturelles.
Cette enquête va mettre un terme à tous les doutes et elle sera cruciale pour les millions de pèlerins qui visitent chaque année ce sanctuaire .

J'aborde la question sans aucun préjugé, avec le regard d'un béotien absolu, n'ayant jusqu'ici lu que distraitement quelques titres sur ce village de Bosnie-Herzégovine où la Sainte Vierge est apparue à "6 Croates d'Herzégovine depuis le 24 juin 1981" (wikipedia).
Mais le témoignage quasi-direct de Vittorio Messori, rapporté dans un article paru avant-hier sur Il Corriere della Sera, a attiré mon attention. Et même plus. On verra que, selon son habitude, il ne tranche pas. Il soulève seulement "Le dilemme de Medjugorje".
A suivre...

Article original sur le site de Vittorio Messori: http://www.et-et.it/..
Ma traduction:

Ces dialogues avec la Vierge Marie.
Le dilemme de Medjugorje
Vittorio Messori
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C'était le début des années quatre-vingt, les autoroutes étaient affaires de pays capitalistes, et pour traverser l'Istrie et ensuite descendre vers le sud le long de la côte dalmate, il n'y avait que l'ancienne route nationale, étroite et dangereuse. Alors que j'allais atteindre le but, je tombai sur le poste de barrage de la milice communiste: questions soupçonneuses, perquisitions, saisie de la Bible que j'avais avec moi, avertissement à ne pas faire de «prosélytisme». J'étais parmi les premiers à arriver en cet endroit âpre et éloigné au nom significatif: Medjugorje, au milieu des montagnes. Du bouche à oreille plutôt que par les médias, qui ne donnaient que quelques nouvelles imprécises, j'avais appris qu'un groupe de très jeunes gens affirmaient «voir la Gospa», la Dame, la Vierge Marie. Et que la chose impliquait des foules croissante dans la Yougoslavie orpheline de Tito depuis un an et où la religion était toujours sous surveillance spéciale. Je partis donc, plus que comme dévot, comme journaliste et spécialiste du phénomène des apparitions mariales, comme ami et disciple de l'abbé Laurentin, le plus grand historien de Lourdes, devenu ensuite l'auteur le plus influent sur Medjugorje.

Ainsi, grâce à la promptitude du voyage, j'ai été parmi les rares qui eurent un privilège envié par les millions de pèlerins qui ont ensuite suivi.
Ce qu'ils appelaient "la rencontre" avait lieu au crépuscule, dans la sacristie de l'église moderne et étrange de l'endroit: étrange car énorme, au milieu d'une sorte de steppe désertique et rocailleuse, un immense édifice pour une paroisse pauvre et minuscule, comme par l'intuition que là, des foules allaient accourir. La sacristie était bondée de gens debout, mais parmi les franciscains, il y en avait qui avaient lu la traduction de certains de mes livres et ils me permirent de me mettre au premier rang. Je dus jouer des coudes pour garder ma place, à laquelle je ne voulais pas renoncer: pour la première fois je pouvais assister à un phénomène que je ne connaissais que par des livres et des documents poussiéreux.

Arrivèrent les six jeunes, âgés de 6 à 16 ans, ils commencèrent à prier à haute voix, eux aussi debout. Ils n'avaient pas en face d'eux une statue ou une image, ils regardaient en l'air. Soudain, la prière s'arrêta et, en synchronisation, ils se laissèrent tomber à genoux, le corps mort, avec un tel bruit que j'ai pensé qu'ils s'étaient brisés les rotules. Au lieu de cela, sur les visages des enfants, apparurent les signes d'une transformation énigmatique: ils s'illuminèrent tous avec un sourire et, à tour de rôle, ils commencèrent un dialogue qu'on devinait aux lèvres qui remuaiant, dont nous, spectateurs, n'entendions aucun son.
J'étais là en tant qu'observateur, dûment critique, je ne cédai pas à l'aura de mysticisme qui imprègnait la petite salle bondée, je scrutai les visages des jeunes, à quelques mètres de moi. Ils étaient, comme je le disais, tous les six, agenouillés côte à côte: la vision devait se déplacer, car ils la suivaient des yeux. Je fixai mon attention sur les yeux, notant que tous se déplaçaient en synchronisation et dans la même direction; et pourtant dans cette position, aucun ne pouvait voir l'autre, il était évident qu'ils suivaient «quelque chose» que tous voyaient, et qui se déplaçait dans l'air, devant eux. Même synchronie dans l'alternance de sourires et d'expressions de peine: dans l'entretien, la Dame , si c'était vraiment elle, alternait des paroles d'amour avec des avertissements inquiètants et les enfants répondaient à l'unisson. Mais, comme je l'ai dit, étant donné leur position, il était impossible qu'ils s'épient, ou s'imitent les uns les autres. En parfaite simultanéité, aussi, la fin survint, après environ un quart d'heure. Les six retrouvèrent leur visage habituel, non plus transfiguré, leur voix audible à nous aussi, pour une prière, se levèrent et s'éloignèrent. Ils rejoignirent le franciscain, leur père spirituel, qui les attendaient dans le presbytère, lui firent la relation de la "rencontre" et lui communiquèrent le "message". Ne connaissant pas le Croate, en plus, le dialecte particulier parlé en Herzégovine, je n'ai pas été en mesure de constater de visu ce que m'avaient assuré les religieux. Que les enfants étaient interrogés immédiatement et séparément: la coïncidence de leurs compte-rendus s'ajoutait à la similitude de leurs regards et de leurs mimiques lors de la «rencontre».

