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La voix du Pape


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L'écologie humaine selon Benoît XVI

Recevant les lettres de créance des ambassadeurs de la Moldavie, la Guinée Equatoriale, le Bélize, la République arabe syrienne, le Ghana et la Nouvelle Zélande, le Pape leur a adressé un important discours en français. On ne saurait être plus clair sur le thème de l'environnement, et c'est bien davantage que le "Pape vert". (9/6/2011)

Le Pape s'est aussi adressé individuellement à chacun des ambassadeurs, et en particulier à celui de Syrie, également en français.

Extraits du discours collectif

Le premier semestre de cette année a été marqué par d’innombrables tragédies qui ont touché la nature, la technique et les peuples. L’ampleur de telles catastrophes nous interroge. C’est l’homme qui est premier, il est bon de le rappeler. L’homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet.

L’écologie humaine est une nécessité impérative. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l’environnement et soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme, doivent être des priorités politiques et économiques.

Une réflexion sérieuse doit donc être conduite et des solutions précises et viables doivent être proposées. L’ensemble des gouvernants doit s’engager à protéger la nature et l’aider à remplir son rôle essentiel pour la survie de l’humanité. Les Nations Unies me semblent être le cadre naturel d’une telle réflexion qui ne devra pas être obscurcie par des intérêts politiques et économiques aveuglément partisans, afin de privilégier la solidarité par rapport à l’intérêt particulier.

Il convient aussi de s’interroger sur la juste place de la technique. Les prouesses dont elle est capable vont de pair avec des désastres sociaux et écologiques. En dilatant l’aspect relationnel du travail à la planète, la technique imprime à la mondialisation un rythme particulièrement accéléré. Or, le fondement du dynamisme du progrès revient à l’homme qui travaille, et non à la technique qui n’est qu’une création humaine. Miser tout sur elle ou croire qu’elle est l’agent exclusif du progrès, ou du bonheur, entraîne une chosification de l’homme qui aboutit à l’aveuglement et au malheur quand celui-ci lui attribue et lui délègue des pouvoirs qu’elle n’a pas. Il suffit de constater les "dégâts" du progrès et les dangers que fait courir à l’humanité une technique toute-puissante et finalement non maîtrisée. La technique qui domine l’homme, le prive de son humanité. L’orgueil qu’elle engendre a fait naître dans nos sociétés un économisme intraitable et un certain hédonisme qui détermine subjectivement et égoïstement les comportements. L’affaiblissement du primat de l’humain entraîne un égarement existentiel et une perte du sens de la vie. Car la vision de l’homme et des choses sans référence à la transcendance déracine l’homme de la terre et, plus fondamentalement, en appauvrit l’identité même.

Conscients du risque que court l’humanité face à une technique vue comme une "réponse" plus efficiente que le volontarisme politique ou le patient effort d’éducation pour civiliser les mœurs, les gouvernants doivent promouvoir un humanisme respectueux de la dimension spirituelle et religieuse de l’homme.
Car la dignité de la personne humaine ne varie pas avec la fluctuation des opinions. Respecter son aspiration à la justice et à la paix permet la construction d’une société qui se promeut elle-même, quand elle soutient la famille ou qu’elle refuse, par exemple, le primat exclusif de la finance.

La vie en société devant être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel, les responsables politiques ont la mission de guider les peuples vers l’harmonie humaine et vers la sagesse tant désirées, qui doivent culminer dans la liberté religieuse, visage authentique de la paix.

Texte entier ici.
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A l'ambassadeur de Syrie

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Depuis la rencontre du Christ ressuscité, sur le chemin de Damas, avec Paul qui deviendra l’Apôtre des Nations, nombreux sont les grands saints qui ont jalonné l’histoire religieuse de votre pays. Nombreux sont aussi les témoignages archéologiques d’églises, de monastères, de mosaïques des premiers siècles de l’ère chrétienne qui nous rattachent aux origines de l’Église. La Syrie a traditionnellement été un exemple de tolérance, de convivialité et de relations harmonieuses entre chrétiens et musulmans, et aujourd’hui les relations œcuméniques et interreligieuses sont bonnes. Je souhaite vivement que cette convivialité entre toutes les composantes culturelles et religieuses de la Nation se poursuive et se développe pour le plus grand bien de tous, renforçant ainsi une unité fondée sur la justice et la solidarité.

