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La voix du Pape


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Discours aux autorités de Saint-Marin

Eloge de la "saine laïcité", plaidoyer pour les jeunes et défense de la famille. (22/6/2011)

Les deux discours et l'homélie prononcés par le Saint-Père à Saint-Marin et Pennabili ont malheureusement suscité peu d'intérêt dans les medias français (mes traductions ici: Le Pape aux jeunes de Pennabili et Saint-Marin (III): les homélies du matin ).
Je n'avais pas encore traduit le magnifique discours prononcé devant les autorités, dans la grande Salle du Conseil du palais de la République. C'est chose faite.
Le discours, comme c'est toujours le cas, s'adresse très spécialement et très personnellement aux habitants et aux travailleurs de Saint-Marin (le rappel de l'émigration économique des saint-mariniens au lendemain de le seconde guerre mondiale, la prospérité économique d'aujourd'hui dûe en partie au tourisme balnéaire, le plaidoyer pour les frontaliers sont des exemples typiques de sa sollicitude, des questions pécises lui avaient été posées, et en particulier, un groupe de jeunes de Saint-Marin lui avaient écrit une lettre avant sa venue), et ensuite, plus largement, à nous tous, européeens, avec le rappel insistant des racines chrétiennes.
Il y est question de la "saine laïcité", des difficultés des jeunes à s'insérer dans le tissu social, et de la protection de la famille, pierre angulaire de la stabilité sociale, actuellement bien mise à mal!

Texte en italien ici: www.vatican.va/...san-marino_it

Vos Excellences les Capitaines Régents,
Mesdames et Messieurs,
Merci infiniment pour votre accueil; en particulier, je tiens à exprimer ma gratitude aux Capitaines Régents, pour les paroles aimables qu'ils m'ont adressées. Je salue les membres du Gouvernement et du Conseil, ainsi que du corps diplomatique et toutes les autres Autorités. En m'adressant à vous, j'embrasse de façon idéale toute la population de Saint-Marin. Depuis sa création, cette République a entretenu des relations amicales avec le Siège apostolique et, dernièrement, ils ont été intensifiés et consolidés; ma présence ici, au cœur de cette République, exprime et confirme cette amitié.

Plus de dix-sept siècles plus tôt, un groupe de fidèles, conquis à l'Evangile par la prédication du diacre, Marin, et par son témoignage de sainteté, se groupa autour de lui pour donner vie à une nouvelle communauté. Recueillant ce précieux héritage, les habitants de Saint-Marin sont toujours restés fidèles aux valeurs de la foi chrétienne, ancrant solidement en elles leur coexistence pacifique, selon des critères de démocratie et de solidarité. Au cours des siècles, vos pères, conscients de ces racines chrétiennes, ont su faire faire fructifier le grand héritage moral et culturel qu'ils avaient à leur tour reçu, donnant vie à un peuple laborieux et libre, qui, malgré l'exiguïté du territoire, n'a pas manqué d'offrir aux populations voisines de la péninsule italienne et au monde entier, une contribution spécifique à la civilisation, marquée par la coexistence pacifique et le respect mutuel.

En m'adressant à vous aujourd'hui, je me réjouis de votre attachement à ce patrimoine de valeurs et je vous exhorte à le préserver et à le valoriser, parce qu'il est la base de votre identité la plus profonde, une identité qui demande aux habitants et aux institutions de Saint-Marin d'être pleinement assumée. Grâce à elle, on peut construire une société attentive au vrai bien de la personne humaine, à sa dignité et à sa liberté, et capable de sauvegarder le droit de chaque peuple à vivre en paix. Ce sont là les pierres angulaires de la saine laïcité, au sein de laquelle les institutions civiles doivent agir, dans dans leur engagement continu à défendre le bien commun.
L'Église, respectueuse de l'autonomie légitime dont le pouvoir civil doit jouir, collabore avec lui au service de l'homme, dans la défense de ses droits fondamentaux, de ces exigences éthiques qui sont inscrites dans sa nature même. Pour cette raison, l'Eglise s'emploie à ce que les législations civiles promeuvent et protégent toujours la vie humaine depuis sa conception jusqu'à sa fin naturel. En outre, elle demande pour la famille la reconnaissance qui lui est dûe, et un soutien actif. Nous savons bien, en effet, que dans le contexte actuel, l'institution de la famille est mise en question, presque dans une tentative d'en méconnaître la valeur indispensable. Ce sont les groupes sociaux les plus faibles qui en subissent les conséquences, surtout les jeunes générations, plus vulnérables et donc plus facilement exposées à la désorientation, à des situations d'auto-exclusion et à l'esclavage des dépendances. Parfois, les réalités éducativent ont du mal à donner aux jeunes des réponses appropriées et, en l'absence de soutien familial, souvent, ils se voient interdire une entrée normale dans le tissu social. Pour cela aussi, il est important de reconnaître que la famille, comme Dieu l'a faite, est le sujet principal qui peut favoriser une croissance harmonieuse et faire mûrir des personnes libres et responsables, formées aux valeurs profondes et pérennes.

