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60 ans dans la vigne du Seigneur

José-Luis Restàn (1) a écrit une belle et émouvante réflexion.... Traduction de Carlota (29/6/2011)

Soixante ans de travail dans la vigne
Article en espagnol ici: http://www.paginasdigital.es/...
José Luis Restán
28/06/2011
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Les officiers du parti nazi ont dit au jeune Ratzinger qu’il ferait mieux de penser à un autre métier car les prêtres n’étaient pas nécessaires dans la nouvelle Allemagne que le Troisième Reich était en train de construire. Et l’on peut supposer qu’une rumeur entre méchanceté et malvaillance circulait entre les rangs de ces adolescents : Qui peut bien avoir l’idée de devenir curé maintenant? (*).

Pour ce que l’on voit, Joseph a résisté à la volée. Il savait qu’en ces temps obscurs, cela allait être difficile d’aller au bout de sa vocation, il ne savait pas concrètement comment pourrait se dessiner cette aventure tandis que le feu et la mitraille dévoraient l’Europe et que la terreur s’emparait de la terre où il était né. Et pourtant dans son esprit inquiet et son cœur sensible cet appel mûrissait. Il n’y avait pas que l’avertissement des fonctionnaires au pouvoir à ne pas suivre, mais aussi la déshumanisation croissante qu’ils représentaient et qui requérait la réponse de Joseph : oui, plus que jamais, maintenant je veux être prêtre.

On pourrait se dire qu’il existe une relation directement proportionnelle entre l’inhumain, le vide et l’horreur d’un moment de l’histoire, et l’urgence dramatique de l’apparition du meilleur du sacerdoce, comme prophétie de la vérité et comme source de la guérison de l’homme. C’est curieux qu’un peu plus à l’Est, à Cracovie, un autre jeune appelé Karol, ait affronté à peu près aux mêmes dates l’incompréhension et même le scandale de ses compagnons de la résistance qui ne comprenaient pas qu’il abandonnât les armes de la subversion politique et militaire pour celles du sacerdoce clandestin. Déjà donc convergeaient mystérieusement ces deux vies, celle de Karol et de Joseph. Mystères de la Providence.

Le fait est qu’en 1946, avec des rues encore remplies de décombres et d’une pesanteur infinie incrustée dans le climat social, Joseph et d’autres jeunes ont pu entrer dans le séminaire encore en ruines de Freising. « Nous étions heureux, - se rappellera-t-il bien longtemps plus tard, parce que nous étions libres et que nous étions sur le chemin pour lequel nous nous sentions appelés; nous savions que le Christ était plus fort que la tyrannie, plus fort que le pouvoir de la tyrannie nazie…,nous savions que le temps et le futur appartiennent au Christ…, nous savions que les gens de ces temps bouleversés attendaient des prêtres qui arriveraient avec une nouvelle impulsion de la foi pour construire la maison vivante de Dieu ».

Là-bas au milieu de cette pauvreté en moyens mais dominé par cette joie sereine, a grandi et s’est fortifié l’âme de prêtre de Joseph Ratzinger. Accompagné par des maîtres qui non seulement offraient leur spécialité technique, mais « le bon pain dont il avait besoin pour recevoir la foi de l’intérieur ». Et c’est ainsi qu’a pris corps sa capacité vraiment unique de donner la raison à la foi, de toujours la transmettre comme quelque chose de nouveau et de précieux pour le cœur de chaque homme, dans le contexte d’un temps nouveau chargé d’énormes défis.

Puis est arrivée l’imposition des mains par le vaillant cardinal Faulhaber (**), par laquelle se fait patent le geste du Christ qui tient à l’homme et l’appelle avec lui, de sorte qu’il ne cheminera plus selon ses plans et ses projets mais comme serviteur dans sa vigne, selon les temps des semailles et des moissons que seul le Maître peut connaître. Mais tout cela serait une charge insupportable sans être précédé et soutenu par un amour qui protége et accompagne, qui te dit: “ Je te fais moi, pour ton bonheur et celui du monde”.

