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Fracture dans l'Eglise?

Certains catholiques libéraux ne digèrent pas la nomination du cardinal Scola à Milan (sur ce sujet, voir: Le Cardinal Scola à Milan) . Dans la Repubblica, Giancarlo Zizola (1), dépité, distille son venin, avec des arguments à la limite de la calomnie (contre le frère du Pape), et de l'insulte (contre le cardinal Bertone). (2/7/2011)

Voici comment et pourquoi le Pape a décidé de nommer le nouvel archevêque de Milan
La théologie de Joseph Ratzinger et le choix de Scola
Giancarlo Zizola (La Repubblica, 30/6/2011, ma traduction)
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Un pontificat qui se lit comme la projection de l'autobiographie de Joseph Ratzinger dans les choix institutionnels.
La nomination d'Angelo Scola à Milan est la dernière confirmation de la plausibilité de cette clé d'interprétation. Benoît XVI a un regard de considération pour les gens qu'il a croisés dans le passé. C'est arrivé pour Tarcisio Bertone, qui doit son rôle de secrétaire d'Etat à la table de secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine à côté du bureau du préfet. Comme si un peu de bureaucratie partagée pouvait être une garantie de qualité pour n'importe quel autre rôle. De même, avec le canadien Marc Ouellet, à la tête de la Congrégation des Evêques et le patriarche Scola à Milan, se trouvent projetés aux sommets de l'Église le club théologique de Communio, la revue théologique fondée en 1972 par Ratzinger, Urs von Balthasar et Henri de Lubac afin de rivaliser avec les visions de réformisme radical de Concilium (ndt: la revue de théologie libérale à laquelle participait, entre autres, Hans Küng). Et l'admiration de Ratzinger pour Don Giussani, dont il voulut concélébrer les obsèques à Milan (voir ici: benoit-et-moi.fr/2010-I/), est la source reconnue d'une prédilection papale pour CL, un mouvement dont Scola est membre depuis des années, même s'il n'avait plus de position privilégiée en son sein.

Ce n'est pas seulement une question de confiance personnelle, et pas même de médailles de mérite décernées à des amis, mais d'options.
Il y a bel et bien un lien entre, d'une part les affiliations lefebvristes obstinées de son frère prêtre, Georg (2), et de l'autre - l'absolution précipitée des évêques du schisme et de la contre-réforme liturgique, par laquelle le pape a donné le feu vert à la messe tridentine, génèrant le chaos actuel autour des autels catholiques. Sur un autre plan, on voit émerger une continuité autobiographique entre le Ratzinger théologien de profession et un magistère pontifical dominé par l'inquiètude pour la formation intellectuelle des catholiques à une foi mûre, jusqu'à l'apogée de l'oeuvre depuis longtemps révée, les deux volumes du Jésus Nazareth, signés conjointement - ce n'est pas un hasard - par "Joseph Ratzinger et Benoît XVI".

Un pape a bien le droit d'imprimer son empreinte sur la vie de l'Eglise. (!!!)
Mais la nomination de Scola risque de devenir un cas embarrassant, au-delà des qualités personnelles de l'élu, bien reconnues, car elle fait justement exploser quelques anomalies du système. Le «facteur Pape» a joué dans la construction d'une campagne de presse martelante , qui a pénalisé la recherche d'autres candidats. Avec deux conséquences: d'intercepter le climat rigoureux de secret qui entoure les procédures de Rome pour le choix des évêques (le Cardinal Martini écrivaitt dimanche qu'il avait été surpris par sa nomination à Milan). Et ensuite de contredire le critère recommandé par le pape lui-même, de choisir comme évêques des candidats qui ont au moins dix ans avant la renonciation canonique à 75 ans, afin qu'ils puissentaccomplir un plan pastoral décent. A Milan, au contraire, c'est un septuagénaire qui a été nommé.

L'anomalie la plus grande est visible, une fois de plus, dans les procédures centralisées.
Au milieu du XIXe siècle, Antonio Rosmini (voir ici: eucharistiemisericor.free.fr/..) a montré que le système "de haut en bas" (vertical) n'était pas en mesure de protéger l'Eglise contre l'ingérence du pouvoir politique. Les campagnes médiatiques en faveur d'un candidat sont la nouvelle forme des pression exercée par les puissances césaro-papistes, qui rend actuelle la lutte pour les investitures de Gregoire VII . Bien que la consultation du nonce en Italie Giuseppe Bertello dans le diocèse de Milan ait été plus importante que d'habitude, il est clair que ce qui s'est passé invite à repenser à l'avertissement de Rosmini sur les évêques «intrus», parachutés d'en haut et donc facteurs d'indifférence religieuse et de division du peuple chrétien (ndt: en réalité, Angelo Scola est milanais de naissance, didfficile, donc, d'imaginer moins "parachuté" que lui!).

