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Le Cardinal Scola à Milan

Le patriarche de Venise sur le point d'être nommé à le tête du plus grand diocèse du monde. A propos d'un article de Sandro Magister - qui n'aime vraiment pas Tarcisio Bertone! Et une très intéressante interviewe d'Angelo Scola, datant de 2004, dans La Repubblica, reproduite sur 30 Giorni (29/6/2011).
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Cette nomination montre enfin que Benoît XVI veille de très près aux nominations épiscopales et qu'il s'impose face à la curie - ce qui n'est son style - quand l'enjeu lui paraît décisif. De la même manière, il était allé contre l'avis de beaucoup, en imposant pour le poste de Bruxelles, Mgr Léonard. Sa règle est de choisir, pour tous les postes clés, des hommes proches de lui et de sa vision de l'évangélisation". (Jean-Marie Guénois, 28/6/2011)


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A propos du think tank "Oasis", voir ici: Scola, l'immigration et le style chrétien
-> Le site dédié au cardinal Scola: http://angeloscola.it/



1. A propos de l'article de Sandro Magister

La rumeur court depuis des semaines, et elle a été confirmée aujourd'hui.
Sandro Magister lui consacre son dernier billet (Le Cardinal Scola revient chez lui: A Milan, cf http://chiesa.espresso.repubblica.it/...). Cette nomination serait, selon lui, le fait du Pape, contre son secrétaire d'état, Tarcisio Bertone: "le doux Joseph Ratzinger s’est montré inflexible sur ce point. Pour le diocèse le plus grand et le plus prestigieux du monde, le pape avait un nom en tête, un seul nom. Et il a tenu bon contre toutes les oppositions". (ndlr: j'ai du mal à croire que le pape puisse être d'une façon ou d'une autre sous la coupe du cardinal Bertone, qui lui doit tout)

Magister ajoute: "Benoît XVI ne passera pas à l’histoire comme un grand homme de gouvernement. Il a laissé la curie vaticane telle qu’il l’avait trouvée, c’est-à-dire dans le désordre où elle était déjà tombée avec son prédécesseur Karol Wojtyla, trop mondialiste pour s’occuper des affaires internes" (ndlr: intrigues et querelles de palais d'un intérêt tout relatif, car le Saint-esprit n'a pa forcément inspiré le collège des cardinaux pour élire un pape dans le but de réformer la Curie: plutôt, comme le confiait le Cardinal Barbarin , pour parler du Christ, et le montrer).

La suite de l'article nous apprend - ou nous rappelle - que Scola fut, dans sa jeunesse "l’un des disciples les plus en vue du fondateur de Communion et libération, don Luigi Giussani". CL qui "prit [au début des années 70] une tonalité antibourgeoise et tiers-mondiste qui déplaisait à don Giussani et à laquelle Scola lui-même paraissait se laisser aller".
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Un autre évènement significatif de son brillant parcours est sa nomination en 1986 comme consultant à la CDF, dirigée alors par le Cardinal Ratzinger.
En 2002, il est nommé patriarche de Venise, à la tête d'un petit mais prestigieux diocèse, puis il est fait cardinal (au conclave de 2005, il aurait "oeuvré" pour la cardinal Ratzinger, mais c'est le genre de rumeur improuvablequ'il convient de prendre avec des pincettes)
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"[A Venise] Scola crée, sous le nom d’"Oasis", une revue et un centre culturel international qui constitue un pont vers l'orient, depuis l'Europe de l'Est et l’Afrique du Nord jusqu’au Pakistan, et qui travaille en plusieurs langues, y compris l'arabe et l'ourdou, en portant une attention particulière à l'islam et aux chrétientés présentes dans ces pays, des colloques réunissant périodiquement leurs évêques ainsi que des experts chrétiens et musulmans.
Depuis Venise, Scola lance un mot pour définir la rencontre entre les peuples et les religions : "métissage".
Mot que, dans la revue "Oasis", l’évêque de Tunis, Maroun Elias Lahham, conteste comme étant équivoque et incompréhensible pour les musulmans eux-mêmes. Mais le patriarche tient bon et défend son mot. À la différence de Ratzinger, Scola ne brille pas par la clarté conceptuelle. Chez lui l'expérience vitale, la rencontre personnelle avec le Christ, l’emportent sur les arguments tirés de la raison, comme le lui a toujours enseigné don Giussani. Mais cette polyvalence dans l’expression s’est révélée pour lui un avantage au niveau de l’opinion publique. Quand il oppose le "métissage de civilisations" au "clash of civilizations" qui est critiqué, il s’assure l’approbation des progressistes. Lorsqu’il fait connaître les initiatives d’"Oasis", Scola obtient l’accord des multi-culturalistes. Bien qu’il vienne de Communion et libération et qu’il soit indubitablement dans la ligne ratzingerienne, Scola a bonne presse à droite comme à gauche, plus que tout autre dirigeant ecclésiastique italien."
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La fin de l'article de Sandro Magister est centré sur des querelles de palais: "la guerre de la succession de Ruini" à la tête de la CEI, entre 2005 et 2007. Bertone et Sodano contre Scola, l'option de Ruini. Et le choix de Benoît XVI qui se fixe finalement sur le "ruinien" Bagnasco.
Une éviction "calculée" se révélant une chance pour Scola, qui voit ainsi s'ouvrir un boulevard vers le prestigieux diocèse de Milan.

