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La lutte de Jacob avec Dieu

La prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance. Catéchèse du 25 mai (25/5/2011)

Le combat de Jacob

Tableau d'Eugène Delacroix

La prière est une lutte avec Dieu, que l'on remporte lorsque l'on se rend à son amour (Radio Vatican)
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Poursuivant son cycle de catéchèses sur la prière, le Saint-Père livre un fascinant commentaire sur un passage énigmatique du Livre de la Genèse (1), celui de la lutte de Jacob avec Dieu, au gué du Jabot.

Comme la catéchèse d'aujourd'hui est inhabituelle, la synthèse en français par le Saint-Père lui-même est la meilleure introduction à sa lecture:

Chers frères et sœurs,
dans ma réflexion sur la prière, je m’arrête aujourd’hui sur l’expérience particulière de Jacob avec Dieu, relatée par le livre de la Genèse. Seul dans la nuit, le Patriarche est assailli à l’improviste par quelqu’un de mystérieux qu’il n’arrive pas à identifier à cause de l’obscurité. Jacob se défend vaillamment et demande le nom de son rival qui répond par la même question. En donnant son nom, Jacob se rend et devient paradoxalement vainqueur. L’être mystérieux lui donne alors un nouveau nom : Israël qui signifie : Dieu est fort, Dieu triomphe. Cette nouvelle identité témoigne de la victoire de Dieu, qui donne gratuitement la bénédiction à Jacob. La tradition spirituelle de l’Église a retenu de ce récit le symbole de la prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance. C’est la longue nuit de la recherche de Dieu, de la lutte comme en un corps à corps symbolique, pour connaître son nom et voir son visage. Nuit de la prière et du désir de Dieu, qui culmine dans un abandon de soi à sa miséricorde. Chers amis, toute notre vie est comme cette longue nuit de combat et de prière, habitée par le désir de la bénédiction divine, qui, reçue avec humilité, nous change réellement et nous donne une nouvelle identité.
(Source)

Texte original entier ici: http://magisterobenedettoxvi....
Ma traduction.

Chers frères et sœurs!

Aujourd'hui, je voudrais réfléchir avec vous sur un texte du Livre de la Genèse qui raconte un épisode un peu particulier de l'histoire du patriarche Jacob .

C'est un passage qu'il n'est pas facile d'interpréter, mais qui est important pour notre vie de foi et de prière: il s'agit du récit de la lutte avec Dieu au gué du Yabboq (Jabot), dont nous venons d'entendre un passage (1).

Comme vous le savez, Jacob avait volé son droit d'aînesse à son frère jumeau Esaü en échange d'un plat de lentilles, et avait ensuite extorqué la bénédiction de son père Isaac, désormais très vieux, profitant de sa cécité.
Ayant échappé à la colère d'Esaü, il s'était réfugié auprès d'un parent, Laban; il s'était marié, avait fait fortune et maintenant, il rentrait dans sa terre natale, prêt à affronter son frère après avoir mis en place quelques prudentes précautions. Mais, alors que tout est prêt pour cette rencontre, après avoir fait traverser à ceux qui étaient avec lui le gué du torrent qui délimitait le territoire d'Ésaü, Jacob, resté seul, est soudainement attaqué par un inconnu avec lequel il lutte pendant une nuit entière. Et ce combat corps à corps - que l'on trouve dans le chapitre 32 de la Genèse -, devient pour lui une expérience singulière de Dieu.

La nuit est le moment opportun pour agir dans le secret, le meilleur moment, donc, pour Jacob, pour entrer dans le territoire de son frère sans être vu et peut-être avec l'illusion de prendre Esaü par surprise.

Mais au contraire, c'est lui qui est surpris par une attaque inattendue, pour laquelle il n'était pas préparé. Il avait utilisé la ruse pour tenter d'échapper à une situation dangereuse, il pensait réussir et avoir tout sous contrôle, mais au contraire, c'est lui, désormais, qui est confronté à une lutte mystérieuse qui l'atteint dans la solitude et sans lui donner la possibilité d'organiser une défense adéquate. Impuissant dans la nuit, le Patriarche Jacob se bat avec quelqu'un.

Le texte ne précise pas l'identité de l'agresseur; il utilise un mot hébreu signifiant "un homme" de façon générique, "quelqu'un"; il s'agit donc d'une définition vague, indéfinie, qui maintient volontairement l'agresseur dans le mystère. Il fait sombre, Jacob ne peut pas voir clairement son rival et pour le lecteur aussi, pour nous, il reste inconnu; quelqu'un s'opposé au patriarche, c'est l'unique donnée certaine fournie par le narrateur. Ce n'est qu'à la fin, quand la lutte est désormais terminée et que ce «quelqu'un» a disparu, c'est alors seulement que Jacob va le nommer et pourra dire qu'il a lutté avec Dieu.