L'autre anomalie concerne la situation de l'épiscopat italien. Sans aucun doute, il ne manque pas en son sein d'intelligences pastorales de grande sensibilité et de grand zèle; cependant certaines analyses sociologiques mettent en évidence des critères de sélection ancrés pour plus de vingt ans encore dans la sécurité présumée de figures conformistes, avec le résultat que le réveil actuel du monde catholique d'en bas est rarement reçu par la hiérarchie catholique, et qu'un véritable revirement ne semble pas se dessiner (ndt: un point de vue qui évoque furieusement le trombinoscope de Golias!!). Paradoxalement, l'Eglise italienne sous Pie XII était plus riche des grandes figures d'évêques, un certain Roncalli à Venise, Montini à Milan, Fossati à Turin, Siri à Gênes... qui allaient devenir les grands acteurs du Concile Vatican II.

Enfin, il convient de noter que Scola arrive à Milan à l'anniversaire de deux évènements: le cinquantième anniversaire de l'ouverture de Vatican II (1962 - 2012) et le 1700e de l'Edit de Milan, qui fut à l'origine de "l'âge de Constantin" en 313: un statut de liberté pour le christianisme, devenu "religion impériale".
Des évènement qui s'entrecroisent de façon organique. Le maître de Scola, Hans Urs von Balthasar, était très clair sur la nécessité d'en finir avec la reproduction d'un régime de chrétienté. Il disait qu'"il est interdit au chrétien d'utiliser les moyens d'action spécifiquement profanes pour un prétendu accroissement du royaume de Dieu sur terre". Il critiquait le fondamentalisme (!!!) de groupes de " Mamelouks chrétiens qui aspirent à conquérir le monde" et avertissait: "Quiconque fait ces choses n'a aucune idée exacte, ni de l'impuissance de la croix ni de l'omnipotence de Dieu, ni des lois propres au pouvoir temporel".

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(1) Giancarlo Zizola a commis lors de l'élection de Benoît XVI un livre de circonstance avec son complice, le "grand" théologien, "spécialiste" de mariologie, Jacques Duquesne: Benoît XVI ou le mystère Ratzinger.
Zizola sévit actuellement à La Repubblica.
La dernière fois que je l'ai croisé, c'est ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-I/..
Le cardinal Martini était venu rendre visite au Pape, et Zizola avait tout simplement prétendu que le pape était venu mendier auprès du cardinal!!! Citant, parmi les problèmes pour lesquels le Saint-Père voulait le consulter, la succession de Tettamanzi à Milan!
Il écrivait alors:

L'attention des observateurs est inévitablement attirée sur la question de la succession du cardinal Tettamanzi dans le plus grand diocèse européen. Une liste de candidats possibles a été dressée grâce à la consultation par le nonce, Mgr Giuseppe Bertelli, qui l'a également étendue au laïcat catholique à Milan. Les noms les plus insistants sont ceux de Luciano Monari, évêque de Brescia, Gianni Ambrosio, de Piacenza, Bruno Forte, archevêque de Chieti, qui jouit de l'estime de Ratzinger, alors que les candidatures plus médiatiques de Ravasi et Scola ne répondraient pas aux critères énoncés par le Pape, d'un âge permettant au moins dix ans de gouvernement avant la renonciation à 75 ans, comptant 69 et 70 ans respectivement.
Problème qui a rendu pertinent de consulter l'ancien pasteur de Milan. Mais peut-être pas le seul.

Il est clair que ça ne s'est pas passé comme le vaticaniste "visionnaire" l'aurait souhaité.


(2) Bernard Violet accusait le frère du Pape de faire partie de l'Opus Dei (ici).
Il faudrait savoir!
Paugre Mgr Georg, coincé entre la FSSPX et l'Opus Dei. Ses journées doivent faire 30 heures. On me dira qu'on ne prête qu'aux riches...

Le gouvernement de Benoit XVI Une bénédiction pour tous