Toutefois, une telle unité ne peut s’édifier de manière durable que dans la reconnaissance de la centralité et de la dignité de la personne humaine. ...La voie de l’unité et de la stabilité de chaque nation passe donc par la reconnaissance de la dignité inaliénable de toute personne humaine. Celle-ci doit donc être au centre des institutions, des lois et de l’action des sociétés. En conséquence, il est aussi d’une importance essentielle de privilégier le bien commun, laissant de côté les intérêts personnels ou partisans. Par ailleurs, le chemin de l’écoute, du dialogue et de la collaboration doit être reconnu comme le moyen par lequel les diverses composantes de la société peuvent confronter leurs points de vue et réaliser un consensus autour de la vérité concernant des valeurs ou des fins particulières. Il en ressortira de grands bénéfices pour les personnes individuelles et les communautés (cf. Discours à l’ONU, 18 avril 2008).

Dans cette perspective, les événements intervenus au cours des derniers mois dans certains pays du pourtour de la Méditerranée, dont la Syrie, manifestent le désir d’un avenir meilleur dans les domaines de l’économie, de la justice, de la liberté et de la participation à la vie publique. Ces événements montrent aussi l’urgente nécessité de véritables réformes dans la vie politique, économique et sociale. Toutefois, il est hautement souhaitable que ces évolutions ne se réalisent pas en termes d’intolérance, de discrimination ou de conflit, et encore moins de violence, mais en termes de respect absolu de la vérité, de la coexistence, des droits légitimes des personnes et des collectivités, ainsi que de la réconciliation. De tels principes doivent guider les Autorités, tout en tenant compte des aspirations de la société civile ainsi que des insistances internationales.

Monsieur l’Ambassadeur, il me plaît de souligner ici le rôle positif des chrétiens dans votre pays, qui comme citoyens sont engagés dans la construction d’une société où tous doivent trouver leur place. Je ne puis omettre de mentionner le service rendu par l’Église catholique dans le domaine social et éducatif, qui est apprécié par tous. Permettez-moi de saluer tout particulièrement les fidèles des communautés catholiques, avec leurs Évêques, et de les encourager à développer des liens de fraternité avec tous. Les relations vécues quotidiennement avec leurs compatriotes musulmans mettent en lumière l’importance du dialogue interreligieux et la possibilité de travailler ensemble, de bien des manières, en vue du bien commun. Que l’élan donné par la récente Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques porte un fruit abondant dans votre pays, au bénéfice de toute la population et d’une authentique réconciliation entre les peuples !

Pour faire progresser la paix dans la région, une solution globale doit être trouvée. Celle-ci ne doit léser les intérêts d’aucune des parties en cause et être le fruit d’un compromis et non de choix unilatéraux imposés par la force. Celle-ci ne résout rien, pas plus que les solutions partielles ou unilatérales qui sont insuffisantes. Conscients des souffrances de toutes les populations, il faut procéder par une approche délibérément globale qui n’exclut personne de la recherche d’une solution négociée et qui tienne compte des aspirations et des intérêts légitimes des divers peuples concernés. Ainsi, la situation que connaît le Moyen-Orient depuis de nombreuses années vous a-t-elle conduit à accueillir un grand nombre de réfugiés, venant surtout d’Irak, et parmi eux de nombreux chrétiens. Je remercie vivement le peuple syrien de sa générosité.
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Texte ici.


Le Saint-Père résume son voyage en Croatie Benoît XVI aux tsiganes: le discours d'un Père