L'épisode se déroule donc dans l'obscurité et il est difficile non seulement de percevoir l'identité de l'agresseur de Jacob, mais aussi de connaître le déroulement de la lutte. En lisant le passage, il est difficile de déterminer lequel des deux combattants aura le meilleur; les verbes utilisés sont souvent sans sujet explicite, et les actions se déroulent de façon presque contradictoire, de sorte que lorsqu'on pense que c'est l'un d'eux qui l'emporte, l'action suivante le dément aussitôt et présente l'autre comme le vainqueur.
Au début, en effet, Jacob semble plus fort, et son adversaire - dit le texte - "ne pouvait le vaincre" (v. 26), mais Jacob est frappé à l'articulation de la hanche, provoquant sa dislocation. On pourrait alors penser que Jacob va succomber, mais aussitôt, c'est l'autre qui lui demande de le laisser aller; le patriarche refuse, posant une condition: "Je ne te laisserai pas à moins que tu ne m'aies béni" (v. 27). Celui qui, par la fraude, avait dépossédéson frère de la bénédiction de l'aîné, la cherche à présent de l'inconnu, dont il commence peut-être à entrevoir la connotation divine, mais sans pouvoir encore la reconnaître vraiment.

Le rival, qui semblait immobilisé et donc vaincu par Jacob, plutôt que de se plier à la demande du Patriarche, lui demande son nom: "Comment t''appelles-tu?". Et le patriarche répond, "Jacob" (v. 28). Ici, le combat subit un tournant majeur. Connaître le nom de quelqu'un, en effet, implique une sorte de pouvoir sur la personne, parce que le nom, dans la mentalité biblique, contient la réalité la plus profonde de l'individu, en révélant le secret et le destin (ndt: le "nom" est le thème que le Saint-Père avait développé lors de sa visite au mémorial de la Shoah en mai 2009, voir ici: http://beatriceweb.eu/TerreSainte/...). Connaître le nom signifie connaître la vérité de l'autre, et cela permet de le dominer. Alors quand, à la demande de l'inconnu, Jacob révèle son nom, il se remet entre les mains de son adversaire, c'est une forme de reddition, de remise totale de soi à autrui.

Mais dans ce geste de se rendre, Jacob est lui aussi, paradoxalement, vainqueur, parce qu'il reçoit un nouveau nom, ainsi que la reconnaissance de la victoire par son adversaire qui lui dit: " Tu ne t'appelleras plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu as vaincu "(v. 29).

"Jacob" est le nom qui rappelait l'origine problématique du Patriarche; en hébreu, en effet, il rappelle le mot «talon», et renvoie le lecteur au moment de la naissance de Jacob, quand, sortant du sein maternel, il tenait dans sa main le talon de son frère jumeau (cf. Gn 25,26), préfigurant ainsi l'acte de devancer son frère , qu'il devait consommer à l'âge adulte; mais le nom de Jacob se réfère également au verbe "tromper, supplanter". Eh bien, à présent, dans la lutte, le Patriarche révèle à son adversaire, en se livrant et en se rendant, sa propre réalité de trompeur, de supplanteur; mais l'autre, qui est Dieu, transforme cette réalité négative en une réalité positive; Jacob , celui qui trompe, devient Israël, il se voit attribuer un nouveau nom qui marque une nouvelle identité. Mais même ici, l'histoire conserve sa duplicité voulue, parce que le sens le plus probable du nom d'Israël est "Dieu est grand, Dieu vainc".

Donc Jacob l'a emporté, il a vaincu - c'est son adversaire lui-même qui l'a dit - mais sa nouvelle identité, reçue de ce même adversaire, affirme et témoigne de la victoire de Dieu. Et quand à son tour Jacob demandera son nom à son rival, celui-ci refusera de lui dire, mais se révélera en un geste sans équivoque, donnant sa bénédiction. Cette bénédiction que le Patriarche avait demandé au début de la lutte est désormais accordée. Et ce n'est pas la bénédiction arrachée par la tromperie, mais celle donnée gratuitement par Dieu, que Jacob peut recevoir parce qu'il est désormais sans protection, sans manigance ni tromperie, il se rend sans défense, il accepté de céder et confesse la vérité sur lui-même.

Ainsi, à la fin de la lutte, il reçoit la bénédiction, le Patriarche peut enfin reconnaître l'autre, le Dieu de la bénédiction: «Vraiment - dit-il - j'ai vu Dieu face à face, et pourtant, ma vie a été préservée» (v. 31) , et je peux maintenant traverser le gué, portant un nouveau nom, mais vaincu par Dieu et marqué à jamais, boitant de la blessure reçue.