2. L'article de "30 Giorni"

Faisant des recherches sur Angelo Scola, j'ai retrouvé un article datant de 2004.
Il s'agit d'une interviewe du Cardinal Scola par le vaticaniste de La Repubblica, Marco Politi, traduite en français sur le site de la revue 30 Giorni: http://www.30giorni.it/articoli_id_4178_l4.htm
Le langage est parfois abscons (c'est l'exercice qui le veut, et peut-être la personnalité de l'interviewer) mais certaines répliques sont de brûlante actualité, en plein débat, en particulier en France, sur la théorie du "gender" - qui n'est pas nommé ici, car le mot n'était pas autant à la mode il y a dix ans, mais il en est clairement question - et permettent de bien cueillir la personnalité de celui que les vaticanistes désignent déjà comme "papabile" (horrible mot!). Il n'est pas indifférent de savoir qu'il est issu d'un milieu très humble: son père était camionneur! Une nouvelle leçon de l'Eglise à notre arrogante "méritocratie républicaine".

Extraits:
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Question: Un des points de friction avec la société regarde la sexualité. Le message religieux traditionnel est-il actuel?
SCOLA: Nous sommes ici en face de l’une des provocations les plus fortes pour le christianisme, et il est dommage que l’immense nouveauté du magistère de Jean Paul II n’ait pas encore été bien assimilée, avant tout par nous pasteurs.

Q: En quoi consiste cette nouveauté?
SCOLA: Elle consiste à retrouver les fondements anthropologiques de la vision chrétienne du corps et de la sexualité de façon telle que les critères éthiques sur laquelle elle se fonde en soient éclairés et deviennent donc compréhensibles. Le désarroi vient précisément de ce que l’on ne comprend pas cela. On se comporte souvent comme le père ou la mère qui, voulant vraiment le bien de leur fils, se limitent à répondre quand il leur dit: «Ce soir, je sors», «Non tu ne sors pas». Et si le garçon insiste et demande: «Mais pourquoi ?», ils ne savent répondre que: «parce que c’est comme cela». Nous ne donnons pas de raisons convaincantes au niveau anthropologique.

Q: Et quelles sont ces raisons?
SCOLA: Les raisons dérivent de l’unité duale de l’homme et de la femme. De l’unité indivisible entre la différence sexuelle, le don de soi et la fécondité. La différence sexuelle n’est pas une simple diversité, c’est là que se situe l’équivoque. La diversité, en effet, peut être surmontée et souvent, quand elle n’est pas surmontée, elle peut annoncer des prévarications et des abus, alors que la différence est intérieure au moi. Celle du corps et de l’eros est une auto-évidence. Il ne s’agit pas d’un caractère en quelque manière ajouté, extérieur au moi. Si je me trouve situé dans la différence sexuelle masculine, je suis structurellement orienté vers l’autre façon d’être un être humain, qui est différent du mien. Qu’est-ce que cela dit? Cela dit l’inclination vers l’autre, cela dit l’origine de l’amour.

Q: Vous soutenez donc…?
SCOLA: Qu’il faut redire avec force la nature “nuptiale” de l’amour (moi, l’autre et le troisième: père, mère et fils), c’est-à-dire cette unité indivisible entre différence sexuelle, don de soi et fécondité. Qu’il faut affirmer clairement que si la technologie permet aujourd’hui de séparer ces trois facteurs, il ne convient pas de les séparer. Le Pape, en ce sens, a apporté une contribution importante, mais il y a encore beaucoup de travail à faire.

Q: Les jeunes accepteront-ils cette façon de voir les choses?
SCOLA: C’est une façon de voir qui peut les aider à comprendre que si nous parlons de mariage indissoluble, ce n’est pas par une fixation anachronique mais parce que c’est la façon la plus humaine et la plus accomplie de vivre le rapport entre l’homme et la femme. Je pense à mes parents après soixante ans de mariage et je revois encore le regard d’estime, de tendresse et de pardon qu’ils avaient l’un pour l’autre.

Q: Savez-vous que l’Italie rejette dans sa très grande majorité le mariage éternel?
SCOLA: On s’aperçoit à la fin de sa vie que le mariage indissoluble a été le grand abri dans lequel le moi a été protégé de toute évasion déstabilisante et du risque d’autodestruction, l’une et l’autre hélas! profondément enracinés dans l’homme.

Q: Ne craignez-vous pas que cette vision ne soit considérée comme trop rassurante?
SCOLA: Il s’est trouvé qu’un jour, en avion, j’ai eu entre les mains une revue avec un article sur Picasso et sur les nus érotiques qu’il a peints à la fin de sa vie, et j’ai pensé: cet homme est indubitablement un génie qui, à plus de quatre-vingts ans, dans sa fréquentations de nombreuses femmes modèles, a certainement su cueillir certains aspects de la féminité dont mon père et ma mère – mon père camionneur et ma mère qui n’avait pas dépassé la dixième à l’école primaire – n’auraient pas même eu l’idée… Cependant, humainement parlant, mon père et ma mère avaient mieux réussi dans l’expérience de l’amour que Picasso, parce qu’ils avaient appris dans la fidélité à leur mariage le don permanent de soi. Picasso, en changeant souvent de femme, aura saisi de nombreux et profonds aspects de la psychologie féminine, mais l’expérience intensément humaine de mes parents… eh bien, elle avait une qualité bien différente.

Q: Comment tenir compte du principe de plaisir qui est un élément fort de la modernité?
SCOLA: Dans les The Screwtape Letters (ndlr: Berlicche, en italien, souvent rencontré ici) de l’écrivain C. S. Lewis, un vieux démon apprend à un jeune diable comment ils faut mener les hommes à la perdition.

-Q: Comment fait-il?
SCOLA: Il soutient qu’un système infaillible consiste à insister – comme le font aussi certains catholiques – sur l’idée que le plaisir est quelque chose contre Dieu.
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Ambiances espagnoles en attendant le St-Père Nullité des medias (enfin, certains!)