Dans la situation de difficultés économiques auxquelles fait face aussi la communauté de Saint-Marin, dans le contexte italien et international, ma parole veut être d'encouragement. Nous savons que les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont été une époque de difficultés économiques qui ont forcé des milliers de vos concitoyens à émigrer. Et puis est venue une période de prospérité dans le sillage du développement du commerce et du tourisme, surtout estival, entraîné par la proximité de la côte adriatique. En ces périodes d'abondance relative, on constate souvent une certaine perte du sens chrétien de la vie et des valeurs fondamentales. Toutefois, la société de Saint-Marin continue à manifester une bonne vitalité et préserve ses meilleurs énergies; la preuve en est donnée par les nombreuses initiatives de bienfaisance et de bénévolat qui engagent nombre de vos concitoyens. Je voudrais aussi rappeler les nombreux missionnaires de Saint-Marin, laïques et religieux, qui dans les dernières décennies ont quitté cette terre pour apporter l'Evangile du Christ dans diverses parties du monde. Il ne manque donc pas de forces positives qui permettront à votre communauté d'affronter et de surmonter la situation difficile actuelle. À cet égard, j'espère que la question des travailleurs frontaliers, qui voient leur emploi en danger, pourra être résolue en tenant compte du droit au travail et la protection des familles.

Dans la République de Saint-Marin aussi, la situation de crise actuelle nous pousse à repenser la route, et devient une occasion de discernement (cf. Enc. Caritas in Veritate , 21 ); en effet, elle place tout le tissu social face à la nécessité impérieuse d'affronter les problèmes avec courage et sens des responsabilités, avec générosité et dévouement, se référant à cet amour de la liberté qui distingue votre peuple. À cet égard, je tiens à répéter les paroles prononcées par le bienheureux Jean XXIII aux régents de la République de Saint-Marin, au cours de leur visite officielle au Saint-Siège (texte ici) : «L'amour de la liberté - dit le pape Jean - vante en vous des racines merveilleusement chrétiennes, et vos pères, en ayant saisi le sens vrai, vous ont appris à ne jamais séparer son nom de celui de Dieu, qui en est le fondement irremplaçable ». Ce rappel du grand Pape conserve encore son impérissable valeur: la liberté que les institutions sont appelées à promouvoir et à défendre au niveau social, en manifeste une bien plus grande et plus profonde, cette liberté animée par l'Esprit de Dieu, dont la présence vivifiante dans le coeur de l'homme donne à la volonté la capacité de s'orienter et de se déterminer pour le Bien. Comme laffirme l'apôtre Paul: «C'est Dieu, en effet, qui suscite en nous la volonté et l'agir selon son dessein d'amour» ( Ph. 2.13). Et saint Augustin, commentant ce passage, souligne: "Certes, c'est nous qui voulons, quand nous voulons; mais celui qui fait que nous voulons le bien, c'est Lui", c'est Dieu, et il ajoute: "Par le Seigneur seront dirigés les pas de l'homme et l'homme voudra suivre son chemin" (De gratia et libero arbitrio, 16, 32).

A vous, donc, Mesdames et Messieurs, la tâche de construire la cité terrestre dans l'autonomie dûe, et dans le respect de ces principes humains et spirituels auxquels chaque citoyen est appelé à adhérer avec toute la responsabilité de sa conscience personnelle; et en même temps, le devoir de continuer à travailler activement à construire une communauté fondée sur des valeurs partagées.
Vos Excellences les Capitaines Régents, et vous, illustres autorités de la République de Saint-Marin, j'exprime de tout coeur mon espoir que votre Communauté toute entière, dans les valeurs civiles communes et avec ses particularités culturelles et religieuses spécifiques, peut écrire une nouvelle et noble page d'histoire, et devienne de plus en plus une terre où la paix et la solidarité s'épanouissent.
Avec ces sentiments, je confie ce peuple bien-aimé à l'intercession maternelle de Notre-Dame de Grâce et j'invoque sur tous et sur chacun de vous ma Bénédiction apostolique.

Le Pape aux jeunes de Pennabili Homélie de la Fête-Dieu