Les explications que l'exégèse biblique peut donner sur ce passage sont multiples; en particulier, les chercheurs y reconnaissent des intentions et des composants littéraires variés, ainsi que des références à certains contes populaires. Mais lorsque ces éléments sont assumés par les auteurs sacrés et incorporés dans le récit biblique, ils changent de sens et le texte s'ouvre à des dimensions plus amples. L'épisode de la lutte au Yabboq s'offre ainsi au croyant comme un texte paradigmatique dans lequel le peuple d'Israël parle de sa propre origines, et décrit les caractéristiques d'une relation particulière entre Dieu et l'homme.
Pour cela, comme l'indique aussi le Catéchisme de l'Église catholique, "la tradition spirituelle de l'Eglise a vu dans cette histoire un symbole de la prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance" (n ° 2573). Le texte biblique nous parle de la longue nuit de la recherche de Dieu, de la lutte pour apprendre son nom et voir son visage, c'est la nuit de prière qui, avec ténacité et persévérance demande à Dieu sa bénédiction et un nouveau nom, une nouvelle réalité, fruit de la conversion et du pardon.

La nuit de Jacob au gué de Yabboq devient ainsi pour le croyant un point de référence pour comprendre la relation avec Dieu, qui, dans la prière trouve son expression la plus élevée. La prière exige la confiance, la proximité, presque un corps à corps symbolique non pas avec un Dieu adversaire et ennemi, mais avec Seigneur bénissant, qui reste toujours mystérieux, qui apparaît inaccessible. Pour cela, l'auteur sacré utilise le symbole de la lutte, qui implique force d'âme, persévérance, ténacité, pour atteindre ce que l'on désire. Et si l'objet du désir est la relation avec Dieu, sa bénédiction et son amour, alors la lutte ne peut que culminer dans le don de soi à Dieu, dans la reconnaissance de sa propre faiblesse, qui vainc justement en se remettant dans les mains miséricordieuses de Dieu

Chers frères et sœurs, toute notre vie est comme cette longue nuit de lutte et de prière, à consommer avec le désir et la demande d'une bénédiction de Dieu, qui ne peut être arrachée ou gagnée en comptant sur nos propres forces, mais doit être reçue de Lui avec humilité, comme un don gratuit qui permet, enfin, de reconnaître le visage du Seigneur.

Et quand cela arrive, toute notre réalité change, nous recevons un nouveau nom et la bénédiction de Dieu.
Plus encore: Jacob, qui reçoit un nouveau nom, devient Israël, il donne aussi un nom nouveau à l'endroit où il a lutté avec Dieu , il le renomme Penuel, qui signifie "visage de Dieu" . Par ce nom, il reconnaît ce lieu rempli de la présence du Seigneur
, il rend sacrée cette terre, y imprimant presque le souvenir de cette rencontre mystérieuse avec Dieu.
Celui qui se laisse bénir par Dieu, s'abandonne à lui, se laisse transformer par Lui, rend le monde béni.
Que le Seigneur nous aide à combattre le bon combat de la foi (cf. 1 Tm 6,12, 2 Tim 4:7) et à demander, dans notre prière, sa bénédiction, afin qu'il nous renouvelle, dans l'attente de voir son visage.
Merci!

© Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana
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(1) Jacob lutte avec Dieu
(Genèse, 28, 23-33)

23 Il se leva dans la même nuit et, ayant pris ses deux femmes, ses deux servantes et ses onze enfants, il passa le gué du Jabot. 24 Il les prit et leur fit passer le torrent; il fit aussi passer ce qui lui appartenait. 25 Jacob resta seul; et un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. 26 Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il le toucha à l'articulation de la hanche, et l'articulation de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. 27 Et il dit à Jacob: " Laisse-moi aller, car l'aurore se lève. " Jacob répondit: " Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni. " 28 Il lui dit: " Quel est ton nom? " Il répondit: " Jacob. " 29 Et il dit: " Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël, car tu as combattu avec Dieu et avec des hommes, et tu l'as emporté. " 30 Jacob l'interrogea, en disant: " Fais-moi, je te prie, connaître ton nom. " Il dit: " Pourquoi demandes-tu quel est mon nom? "
31 Et il le bénit là. Jacob nomma ce lieu Phanuel; " car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et ma vie a été sauve. " 32 Et le soleil se leva quand il eut passé Phanuel, mais il boitait de la hanche. 33 C'est pourquoi les enfants d'Israël ne mangent point jusqu'à ce jour le grand nerf qui est à l'articulation de la hanche, parce que Dieu a touché l'articulation de la hanche de Jacob au grand nerf.

Source: http://catho.org/9.php?d=b44#cj

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