Combien le monde a changé soixante ans plus tard. Ô, comme il a peu changé.
Maintenant aussi, il est tout à fait vraisemblable qu’un quelconque fonctionnaire dise à un gamin à l’école d’abandonner le rêve inutile d’être prêtre, étant donné que dans le village globalisé et interconnecté via les réseaux sociaux, dans l’apogée de la neuroscience et de l’ingénierie sociale, au temps de l’aimable (ndt façon de parler et dans le meilleur des cas !) scepticisme qui dévaste tous les espérances, l’archaïque figure du prêtre est de trop.
Mais maintenant aussi, touché par cette douce lumière de l’Esprit, il y aura des jeunes comme Joseph qui liront l’inhumain de cette période comme une provocation de plus pour dire oui à l’appel. Pour accepter l’aventure unique d’être un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur. Pour soutenir la passion pour le bien et la justice des pauvres hommes et femmes de cette heure-là, pour bander leurs blessures et pour répandre parmi eux la communion ardemment désirée, toujours abîmée. Pour donner raison à l’espérance qui ne trompe pas, en rompant la cacophonie odieuse d’un tel message stupide qui détruit l’esprit et le cœur de tous.

C’est ce qu’a fait Joseph Ratzinger pendant soixante ans. Avec le dos courbé sur le sillon, parce que, comme il vient de le dire lors de son homélie du Corpus Christi : « Il n’y a rien de magique dans le christianisme, il n’y a pas de trucs, mais tout passe par la logique humble et patiente du grain de blé qui s’ouvre pour donner la vie ». Et c’est ainsi que Dieu veut continuer à rénover l’humanité, et non pas à travers le pouvoir des armes ou des systèmes idéologique.
« Nous cheminons avec l’humilité de nous savoir simples semences de blé, en gardant la ferme certitude que l’amour de Dieu, incarné dans le Christ, est plus fort que le mal, que la violence et que la mort ».

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(*) Quel incroyable courage de la part de cet adolescent d’avoir répondu qu’il voulait devenir prêtre dans l’Allemagne nazie des années quarante! Pensons aujourd’hui à certains rebelles qui peuvent se dire « indignés » dans le confortable conformisme du politiquement correct, ou à nous autres un peu plus âgés qui, depuis 30 ou 40 ans, sommes tellement « sécularisés » que nous sommes devenus transparents, laissant tout dire, faire et légiférer contre Dieu et les hommes, dans une Europe occidentale ivre de consumérisme). Oui, nous avons vraiment besoin de bons bergers.

(**) Michael von Faulhaber Michael, cardinal bavarois et archevêque de Munich (1869-1952). Il resta le fidèle berger de son troupeau confronté à la tourmente de l’Allemagne Nazie. Il fut même surnommé le Judenkardinal, (le cardinal juif) et son palais épiscopal fut attaqué par des émeutiers en 1938. Il protesta aussi contre l’Opération T4 (éliminations des invalides et des malades mentaux dont les trisomiques dans les hôpitaux et hospices) car jugés indignes de vivre.

Note

Il est temps de rendre hommage à ce journaliste espagnol qui mériterait d'être connu autant que les vaticanistes prestigieux, trop souvent plus préoccupés d'intrigues que de défense du Pape et de l'Eglise! et dont Carlota traduit pour nous les articles depuis près de deux ans .
Il me semble que le premier d'entre eux est ici. Carlota présentait l'auteur en ces termes:

José Luis Restán est un journaliste de la radio
COPE (Pour Chaîne d’Ondes Populaires Espagnoles), une radio espagnole généraliste qui a dans ses actionnaires la conférence épiscopale, les diocèses et des ordres religieux. Du fait de la défense tonique qu’elle fait des valeurs non négociables de l’Eglise romaine, elle est souvent présentée par ses adversaires comme étant une radio non apolitique. José Luis Restán y anime alors une émisión intitulée “La lanterne de l’Église” .

Les liens ne fonctionnent plus, je ne sais donc pas si ces informations sont encore d'actualité. J'ai trouvé d'autres informations sur JL Restàn sur le site italien http://www.ilsussidiario.net/ auquel il collabore (voir ici)
Mais quoi qu'il en soit, sur tous les sujets abordés, je ne sais rien dire de plus original que cela: José-Luis Restan est une bouffée d'air pur.


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