Trente ans ont passé depuis ce Juin 1981 où tout a commencé, je ne suis plus retourné en ces lieux, mais je n'ai pas cessé de m'informer et, surtout, de tomber sur des gens qui avaient été là-bas: des gens de tout âge, statut, niveau culturel. Et pourtant, tous protagonistes d'une expérience qu'ils considèrent comme importante et même pour quelques-uns, décisive. J'ai vu des vies transformées, des vocations religieuses épanouies, des pratiques religieuses redécouvertes. Sur la «vérité» de Medjugorje, on ne pourrait pas avoir de doutes, si l'on appliquait le critère énoncé par Jésus lui-même: "Il n'y a pas un bon arbre qui produise de mauvais fruits ... Chaque arbre se reconnaît à ses fruits ... "(Luc 6.43). Trois décennies d'expérience montrent combien a été spirituellement abondante et excellente la récolte produite par cet arbre grandi de manière inattendue dans les Balkans.

Mais à Medjugorje, il s'est produit l'inverse de ce qui s'est passé pour Lourdes ou pour Fatima, où le refus était venu des athées, des laïcistes, des anti-cléricaux. Ici, les deux évêques qui se sont succédés à la tête du diocèse ont pris une attitude de plus en plus négative, jusqu'à parler de "l'une des plus grandes escroqueries de l'histoire de l'Eglise". Là-bas, la défense des apparitions a caractérisé les catholiques conservateurs, tandis que ceux que l'on dit «ouverts» exprimaient des doutes. Ici aussi, les positions sont inversées: ce sont les disciples de Mgr Lefebvre qui nient de façon polémique qu'il puisse s'agir de la "vraie" Vierge, dans les messages où ils voient ce qu'ils appellent "les déviations hérétiques conciliaires". Des croyants publient un dossier intitulé "Medjugorje: tout est vrai". Mais d'autres croyants répondent avec un instant book, "Medjugorje: tout est faux".
Les épiscopats eux-mêmes sont divisés: il y a l'évêque (et même un cardinal, comme celui de Vienne) qui se rend en personne en pèlerinage, et celui qui fait pointilleusement respecter à ses prêtres l'interdiction de Rome d'emmener officiellement des groupes.

Pour le Saint-Siège, Medjugorje est un dilemme déchirant.
D'une part, il reconnaît avec gratitude l'abondance des fruits spirituels, et de l'autre côté il n'oublie pas le vulnus (coup porté) au droit canon, avec un mouvement mondial combattu par les ordinaires du lieu, auquel il revient de discerner. Au point où on en est arrivé, une désaveu officiel par Rome de la vérité de l'affaire serait une catastrophe sur le plan pastoral. Mais le contraire serait aussi catastrophique: c'est à dire un démenti officiel de la position des deux évêques qui nient sans hésitation le surnaturel et ne parlent pas de miracles, mais d'arnaques et de tromperies. Cela aurait des effets inédits et imprévisibles sur le droit de l'Eglise.
Il n'y a vraiment pas de quoi envier le cardinal Ruini, président de la commission officielle d'enquête: il est possible que même sa longue expérience et sa prudence reconnue ne pas soient en mesure d'élucider cette espèce de "mystère" du rosaire qui semble, en même temps, "joyeux" et "douloureux".

© Corriere della Sera

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